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du centre auraient singulièrement éclairci la question, en notant l'époque précise de l'apparition du parasite dans cette partie de la France.

M. THERRY ajoute ce qui suit :

Je n'ai trouvé le Puccinia malvacearum décrit que dans le Sylloge de Montagne.

Les premiers échantillons que j'en ai récolté, ont été pris sur l'Althea rosea au mois de mai. Depuis, je l'ai retrouvé sur l'Althea officinalis (?) Malva sylvestris, M. rotundifolia, M. crispa (Vivian-Morel), et autres espèces; je l'ai rencontré à des stations et à des époques bien différentes : Grenoble, Romans (Drôme) en mai et en octobre; Annonay, Les Vans, Aubenas, Bagnols, Uzès, en juin et octobre; Genève, en novembre; dans les environs de Lyon toutes les mauves en furent couvertes de juin à novembre.

M. DEBAT analyse un mémoire de M. Godron sur la fécondation chez les Graminées :

La fécondation s'opère chez les Graminées suivant trois modes distincts: 1° La fécondation croisée; 2 la fécondation directe; 3° la fécondation mixte.

Le premier mode s'emploie quand les filets des étamines s'allongent et se penchent en dehors de la fleur, avant la maturité complète de l'anthère. Alors, le pollen tombe des fleurs supérieures sur les pistils des fleurs inférieures dans le même épi, ou, emporté par le vent, féconde les fleurs des plantes voisines. C'est le cas le plus fréquent.

La fécondation directe s'opère, quand la fleur restant close, les anthères mûres se trouvent appliquées contre les stigmates.

La fécondation mixte est celle qui participe des deux modes précédents : Elle suppose une organisation spéciale des fleurs et leur adaptation à l'une et l'autre fécondation, suivant certaines influences extérieures.

M. Godron cite un très-grand nombre d'exemples, et analyse diverses circonstances spéciales d'organisation ou de conditions physiques, qui déterminent la prédominence de l'un ou l'autre mode.

Il s'est attaché à fixer les heures précises de la fécondation, en tenant compte de la température et de l'état atmosphérique. Il est arrivé ainsi à une véritable horloge de flore.

Enfin, le mémoire se termine par l'application de ses vues aux Graminées les plus utiles à l'homme, aux céréales.

M. G. Roux présente à la Société des végétaux fossiles des terrains tertiaires d'eau douce d'Auvergne; les échantillons communiqués par M. Roux appartiennent tous aux Dicotylé

donées. M. Roux termine par quelques considérations générales sur la paléontologie végétale.

M. SAINT-LAGER signale et fait passer sous les yeux des Sociétaires les mousses récoltées par lui, ces jours derniers, dans une herborisation à Francheville et à Tassin.

SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1873,

Aux termes du règlement, cette séance est consacrée à la reddition des comptes du Trésorier, et à l'élection des membres du Bureau.

M. MERMOD, trésorier, expose la situation financière de la Société. De ce compte-rendu, il résulte que, cette année, la Société avait en caisse 1,165 fr., provenant d'un reliquat de l'année dernière de 297 fr., et du montant des cotisations. annuelles, s'élevant à 868 fr.

Les dépenses pour l'année 1873 se sont élevées à 1,054 fr., dont la plus grande partie, 716 fr., est imputable à la publication des Annales. Il reste donc en caisse 111 fr. à reporter à l'exercice prochain.

La Société approuve les comptes de M. Mermod et lui vote des remercîments pour le zèle qu'il déploie dans ses laborieuses fonctions.

M. le Président compare notre situation financière actuelle avec celle de l'année précédente; il appuie sur ce fait que la Société a pu faire sa publication grâce au reliquat de 300 fr. de l'année dernière; malgré le nombre toujours croissant des adhésions, il nous sera difficile d'entreprendre une publication semblable, réduits à nos seules ressources; en présence de cette situation, M. Debat a adressé au Préfet une demande de subvention qui lui sera présentée avec le premier fascicule du deuxième volume de nos Annales, que la Société a pu publier, grâce à la générosité de M. le docteur Saint-Lager, qui l'a fait imprimer à ses frais.

