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catalogue des reliques inédit on dit (1): Description du premier trésor. Du côté de l'évangile et entre les deux premiers piliers du sanctuaire, la reine Marie de Médicis, épouse de Henri le Grand, fait élever un dôme de trente à quarante pieds de haut, d'ordre corinthien. Le 13 septembre 1610, monseigneur l'évêque de Béziers, grand aumônier de la reine, et monseigneur Hurault, évêque de Chartres, firent marché, au nom de la reine, de la charpente et menuiserie de ce trésor à Toussaint de Saint-Jean, menuisier de Paris, pour la somme de douze cents francs.

11. Bridan. Le chapitre avait résolu de placer, sur le maîtreautel du chœur, un groupe représentant l'Assomption.

Le problème que se proposa de résoudre l'artiste était celui-ci : convertir un bloc de marbre de deux cent trente-quatre pieds superficiels (76,012) et de seize cent quarante pieds cubes (532",737") de marbre en un groupe dont le sujet était indiqué. Ce problème, Bridan le résolut. Né à Ruvière, en Bourgogne, en juillet 1730, il avait obtenu le grand prix de sculpture à vingt-trois ans ! En 1764, il présentait à l'Académie de peinture son groupe du martyr de saint Barthélemy; il était reçu au nombre des agrégés. Il l'exécuta en marbre et fut reçu académicien en 1772. Bridan se rendit en Italie, se fixa auprès de Carrare, à la recherche des plus beaux blocs de marbre; il les épannela sur place, les fit embarquer par Marseille; ils remontèrent la Seine à Rouen et à Marly. Son travail l'occupa trois années (2). Le groupe, formé de quatre blocs, a dix-huit pieds (5,847m) de hauteur, 13 pieds (4,223) de large; il est formé de quatre figures unies entre elles par des nuages; les figures se composent de la Vierge et de trois anges de neuf pieds (2,924) de proportion.

Pour éclairer ce groupe, on supprima deux croisées au-dessus des portes latérales du chœur. On voit à la date du 21 avril 1773, M. d'Archambault, l'un des commis à la décoration, demander au chapitre si, d'après le désir manifesté par Bridan : « Il serait fait en verre de Bohême deux croisées de chaque côté?... pour mieux éclairer le groupe... » Le chapitre décida que les vitrages seraient faits. Il paraît que cela ne suffit pas. Le 8 novembre 1788 le chapitre ar

(1) Manuscrit des archives d'Eure-et-Loir.

(2) Il fut terminé en 1773. Au contraire d'après M. de Lasteyrie (ul sup., p. 62), il aurait été placé dès 1769. Un acte capitulaire du 21 avril 1773 donné raison à la première date.

rêta que l'on ferait mettre en verres blancs « les deux croisées du chœur qui étaient au-dessus des deux arcades du milieu. »

En 1788 et en 1789 Bridan exécuta encore les figures de la Descente de croix. Bridan donna également le modèle du beau Christ en bronze doré qui servait d'ornement à l'autel.

Le groupe de Bridan offre à l'œil un ensemble séduisant ; il est bien posé et produit un bon effet à l'examiner en détail; on regrette de ne pas retrouver dans les traits de la Vierge et des anges l'expression délicate que l'on admire dans les têtes de Raphaël, de Michel-Ange, du Poussin. Quoi qu'il en soit, le chapitre, reconnaissant à juste titre de ce beau travail, accorda à Bridan une pension de mille livres dont la moitié était réversible sur la tête de sa femme; les ouvriers reçurent une forte gratification.

Des deux côtés de l'intérieur du choeur sont huit bas-reliefs en marbre blanc, encadrés de marbre blanc turquin.

Les bas-reliefs de droite représentent :
1. La conception de la Vierge;
2. L'adoration des Mages;
3. Une Descente de croix ;

4. Le vœu de Louis XIII.

Ceux de gauche :

1. La prédiction d'Isaïe à Achaz, roi de Juda (qu'une vierge enfanterait pour le salut du monde);

2. L'adoration des Bergers;

3. La présentation de Jésus-Christ au temple.

4. La déposition de Nestorius par le concile d'Ephèse.

Bridan, après avoir professé durant trente années, mourut à Paris le 28 avril 1805.

