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de l'architecture ogivale, et faire valoir les ressources qui permettent d'augmenter la stabilité de la construction en raison directe de la quantité de matière superflue dont on l'allége, sans s'attacher à copier servilement telle ou telle forme exceptionnelle en contradiction avec la règle principale. C'est ce qui l'a conduit à adopter le style du commencement du XIVe siècle, qui, sans altérer la puissante ossature du XIIIe siècle, allégit les détails, embellit et varie de la manière la plus heureuse les moulures réduites auparavant au simple boudin.

Convaincu par un calcul exact des forces, il n'a pas hésité à réduire toutes les parties de la construction à leur moindre cube de matière. Les piliers isolés des nefs, inscrits dans un carré de soixantedouze centimètres de côté, sont un échantillon de cette hardiesse familière aux maîtres du moyen âge. Du reste, il nous suffira d'indiquer le chiffre de la dépense pour compléter l'éloge de l'architecte. La bâtisse de l'église de Mattaincourt dont on a vu plus haut les dimensions, et dont le développement, en longueur, largeur et hauteur, est indiqué par les gravures jointes à cet article, ne coûtera, toute achevée, que cent cinquante mille francs. On conviendra qu'on ne pouvait faire un meilleur usage des offrandes aussi patriotiques que pieuses, recueillies dans toute la France pour l'érection d'un monument en l'honneur du Vincent de Paule de la Lorraine. Aussi, dans les Vosges, s'est-on empressé d'adopter, pour plusieurs églises, le système ogival qui y a reparu, pour la première fois, dans l'église de Mattaincourt.

MN.

DÉCOUVERTES ET NOUVELLES.

M. J. de Pétigny, auteur des Études sur l'époque mérovingienne et de l'Histoire archéologique du Vendômois, a été élu le 13 décembre 1850, membre libre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, en remplacement de M. de Villeneuve-Trans, décédé. Dans sa séance du 27 décembre, la même Académie a procédé à l'élection de plusieurs correspondants, tant nationaux qu'étrangers. La commission chargée de préparer une liste de candidats avait fait la présentation suivante :

En remplacement de M. Linde: 1° M. le prince Handjeri, orientaliste, à Constantinople; 2° M. Rizo Rangabé, archéologue, à Athènes; 3° M. Samuel Lee, orientaliste, à Oxford. L'Académie a adjoint M. Hougthon Hodgson, orientaliste, à Katmandou.

En remplacement de M. Avellino: 1o M. Minervini, antiquaire, à Naples: 2o M. Gervasio, antiquaire et philologue, à Naples; 3o M. Gazzera, helléniste et antiquaire, à Turin. L'Académie a adjoint M. Th. Mommsen, philologue et archéologue, à Altona.

En remplacement de M. de Reiffenberg: 1° M. Leemans, archéologue, à Leyde; 2° M. Polain, historien, à Liége; 3° M. Roulez, archéologue, à Gand. L'Académie a adjoint M. Nève, orientaliste, à Louvain.

En remplacement de M. de Pétigny, élu membre libre : 1° M. Stievenart, helléniste et latiniste, à Dijon; 2o M. Rigollot, antiquaire, à Amiens; 3° M. Denis Long, antiquaire, à Die. L'Académie a adjoint M. Azéma de Montgravier, antiquaire, à Oran, et M. Francisque Michel, philologue et historien, à Bordeaux.

Après avoir entendu cette présentation, l'Académie a pourvu de la manière suivante au remplacement des membres nommés ci-dessus. Ont été élus 1° M. Hodgson, à Katmandou, dans le Népâl; 2o M. Rangabé, à Athènes; 3° M. Roulez; à Gand; 4° M. Azéma de Montgravier, à Oran.

M. Hodgson est un des orientalistes dont les travaux ont répandu le plus de lumières sur le Bouddhisme. L'Europe lui est en outre redevable de l'envoi de manuscrits sanscrits et thibétains de la plus

haute importance. M. Rizo Rangabé a rendu des services signalés à l'Archéologie et à l'Épigraphie, et a beaucoup contribué à faire renaître dans la Grèce le goût des études archéologiques. M. Roulez, professeur à l'Université de Gand, est sans contredit l'un des premiers archéologues des Pays-Bas. Enfin, M. Azéma de Montgravier, capitaine d'artillerie à Oran, et que la Revue a l'honneur de compter parmi ses rédacteurs, a publié sur l'Algérie de savants et importants travaux couronnés par l'Académie.

Dans la séance du 3 janvier, l'Académie a pourvu à la reconstitution de son bureau. M. Guizot, vice-président, est monté au fauteuil de la présidence; M. Natalis de Wailly a été élu vice-président.

Dans la séance du 27 décembre dernier, M. de la Grange, membre de l'Institut, a fait à l'Académie des Inscriptions une communication sur la découverte de 170 deniers d'argent mérovingiens, trouvés en 1850, dans la commune de Plassac, près de la ville de Blaye, département de la Gironde.

:

Cette trouvaille a excité au plus haut degré l'intérêt des numismatistes elle jette un nouveau jour sur la fabrication et sur l'usage plus généralement répandu qu'on ne l'avait cru jusqu'alors des deniers d'argent au VII et dans la première moitié du VIIIe siècle. Elle indique beaucoup de localités nouvelles où le monnayage d'argent a été pratiqué, soit au nom du souverain, soit au nom et sous la garantie des églises. Elle grossit la liste des monétaires de trente noms inconnus jusqu'à présent; elle donne une nouvelle base aux études sur la valeur des deniers, en présentant de nombreux éléments de comparaison; elle tend même à démontrer qu'il existait à la fois dans la circulation à l'époque de Charles Martel, deux séries de deniers, dont les premiers, plus anciens, étaient de 20 à 21 grains, et dont les seconds plus récents, pesaient près de 26 grains. Il en résulterait, contre l'opinion de Leblanc, que l'augmentation de poids du denier provenant de la taille de la livre d'argent à vingt sols au lieu de vingt-quatre, serait de beaucoup antérieure à Charlemagne.

