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à la profondeur à laquelle il a été porté; mais si la sécheresse arrive, le prolongement stylaire tendra à s'enrouler de nouveau, et par un mécanisme contraire à celui qui l'avait fait s'enfoncer dans le sol, il remontera à la surface, entraînant avec lui l'akène et la graine qu'il contient; tout ce qu'il aura fait précédemment sera donc entièrement nul, et il faudra recommencer sans cesse un travail qui ne pourra s'achever. Mais les choses ne se passent pas ainsi : j'ai parlé d'une articulation spéciale qui reliait le prolongement stylaire au carpelle proprement dit, et j'ai dit que l'épiderme seul revêtait cette articulation. Dès que l'appareil carpellaire est arrivé à la profondeur voulue, l'humidité de la terre a bientôt détruit le tissu cellulaire de l'épiderme, et l'articulation, qui n'est plus retenue à l'extérieur, se rompt alors facilement, le style se détache de son carpelle, et, tandis que celui-ci reste enfoncé dans la terre pour y subir le phénomène de la végétation, le style qui, seul, jouit des mêmes propriétés hygrométriques que lorsqu'il est réuni à l'akène, le style remonte à la surface et s'échappe.

Pour ne point trop allonger cette note, je laisserai de côté d'autres détails physiologiques de moindre importance, pour ne m'en tenir qu'aux principaux que j'ai signalés, et qui peuvent se résumer dans la proposition suivante :

L'enroulement et le déroulement des carpelles de l'Erodium a essentiellement pour but de servir à la dissémination de la graine, et de rendre aussi bonnes que possible les conditions de leur germination.

Les limites imposées à la longueur de cette note et, d'autre part, les expériences non encore terminées entreprises à ce sujet, ne me permettent pas d'entrer dans l'étude de la troisième partie qui, à elle seule, du reste, pourra faire l'objet d'un travail aussi étendu que celui-ci, et qui comprendra l'histologie du carpelle de l'Erodium et l'explication des mouvements que j'ai signalés.

Nouvel hybride entre l'O. purpurea, Huds. et l'O. morio L.

Par M. Horace PERRET fils

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Le 9 mai de cette année (1872), j'ai récolté à Couzon (Rhône), sur une pelouse sèche, quelques Orchis purpurea, Huds., dont tous les botanistes connaissent l'ampleur de la floraison et la beauté du port. Cette magnifique orchidée a été l'objet d'un certain nombre d'observations au point de vue des hybrides. On connait les intéressantes transformations qu'elle subit par son croisement, soit avec l'O. simia, soit avec l'O. militaris : ce sont les seuls hybrides connus jusqu'à présent, je crois; je viens de découvrir un nouveau croisement de cette plante, malheureusement en un seul échantillon; les hybrides, du reste, croissent le plus souvent solitaires ou peu nombreux au milieu de leurs parents.

Voici les descriptions de cette plante avec ses producteurs :

Orchis purpurea (Huds).

Bractées 6 à 8 fois plus courtes que l'ovaire; fleurs en épis dense, gros, ovoïde ou oblong, obtus; périgone à divisions externes brièvement aigues, conniventes en casque ovoïde ou globuleux, d'un pourpre foncé, presque noir, veiné, ponctué, les intérieures linéaires. Labelle tripartite, à lobes latéraux linéaires; lobe moyen s'élargissant insensiblement de la base au sommet, bifide et ordinairement avec une dent dans l'angle de la bifidité, à lobules ordinairement très-larges, un peu tronqués ou denticulés; éperon courbé, à peine aussi long que la moitié de la longueur de l'ovaire. Feuilles amples, oblongues, luisantes, d'un beau vert. Tiges de 5 à 8 décimètres, très-robustes; tubercules ovoïdes. Mai-juin. (Gren. et God).

Orchis morio (L.)

