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La majestueuse église métropolitaine de Paris vient d'être débarrassée des échafaudages de charpentes qui, depuis bientôt quatre années dérobait son magnifique portail aux regards du public. On peut juger aujourd'hui de l'importance des réparations et de l'habileté qu'y ont apportés MM. Viollet le Duc et Lassus, chargés de la restauration de cet édifice. La galerie dite des rois de France, placée immédiatement au-dessus des trois vastes portes ogivales qui donnent entrée dans l'intérieur de l'église, et ainsi appelée parce que dans chacune des niches quadrangulaires qui la composent se voyaient, avant la révolution, les statues des rois prédécesseurs de Philippe II, sous le règne duquel furent élevées les constructions de ce portail, est une des parties les plus anciennes du monument. Plusieurs des piliers qui la décorent taillés dans un seul bloc de pierre, tombaient de vétusté; ils ont été soigneusement remplacés. La grande rosace qui surmonte cette galerie, a été reprise entièrement; il en est de même de l'arc à plein cintre et à triple voussure dans lequel elle se trouve encastrée. Les deux grandes fenêtres ogivales qui l'accompagnent ont été l'objet de réparations moins importantes. La partie du portail qui a nécessité la restauration la plus complète est cette admirable galerie des tours, dont les frêles colonnettes paraissent, au premier coup d'œil, par un ingénieux artifice de construction, supporter tout le massif de la maçonnerie. Les deux tours ellesmêmes, qui, sans être les plus élégantes et les plus élevées, sont certainement les plus imposantes de toutes celles de nos cathédrales, ont été l'objet d'une restauration minutieuse dans toute leur ornementation depuis la naissance de cette galerie jusqu'à celle qui leur sert de couronnement. Le petit édifice gothique destiné à servir de sacristie est entièrement terminé, et les ouvriers s'occupent de la décoration intérieure.

Nos collaborateurs MM. Léon Renier et de La Mare viennent de quitter la France pour se rendre en Algérie où ils sont chargés, par les ministres de l'instruction publique et de la guerre, d'une mission archéologique. Ces savants ont l'intention de visiter spécialement la province de Constantine où ils feront, nous n'en doutons pas, une ample moisson d'inscriptions latines. Nous tiendrons nos lecteurs au courant de leurs découvertes.

BIBLIOGRAPHIE.

Antiquities of Richborough, Reculver, and Lymne, 8°. figures. Londres, J. Russell Smith, 1850.

Les journaux de Londres, The Times, etc., ainsi que toutes les Sociétés savantes viennent de donner de justes éloges à cette intéressante publication de MM. C. R. Smith et F. W. Fairholt, noms avantageusement connus dans la république des lettres et des beaux-arts.

Dans cet ouvrage, M. Smith nous fournit des détails tout à fait nouveaux et exacts sur les nombreuses et intéressantes antiquités de trois positions militaires très-importantes, præsidia, ou castra des Romains, maintenant trois petits villages du magnifique comté de Kent (Angleterre). Il y a ajouté de belles et fidèles illustrations par M. Fairholt, dessinateur anglais des plus habiles en ce genre. L'Itinéraire d'Antonin appelle Richborough (Rhutupia, Rhutupis, Rutupinum), un port, portum Rutupis, et Richard de Cirencestre l'appelle, probablement à tort, une des neuf villes ou colonies britanniques: il est certain toutefois que la deuxième légion romaine, appelée Britannica aussi bien que Augusta stationna dès le commencement de l'empire romain, longuement à Rhutupia, position militaire et maritime alors, de haute importance; vers le temps de Valentinien, A. D. 370, cette légion n'était formée probablement que d'environ quinze cents soldats: sa devise était le capricorne, qu'on voit aussi sur une rare médaille légionnaire de Carausius (Mionnet, t. II, p. 168). Jusqu'ici malheureusement on n'a retrouvé aucun marbre relatif à cet ancien port: en compensation on y admire les restes de plusieurs édifices des Romains, avec quelques fresques en plusieurs couleurs, plusieurs portions des solides murailles du castrum; au couchant on en voit encore cinq cent soixante pieds de longueur sur trente de hauteur, formées principalement en pierre de Portland: on y trouve des restes de tours circulaires et carrées; comme aussi de deux amphithéâtres dont l'un à environ six cents pieds de diamètre. Depuis trente ans on y a découvert une quantité de vases (souvent avec les noms des potiers: Estivi, Auili, Albini, Valerius Veranius, etc. : dans sa riche collection, M. Smith possède

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plus de trois cents noms différents, que nous l'engageons fortement à publier), des fragments de poteries, verres antiques de couleurs différentes, amphores, lampes, statuettes, fibulæ, clous et clefs en bronze, des styli-ligula, ou graphi, poids romains de cuivre, en forme d'oiseaux, armillæ en bronze, intaglios, plus des coupes en imitation des calices gemmati et phialas dont parle Juvénal, sat. V (voy. aussi C. R. Smith, Collectanea Antiqua, 2 vol. in-8°). On découvre constamment des médailles romaines, soit à Richborough, soit à Reculver (Regulbium) et à Lymne (portus Lemanis); il y a plus de trois siècles que Leland écrivait qu'on en trouvait plus dans les ruines de ces trois endroits que partout ailleurs en Angleterre; ces pièces datent depuis Jules César jusqu'à Honorius, mais surtout de Carausius et d'Allectus: plusieurs ayant l'exergue R. S. R. (Rutupia ou Regalbium?); on y a déterré aussi des Offa et des Berthulf en argent. Vers le commencement du dernier siècle, Battely, le genius loci, tutélaire de Reculver, en avait décrit, assez imparfaitement les antiquités, les monnaies mérovingiennes, etc.; la publication actuelle y ajoute des détails très-intéressants et plus exacts. L'étude de l'archéologie et de la numismatique britannique occupe spécialement M. C. R. Smith, F. R. S., etc., depuis nombreuses années; il a formé une collection unique et précieuse qui est pour lui le sujet continuel d'investigations profondes et de judicieuses observations, ce dont on sera amplement convaincu, comme nous, en lisant cet excellent ouvrage sur les antiquités de Richborough.

JOSEPH CURT, de Londres.

NOUVELLES PUBLICATIONS ARCHÉOLOGIQUES. Examen critique de la succession des dynasties égyptiennes, par Wladimir Brunet de Presle. Première partie, in-8°. Planches, Paris, LELEUX, 1850.

The primeval antiquities of Denmark, by J. J. A. Worsaae, translated and applied to similar researches in England, by William J. Thoms,

1850, 8°.

Histoire métallique de la ville de Reims sous la République, 1848 à 1850, in-4°. Planches. Reims, Brissart-Binet, 1850.

Descriptive history of Bristol in the XIVth century and in 1849, by J. Chilcott, in-8°.

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