M. de Teissonnier propose d'élever la cotisation à 10 fr. MM. Cusin et Debat, tout en reconnaissant l'opportunité de cette mesure, qui, du reste, n'est pas contraire aux statuts, sont

d'avis d'en ajourner la discussion après la décision qui sera prise par l'Administration sur notre demande.

ÉLECTION DES MEMBRES DU BUREAU :

M. le docteur Guillaud préside le bureau de dépouillement, assisté de MM. Mingaud et Rieaux; 33 puis 35 Sociétaires prennent part au vote.

Le président est réélu, au deuxième tour de scrutin, après une observation de M. Cusin, qui déclare ne pouvoir accepter aucune fonction officielle.

Le vice-président, M. Saint-Lager, est réélu au deuxième

tour.

Le secrétaire, M. Ant. Magnin, et le trésorier, M. Mermod, sont réélus au premier tour.

M. Cusin veut bien encore se charger, officieusement, des fonctions de conservateur.

Correspondance

Troisième fascicule des Annales de la Société d'études des sciences naturelles de Nîmes.

M. DEBAT analyse un mémoire de M. Philibert, professeur de philosophie à la Faculté des lettres d'Aix, sur l'observation d'un fait qui n'avait pas encore été signalé, un cas d'Hybridation dans les mousses.

M. Debat résume d'abord rapidement l'état actuel de nos connaissances sur le mode de fécondation et le développement des Phanérogames, puis des Cryptogames vasculaires, au sujet desquels il expose la découverte récente de la génération alternante. M. Debat indique ensuite comment on a été amené à considérer dans les Muscinées une véritable génération alternante, dont la mousse (système végétatif, anthéridies et archégones), est la phase sexuée, et l'urne et son pédicelle la phase asexuée. Les obervations de M. Philibert confirment cette manière de voir; en effet, ce cryptogamiste, en étudiant un hybride découvert par lui entre les Grimmia orbicularis et tergestina, montre que l'hybridation doit seulement porter sur les caractères de l'embryon, c'est-à-dire la capsule et son pédicelle; c'est ce qu'il a observé dans l'hybride qui est le sujet de son mémoire. Le Grimmia orbicularis, fécondé par le G. tergestina, est remarquable par une capsule et un pédicelle

dont les caractères sont intermédiaires entre ceux du G. tergestina et du G. orbicularis, tandis que les caractères de la tige, des feuilles et de la coiffe n'ont pas été modifiés.

Cet hybride peut-il se reproduire? D'après M. Philibert, la capsule serait toujours stérile.

SÉANCE DU 8 JANVIER 1874.

Admission de Mile Marie Rey.

M. VIVIAN-MOREL donne lecture de l'analyse critique de l'opuscule offert à la Société par M. de Parseval-Grandmaison.

EXAMEN DU RAPPORT DE M. DE PARSEVAL-GRANDMAISON SUR LE

CATALOGUE DES PLANTES DE L'YONNE, par M. Vivian-Morel.

M. de Parseval-Grandmaison ayant adressé à notre Société son rapport sur l'ouvrage de Ravin intitulé: Catalogue des plantes du département de l'Yonne, vous m'avez chargé de vous rendre compte de ce rapport.

Je me bornerai à quelques remarques sur les opinions de notre honorable collègue relativement à la question de l'Espèce.

Dès le début de la lecture, j'ai pressenti qu'elles seraient les préférences du rapporteur; car, à l'occasion du titre de l'ouvrage, il reproche à M Ravin son peu de soins à n'admettre dans son catalogue que les bonnes espèces.

« Jusqu'à nos jours, dit M. de Parseval, les botanistes avaient admis que « la distinction des plantes en espèces distinctes doit reposer sur des diffé« rences précises, saillantes et remarquables par leur constance.

« Une école s'est élevée qui, sous prétexte de perfectionner la science, « menace d'y introduire un véritable chaos, en créant de nouvelles espèces,

« par le démembrement de celles qui avaient été admises jusqu'alors.

