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J'ai vu toutes ces espèces résister pendant plusieurs lustres; mais la plupart ont fini par disparaître, parce que l'aire de leur habitat ne s'était pas encore suffisamment développé. Les travaux de terrassement et de construction ont vite eu raison de leur indiscrète introduction.

C'est ainsi que le Salvia verticillata et le Sison amomum ont disparu de Montchat, devenu une cité; que l'Echinops banaticus, l'Isatis tinctoria, le Ptychotis Timbali,le Bunias orientalis ont disparu sous l'amoncellement des terres apportées sur la digue transformée en fortifications. L'Ophioglossum vient d'être entraîné avec le gravier qu'on extrait et qu'on disperse sur les chaussées. Seuls le Salvia dure à Sans-Souci et le Biscutella dans les graviers de Cusset qu'il a envahis.

Estachy n'a pas été, à ma connaissance, le seul qui ait contribué à rendre intéressantes les excursions au Grand-Camp. On m'a dit que nos collègues, MM. Morel et Guichard, ont voulu l'imiter en introduisant dans les fossés de ronde, près le Parc, le Villarsia nymphoides qui y fleurit abondamment en cette saison.

Si à ces causes vous joignez celle de la richesse normale de la localité, vous comprendrez qu'elle a dû être toujours visitée par les botanistes, soit exprès, soit en allant visiter les îles où l'on va récolter les quelques plantes alpestres que le Rhône y dépose dans ses crues.

Voici les plantes principales que l'on rencontre au GrandCamp:

Ranunculus sceleratus, Fumaria Vaillantii, Camelina sylvestris, Roripa nasturtioides, Hutchinsia petræa, Lepidium draba, Linum marginatum, Trifolium elegans, Epilobium rosmarinifolium, Enanthe Lachenalii, Bupleurum rotundifolium, Erythræa ramosissima, Echinospermum lappula, Polygonum minus, Cyperus fuscus, C. flavescens, Agrostis interrupta.

Mais indépendamment de ce que je viens d'énoncer, il n'est pas rare de trouver au Grand-Camp quelque espèce singulière, et pour preuve je prends mes notes de l'année dernière et de cette année: Ranunculus abortivus, trouvé cette année en un seul sujet.

Adonis æstivalis, trouvé en 1872, en faisant une excursion avec mes collègues de la Société botanique. Cette jolie plante a d'ailleurs toujours été signalée par ci par là, aux Charpennes et à Vaulx.

Melilotus parviflora, autrefois trouvée à la Mouche par Chabert et Estachy, a été récoltée cette année et l'année dernière au Grand-Camp en assez nombreux échantillons.

Trifolium resupinatum, joli trèfle couché, à grandes fleurs. rouges, que nous avons plusieurs fois rencontré en 1872, et que M. Bazin a trouvé encore cette année, dans les mêmes lieux, aux bords du Rhône.

Leucanthemum Myconis, remarquable radiée, à ligules jaunes, à feuilles spatulées dentées. Je l'avais rencontrée d'abord et pour la première fois dans la partie du Parc réservée à l'Exposition universelle en 1872. Cette année, je l'ai de nouveau rencontrée en plusieurs pieds sur les terrains vagues du Grand-Camp.

Anacyclus clavatus. On peut très-bien passer sur cette plante sans la remarquer; elle ressemble si bien au groupe des Camomilles et Matricaires dont la silhouette fait le désespoir des botanistes. Mais remarquez les pédoncules bien épaissis au sommet; ce trait vous montrera l'Anacyclus que j'ai récolté cette année au Grand-Camp.

Plantago lagopus. Ne posez pas votre pied sur ce plantain que vous croyez vulgaire, ce n'est pas le P. lanceolata; son épi très-velu vous indique le P. lagopus, qui croît par ci par là.

Euphorbia segetalis. Trouvé une seule fois et en un seul exemplaire, en 1872, dans les graviers. Il ressemble un peu à une tige isolée de l'Euphorbia Gerardiana.

Vulpia ligustica. Graminée qui, de loin, aurait quelque ressemblance avec un Bromus rubens. Je l'avais rencontrée dans une pelouse du Parc en 1872; je l'ai retrouvée, cette année, au Grand-Camp.

Polypogon monspeliense. Il n'est pas possible de négliger cette jolie graminée, que j'ai rencontrée cette année pour la première fois. M. Timeroy, cependant, l'avait signalée, à Lyon, en 1832; avant lui, en 1831, Champagneux, l'avait signalée dans un fossé à droite des Brotteaux, à Villeurbanne; c'est la légende que je lis sur l'étiquette de la plante (1).

Phalaris paradoxa. Cette autre graminée attire aussi l'attention. Peut-être seriez-vous tentés de la prendre pour le P. canariensis, que l'on voit si souvent dans les décombres; mais remarquez ces rameaux étalés et cette panicule spiciforme non ovale, mais allongée et resserrée à son tiers inférieur par des épillets déformés et stériles.

Glyceria plicata. Je suis tout à fait de l'avis de M. Cariot, quand il signale cette plante comme rare pour notre région, en lui donnant pour toutes stations Arnas et Montbrison. Peutêtre les botanistes qui la disent commune, la confondent-ils avec l'état étalé du G. fluitans. Quand on a vu le G. plicata au Grand-Camp, le doute n'est pas permis.

Voilà, mes chers collègues, les notes que vous m'avez demandées. Si elles peuvent être utiles, je serai encouragé à vous en fournir d'autres, notamment une notice sur la végétation spontanée du Parc. Vous y verriez que le Parc recèle encore quelques-unes de ces belles et rares espèces qui rendaient autrefois si classique l'herborisation au bois de la Têted'Or.

Lyon, le 23 juillet 1873.

(1) Depuis trois ans, M. le Dr Saint-Lager a rencontré cette espèce méridionale sur le bord des fossés du chemin de ronde.

(Note du Comité de publication).

NOTE

SUR L'INTRODUCTION DE QUELQUES PLANTES MÉRIDIONALES

DANS LE DOMAINE DE LA FLORE LYONNAISE

Par le Dr SAINT-LAGER

Il y a déjà longtemps que l'on constate dans les environs de Lyon l'existence permanente d'un certain nombre de plantes du midi de la France.

Bien que ces faits soient connus des botanistes lyonnais, je crois devoir donner ici la liste des plantes méridionales observées jusqu'à ce jour, afin de poser nettement l'état actuel de la question.

Sinapis incana, L. Sur les coteaux arides de la Pape et de Dessines;

Clypeola jonthlaspi, L.- Saint-Rambert-en-Bugey, Muzin, Serrières-de-Briord;

Cistus salviafolius, L.- Chavanay, Estressin; en amont de
Lyon, à Néron;

Helianthemum salicifolium, Pers. — Irigny, Néron, Jonage;
H. canum, Dun.- La Pape, Balan, Jonage, Pierre-Châtel ;
H. guttatum, Mill. Mollard de Dessines;

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