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évêques. Roulliard, auteur de la Parthénie, rapporte que l'on conservait douze de ces dernières pièces dans le trésor de l'église de Chartres. Mais qu'est-ce que le témoignage de Roulliard?..... Il n'en est pas de même des monnaies des comtes, nous les connaissons mieux... Celles de Charles de Valois portent d'un côté une croix et pour légende autour K com. Cart. civis, ce qui signifie Carolus comes Carnotensis civis; de l'autre côté, on remarque les mêmes figures qui composent chacun des besants des armes de notre ville, chargés au côté gauche d'une fleur de lis pour marque de la maison de France, dont était issu notre comte Charles; celles que nous décrivons sont de billon noir. L'une dorée au feu pèse sept deniers treize grains, une autre non dorée pèse cinq deniers six grains; la troisième aussi de billon commun pèse seulement vingt-deux grains.

<«< D'autres monnaies consistent en un denier d'argent du poids de vingt-deux grains, et une obole aussi d'argent du poids de la moitié de la précédente; ils portent d'un côté une croix; au fond on lit : civitas Cartis pour Carnotensis; de l'autre côté les mêmes figures que les trois premières, à la différence de trois pieux rangés ou trois pyramides renversées en la place de la fleur de lis posée au côté gauche ; les caractères de la légende de ces deux dernières paraissent plus anciens que les précédents et peuvent avoir été frappés sous les comtes Thibault III, Estienne, et Thibault IV, qui ont gouverné depuis 1039 jusqu'en 1110, parce qu'ils ont beaucoup de ressemblance avec les monnaies de Hugues Capet, Robert, Henry Ier et Philippe Ier, rois de France, lesquels out régné depuis 987 jusqu'en 1108.

«En 1693, on trouva dans les fondements que l'on creusait au grand Beaulieu (près Chartres), à l'endroit d'une ancienne léproserie dont le comte Thibault III est le fondateur, un denier de Chartres qui fait supposer qu'il fut frappé de son temps, vers 1054 ou vers 1183, époque à laquelle Thibaut V donna aux lépreux un écu de rente à prendre sur le change.

<< Jeanne de Chastillon fit don de quatre sols par mois aux béguines à prendre sur son argenterie en 1283.

<< Le rapport que l'on remarque entre les monnaies au type chartrain et celles de Blois, de Vendôme et de Châteaudun, s'explique par ce fait, que les comtes de Chartres l'étant aussi de ces villes, ont adopté des plans différents pour désigner les villes placées sous leur dépendance.

« Les plus fortes pièces chartraines sont d'argent à bas titre appelé billon blanc, soit parce qu'il n'était pas permis aux seigneurs et ba

rons qui avaient droit d'en faire frapper, en ce temps, de le faire à un plus haut titre, soit parce que toutes les monnaies, même celles du roi, étaient continuellement affaiblies malgré les règlements existants. Ainsi, Louis Hutin, par une ordonnance donnée à Lagny, en décembre 1315, et par une déclaration du 17 mai 1316, déjà citée, prescrivait aux seigneurs et barons, l'aloi, le poids et la marque dont ils devaient se servir dans leurs monnaies.

«< En l'année 1694, on trouva dans des terres fouillées aux environs de Chartres des monnaies étrangères d'or fin, du poids de trois deniers deux grains, sur lesquelles étaient empreints des caractères, d'anciennes lettres arabes, des deux côtés, dans le milieu et autour des extrémités. On reconnut des passages appartenant à l'Alcoran ou des sentences de quelque sectateur de Mahomet. Sur l'une de ces pièces on lisait, d'un côté : l'Iman Abdumelet (ou Abdumolet) empereur des croyants; de l'autre, au nom de Dieu, ce denier a esté frappé à Memphis, l'an 521, revenant à l'année 1140 (1). On peut croire que ces pièces auront été enfouies par quelque seigneur à son retour de la croisade de Louis VII dit le Jeune. (2) »

Une question que je poserais aux numismates, ce serait de rechercher la monnaie que les Anglais out pu frapper pendant leur oc cupation du pays chartrain ?... (3)

Agréez, Monsieur, etc.

Doublet de BOISTHIBAULT.

(1) Le manuscrit de Pintard donne la représentation gravée de ces monnaies. (2) Nous rapportons cette inscription sans savoir si elle est exacte. M. Cartier père à qui nous devons des Recherches pleines d'intérêt sur le type chartrain, a dû recevoir de nous communication des notes que nous publions. Il les regarde comme bonnes sans qu'elles éclaircissent cependant, tout à fait, les obscurités qui subsistent encore sur les premiers temps du monnayage chartrain.

(3) Chartres resta seize années entre les mains des Anglais et des Bourguignons (Doyen, Hist. de Chartres, t. II, p. 33), le malheureux traité de Bréligny-lezChartres fut conclu le 8 mai 1360. « Fail devant Chartres, le 8 may, lan du regne de France 21, et d'Angleterre 34, » porte le traité. Edward s'y qualifiait, par la grâce de Dieu, ROI DE FRANCE et d'Angleterre !!

VII.

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NOTE SUR UNE STÈLE ÉGYPTIENNE.

Nous croyons faire plaisir aux amateurs d'antiquités égyptiennes, en leur offrant sur notre planche 154 la copie d'une jolie petite stèle en grès, trouvée sur les ruines de Memphis et conservée dans la collection Abbott, au Caire. Un moulage de cette stèle, pris sur un simple estampage en papier, existe au Louvre.

Elle semble, à première vue, présenter un intérêt véritable. Le personnage qui fait l'offrande, au second registre, a en effet le front orné, à s'y méprendre, de l'urous royal. En y regardant de près cependant, quelques doutes commencent à s'élever sur la présence réelle de cet insigne du pouvoir souverain; nous croyons même, après une inspection minutieuse du plâtre du Louvre, que l'urœus est dû simplement à un accident de la pierre. D'ailleurs, le nom de l'individu, de quelque manière qu'on le lise à la quatrième ligne très-effacée du registre supérieur, n'est certainement pas celui d'un roi; le père, en tous cas, dont le souvenir est rappelé dans la courte légende du second registre, n'aurait pas régné, puisqu'il s'appelle 8, Ptah-em-ti, comme un simple particulier. Notre personnage n'a donc pas droit à l'urous, et ces motifs nous ont engagé à retrancher celui-ci, en nous réservant toutefois d'avertir nos lecteurs du point de doute que nous mettons à côté de cette partie de notre planche.

Le monument représente, comme on le voit, un individu faisant des offrandes de diverses sortes à deux divinités placées en regard au premier registre. A droite un Ammon-Ra, à gauche le dieu Seb, figuré sous la forme simple de l'oiseau qu'on lui met quelquefois, comme emblème distinctif, sur la tête. Les titres qui accompagnent cette seconde divinité nous paraissent nouveaux.

Nous nous contentons de soumettre, sans plus d'explications, cette petite stèle à nos lecteurs. Nous serons heureux de savoir que, par la grâce de son dessin, qui remonte probablement à la plus belle époque de la XVIII dynastie, comme aussi par l'intérêt de la scène qu'on y a gravée, elle n'est pas indigne de notre recueil.

ALP.

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