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pria en outre d'analyser les gaz dégagés de la sorte; M. Merget reconnut qu'ils étaient formés d'air atmosphérique ce qui excluait immédiatement l'idée d'un produit de la respiration chlorophyllienne.

Mais, voulant savoir quelle était la cause de ce dégagement, s'il se produisait sous l'influence de la lumière ou de la chaleur, M. Merget institua des expériences qui lui prouvèrent que ce dégagement de gaz était sous la dépendance de la chaleur seule.

Malgré la pénurie d'instruments appropriés, les difficultés d'une expérimentation en plein air, M. Merget put encore observer les faits suivants :

Si l'eau froide de la feuille est remplacée par de l'eau chaude on voit les bulles encore adhérentes à la surface par un petit pédicelle disparaître.

Si l'on plonge dans l'eau le pétiole d'une feuille coupée et exposée au soleil, avec de l'eau dans sa concavité, il y a un dégagement de bulles qui s'arrête dès qu'on émerge le pétiole.

Ce pétiole étant mis en communication par un tube de caoutchouc avec un manomètre à eau, on constate un excès de tension des gaz intérieurs qui peut aller à plusieurs centimètres, et augmente avec l'intensité de la chaleur.

Toutes ces expériences prouvent qu'il y a réellement sous l'influence de l'irradiation calorifique, un accroissement de pression de l'extérieur à l'intérieur, et par conséquent afflux dans les parties froides des gaz provenant des parties plus chaudes.

M. Merget a constaté, en outre, que non-seulement l'air atmosphérique, mais encore les différents gaz, acide carbonique, hydrogène, azote, oxyde de carbone, étaient filtrés par le Nélumbium.

M. Merget a cherché à reproduire des phénomènes analogues avec des appareils inorganiques; une sorte de boîte en terre poreuse, ne donna pas de résultat. M. Merget eut alors recours à la vulgaire pipe de terre; cette pipe, préalablement lutée à son extrémité et chauffée au niveau de son fourneau, laisse dégager d'abondantes bulles par son tuyau plongé dans de l'eau froide; le dégagement se produit aussi lorsqu'il n'y a

pas d'opercule; il dure assez longtemps après que l'appareil a été éloigné de la source de chaleur.

M. Merget répète cette expérience devant la Société.

Ces recherches nous font voir les phénomènes de la vie de la plante sous un jour tout-à-fait nouveau, au moins pour celui qui n'est pas au courant des progrès de la science à l'étranger; elles montrent qu'un grand nombre de ces phénomènes sont d'ordre purement physico-chimique.

Ces expériences démontrent l'existence des mouvements circulatoires qui se produisent pendant la respiration chlorophyllienne; en effet, si les feuilles sont chauffées, il y a appel des gaz extérieurs; si le contraire a lieu, expulsion des gaz intérieurs; et, comme les parties chauffées changent constamment, il s'ensuit qu'il se produit un mouvement continuel d'échange.

De plus, elles permettent de comprendre comment l'allongement des rhizomes a pour cause l'excès de tension; la croissance se fait toujours au point où la tension est maximum.

M. Merget termine en rappelant les difficultés de toutes sortes qu'il a rencontrées dans le cours de ces expériences, et regrette vivement que la Société n'ait pas encore obtenu son laboratoire de physiologie végétale.

M. Saint-Lager propose de faire, immédiatement, une demande de subvention au Conseil général.

SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1873

Admission de M. Justin Paillot.

Correspondance. Le Secrétaire donne lecture:

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1° D'une lettre de M. de Parseval-Grandmaison, remerciant la Société de l'envoi des Annales, et lui offrant deux brochures dont il est l'auteur; l'une a pour titre : Des caractères essentiels qui différencient les phénomènes chimiques, physiques et physiologiques des phénomènes psychologiques. La deuxième est un Rapport fait à la Société académique de Mâcon sur un Catalogue des Plantes de l'Yonne, par M. Ravin. Ce dernier mémoire intéressant surtout la Société, M. Vivian-Morel est chargé d'en présenter un compte-rendu à la prochaine séance.

2o M. Armand Thielens félicite la Société du premier volume de ses Annales et la remercie de son envoi.

M. CUSIN annonce qu'il a reçu de M. Allard, actuellement à Hyères, les espèces suivantes: Alyssum maritimum, Statice serotina Jord., Thrincia tuberosa, Inula crithmoïdes, représentées, chacune, par une cinquantaine d'échantillons, que M. Allard met gracieusement à la disposition des membres de la Société.

M. MOREL fils, de Vaise, a reçu de M. BURLE, de Gap, un envoi important de plantes des Hautes-Alpes, destiné à l'herbier de la Société. Cet envoi contient environ trois cents espèces toutes spéciales aux Alpes des environs de Gap, mont Aurouse, mont Séuse, mont Viso, etc.

La Société remercie vivement M. Burle et souhaite que son exemple soit suivi par un plus grand nombre de sociétaires.

M. GABRIEL Roux fait le compte-rendu des observations botaniques contenues dans les deux premiers numéros du Bulletin de la Société d'études des sciences naturelles de Nîmes. Le premier numéro contient le commencement d'une note sur la florule des Candouillères (Gard). Le deuxième renferme le compte-rendu d'une excursion au Serre-de-Bouquet, riche localité souvent citée dans la flore du Gard, de Pouzols. M. Roux, après avoir donné l'énumération des plantes rares signalées par la note, telles que : Paonia peregrina, Delphinium fissum, Alyssum macrocarpum, Pisum elatius, etc., indique celles de ces plantes qui se retrouvent dans d'autres points du bassin du Rhône, et celles qui ont été omises dans le Catalogue de la Société.

