Dans les bois abondent les mousses habituelles à cette sorte d'habitat dans tous les terrains quelle que soit leur composition: Hypnum Schreberi, cupressiforme et ses nombreuses formes; Eurhynchium striatum, prœlongum; Hylocomium splendens, triquetrum, squarrosum; Isothecium myurum; Thamnium alopecurum; Amblystegium serpens; Thuidium tamariscinum, delicatulum; Dicranum scoparium, undulatum ; Atrichum undulatum; Syntrichia subulata; Mnium undulatum, punctatum, cuspidatum; Fissidens bryoides. Sur les troncs de bois, on remarque particulièrement: Homalia trichomanoides, Brachythecium populeum, velutinum; Pylaisea polyantha ; et plus rarement Tetraphis pellucida; Orthotrichum affine. Dans les prairies humides: Hypnum purum, cuspidatum; Brachythecium rutabulum, rivulare. Dans les flaques d'eau: Hypnum fluitans. Sur les pierres arrosées par l'Iseron: Fontinalis antipyretica; Philonotis fontana; Hypnum palustre, filicinum; Amblystegium irriguum, riparium; Rhynchostegium rusciforme. Sur les mêmes pierres existe aussi l'algue nommée Lemanea fluviatilis. Sur les bords de la rivière : Climacium dendroides. Il importe de remarquer que les Cinclidotus fontinaloides, riparius et aquaticus qui tapissent les pierres calcaires des torrents et rivières du Jura, du Bugey, du Dauphiné et de la Savoie, ainsi que celles des bords du Rhône et de la Saône, manquent complétement dans l'Iseron, dans le Garon et dans tous les cours d'eau de la région granitique du Lyonnais et du Beaujolais. Pareillement, je n'ai vu nulle part sur les rochers granitiques mouillés certaines mousses, telles que Hypnum commutatum,Orthothecium rufescens, divers Gymnostomum et Trichostomum, Eucladium verticillatum qu'on ne manque jamais de voir dans le Bugey, la Savoie et le Dauphiné, partout où existent des ruissellements d'eaux calcarifères. On peut même trouver deux de ces mousses, l'Eucladium et l'Hypnum commutatum, aux portes de la ville de Lyon, vers la grotte des Etroits et en amont à Serin, ainsi que entre Vaise et la Demi-Lune. Je signale aussi l'absence complète, dans la zone exclusivement occupée par le gneiss et le granite, de quelques mousses qu'on rencontre pour ainsi dire à chaque pas sur les pierres calcaires du Mont-d'Or lyonnais, du Bugey, du Jura, du Dauphiné et de la Savoie, je veux parler des Hypnum molluscum et chrysophyllum, de l'Homalothecium sericeum, du Leptotrichum flexicaule, des Neckera crispa, Barbula ruralis, Bartramia Ederi, etc. Pourtant, je dois ajouter, en ce qui concerne l'Homalothe cium sericeum, que j'ai vu quelquefois cette espèce dans la région granitique du Lyonnais, mais non sur les pierres et seulement sur les troncs d'arbres, lesquels évidemment ne sont pas un substratum géologique. Au surplus, c'est un fait d'observation bien constaté que certaines mousses silicicoles, comme, par exemple, Pterigynandrum filiforme, Brachythecium populeum, Plagiothecium sylvaticum, Bartramia halleriana, n'existent dans les pays calcaires que sur les supports de nature organique (sauf bien entendu le cas des blocs erratiques de granite, gneiss, porphyre, grès); et réciproquement les mousses saxatiles calcicoles, qu'on rencontre dans les contrées dont le sol est formé de roches silicatées, ne se voient que sur les troncs d'arbres, les tourbes, les dépôts d'humus si communs dans les forêts, et jamais sur les pierres. Les rochers granitiques des bassins de l'Iseron et du Garon sont couverts d'un petit nombre de mousses caractéristiques, ce sont: Hedwigia ciliata, Grimmia leucophaea et commutata, Bartramia pomiformis et ithyphylla, Pterogonium gracile, Bryum alpinum. A ces mousses sont mêlés quelques lichens, parmi lesquels les plus communs sont l'Umbilicaria pustulata, les Cladonia furcata et rangiferina. Sur la terre qui recouvre les rochers, notamment le long des talus des chemins, on rencontre les Polytrichum commune, piliferum; Pogonatum aloides, nanum et urnigerum; Dicranum heteromallum; Trichostomum pallidum; Astomum crispum ; Pleuridium subulatum; Eurhynchium Stokesii; Mnium hornum; Webera nutans; Leucobryum glaucum; Buxbaumia aphylla; Diphyscium foliosum; Bryum atropurpureum; Racomitrium canescens. Par ce simple aperçu il est facile de voir que, sans aller bien loin, on peut faire autour de Lyon quelques bonnes herborisations bryologiques, pendant la période qui s'étend depuis le commencement du mois de décembre jusqu'à la fin de mars, c'est-à-dire à une époque à laquelle on ne trouverait pas une plante phanérogame à récolter. C'est assez dire que l'étude des mousses, indépendamment de l'intérêt intrinsèque qu'elle présente, mériterait d'être beaucoup plus cultivée qu'elle ne l'a été jusqu'ici. M. Saint-Lager complète ce compte-rendu en faisant circuler les échantillons recueillis dans le cours de cette herborisation et de celles qu'il avait faites précédemment. M. THERRY ajoute au compte-rendu précédent la note sui vante : Pendant l'herborisation au Pont-d'Alaï et à