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plus de portée. La division en genres est tout-à-fait factice. Toutefois elle est rationnelle, si le nombre des espèces renfermées dans le genre est assez considérable pour nécessiter la création d'un mot destiné à soulager la mémoire, et si, entre deux genres voisins, il y a quelque distinction bien tranchée, facile à reconnaître. Or, n'est-ce pas là le cas pour les trois genres supprimés par M. L. Piré? Malgré leur ressemblance l'opercule rostellé chez les Rhynchostegium, conique chez les Brachythecium distinguera du premier coup ces deux genres dont chacun renferme, en France seulement, de 10 à 16 espèces, nombre bien suffisant pour l'admission d'une dénomination générique. Quaut aux Eurynchium, le port tout différent, la dentelure presque générale des feuilles, la disposition très-curieuse de l'inflorescence mâle les éloignent nettement des espèces comprises dans les genres précédents. On connaît en France 12 à 15 espèces d'Eurynchium. Comme nombre, il ne le cède à aucun des deux autres.

Nous ne voyons donc aucun motif sérieux en faveur de la thèse de M. L. Piré. Nous aurions d'ailleurs de la peine à remplacer par l'expression peu compréhensible de Pancovia les noms pittoresques et expressifs de Brachythecium, Rhynchostegium, Eurynchium, noms consacrés par un assez long usage et que les jeunes Bryologistes retiennent avec facilité.

SÉANCE DU 29 JUILLET 1874

Correspondance:

Annales de la Société d'études scientifiques de Lyon.

COMPTE-RENDU D'UNE HERBORISATION A CUSSET, PRÈS VILLEURBANNE, par M. Vivian-Morel.

Quelques membres de notre Société allaient, dimanche dernier, explorer les prairies marécageuses de Cusset et de Vauxen-Velin. Partis de la Cité, nous vîmes dans les décombres, près de la Gravière, quelques plantes échappées des cultures de M. Jordan: Erodium romanum, Achillea nobilis, Althea narbonensis, Salvia verbenaca, Ammi majus, Centaurea aspera, etc.

Dans la Gravière croissaient Gnaphalium luteo-album, Polygonum persicaria, P. lapathifolium, Amaranthus albus, Erigeron canadensis, Sonchus asper, Plantago major, Thrincia hirta, Stachys annua, Xanthium strumarium, Euphorbia falcata, Linaria elatine, Verbena officinalis. Si je parle de ces plantes communes c'est afin de signaler le fait, que les

graines de ces plantes ont conservé leur faculté germinative, bien qu'elles aient été immergées pendant six mois.

Le chemin que nous suivons nous offre : Bupleurum falcatum, Torilis anthriscus, Pastinaca sativa croissant à l'ombre des Prunus spinosa et Rhamnus cathartica.

Sur le bord des champs l'Allium intermedium D. C. nous montre ses fleurs verdâtres et sa tige dénudée. Cette plante a été décrite dans la Flore de France sous le nom d'Allium paniculatum L., expression inexacte, car la plante a une ombelle simple à pédoncules inégaux.

Nous arrivons sur l'ancienne digue de Cusset où nous trouvons les plantes introduites là par Estachy: l'Echinops banaticus avec ses beaux capitules azurés, le Ptychotis Timbali avec ses nombreuses ombelles blanches, le Xanthium macrocarpum remarquable par ses larges feuilles et ses fleurs verdâtres.

Dans la prairie voisine nous signalons: Roripa nasturtioides, Scutellaria galericulata, Erythræa ramosissima, Epilobium molle, Galium palustre, Stachys palustris, Lythrum salicaria, Teucrium scordium. Ce dernier m'a paru avoir des feuilles plus étroites, uue serrature moins aigue que dans les échantillons récoltés au marais des Echeyts.

