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nous avons pu en constater les preuves données par Tulasne : en effet, sur ces Paonia cités plus haut, on pouvait voir des feuilles sous lesquelles l'Uredo s'était développé seul au détriment de la ligule avortée ou restée imparfaite; sur d'autres feuilles, au contraire, les ligules s'étaient développées, à l'exclusion des Urédospores; cependant, il nous a semblé, mais cela demande de plus nombreuses observations, que les ligules se développaient quelquefois dans les pulvinules, à la fin de la végétation de l'Uredo, de façon à succéder à ce dernier.

J'ai pu faire les mêmes observations sur l'Uredo et le Cronartium vincetoxici, qui couvraient, ces dernières années, dans le courant des mois d'août et septembre, les feuilles des Vincetoxicum officinale, V. laxum et V. nigrum, en société d'une magnifique Depazea.

Sur un Cacalia atriplicifolia, on peut étudier chaque année un Coleosporium, dont nous donnons la description plus loin. Le pied de la Balsamite (Tanacetum balsamita) a été couvert de Puccinia balsamite Wallr., que presque tous les auteurs omettent, la confondant probablement avec la Puccinia tanaceti, bien différente par ses spores plus petites, plus allongées, ainsi que Wallroth, du reste, l'avait déjà reconnu.

:

En dehors des Urédinées, je pourrai signaler une quantité de Septoria et de Phyllosticta; presque chaque plante supporte son espèce; il en est de même, parmi les Epiphytes, des Oïdium et des Erysiphe qui leur succèdent il serait fastidieux d'en donner l'énumération; je me bornerai à recommander aux cryptogamistes un magnifique Phyllactinia guttata, Tul. (Erysiphe guttata, Link.) venant sur Chionanthevirginica, et qui paraît être un peu différent du type, l'E. du coudrier, par exemple.

Voici la liste des Urédinées les plus intéressantes qu'on peut recueillir au Jardin botanique :

Ustilago carbo, sur diverses graminées;

Ustilago maydis, tige et fruit du maïs;

Urocystis violæ, tige et feuilles de plusieurs espèces de Viola; Cystopus candidus, sur Crucifères;

Id. cubicus, sur Tragopogon divers;

Id.

portulacearum, feuilles du P. sativa;

Coleosporium petasitis, sur Tussilago petasites;

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Id.

Id.

Lecythea

Melampsora

Id.

Lecythea

campanulæ, sur presque toutes les campanules à feuilles non linéaires, et genres voisins exotiques, tels que Michauxia, etc.

cacaliæ, sur Cacalia atriplicifolia;

salicina, euphorbiæ;

longicapsula, sur Populus balsamifera;

Phragmidium potentillarum, sur diverses potentilles;

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Trichobasis geranii, sur plusieurs espèces de Geranium;

Uredo senecionis, alliorum, etc.;

Uromyces ficarice, appendiculata, etc.

Puccinia tanaceti et balsamitæ:

Id.

Id.

lychnidearum, sur Dianthus plumarius;

convolvuli, polygonorum, menthæ;

Id. laburni, sur divers Cytises;

Cronartium pæoniæ et vincetoxici;

Ecidium, tragopogonis, primula, euphorbice;

Id. ficarice, violarum, clematidis ;

Id.

valerianacearum, sur Val. tuberosa;

Id. statices, sur Statice alpina;

Eelostroma Liriodendri, abondant cette année sur les feuilles

- du Tulipier de Virginie, etc, etc.

Les serres chaudes permettent de récolter en abondance le Graphiola phanicis, Poit., qui fait le désespoir des jardiniers : certains Dattiers en sont quelquefois littéralement couverts. Ce singulier champignon a été transporté par les mycologues des Urédinées aux Hypoxylés et de ceux-ci dans d'autres classes; mais à l'examen histologique, son double péridium, dont un lacinié, le font placer (Cooke, British Fongi) dans les Ecidiacées, à côté des Restelia et des Peridermium.

En dehors des Champignons, on peut encore étudier dans les serres les intéressantes espèces qui suivent: Pleuridium nitidum, var. bulbiferum, Schimp.; des Vaucheria et Reticularia, sur la tannée;

Le Drilosiphon julianum, jolie algue trouvée contre les parois,
à l'intérieur d'une petite serre, et que Rahenhorst, n'in-
dique qu'en Italie;
Oscilatoria nigra, viridis, dans les aquariums, etc., etc., et
beaucoup d'autres espèces dont quelques-unes sont certaine-
ment nouvelles; je me propose de revenir sur plusieurs de ces
plantes dans de prochaines notes.

