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L'Église de Marsbourg dans l'ancienne Saxe possède des statues qui représentent la même particularité. Ces statues, qui sont estimées du XI' ou XIIe siècle, sont reproduites dans l'ouvrage de MM. Putrich et Zieger, Denkmale der Baukunst der mittelalters in Sachsen, etc., in-4. Leipsick, 1836; planche iv. Au premier coup d'œil ces figures ne semblent que bizarres; mais quand on en connaît le motif, on trouve que le symbolisme qui en a déterminé l'exécution renferme réellement une pensée profonde et de la plus haute portée; on y voit l'enseignement de cette vérité toute catholique que l'Évangile n'est que l'entière et complète réalisation des prophéties.

L. J. GUENEBAULT.

LETTRE A M. L'ÉDIT. DE LA REVUE ARCHÉOLOGIQUE,

AU SUJET

D'UNE INSCRIPTION TROUVÉE DANS LA PROVINCE DE CONSTANTINE.

Je vous adresse le fac-simile d'une inscription que j'ai découverte et déchiffrée le 23 juin au camp d'Aïn-Rona, à six ou sept lieues nord-ouest de Sétif, sur la pente septentrionale du Djebel Anini, montagne qui a conservé son nom depuis l'époque romaine, comme on va le voir.

IMP. CAES. FLAVI

0. CONSTANTINO

MAXIMO. PIO. FELICI. IN
VICTO. AVG. PONT. MAX. GER.
MAXIMO. III. SARM. MAX.
BRIT. MAX. CAPP. MAX. ARAB.

MAX. MED. MAX. ARMEN
MAX. COTH. MAX. TRIB. PO
TEST. XIIII. IMP. XIII. CON

SVL. IIII. PATRI. PATRIE
PROCONSVLI

FLAVIVS. TERENTIA

NVS. VP. PRAESES

PROVINCIAE. MAV.

RETANIAE. SITIF.

NVMINI MAIES

TATI. QVE. EIVS. SEM

PER. DICATISSI

MVS

Au-dessous de la belle fontaine d'Aïn-Rona, qui sourd du milieu des rochers situés au pied du Djebel Anini sont des ruines considérables. Ce n'est plus ici un de ces postes militaires que l'on rencontre si fréquemment en Algérie : c'était un centre de population civile.

Toutefois, bien que nombreux, les débris n'attestent pas l'existence d'une de ces municipalités où la richesse aimait à se traduire

par des objets d'art. Ce sont des groupes de pierres presque uniformément taillées en prismes quadrangulaires. C'est à peine si l'on rencontre cinq ou six chapiteaux d'un style très-simple. Quelques pierres creusées eu gouttières se continuent juxtaposées, de manière à former un canal ininterrompu de dix mètres environ. Peut-être quelque chose de mieux est-il enfoui. La pierre inscrite a été déterrée par les soldats du génie, en quête d'exhumer une belle pierre destinée à recevoir une inscription commémorative de l'établissement de la route muletière que nous venons de tracer de Sétif à Bougie. Le terrain présente plusieurs gradins superposés: il peut se faire que des éboulements ou des chutes aient enterré quelque chose de plus riche que ce qui émerge du sol.

Shaw, déjà, plaçait sur les pentes du Djebel Anini l'Horrea de l'itinéraire, premier poste à partir de Sitifis, sur la route qui conduisait à Salda (Bougie). Avant la découverte de ces ruines j'inclinais aussi pour l'opinion de Shaw.

L'inscription que vous avez bien voulu insérer dernièrement dans votre Revue n'infirmerait pas cette hypothèse. L'Horrea de cette inscription serait autre que celui d'Aïn-Rona; car il existait deux Horrea, et, je le crois, dans la Mauritanie sitifienne. L'Horrea cité dans l'inscription d'Aïn-Zada me paraît être celui que l'on trouve dans saint Augustin: De Baptismo contra Donatistas, lib. VI, où l'on voit l'évêque Tenax ab Horreis Caliæ.

L'Horrea d'Aïn-Rona correspondrait au siége épiscopal consigné par Shaw dans sa liste des évêchés de la Mauritanie sitifienne, ab Horrea Aninicensi.

Il me paraît donc que les ruines d'Aïn-Rona sont celles de l'Horrea que l'itinéraire nous donne comme le premier poste de la route de Sitifis à Saldæ, passant par Tabusuptus (Tiglat), à la distance de dix-huit milles.

Je profite de l'occasion pour vous faire observer que j'ai oublié une ligne dans l'inscription d'Aïn-Zada, publiée dans ce volume, p. 124: après KALEFACELENSES il faut ajouter PARDALARIENSES.

J'ai l'honneur, etc.