Discussion sur la demande faite par plusieurs sociétaires de diminuer la durée des vacances.

A la suite de la discussion engagée entre MM. Cusin, Debat, Guillaud, Saint-Lager et divers sociétaires, aucune résolution n'est arrêtée, mais la proposition sera reprise lorsque le Bureau aura recueilli les renseignements nécessaires.

COMMUNICATION SUR LE « PUCCINIA MALVACEARUM »,
par MM. Debat, Magnin et Therry.

M. DEBAT analyse une note publiée, dans les Actes de la

Ann. Soc. Bot.

2

Société linnéenne de Bordeaux, par M. Durieu de Maisonneuve, sur l'apparition subite et l'invasion rapide d'une Puccinie exotique (Puccinia malvacearum) dans le département de la Gironde.

Cette Puccinie qui, comme son nom l'indique, peut se développer sur diverses espèces de Malvacées, n'avait jusqu'ici été signalée qu'au Chili, où elle a été trouvée sur l'Althœa officinalis par Bertero; elle a été décrite par C. Montagne et figurée par Corda (Ic. fung. VI, tab. I, fig. 12). M. Durieu de Maisonneuve la reçut vers le milieu d'avril 1873 des environs de Bordeaux, sur des feuilles de Malva sylvestris, d'une localité souvent visitée par lui les années précédentes, sans qu'il l'y eût aperçue. Plus tard, les botanistes de la Gironde, après la communication de M. Durieu, la recherchèrent, et la trouvèrent dans plusieurs localités du département; depuis elle a été signalée en divers points de la France. Ainsi ce cryptogame, qui était jusqu'à ce jour tout à fait étranger à l'Europe, y a fait tout à coup irruption, au commencement de l'année 1873, sans qu'on puisse expliquer de quelle manière il a traversé l'Océan. C'est là un fait intéressant, et sur lequel M. Durieu insiste avec raison, en rappelant une invasion analogue, dont les résultats ont été désastreux pour l'agriculture, celle de l'Erysiphe ou Oïdium de la vigne.

M. MAGNIN, à la suite de cette analyse, donne lecture d'une lettre qu'il vient d'adresser à M. Durieu et dans laquelle il informe ce savant de l'apparition de cette puccinie dans le Jura au commencement d'avril dernier, et dans les environs de Lyon, quelque temps plus tard. M. Magnin ajoute à cette lettre les renseignements suivants :

La première fois que j'ai rencontré ce parasite, ce fut au printemps de cette année, vers le 10 avril ; j'étais alors à Nanc, canton de Saint-Amour (Jura), où je passai quelques jours de congé, employés à des recherches cryptogamiques; dès mon arrivée, je remarquai dans un jardin, que toutes les feuilles des Althea rosea étaient garnies de pustules jaunes plus ou moins développées; familiarisé depuis plusieurs années avec ces productions, je reconnus de suite des puccinies à leur premier degré de développement. Mais je les vis si abondantes, et, d'un autre côté, j'étais tellement prévenu contre cette habi

tude qu'ont certains auteurs de faire des espèces nouvelles, chaque fois qu'ils trouvent une Urédinée sur une plante qui n'en avait pas présenté jusqu'alors, que je pris ce parasite pour une espèce commune, ayant échappé jusqu'à ce moment à mes recherches, et sans plus ample examen, sans recherches bibliographiques, je la mis dans mon herbier, à côté des Puccinia buxi, lychnidearum, etc., qui ont avec elle de grandes affinités, par leurs pulvinules saillants, durs, etc. Ainsi, il importe de noter que ma première observation de ce parasite remonte au commencement d'avril, à la même époque que l'observation de M. Durieu pour les environs de Bordeaux.

A mon retour à Lyon, je trouvais aussi cette puccinie trèsabondante, sur les pieds d'Althea rosea cultivés au Fleuriste du Parc de la Tête-d'Or; à cette même époque, un chercheur infatigable, M. Therry, la trouvait non-seulement sur l'Althea rosea, mais encore sur les Malva sylvestris, rotundifolia, tant au jardin botanique, que dans les environs de Lyon. Je ne peux vous donner le moment précis de l'apparition de cette puccinie sur les espèces du genre Malva; peut-être M. Therry pourra-t-il le faire; mais, si mes souvenirs me servent bien, je crois pouvoir affirmer qu'à Lyon l'apparition de la puccinie sur les Malva a été postérieure à l'invasion sur l'Althœa. De même que M. Durieu à Bordeaux, je n'ai pas aperçu, ici, de de puccinie sur l'Althea officinalis, espèce sur laquelle ce parasite a été observé pour la première fois, au Chili. Un autre fait intéressant, et qui est en parfaite concordance avec ce que M. Durieu a noté de son côté, c'est qu'au Jardin botanique de Lyon les espèces appartenant aux malvées proprement dites, ont été seules atteintes, tandis que les Hibiscus, Sida, Anoda, Gossypium, etc., sont restés indemnes.

Comment cette puccinie se trouvait-elle déjà dans le Jura au commencement d'avril dernier? C'est ce dont il est difficile de se rendre compte en faisant remonter sa première apparition en Europe à cette date, et son introduction par le littoral de l'ouest. Il est, en effet, singulier de la voir apparaître en même temps à deux frontières opposées de la France, tandis qu'elle mit deux mois pour se rendre de la Crus (localité où M. Durieu l'a signalé pour la première fois) à Bordeaux; il est regrettable qu'il n'y ait pas plus de botanistes s'occupant de cryptogamie; car des observateurs habitant les départements

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