Dans le ruisseau nommé la Rize nous voyons en fleurs : Hydrocharis morsus ranæ, Myriophyllum verticillatum, Utricularia vulgaris, Caulinia fragilis, Sagittaria, Typha latifolia, Sium latifolium.

M. BRENAC fait un compte-rendu de la revue bibliographique publiée dans le tome xxi du Bulletin de la Société botanique de France:

La plus grande partie des mémoires analysés concernent l'étude de plantes. exotiques. Les autres sont relatifs à des questions de physiologie. De ce nombre sont la thèse d'agrégation do M. J. Chatin, intitulée : De la Feuile; le mémoire de M. de Bary ayant pour titre : Des Revêtements cireux de l'Épiderme; les recherches de M. Baillon sur l'organogénie des Noisetiers, sur la germination bulbiforme des graines des Amaryllidées.

Nous remarquons aussi une note de M. de Seynes sur le Peziza tuberosa. Parmi les travaux de géographie botanique on signale un Catalogue des plantes vasculaires d'Indre-et-Loire, par M. Delaunay; la Revue bryologique, de M. Husnot; les Hymenomycètes, de M. Gillet; la Carte botanique de l'Yonne, par M. Moreau; et enfin, la Distribution géographique des Zosteracées, par M. Ascherson.

M. DEBAT montre à la Société les mousses trouvées par lui au Pilat pendant la dernière herborisation. Il se propose de rédiger, pour nos Annales, une notice sur la Flore bryologique du Pilat.

M. VIVIAN-MOREL montre à la Société des échantillons de Viola Sudetica cueillis au Pilat, et présentant entre eux de très-grandes différences relativement à la couleur et à la grandeur des fleurs, aux dimensions et à la forme des feuilles.

SÉANCE DU 6 AOUT 1874

Admission comme membre titulaire de M. Lucien Reynaud. Sur la proposition de M. Saint-Lager, sont admis comme membres correspondants :

MM. Aubouy, Duval-Jouve et Loret, à Montpellier.

Achintre, à Aix (Bouches-du-Rhône).

Albert, institituteur, à Arvieux (Hautes-Alpes).

Didier, à Saint-Jean-de-Maurienne (Savoie).

Duvergier de Hauranne, à Paris.

Des Etangs, juge de paix à Bar-sur-Aube.

Hanry, au Luc (Var) et Huet, professeur au Lycée de
Toulon (Var).

Husnot, à Cahan (Orne).

Legrand, à Montbrison (Loire).

Martin à Aumessas (Gard).

Payot (Venance), à Chamonix (Haute-Savoie).

Perrier de la Bâthie, à Conflans, près Albertville (Savoie).
Roux, à Marseille.

J. de Seynes, professeur à la Faculté de médecine de Paris. Communication de M. le D' Saint-Lager sur la session botanique de Gap.

Arrivés hier à Lyon avec nos collègues qui ont pris part à la Session extraordinaire de la Société botanique de France dans les Hautes-Alpes, je m'empresse de vous donner quelques renseignements sommaires sur l'historique de notre voyage.

La Session a été ouverte le 23 juillet par M. l'abbé Cha

boisseau, délégué à cet effet par la Société botanique de France, laquelle était représentée, en outre, par vingt-quatre de ses membres.

Ceux de nos collègues qui ont pris part aux excursions sont : MM, Magnin, Mathieu, D' Perroud, L. Rérolle, D' Saint-Lager, Therry. Nous ne devons pas oublier non plus nos correspondants MM. Burle, Fazende et Lannes, puis MM Chevalier d'Annecy, Gariod, Lacroix et Méhu qui sont aussi des nôtres et en même temps, membres de la Société botanique de France.

Les membres de la Session (1) ont donné une nouvelle preuve de leur sympathie à notre jeune association en me nommant vice-président, et en nommant parmi les secrétaires, M. Antoine Magnin en compagnie de MM. Duvergier de Hauranne, Gariod et Méhu.

