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d'amour-propre digne d'un citoyen de Rome, et peut-être aussi par la force de l'habitude, data de l'ère de sa patrie l'année de la mort de sa chère Tullia.

On pourra s'étonner encore de ne pas voir figurer à la suite du titre militaire de Martius le numéro de la cohorte dont il était le centurion, avec le nom de la légion ou du corps de milice romaine dont il faisait partie, énonciation qui n'est point ordinairement émise en pareille circonstance; mais il ne serait pas invraisemblable, toujours en raisonnant dans la même hypothèse, que cet officier, momentanément isolé ou séparé de son corps, eût eu un commandement ou une mission, affecté aux militaires de son grade, à Mediolanum-Santonum, place importante de l'Aquitaine par sa position et à raison de son voisinage du littoral de l'Océan.

L'an 771 de Rome remonte à la 118 de l'ère chrétienne et au principat de Tibère, et elle correspond au troisième consulat de cet empereur et au second de Germanicus. C'est également sous le deuxième consulat de ce dernier que les Santones lui élevèrent cet arc de triomphe, l'un des principaux monuments antiques de Saintes et le mieux conservé, que nous avons eu la douleur de voir renverser tout récemment pour la prétendue cause d'utilité publique, motif dont on abuse si souvent pour la destruction de nos monuments historiques les plus précieux et les plus respectables, lorsqu'il était possible de conserver encore durant plusieurs siècles, ce vénérable témoignage de l'amour et de la reconnaissance de nos vieux Santons, pour l'un des plus grands hommes qui figurent dans l'histoire et des meilleurs princes qui aient honoré l'humanité, hommage auquel ne présidèrent point l'adulation et la flatterie....

En rappelant, monsieur et très-honoré confrère, votre souvenir et votre pensée sur l'inscription du musée de Saintes, qui fait le sujet de cette lettre, j'ai voulu connaître votre opinion sur ce monument épigraphique qui n'a pas encore été l'objet d'une sentence définitive et d'un jugement en dernier ressort de la part des archéologues. Veuillez agréer la nouvelle assurance de ma haute et bien affectueuse estime et de mon entier dévouement.

CHAUDRUC DE CRAZANNES,

Corresp. de l'Institut de France, des Comités historiques, etc.

Parmi les noms des rues de Paris, dont l'appellation a été changée depuis près de trente ans, il en est un principalement que l'on éprouvait une certaine répugnance a prononcer, je veux parler de la rue Troussevache, dont le nom a été supprimé pour lui substituer celui beaucoup plus connu de la Reinie, le premier magistrat décoré par Louis XIV du titre de lieutenant de police, et auquel Paris dut en 1667, son assainissemet et son éclairage pendant la nuit. Bien loin de contester un aussi judicieux hommage rendu à la mémoire de la Reinie, je ferai observer que l'édilité parisienne aurait pu, sans déshériter de son nom, tout historique, la rue dont il est question, appliquer celui qu'on lui a substitué à une autre plus digne par ses proportions et sa propreté, d'une pareille consécration certes, un magistrat comme de la Reinie en méritait bien la peine.

Une trouvaille faite l'année dernière, vient recommander à l'attention publique le nom de Troussevache. Parmi les objets curieux qui ont été recueillis en 1849, par les ouvriers du bateau dragueur, dans le curage du petit bras de la Seine, au bas de l'une des piles du pont Saint-Michel, on a trouvé un ancien sceau gothique en cuivre de forme ogivale qui paraît remonter au XIVe siècle. Ce sceau acquis par M. Arthur Forgeais, peintre restaurateur de tableaux, quai des Orfévres, 56, est passé depuis dans les mains d'un amateur auquel il l'a cédé. M. Forgeais m'en ayant donné un surmoulé, son examen m'a révélé qu'il avait appartenu à Jean Troussevache, chanoine du Mans, sous le patronage de Saint-Pierre, premier titulaire de l'Église, aujourd'hui dédiée à saint Julien. Ce Jean Troussevache appartenait à une famille distinguée dans la bourgeoisie de Paris. Un des membres de cette famille, Oudard Troussevache, donna son nom à la rue ci-dessus désignée en mémoire d'une maison qu'il possédait dans cette rue, et dont un cartulaire de la Sorbonne fait mention sous l'année 1248, comme étant alors possédée par un sieur de Braie qui l'avait probablement acquise de Oudard Troussevache. Il existe des actes passés au mois de mai 1257, par Eudes Troussevache, probablement garde-notes ou notaire. Les registres du Temple parlent encore de Oudard Troussevache en 1261, et ceux du Châtelet font mention d'un Denys Troussevache en 1426 et en 1441, probablement issu de la même famille. La rue Trousse

VII.

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vache est indiquée sous ce nom dans l'accord de Philippe, le Hardi, roi de France, avec le chapitre de Saint-Merry en 1273 et 1284, qui se trouve inséré dans le cartulaire de Saint-Magloire. C'est à Jean Troussevache qu'appartenait le sceau en question, dont voici la description: ce sceau est, comme je l'ai dit, en cuivre jaune de forme ovale curviligne, comme la plupart des sceaux