M. de la Grange n'a voulu donner à l'Académie qu'un aperçu de l'importance de cette découverte, qui emprunte un nouvel intérêt au lieu même où elle a été faite, car c'est non loin d'une chapelle érigée en commémoration d'une grande bataille livrée aux Sarrasins, que la pioche d'un cultivateur a fait sortir de terre le vase qui contenait ce petit trésor enfoui là depuis plus de dix siècles, et qui de

vait un jour nous conserver tous ces petits monuments mérovingiens si précieux pour les études numismatiques.

Les grands travaux qui s'exécutent en ce moment à Uriage (Isère), ont amené des découvertes intéressantes. En creusant les fondations de nouvelles douches, on a mis en évidence plusieurs constructions romaines où l'on a pu reconnaître, entre autres, des restes de piscines. Une enceinte de demi-tours, servant à la fois de contre-forts et de défenses, entourait le tout du côté de la prairie, qui, à l'époque romaine, était probablement un étang. Ces constructions se relient avec celles précédemment découvertes, et forment un ensemble qui indiquerait plutôt une petite ville qu'un établissement isolé. On a trouvé un assez grand nombre de médailles, entre autres de Domitien, de Faustine, de Nerva, d'Alexandre Sévère, de Gordien, etc.

-M. C. F. Hermann vient de publier à Gættingue une monnaie antique qui présenterait un haut degré d'intérêt pour notre pays, si son authenticité était parfaitement établie. Au droit, un buste de femme, le col ceint du torquès national, est accompagné de la légende GALLIA. Au revers, deux mains jointes tiennent des épis et une enseigne militaire surmontée d'un sanglier; au-dessous, le mot FIDES. Cette pièce est tout à fait nouvelle, trop nouvelle même pour ne pas faire naître quelques soupçons dans l'esprit des antiquaires. M. Hermann n'a point vu l'original, qui existe, dit-on, à Francfort, et cette circonstance nous permet, sans révoquer en doute la science de l'auteur, de dire que nous ne voyons dans cette médaille qu'une composition moderne. Le buste du droit est une imitation de celui qui se voit sur le denier bien connu du chef Épasnactus et la crista du casque de ce chef, transportée sur la tête féminine de la Gaule, produit le plus singulier effet. Il en est de même du torquès, ornement essentiellement masculin et qui, dans la médaille en question, a été placé par-dessus le vêtement, ce qui est tout à fait insolite. Le revers, destiné à mettre en évidence le véritable symbole de la nation gauloise, paraît avoir été inspiré par les types qui se trouvent, soit sur les deniers des familles romaines Annia, Antonia, Julia, Licinia, Livineia, Mussidia, Postumia, Statilia, Vibia, soit sur les monnaies des empereurs Domitien (princeps juventutis) et Nerva (Concordia exercituum). L'enseigne surmontée d'un sanglier a seulement été substituée à l'aigle romaine ou au caducée.

A. DE L.

NOUVELLES PUBLICATIONS ARCHÉOLOGIQUES.

Élite des monuments Céramographiques, matériaux pour servir à l'histoire des religions et des mœurs de l'antiquité, expliqués par MM. CH. LENORMANT et J. DE WITTE, in-4°, texte et planches, livraisons 100, 101. Paris, LEleux.

Expiation d'Oreste, explication d'un vase peint par M. J. DE WITTE, in-8°, texte et planches. Paris, Leleux.

Lettres du baron Marchant sur la numismatique et l'histoire, nouvelle édition 1850, in-8°, texte et planches, livraisons 9, 10, 11 et 12. Paris, LELEUX, 1850.

The expedition for the survey of the rivers Euphrate and Tigris, carried on by order of the British government in the years 1835, 1836, 1837. By, lieutenant colonel, Chesnay, colonel in Asia, commander of the expedition, in-8°, tomes I, II, London 1850. L'ouvrage complet aura quatre volumes.

Numorum Italia veteris tab. CCII, auct. CARELLI, cum descriptione ab. Celestino Cavedoni, in-folio, LIPSIE, WIGAND, 1850. Denkmale der Baukunst der mittelalters in Sachsen. Monuments de l'architecture du moyen âge en Saxe, publiés par L. PUTTRICH, et G. W. GEYSER. Dresde.

Etudes sur la collection des actes des Saints, par les RR. PP. jésuites bollandistes; précédées d'une dissertation sur les anciennes collections hagiographiques, et suivies d'un recueil de pièces inédites, par le R. P. Dom PITRA, moine bénédictin de la congrégation de France, in-8°. Paris, LECOFFRE.

Peintures de l'église de Saint-Savin, texte par M. P. MERIMÉE; dessins par M. GIRARD SÉGUIN; lithographie en couleur, par M. ENGELMANN, in-folio, avec atlas, imprimerie nationale. (Collection de documents inédits sur l'histoire de France, publiés par les soins de M. le ministre de l'instruction publique). Monographie de Sainte-Marie d' Auch, histoire et description de cette cathédrale, par M. l'abbé CANÉTO, supérieur du petit séminaire d'Auch, in-8°, texte et planches. Paris, DUMOULIN, 1850. Ancienne chevalerie Lorraine, ou Armorial historique et généalogique des maisons qui ont formé ce corps souverain, avec un discours préliminaire et d'autres éclaircissements, par JEAN CAYON, in-4°, texte et planches. Nancy, 1850, CAYON-LIÉBAULT, Paris, TECHENER.

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