Je suis sûr d'être l'interprète de vos sentiments unanimes en exprimant ici la vive et profonde reconnaissance que nous éprouvons tous pour l'honneur que la Société botanique de France a fait à notre association dans la personne de ses délégués.

En souvenir du bon accueil qu'elle avait reçu en Belgique l'année dernière, la Société botanique de France nomma président de la session de Gap M. Müller, vice-président de la Société botanique de Bruxelles.

Le bureau ayant été constitué, on adopta le programme sui

vant :

Jeudi 23 jullet. - Séance d'inauguration à 2 heures.
Vendredi 24. Herborisation au col de Glaize.

Samedi 25.- Herborisation à la Garde et au Devez-de-Rabou.

Dimanche 26. - Séance à une heure..

Lundi 27. - Herborisation à la montagne de Chabrières. Mardi 28 - Visite aux herbiers de MM. Burle et Blanc. Mercredi 29 - Herborisation à la montagne de Séuse. Jeudi et vendredi 30 et 31.- Herborisation au Mont-Aurouse. M. Magnin et moi fùmes chargés des rapports sur les herborisations au col de Glaize et au mont Chabrières; MM. Méhu et Borel de celles qui furent faites au mont Séuse et au MontAurouse.

(1) Le Comité d'organisation avait été ainsi composé: MM. Chaboisseau, Burle, Gariod, Méhu, De Valon; M. Müller, représentant la Société royale de botanique de Belgique; et M. Ant. Magnin, la Société botanique de Lyon.

Parmi les communications faites aux séances je signalerai celles de nos collègues MM. Méhu et Mathieu : la première sur le Tulipa sylvestris des environs de Villefranche, la seconde sur les expériences de M. Merget relativement aux phénomènes d'échanges gazeux dans le Nelumbiun speciosum, expériences qui ont été répétées devant les membres présents à la séance. Une lecture de M. Martin d'Aumessas sur uu Catalogue des plantes d'une partie du département du Gard.

L'exposition des procédés rapides de dessication par M. l'abbé Chevallier (de Précigny).

Le récit des travaux de reboisement exécutés dans les HautesAlpes par M. l'inspecteur des forêts en résidence à Gap.

Pendant la session de Gap, le beau temps a été de courte durée. Les pluies survenues pendant les premiers et les derniers jours ont nui beaucoup au succès et au charme des excursions. Pourtant, malgré les intempéries, les résultats obtenus ont été satisfaisants et chacun de nous a rapporté une riche moisson. Malheureusement l'excès même de nos richesses ne nous a laissé ni assez de temps ni assez de moyens de dessication pour préparer convenablement nos plantes; beaucoup d'entre elles sont revenues en assez mauvais état, soit à cause des circonstances que je viens d'indiquer, soit par le fait des lenteurs du transport de Gap à Lyon.

Ignorant à l'avance la durée de la Session et le programme des excursions, nous avions pris, avant d'aller à Gap, l'engagement de nous rendre, à jour fixe, dans le Queyras où nous devions rencontrer MM. Sargnon et Husnot, accompagnés de l'abbé Chevalier. Aussi, à notre grand regret, n'avons-nous pu prendre part aux deux dernières herborisations et jouir assez longtemps des charmantes relations que nous avions nouées. Nous prierons notre collègue M. Méhu de nous faire un récit sommaire des deux belles herborisations que nous avons manquées. Dans le Queyras nous avons été d'abord peu temps. Le 29 juillet une pluie continue et pénétrante nous a empêchés de visiter, comme nous l'aurions voulu, le Val Préveyre, où déjà l'année passée M. Sargnon et moi n'avions pas été plus heureux. Nous eûmes le même contre-temps le lendemain dans le vallon de Ségure.

favorisés par

le

Enfin, le 31 juillet, malgré de mauvais présages, nous nous mettons en route pour aller coucher au chalet de la Tronchée, situé dans la partie supérieure de la vallée du Guil.

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