Charbonnières, j'ai trouvé les cryptogames ci-dessous énumérés : Leptostroma filicinum sur rameaux et feuilles du Pteris; Cladosporium epiphyllum sur feuilles de chêne; Sphaeria irregularis sur tronc d'acacia; sphérie remarquable par l'évasement du col des périthèques, répondant pour le reste d'une manière complète à la description de De Candolle, qui l'a trouvée sur la même plante; les spores, bi-sériées dans les thèques, devraient faire admettre cette espèce dans le genre Valsa. Polyporus ignarius sur un tronc vivant d'Aubépine; Melanconium juglandinum sur petites branches de Noyer. Stigeoclonium protensum? Algue à facies tel qu'il est difficile de l'oublier une fois qu'on l'a vue. Depuis plusieurs années déjà j'avais rencontré cette plante, notamment à Francheville, au-dessous des lavoirs. Rapportée de cette localité, lors de l'herborisation faite le 10 janvier par la Société, j'ai pu l'examiner pendant plusieurs jours. Cette Algue muqueuse, filante, gluante, forme des gazons épais. Dans les endroits où les filaments ont perdu la vie, ils sont d'un blanc gris sale, enveloppés d'un mucus abondant, ce qui donne à cette Algue un aspect repoussant. Parmi cette masse muqueuse, apparaissent des filaments d'un beau vert tendre, s'ils sont peu nombreux, et d'un vert olivâtre, lorsqu'ils sont nombreux et serrés. La teinte varie avec le degré d'incidence des rayons lumineux. Les filaments blancs sont très-fins, souples et sans divisions intérieures. Les filaments verts sont rameux, à matière verte divisée, les divisions sont d'égale grandeur, soit en largeur, soit en longueur, et terminées par un fil hyalin, brillant et très-délicat. Tous ne sont pourtant pas terminés insensiblement en pointe effilée; mais ceux qui sont dépourvus de pointe paraissent être de jeunes filaments. Après examen attentif et comparaison avec les figures 12 et 13 de la planche XVIII, représentées dans le mémoire de M Thuret, inséré dans le tome XIV des Annales des Sciences naturelles, je crois pouvoir assurer que cette Algue est un Stigeoclonium. M. Therry expose ensuite le développement des filaments. et des zoospores; il décrit les mouvements très-singuliers des organes de reproduction de cette Algue. Du reste, il se propose de revenir sur ce sujet dans une prochaine communi cation. SÉANCE DU 5 FÉVRIER 1874. Après la lecture du procès-verbal de la dernière séance, M. Therry demande à présenter quelques observations au sujet d'un champignon trouvé sur la tannée des serres du Parc et que M. de Seynes, dans sa lettre lue à la précédente séance, dit avoir reconnu pour l'Agaricus cœpestipes; M. Therry croit devoir le rapporter plutôt à l'Agaricus flammula, que Kickx indique comme se développant aussi sur la tannée. M. Therry donne lecture des descriptions de ces deux espèces, descriptions qui ne reproduisent du reste exactement, ni l'une, ni l'autre, les caractères de l'Agaric, qui est le sujet de la communication de M. Therry. Par suite de la démission de M. Mingaud, il est procédé à l'élection du secrétaire-adjoint; sur le refus de M. Lambert, M. Chabanne est nommé à main-levée. M. CHABANNE présente à la Société un Polypodium vulgare, dont la fronde est bifurquée à son extrémité. M. ISID. HEDDE présente à la Société un bel échantillon de Cypripedium calceolus provenant des montagnes du Dauphiné, et donne quelques détails sur l'organisation de cette belle orchidée. M. Hedde fait ensuite part du désir de notre collègue, M. Moullade, pharmacien au Puy, d'entrer en relation d'échange avec les botanistes lyonnais. M. Moullade s'occupe, depuis plusieurs années, d'un travail sur la flore de la Haute-Loire et a déjà recueilli plusieurs milliers de plantes. M. le président remercie M. Hedde de son intéressante communication et invite les membres présents à mettre à profit l'offre de notre savant collègue M. Moullade. M. SAINT-LAGER fait passer sous les yeux des Sociétaires des plantes qui lui ont été envoyées de Ribiers (HautesAlpes), par M. Reverchon. Cet envoi est accompagné de la note suivante : NOTE SUR LA FLORE DU MONT ROGNOUSE, par M. Reverchon. Les localités classiques des Alpes, le Lautaret, le mont Viso, le mont Genèvre, le mont Séuse et le mont Aurouse, ont le privilége d'attirer presque exclusivement les botanistes. Je viens, quittant les sentiers battus, présenter à mes collègues de la Société botanique de Lyon, le tableau d'une montagne à peu près inconnue, le mont Rognouse, situé près de Ribiers, dans la partie méridionale des Hautes-Alpes. Les pentes inférieures de cette montagne offrent d'abord un aspect peu encourageant; le regard y est attristé par la vue de vastes espaces couverts de Lavande et de Chênes rabougris. Mais, en continuant l'ascension, le botaniste sera largement dédommagé de sa peine, par la magnifique végétation qu'il découvrira dans les belles prairies du Devez de Saint-Pierre-Avèze. On peut en juger par la liste suivante des plantes qu'il récoltera successivement : |