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plante que je n'avais rencontrée jusqu'alors que le long des chemins qui longent les rivières de la Provence.

A quelle cause faut-il attribuer l'établissement de cette colonie? Le chemin de ronde est contigu, dans la partie où existent les susdites plantes, au chemin de fer de Lyon à Genève et l'on pourrait supposer que les graines ont été apportées par des ballots de marchandises jusqu'à la gare voisine, ou encore jusqu'à la caserne de cavalerie située à peu de distance du chemin de fer et où existent de vastes amas de fourrages.

Mais comme la florule que j'ai indiquée est localisée particulièrement sur les talus du chemin de ronde, je préfère admettre que les graines qui l'ont produite ont été mêlées à celles qui ont servi à gazonner cette partie des fortifications de la ville.

Il sera très intéressant d'observer ultérieurement ce que deviendra cette petite colonie; se maintiendra-t-elle et même prendra-t-elle une extension plus grande?

On sait que depuis quelques années, un nombre considérable de plantes algériennes se sont implantées en France, notamment autour de Paris et dans la vallée de la Loire, à la suite de l'introduction de fourrages africains destinés à la cavalerie, pendant la dernière guerre. Il serait fort désirable qu'on observât attentivement si quelques espèces algériennes peuvent se maintenir sur notre sol.

J'ose même dire que les botanistes n'auraient pas dû attendre que de pareils faits se produisent fortuitement. N'auraient-ils pas dû depuis longtemps, à l'imitation de ce qui a été fait pour la plupart des plantes utiles, faire de nombreuses tentatives d'acclimatation et déterminer expérimentalement la limite d'extension des espèces végétales.

A mon avis, les lois de la géographie botanique n'auront de base solide que lorsque de vastes expériences auront été faites pour définir d'une manière exacte les conditions climatériques et géologiques qui influent sur la vie et sur la dispersion des plantes.

HERBORISATION A LA GRANDE-CHARTREUSE

Les 5 et 6 Juillet 1873

Par M. L. CUSIN

La Société botanique de Lyon se révèle par ses actes et l'influence qu'elle commence à exercer sur la jeunesse studieuse.

Il y a longtemps que nous n'avions vu à Lyon tant de personnes se plaire dans les excursions botaniques. Espérons que la Société botanique continuera ses efforts et que le zèle, au lieu de s'éteindre, ne fera que s'accroître.

Nous constatons que l'appel fait par la Société pour le voyage de la Grande-Chartreuse a été entendu. Soixante-deux personnes se trouvaient réunnies à la Gare sous la direction de notre vice-président, M. Saint-Lager.

Nous avons constaté le fait de l'empressement, nous en constaterons un autre en sens contraire, c'est que la direction à donner à une si grande foule est bien difficile et j'émets l'avis que la somme des espèces récoltées est en raison inverse du nombre des explorateurs.

Il est difficile de donner de la rapidité aux évolutions et trop souvent la lenteur de quelques tempéraments paralyse l'ardeur des audacieux.

L'herborisation de la Grande-Chartreuse dans son extension normale comprend la visite au couvent et aux sommités qui le dominent le Grand-Som et le Col-de-la-Ruchère. C'est dans ce sens que nous avions entrepris notre voyage, Quelques-uns de nos jeunes collègues ont poussé plus loin leur ambition. J'ignore encore s'ils ont pris la route du Sappey ou celle de Chalais.

En deux jours il était difficile de faire toutes les explorations

que comportait notre petit voyage, et, malgré le bon vouloir, le temps et la fatigue viennent entraver quelques-uns des projets.

Il y a cinq explorations à faire dans le petit voyage de la Grande-Chartreuse lorsqu'on part de Saint-Laurent pour y revenir. C'est ainsi, du moins, ce que l'expérience de 25 ans de courses m'a donné d'établir.

La première exploration est celle qui se fait en suivant la route du désert depuis Saint-Laurent j'usqu'au couvent des Chartreux. Malheureusement aujourd'hui qu'une belle route est tracée, on se contente trop de la suivre en jetant ses regards à droite et à gauche et l'on ne trouve plus toutes les bonnes plantes que fournissait l'ancien sentier qui allait serpentant à travers les rochers, tantôt s'élevant, tantôt descendant jusque dans le lit du Guiers-Mort.

Aujourd'hui, en suivant la route tracée, on rencontre encore notamment:

Hieracium staticefolium,saxatile, amplexicaule et Jacquini, Lappa major, Circæa intermedia, Campanula latifolia, Impatiens noli-tangere, Lunaria rediviva, Hesperis matronalis, Aconitum anthora, Knautia sylvatica,Geranium robertianum, albiflorum, Epilobium spicatum, Hypericum nummularium, Dentaria pinnata et digitata, Cacalia albifrons et alpina, Prenanthes purpurea et muralis, Carduus personata et deflorata, Arabis muralis, alpina et turrita, Saxifraga aizoon et aizoïdes, Chrysosplenium oppositifolium. Epipactis lancifolia, Elymus europeus, Bromus asper et giganteus, Sesleria cærulea, Festuca sylvatica.

Je ne retrouve plus le Centranthus angustifolius ni le Potentilla caulescens, qui abonde encore contre les rochers des gorges du Crosset.

La deuxième exploration doit se faire le même jour. Elle consiste 1o en un circuit autour des murs du couvent, pour récolter: Myrrhis odorata, Cephalaria alpina, Cirsium erio

phorum; 2° en une visite à la prairie qui fait face au monastère et dans laquelle abondent : Veratrum album, Gentiana lutea, Trollius europaeus, Astrantia major, Campanula rhomboidalis et linifolia; 3° en une ascension le long d'un ravin diabolique qui plonge sous les rochers du Grand-Som, on y trouve Aconitum paniculatum, Lathyrus montanus, Campanula latifolia, Epilobium spicatum, Thalictrum aquilegifolium, Rosa pyrenaica, Scabiosa lucida, Urtica hispidula, Epipactis nidus-avis, Pyrola secunda, minor et rotundifolia; 4° enfin en la traversée d'un lambeau de forêt pour se rendre aux chapelles de Casalibus et de Saint-Bruno, dans lequel trajet on peut récolter: Spirea aruncus, Veronica montana et urticæfolia, Monotropa hypopytys, Campanula pusilla, Epilobium roseum et trigonum, Calamintha grandiflora, Chærophyllum hirsutum, Ranunculus spretus et lanuginosus, Geum rivale. Nous ne retrouvons plus dans la prairie le Dianthus monspessulanus.

La troisième exploration doit se faire le lendemain, en fixant un départ très-matinal. Elle consiste principalement à visiter les rochers et ravins qui sont au-dessous de la bergerie de Bovinant; c'est là qu'abondent une foule de bonnes plantes, parmi lesquelles je cite: Betonica alopecurus, Achillea macrophylla, Sonchus alpinus, Senecio Fuchsii, Valeriana tripteris et montana, Centaurea montana undulata, Kernera saxatilis, Plantago alpina et montana, Erinus alpinus, Bellidiastrum Michelii, Globularia nudicaulis, Hypericum quadrangulum, Viola biflora, Crocus vernus, Galium argenteum et anisophyllum, Pinguicula alpina, Saxifraga muscoïdes, Silene quadrifida, Ranunculus montanus, Orchis globosa, Draba aizoïdes, Ranunculus aconitifolius et platanifolius, Helianthemum grandiflorum et italicum, Aspidium Lonchitis, Poa alpina, Orchis montana, Daphne mezereum, Stachys alpina, Euphrasia minima, Myosotis alpestris, Campanula rhomboï

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