« C'est méconnaître la nature et fausser la science que de vouloir classer « dans des epèces diverses, les plantes dont les différences ne sont ni préa cises, ni saillantes. En outre, les différences remarquées ne sont pas consa tantes comme on le prétend, ou, si elles le sont dans certains cas, cette « constance dépend des causes qui constituent ce qu'on appelle des races. » Le point capital de la question est évidemment de savoir si les nombreuses formes décrites comme espèces par les Boreau, Jordan, Timbal-Lagrave et autres représentants de l'école moderne, ont des caractères précis, saillants et susceptibles de se perpétuer, soit dans les stations naturelles, soit dans les cultures.

Or, il y a plus de vingt-cinq ans que les Thlaspi sylvestre, virens, gaudinianum, brachypetalum sont décrits et dessinés, ne les retrouvons-nous pas chaque année, le premier sur nos coteaux du Garon, le second sur les

plateaux du Pilat et du Forez, le troisième sur les pentes du Jura, du Bugey et du Dauphiné, et enfin le quatrième dans les hautes prairies alpines.

Ces mêmes Thlaspi, cultivés dans le jardin de M. Jordan, n'ont pas varié. Il me serait facile de citer un grand nombre d'exemples de perpétuité semblable.

Plusieurs plantes ont été introduites dans les environs de notre ville par un botaniste lyonnais, il y a déjà longtemps, ont-elles varié?

Le Biscutella intricata de Villeurbanne n'est-elle pas toujours semblable à celle de Tournon, sa patrie, et a-t-on vu le Ptychotis Timbali, originaire de Toulouse, perdre ses caractères en s'établissant aussi à Villeurbanne ?

On prétend que les susdites plantes et tant d'autres appelées critiques sont des races dérivées des types linnéens. Où est la preuve de cette affirmation?

Pour déclarer qu'une plante est une race issue d'une espèce, il faudrait connaître sûrement le type spécifique qui a donné naissance à la prétendue race. Or, a-t-on jamais produit un pareil acte de naissance?

Les plantes cultivées, comestibles ou ornementales, sont, il est vrai, sujettes à éprouver des variations, mais abandonnez-les à elles-mèmes, cessez de leur donner par la culture, par les engrais et par des soins de toute sorte, un surcroît d'activité, et vous les verrez promptement revenir au type sauvage. Les Pelargonium zonale et inquinans dont les innombrables variétés sont répandues dans tous les jardins de l'Europe depuis l'année 1711 n'ont pas encore donné une seule race se reproduisant indéfiniment de graines. Il en est de même des Petunia violacea et nyctaginiflora, des Phlox, des Dahlia, des Heliotropium, etc., lesquels ont produit tant de variétés, mais pas une race permanente.

Qu'il y a loin de ces formes éphémères, dont la production et la conservation exigent tant de soins, aux espèces sauvages qui font l'objet de la discussion actuelle, et qui présentent un caractère si frappant de pérennité.

Sans doute l'étude de la botanique devient de plus en plus difficile à me sure que s'accroît le nombre des espèces décrites. Ainsi en est-il d'ailleurs de toutes les sciences. La physique et la chimie ne sont plus aujourd'hui aussi faciles à étudier que pendant le siècle dernier.

En fin de compte, l'école moderne à laquelle on reproche si souvent de créer tant d'espèces nouvelles et d'introduire le cahos dans la science ne fait que constater et décrire ce qui existe, et pour renverser l'édifice qu'elle construit il faut autre chose que des théories vagues et des affirmations sans preuves (1).

M. DEBAT annonce la fin de ses conférences sur les mousses,

(1) Il est juste de dire ici que dans une lettre adressée à notre Société par M. de Parseval-Grandmaison, notre très-distingué collègue convient que son rapport contient un jugement trop sévère. Il reconnaît qu'il y a parmi les créations de M. Jordan de très-bonnes espèces. D'un autre côté il est inutile d'ajouter que les remarques contenues dans la note qui précède, sont l'expression d'une opinion individuelle, et n'engagent nullement la responsabilité des autres membres de la Société. (Note du Comité de publication.)

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