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fragment de figure ayant les bras attachés derrière le dos, un fragment de femme, qui a dû faire partie d'un sacrifice, un autre fragment de femme qui a fait partie d'un enlèvement, un jeune homme tenant un arc, un autre jeune homme coiffé d'un casque, une bacchante vue par derrière, deux figures d'hommes supportant des corniches en saillie, etc., etc.; enfin de très nombreux fragments de frise, représentant des dieux marins, des néréides, des dauphins, des monstres à queue de poisson et à tête d'homme, de bélier, de chien, d'aigle, etc.

Ces sculptures sont en général bien conservées; l'exécution en est soignée, et leur style annonce une époque que l'on ne peut faire descendre au-dessous de celle des Antonins.

Une particularité qu'on ne doit pas oublier de noter, c'est que tous les ornements d'architecture sont peints d'un encaustique, qui résiste au frottement et au lavage; les fonds sont d'un jaune plus ou moins foncé; les surfaces saillantes sont blanches; les arêtes et les contours des ornements sont relevés par un filet rouge. Il y a aussi des ornements sur des fonds rouges, avec filets blancs. Une figure de chimère a les ailes lisses; les plumes sont figurées par un trait jaune.

On n'a découvert jusqu'ici aucun fragment d'inscription.

Faisons des vœux pour que les fouilles, aujourd'hui suspendues faute de fonds, soient continuées et achèvent de nous faire connaître ce curieux monument; faisons-en surtout pour que ces sculptures, dont nous n'avons pu donner ici qu'une bien faible idée, ne restent pas trop longtemps exposées aux injures de l'air et des passants, et que des mesures soient prises pour assurer leur conservation.

L. R.

DÉCOUVERTES ET NOUVELLES.

M. Lottin de Laval, chargé par le gouvernement d'une nouvelle mission scientifique en Égypte et en Arabie, vient d'arriver à Paris. Parti du Caire le 16 février avec trois Bédouins de la tribu des Zoualkha, l'infatigable voyageur remonta toute la côte du golfe Héropolite en visitant les fontaines de Moïse, Hammam-Faraoun, le désert de Sin, Tor et Rraz-Mohammed; puis, se dirigeant au nord, il vint à la recherche de Wadi-Hébron en sondant toute la chaîne du Faratul. Pénétrant dans la célèbre vallée décrite par l'Écriture sainte, il en releva toutes les inscriptions, ainsi que celles qui se trouvent disséminées dans la contrée appelée par les Arabes DiarFrangoui. De là il est venu explorer tout le cours de la péninsule arabique du Sinaï, estampant, relevant ou moulant, par son ingénieux procédé, les bas-reliefs, inscriptions et stèles qu'il a trouvés dans cette curieuse exploration. A ces travaux il a joint une rectification géographique et les dessins de tous les razz (promontoires), des vallées où il a découvert des inscriptions. En quittant le couvent du mont Sinaï, M. Lottin de Laval s'est dirigé vers le sud par la grande Wadi-Zahara, où il a pu relever de nombreuses inscriptions, puis, tournant à l'ouest, il est venu déboucher dans le golfe Élanitique, en vue de l'archipel des Pirates. Reprenant alors la direction nord, il a suivi pendant cinq jours ces plages abandonnées en passant par les oasis de Daab et de Nouëba. N'ayant pas d'instructions pour aller au delà d'Akabak, il est revenu par les monts Hélat, chaîne magnifique, profonde, très-peu sûre et à peine connue, où il a découvert plus de deux cents inscriptions, puis il est venu mouler tous les monuments du la curieuse nécropolis égyptienne qui se trouve sur le pic élevé de Serbout-el-Kadem.

Là se terminait la mission que le gouvernement avait confiée à M. Lottin de Laval; mais il a pensé que sa présence en Égypte pourrait encore être utile à la science de retour au Caire, il s'est mis à explorer les carrières profondes de la chaîne qui serre le Nil à l'est et le désert jusque vers le Fayoum ; sa mission a été prodigieuse et les résultats en seront d'une haute importance pour la géographie, l'histoire, la philologie et les beaux-arts. Pour en donner une faible idée, M. Lottin de Laval rapporte plus de neuf cents inscriptions, la plupart inédites et écrites dans une langue que l'on croit être celle

des Nabathéens, peuple jadis florissant et sur lequel M. Étienne Quatremère a longuement écrit; des hypogées qu'il pourra reconstruire en entier avec les sculptures et leurs hiéroglyphes ornés de couleurs variées; la tête colossale de Rhamsès le Grand, la plus magnifique sculpture de l'art égyptien, et des morceaux innombrables de l'art des khalifes, pris dans les tombeaux, les piscines, les medressehs et les mosquées de l'Égypte.

-Les démolitions exécutées pour le nouvel alignement de la rue des Mathurins Saint-Jacques, font disparaître en ce moment l'une des plus vieilles maisons de Paris, Nous voulons parler de celle qui se trouvait à l'encoignure de la rue du Cloître Saint-Benoît et qui s'ouvrait sur cette rue par une grande porte gothique dont les voussures annoncent une construction de la fin du xive siècle. Elle avait été construite sur le fonds d'un riche bourgeois de Paris nommé Machel, qui y demeura au milieu du XIIIe siècle et donna quelque temps son nom à la rue du Cloître Saint-Benoît, comme l'atteste une transaction du mois de novembre 1243. Elle fut habitée ensuite par Pierre de l'Encloistre, imposé de dix livres sur le rôle de la taille de 1292, et par Hugues Pariset, qui voulut se soustraire, comme noble, à la taille de 1313, mais qui, ayant été trouvé marchand par enquête, fut coté à quinze livres.