12. Harmandus.

A la plus haute lucarne du clocher vieux, du côté du clocher neuf, on avait cru lire des noms et des dates (1) que l'empreinte même, relevée plus tard (2), a dû effacer. La date fixée par cette empreinte est celle de 1164, le nom, Harmandus.

On attribue le pavage et la décoration du sanctuaire à un sculpteur stucateur de Paris nommé Hermand (3). Mais il n'y a nul rapport entre ces deux noms.

(1) Adrien, 1114-1168.

(2) Par les soins de M. Chasles aîné, correspondant de l'Académie des Sciences. (3) Sablon a donné le détail de cette restauration (p. 116 et 117) : « M. l'évêque,

13. Montleveau. - << Tout le pourtour du sanctuaire en marbre le revêtissement du groupe, l'autel, les gradins, les grandes bandes qui encadrent toutes les étoiles qui forment un cercle, le pavage en forme circulaire et en compartiment de divers marbres précieux en forme de jeu d'oye, tout a été travaillé et fait par le s' Montleveau, maître marbrier de Paris, qui dans l'exécution de cet ouvrage de marbrerie a donné les preuves du plus grand zèle, de la probité la plus épurée, et de l'intelligence la plus grande (1). »

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14. Michel Boudin. La clôture du choeur était terminée en 1539, à l'exception des figures du pourtour du sanctuaire ; c'est l'ouvrage de Michel Boudin.

15. Jean Bernardeau. - Jean Bernardeau, maître maçon d'Orléans, fit la maçonnerie, les colonnes et les corniches du grand autel et de l'ancien jubé de Saint-Père. Bernardeau reçut cinq cents livres pour cet ouvrage.

16. François Marchand. - François Marchand, maître imagier de la même ville, fit différentes pièces de relief ou basse-taille, dans la même église. On lui paya douze cent vingt livres (2). Lenoir (3) cite, du même ouvrier, « un bas-relief en pierre de liais, divisé en trois sujets, séparés par de petits pilastres et de petites colonnes arabesques d'un travail très-fini. Le sujet du milieu représente l'adoration des Mages; on y voit le chanoine donataire du monument représenté à genoux; les autres sujets représentent d'un

dit-il, et le chapitre ayant entrepris la décoration entière du sanctuaire, ils ont cru devoir adopter un genre de décoration qui sans gâter ou changer l'ordre d'architecture de la première bâtisse, en corrigeât les défauts. Chaque pilier était accompagné dans la partie supérieure de petites colonnes qui s'arrêtaient aux chapiteaux desdits piliers et formaient par conséquent autant de porte à faux; pour rectifier ce vice de la première bâtisse, ces colonnes ont été prolongées jusqu'au bas des piliers. Tout le pourtour du sanctuaire est revêtu de marbre blanc veiné à quatre pieds et demi de hauteur; ledit marbre prenant la forme des colonnes et piliers et le surplus dudit pourtour a été fait de stuc jusqu'au-dessus des arcades. Les piliers sont en stuc, marbre jaune de Sienne; les pilastres et autres entre-colonnements en blanc veiné sur lesquels sont des rideaux en stuc marbré, vert porphyre, le bandeau et couronnement de piliers partie en blanc veiné, partie en vert, les bases des pilastres, les franges des rideaux, leurs clous ou agrafes, les chapiteaux des pilastres des lis au dessus des arcades, des guirlandes, placées entre l'architrave et la corniche; les rosaces qui garnissent l'intérieur des arcades sont tous ornements dorés et du meilleur goût... M. Hermand, sculpteur stucateur de Paris, paraît avoir parfaitement réussi dans cette entreprise qui lui a été confiée. »

(1) Sablon, ut sup., p. 117.

(2) Cartulaire de l'abbaye de Saint-Père, publié par M. Guérard, t. I, p. cclv. (3) Musée des Monuments francais, t. II, p. 133.

côté saint Jean dans le désert composant l'Apocalypse, et de l'autre côté saint Jean-Baptiste. Ce morceau, colorié et doré selon le goût du temps, d'un dessin vigoureux et d'une exécution soignée. » On attribue également à François Marchand le contre-table de l'autel représentant les mystères de la passion, divisé en trois tableaux exécutés en albâtre (1). Enfin, il aurait travaillé au jubé de SaintPère en 1543.