Fleurs 6 à 8, en épis courts et lâches, épanouies toutes ensemble; bractées étroitement lancéolées, presque obtuses, les inférieures trinerviées, les supérieures uninerviées, membraneuses, pellucides, purpurines, à peu près égales à l'ovaire. Périgone à divisions externes, obtuses, conniventes en casque subglobuleux, d'un pourpre foncé, veiné de vert. Labelle de forme variable, plus large que long, plus ou moins trilobé; lobe moyen, court, émarginé ou subbilobé, ponctué de houppes purpurines; lobes latéraux un peu repliés en arrière; éperon ascendant ou horizontal cylindracé, tronqué et non bifide au sommet, presque de moitié plus court que l'ovaire. Feuilles inférieures lancéolées, étroites, subaigues, non mucronées, étalées; les moyennes et les supérieures engainantes et enveloppant la tige. Tige de 1 à 3 décimètres. Tubercules subglobuleux presque sessiles. Fleurs purpurines. Avril-juin. (Gren. et God.).

Orchis purpurea-morio.

Port de l'Orchis purpurea. Fleurs s'épanouissant successivement, en épi court un peu lâche, ovoïde; bractées 4 à 5 fois seulement plus .courtes que l'ovaire, membraneuses, purpurines, pellucides. Casque à divisions externes subobtuses de mème. couleur et veinées comme dans l'Orchis purpurea, cependant d'un purpurin un peu plus carminé. Labelle comme dans l'Orchis morio, simplement trilobé à lobes tous élargis, égaux; le moyen lobé, d'un rose foncé sur les bords, se fondant et devenant insensiblement rosé au milieu, ponctué de houppes purpurines. Eperon de moitié plus court que l'ovaire, arqué, obtus. Feuilles lancéolées, non luisantes, plus grandes et de même forme que celles de l'Orchis morio; tige robuste de 3 décimètres. Tubercules entiers, ovoïdes. - Avril-juin.

Cette plante, bien qu'elle ait le port de l'Orchis purpurea, s'en distingue facilement par le labelle, la couleur plus foncée de la fleur, les bractées plus allongées et le feuillage qui est celui de l'O. morio; cet orchis tient des caractères de l'une et de l'autre espèce et ne peut être qu'un hybride aussi remarquable que l'O. simio-militaris et l'O. simio-purpurea.

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I. Les ENTOPHYTES du Jardin botanique de Lyon.

M'occupant depuis quelques années de cryptogamie, et surtout de l'intéressante famille des Urédinées, avec mon collègue et ami M. Therry, j'ai souvent dirigé mes investigations vers le Parc de la Tète-d'Or, et en particulier vers le Jardin botanique; dans cette vaste collection, on a sous la main une quantité considérable de plantes, qu'il faudrait quelquefois aller chercher fort loin. De plus, ces plantes, dans des conditions de végétation souvent différentes de celles qui leur sont habituelles, se trouvent par cela même dans un état de réceptivité spécial, qui favorise singulièrement le développement des végétaux parasites; aussi n'est-il pas étonnant de les voir couvertes de ces curieux organismes.

Grâce à l'obligeance de M. Vivian-Morel, alors employé au Jardin botanique, et qui prenait soin de nous signaler tous ces singuliers végétaux dès leur apparition, nous avons pu, M. Therry et moi, faire d'intéressantes observations et quelquefois sur des espèces peu communes.

C'est ainsi que nous avons pu étudier le développement de l'Uredo pæoniæ, qui couvrait, l'année dernière et il y a deux ans, les Pœonia albifrons et Moutan; j'ai pu, de plus, sur le Cronartium de la même plante, vérifier l'exactitude des observations de Tulasne (A. S. N., 4° série, t. II, p. 103, 1854), sur une espèce d'Urédinée analogue: l'Uredo et le Cronartium vincetoxici. On sait que le Cronartium n'est qu'un état particulier de l'Uredo correspondant, caractérisé par une ligule formée de cellules puccinioïdes, appareil reproducteur rapproché avec raison des Podisoma et des Gymnosporangium;

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