Les journaux anglais nous donnent des détails sur les fouilles qui viennent d'être entreprises à Studfall ou Lymne-Castle, près Hythe, sur l'emplacement de l'ancien Portus Lemanis, par les soins de MM. J. Elliot et Roach-Smith. On a déjà découvert une partie de l'enceinte de l'ancien castrum romain, à laquelle se rattachaient neuf tours rondes et deux portes dont les restes ont été également découverts. Ceux qui ont fait connaître cette importante découverte archéologique s'accordent à déplorer l'indifférence avec laquelle une grande partie de la population a accueilli ces recherches dont les résultats importent tant cependant à l'histoire de la Grande-Bretagne, et à se plaindre du défaut d'assistance que MM. J. Elliot et R. Smith ont rencontré de la part du gouvernement britannique, qui est bien loin en cela d'imiter la libéralité des autres gouvernements européens et celui de la France en particulier, lesquels ont toujours témoigné de tant de zèle pour tout ce qui touche aux encouragements des travaux historiques. Les ressources des sociétés privées qui s'occupent d'archéologie ne sauraient faire face aux dépenses considérables qu'entraînent des fouilles telles que celles de Lymne-Castle; et il n'y a véritable

ment que les États qui puissent venir en aide aux efforts si louables de ceux qui entreprennent, dans l'intérêt de la science, de si dispendieuses recherches. M. Ch. Roach-Smith a présenté aux commissaires de la trésorerie une demande tendante à obtenir une subvention pour la continuation de ses fouilles; espérons que cette demande sera prise en considération.

- Depuis l'ouverture du Musée américain au Louvre, des dons plus ou moins importants sont venus augmenter cette collection. MM. Massieu de Clerval, Schoelcher, Audiffret, Ravaisson ont fait présent de petits monuments très-curieux, recueillis au Mexique, au Pérou et à Haïti. M. Angrand, consul général de France, a enrichi la collection américaine d'une très-nombreuse série de vases, d'étoffes, d'armes découverts par lui dans les sépultures antiques du Pérou. Nous rendrons compte prochainement de la Notice dans laquelle le conservateur des antiques, M. de Longpérier, a décrit tous ces objets, qu'il a classés d'une manière méthodique en indiquant les rapports de forme et d'ornementation qui existent entre les vases et autres objets américains et les monuments analogues de l'ancien hémisphère.

Pendant quatre ans la Revue a, comme on s'en souvient, vivement pressé l'ancienne administration du Louvre de placer d'une manière convenable les bas-reliefs de Magnésie si longtemps abandonnés en plein air. M. Jeanron avait enfin fait droit au désir de l'universalité des archéologues dont la Revue exprimait l'opinion. Nous apprenons que, par une décision nouvelle, ces bas-reliefs sont enlevés de la salle où le conservateur des antiques les avait réunis aux inscriptions de l'Asie Mineure rapportées par notre collaborateur, M. Ph. Le Bas. On dit que cette mesure a pour but de faire place à de nombreuses statues modernes dont on dépouille le Musée de Versailles. Nous voulons croire encore que le fait n'est pas exact. La place de la sculpture moderne doit toujours être fort restreinte. au Louvre. Elle a dix établissements publics pour s'abriter; tandis que la sculpture antique ne peut être logée qu'au Louvre où déjà la place manque. Cette nouvelle détermination de la direction des musées n'est pas faite pour encourager les voyageurs qui seraient tentés d'accroître la collection des marbres antiques de Paris. Ils auront la crainte que leurs soins ne soient inutiles et que les monuments qu'ils rapporteraient ne restent plongés dans une cave avec les basreliefs de Magnésie.

BIBLIOGRAPHIE.

Histoire de la Cathédrale de Poitiers, par M. l'abbé AUBER, historiographe du diocèse, président de la Société des Antiquaires de l'Ouest, correspondant du ministre de l'instruction publique pour les travaux historiques, etc. - 2 forts volumes in-8 accompagnés d'un grand nombre de planches. - Paris, 1849, DERACHE. Derache.

Parmi les sociétés des départements qui concourent aux progrès de la science, une des plus actives et des plus méritantes, sans contredit, est la Société des Antiquaires de l'Ouest. Chaque année le recueil de ses mémoires s'enrichit de travaux remarquables et quelqu'un de ses membres obtient les suffrages de l'Institut. Nulle société n'est plus zélée pour l'étude et la conservation des monuments de sa juridiction, et dernièrement encore sa persévérance a triomphé des abus d'une centralisation impitoyable; la collection historique de Versailles a rendu à l'église de Fontevrault les statues tumulaires des Plantagenets que la Société des Antiquaires de l'Ouest réclamait inutilement depuis cinq ans.

Toutes les branches de l'archéologie trouvent dans la Société des Antiquaires de l'Ouest les plus honorables représentants. Notre architecture nationale n'a pas de défenseur plus heureux et d'interprète plus fidèle que M. de Chergé. L'orfévrerie et la peinture sur verre du moyen âge possèdent dans M. l'abbé Texier un excellent historien. Les belles études de M. Matty de La Tour rectifient nos erreurs sur la géographie ancienne. L'érudition variée de M. Anatole Barthélemy montre combien dans la science toutes les parties s'éclairent l'une par l'autre. Enfin les mémoires numismatiques du savant M. Lecointre-Dupont seront toujours cités comme des modèles de travaux consciencieux et complets.

M. l'abbé Auber, en publiant l'Histoire de la Cathédrale de Poitiers, vient de justifier l'honneur qu'il a de présider ses collègues. Chargé d'écrire l'histoire de son diocèse, M. l'abbé Auber devait commencer par celle du monument qui en fut le berceau et il l'a fait dans les meilleures conditions de science et de succès. Sa position officielle lui livrait tous les matériaux qui lui étaient nécessaires et

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