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une herborisation cryptogamique, dimanche prochain, à Tassin.

et

M. ALLARD apporte en séance un volumineux paquet de plantes destinées à l'herbier et aux membres de la Société ; ces espèces recueillies par M. Allard, dans les environs d'Hyères, sont: Arbutus unedo L., Rosmarinus officinalis L., Diplotoxis erucoïdes, Bellis sylvestris, et Ruscus hypophyllum.

M. CUSIN montre à la Société un dessin représentant un cas de fasciation observée sur un Valeriana officinalis L.

M. Cusin fait ensuite la communication suivante :

NOTE SUR L'ORGANISATION DU FRUIT DU GRENADIER,
par M. Cusin.

L'organisation du fruit du Grenadier m'a paru pendant longtemps inexplicable en consultant les descriptions qu'en donnent les auteurs. Pourtant, après un examen attentif de ce fruit, je crois être arrivé à comprendre sa structure et j'espère être assez heureux pour vous l'expliquer.

Afin que vous puissiez tous saisir ma pensée, j'ai besoin d'entrer dans quelques explications préliminaires.

Le gynécée d'une fleur est composé, vous le savez, d'un nombre plus ou moins considérable de carpelles, tantôt un, tantôt plusieurs disposés en spire ou en verticille. La placentation de ces carpelles est tantôt axile, tantôt centrale, ou pariétale.

Vous savez encore que le thalame qui reçoit l'insertion de tous les organes floraux est contracté et peu développé, d'autres fois allongé en cône, tantôt élargi en plateau, ou enfin développé en coupe ou urne et que ce dernier cas amène la disposition qu'on appelle les ovaires infères.

Lorsque l'arrangement des carpelles est en verticille, il n'est pas rare de les trouver réunis en plusieurs cercles concentriques, surtout si les carpelles sont libres et indépendants les uns des autres.

Mais si les carpelles sont unis (le fait est plus rare), ils constituent alors deux sphères concentriques; vous en avez un exemple dans certaines oranges qui contiennent à leur centre une petite orange constituée de la même façon que l'extérieure, sauf que son péricarpe jaune, odoriférant, n'a pas pu se développer.

Ceci posé, examinons le fruit du Grenadier.

A première inspection, c'est un fruit à ovaire infère; l'élégante couronne des sépales qui le surmonte indique que le thalame s'est développé en coupe dont les bords reçoivent la couronne des sépales.

Si nous coupons transversalement ce fruit à son tiers supérieur nous trouvons à la périphérie de forts placentas pariétaux qui supportent un très- . grand nombre de graines; au centre une colonne que nous expliquerons tout

à l'heure; du centre à la périphérie, des membranes rayonnantes qui sont autant de fausses cloisons qui séparent tous les carpelles.

Si nous le coupons au tiers inférieur, la scène change: la colonne centrale a disparu pour laisser la place à un commencement de loges intérieures sans placenta, mais avec trois fausses cloisons.

Enfin, si nous coupons le fruit vers sa base, nous ne trouvons plus les nombreux carpelles constatés par la première coupe, mais seulement les trois dont nous avions aperçu le sommet dans la seconde coupe, avec leurs trois membranes; et, tout à fait à la base, les placentas qui dressent leurs graines pour remplir les trois cavités.

Je déduis maintenant les conséquences à en tirer.

Le thalame développe d'abord à son centre (à la base de la coupe) trois carpelles à placentas qui devraient être pariétaux, mais qui paraissent axiles à cause de la compression d'en haut qui n'a pas permis à ce verticille central de se développer extérieurement; la colonne centrale que nous avons constatée est la prolongation de ces trois carpelles qui se produit au sommet du fruit et que surmontent les styles au centre de la couronne.

Nous avons donc un premier verticille de carpelles centraux (en apparence basilaires) à placentas pariétaux (en apparence axiles) que la coupe thalamaire a produit à son centre. Il rappelle à notre idée la petite orange centrale dont il a été parlé plus haut.

En outre, dans sa partie supérieure, la coupe thalamaire produit un second verticille de carpelles beaucoup plus nombreux que les précédents et organisés de même en réalité, et les placentas y sont évidemment pariétaux. Nous savons que la colonne centrale, qui semblait en contradiction à nos déductions, ne leur appartient pas, mais est le prolongement du verticille intérieur ou inférieur.

