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duction, il faudrait, ou bien empêcher les deux autres, à l'aide de précautions d'expérience trop multipliées et trop difficiles. pour être pratiquement réalisables; ou bien démêler à grand'peine ce qui leur appartient en propre dans le résultat total pour en déduire les corrections qu'il conviendrait d'appliquer à celui-ci ; et que ces deux manières de procéder entraîneraient des complications qui les rendent à peu près également impraticables, j'ai dû recourir à des moyens d'investigation, moins directs, il est vrai, mais plus simples.

Pour m'assurer que les ostioles sont les voies normalement affectées aux échanges gazeux de la plante avec le milieu extérieur, laissant momentanément de côté les gaz atmosphériques, j'ai cherché à les remplacer par un congénère tout à la fois insoluble dans l'eau et incapable de se dialyser à travers les membranes végétales continues, de sorte que sa pénétration du dehors, en la supposant réelle, ne pût s'effectuer que par des ouvertures donnant librement accès dans l'organisme.

Les vapeurs mercurielles remplissant notoirement la première de ces deux conditions, celle qui a trait à l'insolubilité, restait à s'assurer qu'elles remplissaient également la seconde ; et, comme des observations antérieures m'avaient appris qu'elles ne sont pas dialysables à travers les plus minces épaisseurs de gomme, de gélatine, de caoutchouc, etc., toutes substances plus ou moins assimilables à cette membrane, connue sous le nom de cuticule, qui revêt extérieurement l'épiderme de tous les organes aériens des végétaux, il était naturel de prévoir qu'elles ne se dialyseraient pas davantage à travers les parties continues de l'enveloppe cuticulaire.

L'expérience a pleinement confirmé cette prévision.

Il est facile, ainsi que l'a démontré M. Brongniart, dans son travail classique sur la structure des feuilles, d'obtenir par la macération de certains de ces organes, tels que les feuilles de chou, d'iris ou de lis, des lambeaux assez étendus de cuticule qu'on peut soumettre ultérieurement à l'épreuve suivante.

Après les avoir exactement appliqués sur une feuille de papier sensible à l'azotate d'argent ammoniacal, on leur superpose quelques doubles de papier sans colle, qui sont eux-mêmes recouverts d'une plaque de cuivre amalgamée, et, le tout étant mis à la presse, on trouve que la portion de la feuille de papier sensible, recouverte par le lambeau employé, est absolument préservée de l'action réductrice des vapeurs mercurielles, ce qui prouve suffisamment que celles-ci ne sont pas dialysables à travers la cuticule.

On peut opérer d'ailleurs avec plus de simplicité et autant de rigueur en remplaçant dans l'expérience précédente le lambeau cuticulaire par une de ces feuilles dont la face supérieure, totalement dépourvue de stomates, ne présente, par cela même, aucune solution de continuité dans la cuticule qui la recouvre; de sorte que celle-ci, en arrêtant absolument au passage les vapeurs mercurielles, préserve de leur action réductrice toute la portion de la surface sensible sous-jacente au limbe foliaire, dont la silhouette se détache alors en blanc, sans détails intérieurs, sur un fond plus ou moins teinté.

Puisque c'est maintenant un fait acquis que les vapeurs mercurielles ne peuvent s'introduire dans l'organisme végétal, ni en se dissolvant dans l'eau qui leur servirait de véhicule, ni en se dialysant à travers les parties continues de la cuticule, les ostioles restent alors la seule voie qui leur soit accessible, et il suffira, par conséquent, de démontrer qu'elles peuvent effectivement s'introduire dans l'organisme, pour qu'on doive en conclure que cette introduction s'est effectuée par l'ouverture libre des stomates.

Cette démonstration, on peut le dire, est déjà faite, et on en trouve tous les éléments dans les travaux depuis longtemps acquis à la science, relatifs à l'action profondement altérante que les vapeurs mercurielles exercent sur les organismes végétaux.

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Reprenant l'étude d'un fait signalé en 1797, par les physiologistes hollandais, Denman, Prats, Van Troostwyk et Lauwerenberg, M. Boussingault, dans deux remarquables mémoires publiés en 1867, a nettement précisé toutes les circonstances de ce fait capital, et on lui en doit une savante analyse qu'on peut résumer en ces termes:

Les feuilles qui sont les premiers et quelques fois les seuls organes atteints, deviennent d'abord impropres à leur fonction. respiratoire, puis se couvrent de taches brunes et noirâtres qui finissent par envahir tout leur parenchyme, se flétrissent et

meurent.

Plus tardivement que le parenchyme, les nervures et le pétiole, plus rarement la tige, sont attaqués à leur tour, et toujours, au moins à l'origine, dans les profondeurs mêmes de leurs tissus.

Dans les fleurs, en se bornant à celles qui sont simples, les sépales seuls sont attaquables, les pétales ne sont pas touchés; et, s'ils deviennent caducs, on peut naturellement attribuer leur chûte à l'appauvrissement vital de la plante.

Avant d'aborder l'interprétation de ces faits, comme ils n'avaient été vérifiés que sur un petit nombre d'espèces végétales, j'ai dû m'assurer, en élargissant leur cercle et en les répétant dans les conditions les plus variées, qu'ils ne présentaient pas une catégorie restreinte d'exceptions, et qu'on pouvait, par une généralisation légitime, les étendre à l'ensemble du règne végétal.

Les nombreuses expériences que j'ai faites dans ce but et qui se comptent par milliers, assidûment poursuivies pendant une période de trois années, ont porté sur une série de 86 espèces, aussi variées de types que possible, représentant 48 genres distincts, et répartis dans les trois grands groupes taxonomiques.

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