L. LECLERC,

Chirurgien aide-major aux zouaves.

DÉCOUVERTES ET NOUVELLES.

On lit dans la Revue des Beaux-Arts du 15 juillet la lettre suivante adressée au directeur de ce recueil et qui est, comme on va le voir, relative à une question traitée dans notre Revue.

« J'apprends, monsieur, en lisant le dernier numéro de la Revue des Beaux-Arts, qu'un des membres du congrès scientifique d'Auxerre, dont vous analysez le discours, m'attribue une opinion à la fois absurde et révoltante. J'aurais, suivant l'orateur, prétendu que les premiers chrétiens faisaient des sacrifices humains, et cela parce que j'ai trouvé des vases gaulois que je prends pour des bénitiers. Ces détails sont complétement faux et je laisse tout le mérite d'une pareille invention à l'orateur du congrès. En 1845, j'ai publié dans la Revue Archéologique (t. II, p. 301), la figure de quelques vases de pierre trouvée dans la Puisaye. Je me suis borné à dire que ces vases, gaulois ou gallo-romains (p. 306), ayant tous la même forme, avaient dû servir au même usage sacré ou profane (p. 305). Il n'est question dans ce très-court travail ni de chrétiens, ni de bénitiers, ni de sacrifices humains, ainsi qu'on peut facilement s'en assurer.

En 1845, j'ignorais l'usage de ces vases et je me gardais bien d'en parler; aujourd'hui je suis porté à croire qu'ils ont eu une destination funéraire. On en a trouvé en Angleterre de tout semblables qui contenaient des ossements et des cendres (Voy. Archeologia, t. X, p. 345 et The Archeological journal, t. I, p. 148, 250 et t. II, p. 272); l'un d'eux était dans un dolmen. A Paris, lorsqu'on a creusé le sol de la Cité pour construire la nouvelle rue de Constantine, on a découvert à une grande profondeur un vase semblable à ceux de Bourgogne et d'Angleterre; il est conservé par le propriétaire de la maison n° 11, rue Chanoinesse. >> Agréez, etc.

AD. DE LONGPÉRIER.

- M. l'abbé Cochet, inspecteur des monuments historiques du département de la Seine-Inférieure, vient de reconnaître l'existence d'un ancien cimetière mérovingien à Envermeu, sur la traverse de la nouvelle route départementale établie entre Blangy et Bolbec. C'est le troisième cimetière de cette époque qu'on découvre depuis douze ans dans la vallée de l'Aulne. Déjà M. l'abbé Cochet a examiné

près de cinq cents squelettes de tout âge et de tout sexe. Ceux des femmes se reconnaissent facilement aux colliers, bracelets, boucles d'oreilles et autres objets de toilette qui les accompagnent. Ceux des hommes se distinguent par des sabres à un seul tranchant, des fers de lances et de haches, des styles à écrire, des pinces à épiler. L'objet le plus curieux de cette découve rte est un casque franc dont il ne reste que la calotte supérieure, qui est conique comme les heaumes du x1 siècle, et les ferrures des jugulaires. La plupart des squelettes avaient à leurs pieds, selon l'usage, des vases en terre de diverses formes.

Il est remarquable que le champ qui renfermait ces sépulcres n'a jamais cessé de s'appeler la tombe, dans les titres comme dans la tradition populaire.

Nous apprenons qu'il est question de faire une nouvelle classification des collections du cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale. Nous ne pouvons croire pour notre part à l'exécution d'un pareil travail. Les classifications telles qu'elles existent aujourd'hui, celles surtout qui servent aux études archéologiques sont adoptées par la science et il est impossible de les changer sans jeter une grande perturbation dans ces études. Les publications artistiques et historiques qui traitent de la science archéologique sont remplies de citations et de renvois à ces collections; or, les classer d'une autre manière, serait d'un seul coup annuler toutes ces citations et renseignements précieux. Nous espérons qu'il suffira d'appeler sur ce fait l'attention de la Commission chargée d'examiner les catalogues de la Bibliothèque nationale (1), pour éviter cet inconvénient si réellement ce projet devait être mis à exécution. Nous sommes certains que si notre observation ne suffisait pas, nous pourrions rassembler un grand nombre de protestations contre ce trouble apporté à la science.

Notre collaborateur M. A. J. H. Vincent, membre de l'Institut de France, vient d'être nommé membre de la Société archéologique d'Athènes.

(1) Cette Commission, présidée par M. Passy, est composée de MM. Beugnot, de Rémusat, Berryer, Vitet, Lherbette, de Luynes, Jules de Lasteyrie, Taschereau, Giraud, Dunoyer, Monmerqué, Brunet, F. Ravaisson.

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