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de cette époque, accompagné d'un petit anneau

en saillie, dans lequel passait le cordon qui servait à le fixer autour du cou de la personne qui le portait, pour s'en servir comme d'une signature dans les actes émanés de sa juridiction ou tout autre. Dans le champ du sceau, sont deux figures séparées par un arbre, suivant l'usage de ce temps. L'une, placée à droite, représente saint Pierre revêtu des habits de pontife romain, portant de la main droite une clef au lieu de deux, marque distinctive par laquelle il est toujours caractérisé, et qui est devenue traditionnellement celle des souverains pontifes ses successeurs; de la main gauche il porte un livre fermé. L'autre figure moins haute que celle de Saint-Pierre, représente Jean Troussevache. Son costume consiste en une aube longue et par-dessus, un camail ou aumusse. Ce chanoine porte sur la poitrine un livre fermé, qui est probablement un évangéliaire, comme diacre. (Un prêtre porte ordinairement un calice, et un sous-diacre le manipule). Autour du champ de ce sceau, on lit l'inscription suivante en caractères gothiques :

S. (Sigillum) Jõhis (Johannis) Troussevache Can (Canonicus) Cenom (Cenomanensis, chanoine du Mans.)

Sous ces deux personnages se voit un écusson armorié présentant une croix grecque, blason de Jean Troussevache. Nous regrettons que l'absence de toute espèce de document sur ce personnage nous réduise à cette simple mention, sur l'époque à laquelle il vivait, et sur les faits de sa vie qui s'est probablement écoulée dans le silence de la vie claustrale, car aucun fait n'est venu révéler que ce chanoine ait pris part à quelque acte important, soit de l'administration civile ou ecclésiastique.

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G1ᏞᏴᎬᎡᎢ.

Membre de la Société des Antiquaires de France.

PROGRAMME

D'UN OUVRAGE INTITULÉ:

DOCUMENTS NUMISMATIQUES

POUR

SERVIR A L'HISTOIRE DES ARABES D'ESPAGNE,

PAR ADRIEN DE LONGPERIER.

(ANNÉES 98 A 897 DE L'HÉGIRE.)

Cet ouvrage commencé en 1845, comprend la description de tout ce que l'auteur a pu réunir en fait de monnaies arabes frappées par les conquérants de la péninsule. Divers orientalistes ont déjà publié un certain nombre de ces monuments; mais le sujet est loin d'être épuisé et vaut la peine d'être traité sous forme de monographie. Les collections publiques et particulières renferment un nombre considérable de monnaies inédites, et, quoique l'auteur ait reçu, à cet égard, des communications très-précieuses, il a voulu, avant de mettre son livre sous presse, faire encore un appel à l'obligeance des numismatistes, en leur demandant de vouloir bien lui adresser des empreintes et l'indication du poids des pièces inédites qu'ils peuvent posséder. Il se fera toujours un devoir de signaler le nom des personnes qui voudront bien lui communiquer des renseignements. La liste qui suit a pour but de déterminer d'une manière bien précise ce que l'auteur a déjà recueilli et par conséquent ce qui lui manque encore. On n'y trouvera pas certaines monnaies décrites par des orientalistes, d'ailleurs très-habiles, soit parce qu'elles ont été lues d'une manière qui a autorisé une nouvelle attribution, soit parce qu'on n'a pu se contenter d'une simple description. L'étude des monnaies orientales réclame toute l'expérience des numismatistes exercés, car la connaissance des langues est tout à fait insuffisante pour opérer leur classement. La notion du style des monnaies est absolument nécessaire; c'est le guide le plus sûr. Ainsi, jusqu'à présent, le plus

ancien dirhem (monnaie d'argent) que l'auteur ait pu voir est la pièce frappée en l'an 150. D'autres pièces attribuées à des années antérieures lui ont été montrées, mais leur style prouvait, à première vue, qu'elles avaient été lues imparfaitement, ce qu'un examen attentif a toujours confirmé. C'est après une étude approfondie du style particulier aux monnaies arabes de l'Espagne que l'auteur a classé, il y a cinq ans déjà, la série appartenant à la Bibliothèque nationale. Il est arrivé, par exemple, à reconnaître que certaines monnaies qui semblaient être en contradiction avec l'histoire, sont au contraire entièrement d'accord avec la chronologie reçue, puisque tout en portant le type d'un prince mort depuis longtemps (quelquefois depuis plus d'un demi-siècle), elles montrent aussi le nom du prince qui les a fait fabriquer et auquel seul s'applique la date de la monnaie. Les empreintes de monnaies appartenant aux années 92 à 150, ainsi que de toutes les pièces frappées pendant les V, VIII, et IXe siècles de l'hégire, alors même qu'elles seraient déjà indiquées dans le catalogue très-succinct donné ici, seraient reçues avec la plus vive reconnaissance. L'ouvrage qui embrasse huit siècles contiendra, outre la description complète des monnaies, la traduction de leurs légendes et l'indication des poids, des notes historiques sur les khalifes, les rois, les oualis, les émirs, les hadjebs dont les noms figurent sur ces monnaies. Une portion de ces noms seulement a été indiquée dans la table ci-jointe. Cependant cette table suffit pour faire connaître la plupart des attributions nouvelles ou des monuments inédits que contient l'ouvrage; et l'auteur confie cette partie de son travail à la bonne foi du public érudit, espérant que l'on voudra bien lui laisser le temps de publier le résultat de ses recherches et suspendre tout jugement jusqu'à ce qu'il ait pu exposer ses preuves.

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QUALIS DE SOLÉIMAN. 96-99.

Petit dinar d'or bilingue frappé à Cordoue. Au revers: l'inscription latine: FERIT OSSOLI IN SPANAN, autour d'une étoile. Fabrique épaisse semblable à celle des dinars de l'émir africain Mousa ben Nacer... (Thomsen, ά Copenhague.)

Fels arabe portant une étoile au revers.

Tiers de dinar sans nom de ville.

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