17. Dieu et Le Gros. - Dieu et Le Gros, sculpteurs chartrains, travaillaient aux figures du pourtour de Chartres en 1681; le reste ne fut achevé que de 1700 à 1706.

18. Goutheinz.-Les décorations en stuc du choeur furent exécutées, de 1786 à 1789, par un nommé Goutheinz.

19. Pérès, Prieur, Martin.-L'ancien jubé (qui n'était déjà plus, comme nous l'avons écrit, le jubé de Saint-Yves) (2), étant à l'entrée du chœur de Notre-Dame, tombant de vétusté, le chapitre le fit abattre dans la nuit du 25 avril 1763, sous l'épiscopat de M. de Fleury. On ferma le choeur par une grille qui fut faite par Pérès, maître serrurier de Paris. Les ornements sont l'ouvrage de Prieur, sculpteur-modeleur de la même ville. Les ornements, roses, lis, lauriers, étoiles, cassolettes, ont été dorés par Martin, maître doreur à Paris.

20. Berruer. De chaque côté de la grille se trouve un massif en pierre de Tonnerre sculpté. Des deux côtés des bas-reliefs (3), ouvrage de Berruer.

Telle est la nomenclature des principaux artistes qui ont apporté, chacun d'eux, une pierre pour la construction de Notre-Dame de Chartres....ouvriers habiles et modestes à la fois qui ont élevé si haut l'art chrétien. Il n'a rien moins fallu que l'admiration et la reconnaissance tardives de notre siècle pour soustraire leurs noms à l'oubli auquel ils semblaient s'être condamnés, pour les forcer, en un mot, de prendre leur part d'une célébrité que leur foi avait dédaignée; elle la regardait, en quelque sorte, comme importune!

DoubleT DE BOISTHIBAULT.

(1) Lenoir, ut sup., p. 134.

(2) Voy. Revue Archéologique, viie année, p. 58.

(3) Ibid.

ESSAI

SUR

L'ICONOGRAPHIE DES APOTRES,

LEURS ATTRIBUTS, LEURS COSTUMES, ETC.

Les mosaïques des basiliques chrétiennes sont des peintures vraiment faites pour l'éternité, disait au XVe siècle le peintre Ghirlandajo (1). C'est donc là qu'il faut aller chercher les types primitifs de toute la hiérarchie sacrée, et c'est là en effet que les peintres de l'école mystique ou romano-chrétienne semblent s'être inspirés pour composer leurs admirables peintures; Raphaël lui doit ses plus belles inspirations, alors qu'il était encore pur des atteintes du sensualisme.

C'est donc là que nous irons étudier les premiers essais de la peinture hiératique. Pour ce qui concerne les figures des apôtres, il faut d'abord avant d'aller plus loin reconnaître qu'il n'y existe pas de portraits proprement dits des apôtres; ce sont des types consacrés par des traditions plus ou moins authentiques, mais cependant toujours respectables et dont il faut savoir tenir compte.

SAINT PIERRE. La peinture la plus ancienne que l'on puisse citer comme représentant le chef des apôtres, est celle de l'oratoire de Sainte-Félicité, qui paraîtrait dater du VII siècle. Saint Pierre y était représenté sans aucun attribut (2).

Quant à la fameuse statue de bronze qui représente saint Pierre assis, tenant en mains les doubles clés (3) du pouvoir spirituel, pour

(1) Ce peintre, qui était de l'école de Florence, a travaillé aux peintures de la chapelle Sixtine dont la direction et toutes les compositions étaient confiées au Masaccio par Sixte IV. Voir l'ouvrage de M. Rio, Forme de l'art chrétien, t. I, p. 128.

(2) Raoul Rochette, Types primitifs de l'art chrétien, etc., p. 44.

(3) Les représentations de saint Pierre avec ses deux clés ne sont pas antérieures à la moitié du XIe siècle. L'exemple qu'en donne Bosio, d'après les sculptures des Catacombes, est contesté. (Iconographie chrétienne) de Didron, in-4o, p. 301.

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