De ce qui précède je tire la conclusion que les descriptions données du fruit du Grenadier sont basées sur de simples apparences et sembleraient indiquer une organisation exceptionnelle, notamment sur deux points, c'està-dire :

1. Que, de deux verticilles carpellaires l'un serait supérieur l'autre inférieur, comme s'ils pouvaient naître l'un sur l'autre. Ils sont en réalité concentriques;

-

2° Que, de deux verticilles carpellaires, l'un serait à placentation axile ou centrale, l'autre à placentation pariétale. Ils sont tous deux à placentation pariétale.

M. Debat ajoute que l'organisation singulière de ce fruit a attiré depuis longtemps l'attention des botanistes; elle a donné lieu à quelques mémoires dont M. Debat rendra compte à la prochaine séance, s'ils présentent quelques différences avec les faits exposés par M. Cusin.

ANALYSE DE DIVERS MÉMOIRES RELATIFS A LA CRYPTOGAMIE, par M. Debat.

Recherches sur les gonidies des Lichens par M. Bornet. Depuis longtemps les cryptogamistes avaient été frappés de l'analogie du thalle chez les Nostocs (Algues) et les Collema (Lichens). La masse gélatineuse et amorphe qui constitue ces deux espèces de thalle est farcie de chapelets gonidifères presque identiques, et la ressemblance est telle qu'un Collema non fructifié peut facilement être confondu avec certains Nostocs. Malgré cette analogie les deux genres restèrent séparés et furent répartis dans deux groupes de végétaux parfaitement distincts. Plus tard, un examen attentif de l'organisation des Lichens fit reconnaître qu'ils étaient composés de deux éléments caractéristiques, l'un constitué par des filaments byalins, rameux, entrelacés de manière à former, surtout vers la périphérie, un tissu à mailles assez larges et souvent se résolvant à la surface en une espèce de couche épidermique, c'est l'Hypha; l'autre formé, de petits globules verts accumulés, en grand nombre, en une couche peu régulière, immédiatement au-dessous de l'épiderme, quand il y en a un, ou, dans tous les cas, dans la partie superficielle du végétal. Les premiers observateurs y virent une formation cellulaire, un tissu continu; mais des observations plus précises firent reconnaître que les globules verts (Gonidies), étaient plus ou moins isolés, ou groupés sans régularité au sein des mailles constituées par le réseau de l'Hypha. Plus rarement, les gonidies étaient disposées en chapelet à la suite les unes des autres. MM. Famintzin et Baranetzky parvinrent à isoler des gonidies, et, en les plaçant dans les conditions convenables, constatèrent que plusieurs se transformaient en véritables zoospores d'algues confervoïdes. D'autre part, des observations précises ont établi la parfaite identité des gonidies et des petites cellules vertes qui constituent à elles seules certaines Algues, les protococcus entre autres. S'appuyant sur ces diverses considérations, Nylander et quelques autres cryptogamistes admirent que les Lichens étaient les formes parfaites de certaines Algues. D'autres admirent, contradictoirement, que les Lichens étaient des végétaux complexes, formés d'une Algue et d'un Champignon, vivant aux dépens de cette Algue. Ces deux systèmes n'ont point paru, aux yeux de M. Bornet, résoudre toutes les difficultés et concorder avec les faits établis. Il a donc entrepris une série de recherches nouvelles sur plus de soixante genres, et nous allons indiquer les conclusions de son travail.

Toute gonidie de Lichen peut être ramenée à une espèce d'Algue. Mais à chaque espèce de Lichen ne correspond pas une espèce d'Algue différente. Les mêmes algues se montrent chez des Lichens de genre très-distinct.

20 Dans certains cas l'Hypha du Lichen pénêtre et se distribue dans toute la masse de l'Algue. En général l'Hypha enveloppe l'Algue dans les mailles

de son tissu.

3. Les rapports de l'Hypha avec les gonidies sont de telle nature qu'ils excluent toute possibilité qu'un des organes soit le produit de l'autre, et la théorie du parasitisme peut seule en donner une explication satisfaisante.

Nous n'entrons pas ici dans l'exposé des faits qui justifient l'opinion de M. Bornet, et dont nous avons indiqué les principaux, dans la séance où nous avons donné l'analyse de ce mémoire; mais ce qui précède suffira pour en faire apprécier l'importance au point de vue cryptogamique.

SÉANCE DU 22 JANVIER 1874

Au sujet du procès-verbal, M. Saint-Lager fait observer que le Ruscus hypophyllum, rapporté par M. Allard, n'est pas spontané mais qu'il a été probablement planté ; car il existe en dedans de l'enceinte du château d'Hyères (Var) et mêlé à d'autres plantes cultivées.

Admission de M. Roubaud.

Correspondance.