Meneghini en Italie et Braun à

II. COLEOSPORIUM CACALIŒ †

(Non cf. Uredo cacalia, D. C.)

C. hypophylle, à pulvinules d'abord arrondis, convexes, mamelonnés, puis s'ouvrant en laissant échapper une poussière jaune, formée de spores ovoïdes, en chapelet, supportées par des cellules cylindriques (Urédospores); plus tard, les pulvinules sont ochrésrougeâtres, planiuscules, et s'élargissent de façon à occuper les aréoles des nervilles de deuxième ordre, dont ils prennent la forme polygonale; ces pulvinules sont alors formés de cellules cylindriques, allongées (Coleosporium).

Hab. la face inférieure des feuilles du Cacalia atriplicifolia au Jardin botanique.

Carlor

Ce Coleosporium ressemble beaucoup au C. Petasitis; il en diffère par la forme des pulvinules et son habitat.

Il est à noter, du reste, que le pied du Cacalia atriplicifolia est très-voisin des touffes de Tussilago petasites, qui lui-même était littéralement couvert de Coleosporium petasitis.

Je n'ai trouvé de Coleosporium indiqué sur Cacalia dans aucun ouvrage; Léveillé cite bien (1) un Coleosporium cacaliæ, D. C: mais il y a là probablement une erreur, car de Candolle n'a jamais, à ma connaissance, décrit que l'Uredo cacaliæ, qui a les spores brunes terminées par un appendice caduc; cet uredo très-commun est un Trichobasis, Lév., et par conséquent n'a rien de commun avec l'Urédinée qui nous occupe.

III. Variétés du PHRAGMIDIUM BULBOSUM, SCHL.

Le Phragmidium de la ronce, Phrag. bulbosum, Schl., est réuni encore par quelques auteurs avec le Phragmidium de la rose, Phrag. incrassatum, sous le nom de Phrag. mucronatum, Link, bien qu'il s'en distingue par des caractères très-tranchés; d'abord par le renflement brusquement bulbeux de son pédicule, caractère de mince valeur et d'une appréciation assez difficile, mais surtout par la forme de son sporange (réunion des loges plus ou moins nombreuses) qui est parfaitement cylindrique, tandis qu'il est ovoïde, atténué aux deux extrémités dans le Phragmidium du rosier.

En faisant quelques recherches sur l'influence que la présence, le nombre ou l'absence des stomates, le tomentum et autres modifications dans la structure de la feuille peuvent avoir sur le développement des Urédinées, j'ai rencontré entre autres faits intéressants une modification assez curieuse des pulvinules du

(1) A. S. N. 1847, série 3. T. 8, p. 369.

Phragm. de la ronce, suivant qu'il croissent sur les Rubus à feuilles vertes en dessous ou sur ceux à feuilles blanchâtres.

Ces différences dans le nombre, la forme des pulvinules sont assez grandes pour justifier au moins la création de deux variétés qui peuvent se caractériser ainsi :

1o Phrag. bulbosum, var. «. pulvinatum :

Pulvinules assez volumineux, épars, peu nombreux, formés de sporidies fortement pressées les unes contre les autres ; à la face supérieure correspondent des taches rouges, larges, souvent accompagnées d'un gonflement du parenchyme dû à l'aflux des sucs nourriciers déterminé par la présence du parasite.

Hab. la face inférieure des Rubus discolor, tomentosus, thyrsoïdeus, et autres à feuilles blanchâtres en dessous ;

2° Phrag. bulbosum var. p. disseminatum :

Les sporidies peu serrées, en petit nombre, forment des pulvinules, disséminés sur toute la face inférieure de la feuille et devenant quelquefois presque confluents: à la face supérieure, petites taches rouges, souvent à peine apparentes et ressemblant plutôt aux taches avortées de la Depazea rubi.

Hab. face inférieure des feuilles du R. cœsius et autres R. voisins.

Cette différence dans la forme des pulvinules et dans la forme, l'intensité de l'altération produite dans la partie correspondante du parenchyme et de l'épiderme de la feuille dépend certainement de la structure de cette dernière; dans la première variété, il semble que la présence du tomentum, formé par une sorte de feutrage de poils assez serré, n'ait permis le développement du parasite que dans les points où la spore mère aura pu le pénétrer; l'absence de ce feutrage dans l'autre type de feuille permet probablement aux spores de se fixer sur un plus grand nombre de points de la feuille.

(Novembre 1872).

(A continuer).

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