Le Secrétaire donne lecture:

1° D'une lettre de M. de Seynes, membre du Conseil d'administration de la Société botanique de France, remerciant la Société botanique de Lyon de l'envoi de ses Annales, et lui transmettant les marques de sympathie témoignées par la Société de Paris ainsi que les vœux qu'elle forme pour l'avenir et la prospérité de notre Société.

2o La Société a reçu pendant cette quinzaine :

Observations sur l'hybridation dans les mousses, par M. Philibert, déjà analysées par M. Debat dans une précédente séance. Catalogue des espèces publiées jusqu'à présent dans les Musci Galliæ de M. Husnot.

M. DEBAT analyse, ainsi qu'il l'avait promis à la dernière séance, le travail de M. Lestiboudois sur le fruit du grenadier; il insiste surtout sur les points qui présentent quelques différences avec la communication de M. Cusin. Ainsi, pour M. Lestiboudois, les carpelles sont disposés sur plusieurs verticilles; les carpelles inférieurs ayant une placentation centrale, les supérieurs étant portés par des placentas axiles.

Fixation de l'herborisation de dimanche prochain au Garon.

NOTE SUR LES MOUSSES DE FRANCHEVILLE, TASSIN ET CHARBONNIÈRES, par le D' Saint-Lager.

En raison de la proximité de notre ville, la région dans laquelle sont situés. les trois villages indiqués en tête de cette notice a été souvent explorée par

les botanistes lyonnais, aussi sa flore phanérogamique est parfaitement connue. Il n'en est pas de même de sa flore bryologique. J'ai donc cru qu'il ne serait pas inutile de présenter le tableau des mousses que j'y ai rencontrées.

Au préalable, je tracerai une esquisse rapide de la constitution géologique du petit bassin de l'Iseron dans lequel se trouvent les territoires ci-dessus désignés. Il ne faut point oublier que les mousses et les lichens aussi bien que les plantes phanérogames sont bien souvent en relation avec la nature des terrains.

La roche dominante du bassin de l'Iseron est le gneiss alternant avec le granite. Celui-ci est à petits éléments snr les sommités de la chaîne qui s'étend de Lentilly à Pollionnay, et au-delà vers Saint-Bonnet-le-Froid et Iseron. Entre Charbonnières et Dardilly, il contient de gros cristaux de feldspath et passe à la pegmatite.

Dans toute la partie orientale du bassin de l'Iseron, c'est-à-dire celle qui est la plus rapprochée de Lyon, le gneiss et le granite sont recouverts par une couche, d'épaisseur variable, de cailloux roulés des Alpes, parmi lesquels dominent surtout les quartzites, puis en moindre abondance les blocs calcaires. Mais comme ceux-ci sont beaucoup plus attaquables que les premiers par l'eau, tenant en dissolution de l'acide carbonique, il resulte de l'inégalité de solubilité des éléments des deux espèces de roches une influence prépondérante du carbonate de chaux sur la végétation. Aussi remarque-t-on dans la zone occupée par les cailloux roulés des Alpes un grand nombre de phanérogames et de cryptogames calcicoles, tandis que sur les coteaux exclusivement granitiques on n'observe que des plantes silicicoles et quelques indifférentes.

Dans les parties les plus déclives, les cailloux sont recouverts d'une couche de lehm jaune de quelques mètres d'épaisseur.

C'est sur ce lehm qu'on trouve les mousses suivantes :

Barbula unguiculata, ambigua; Ceratodon purpureus; Weisia viridula; Encalypta vulgaris; Anacalypta lanceolata; Phascum cuspidatum; Pottia truncata; Brachythecium glareosum.

Sur les murs enduits de mortier, on observe :

Barbula muralis; Didymodon rubellus; Bryum argenteum, cœspiticium; Grimmia crinita, pulvinata; Homalothecium sericeum; Rhynchostegium

murale.

Cette dernière hypnacée m'a offert une preuve frappante de l'influence chimique de la roche sous-jacente. L'ayant vue sur un rocher granitique des bords de l'Iseron, au voisinage de Beaunan, je fus surpris d'abord de trouver une mousse calcicole sur une pierre à base de silicates alumineux et alcalins; mais mon étennement cessa lorsque je constatai qu'elle recouvrait entièrement et sans la dépasser une plaque de mortier calcaire qu'on avait introduit dans l'intervalle de deux rochers granitiques.

Sur les poudingues, formés par l'agglomération des cailloux au moyen d'un ciment naturel fourni par les eaux calcarifères, j'ai trouvé :

Rhynchostegium tenellum, confertum; Camptothecium lutescens; Ano

modon

viticulosus; Leucodom sciuroides, Homalothecium sericeum; Bryum

roseum, capillare; Schistidium apocarpum.

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