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tion, dont je ne citerai que le commencement: 'O Años åtò tõïv dobelσῶν δωρεῶν ὑπὸ Γαίου Ιουλίου Καίσαρος καὶ αὐτοκράτορος Καίσαρος θεοῦ υἱοῦ Σεβαστοῦ, ̓Αθηνᾷ ἀρχηγέτιδι (suivent les noms des magistrats en charge): « Le peuple [d'Athènes] à Minerve Archégétis, avec les dons accordés par Caïus Julius César et l'empereur César Auguste, fils du divin César.... >> On supplée nécessairement Tov vaòv ȧvélŋxev ou émoiŋœev, a consacré ou fait ce temple. Il ne s'agit pas ici de la dédicace d'un monument plus ancien; les mots anò Tv dobεσv dwρεшv ne permettent pas d'en douter.

Pourrait-on entendre d'une autre manière l'inscription du trophée de trois cent soixante armures prises sur les Perses et qu'Alexandre fit déposer dans l'Acropole d'Athènes (63): Aλéfavôpos Þidíññov xal of Ἕλληνες, πλὴν Λακεδαιμονίων, ἀπὸ τῶν βαρβάρων τῶν τὴν Ἀσίαν κατοικούντων. « Alexandre, fils de Philippe, et les Grecs, excepté les Lacédémoniens, [consacrent à Minerve ces armes] prises aux barbares d'Asie. »

Enfin l'inscription du phare d'Alexandrie: Zapatos Kvíôtos Aežiφάνους Θεοῖς Σωτήρσιν ὑπὲρ τῶν πλωϊζομένων (64), offre précisément la même locution, et tous les lecteurs y suppléaient sans effort: TOUTOV τὸν πύργον κατεσκεύασε.

LETRONNE.

(63) Arrien, Exped. Alex., I, 16, § 11. [Cf. Virg. Æn. III, 288: Æneas hæc de Danais victoribus arma].

(64) Recueil des Inscr. de l'Égypte, no 562.

SUR LA

LÉGENDE ARABE D'UNE MONNAIE BILINGUE D'HÉTHUM, ROI CHRÉTIEN D'ARMÉNIE.

MON CHER AMI,

Je m'empresse de répondre à ta dernière lettre, où tu me demandes mon avis sur l'interprétation de l'inscription arabe du revers d'une monnaie d'argent bilingue du cabinet de M. le marquis de Lagoy. J'avoue qu'il m'a fallu une sérieuse attention pour venir à bout de te donner une explication raisonnable de ce monument. Cependant je crois avoir rencontré la solution du problème et je t'envoie la transcription de la légende arabe, telle qu'à mon avis elle doit exister sur la médaille.

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D'abord je te ferai remarquer que le lieu de la fabrication et le millésime courent autour du cordon de grènetis que l'on remarque sur les deux faces de la pièce, et je les lis :

ضرب بسيس سنة أربعين و.

Frappé à Sis l'an quarante et......

Le reste de la date est illisible, attendu le peu de conservation de la pièce vers la fin de la légende circulaire. Quant aux trois autres lignes qui forment le point principal de la légende, je crois qu'il faut voir la formule suivante :

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السلطان الاعظم

عیاز الدین ابن قياد الدين

كيخسرن ابن کیقباد

Le sultan auguste Yád-Eddin, fils de Khiad-Eddin Kaïhousraf, fils

de Kai-Kbad.

Tu sais, en effet, que Kai-Kaous s'appelait Azz-Eddin ou GâzEddin et qu'il succéda à Khiad-Eddin Kaihousraf ou Kaihousrou, fils lui-même et successeur de Kai-Kobad, princes qui tous trois soutinrent avec éclat dans Iconium (Konieh), le nom déjà glorieux des Zeldjoukides.

Cette généalogie ainsi exprimée sur un monument, ce qu'on pourrait appeler un livre d'or de noblesse, ne doit point t'étonner, si tu te rappelles que nous avons constaté ensemble sur les monnaies de plusieurs khalifs de l'Espagne des généalogies beaucoup plus compliquées, qui remontaient quelquefois au père de la race.

Au reste le nom de Azz-Eddin Kaikaous n'est point déplacé sur une pièce d'Héthum Ier, dont il était le contemporain, et la puissance d'un sultan de Konieh sur la monnaie chrétienne nous apprend d'une manière positive que les turks Zeldjoukides en sourmettant l'Arménie, voulaient montrer leur suzeraineté sur les rois de ce pays.

Versailles, 3 juin 1850.

MOHAMMED-BEY,

Capitaine du service de S. H. le vice-roi de l'Égypte.

OBSERVATIONS SUR LA LETTRE PRÉCÉDENTE.

Lorsque M. le marquis de Lagoy, voulut bien me communiquer il y a quelque temps les pièces Roupéniennes de sa collection pour les étudier, je remarquai une monnaie d'argent à l'effigie d'Hethum I, portant au revers une inscription arabe. Je me hâtai de comparer cette pièce avec celle qu'Adler avait publiée dans le Museum cuf. Borgia (p. 61-62), et qui offrait à part quelques différences dans la légende une identité parfaite avec la médaille de M. le marquis de Lagoy. N'étant pas sûr, du reste, de quelques lettres qui semblaient donner un nom nouveau, celui de Kaikaous, j'écrivis à mon ami le capitaine Mohammed-bey, qui s'était occupé de numismatique arabe; il m'envoya la transcription de la légende telle qu'il l'avait restituée et je ne doutai plus que la pièce en question ne fût inédite.

Cependant le nom de Kaikaous manquait, et se trouvait remplacé par son autre nom Yâz-Eddin. Quoique ce surnom fût bien celui de Kaikaous, cette omission du nom principal m'inspira quelques

doutes, et je recommençai de nouveau à étudier l'inscription de la médaille bilingue.

Je m'assurai alors que la légende était bien celle-ci, contrairement à l'opinion émise par Mohammed-bey.

En marge:

Dans le champ:

ضرب بسيس

السلطان العظيم

غيات الدنيا والدين

كيخسرن بن کیقبد

Frappé à Sis....... (Le reste est fruste).
Le sultan auguste,

Flambeau du monde et de la religion,

Kaikosrou, fils de Kaikobad.

Le nom de Kaïkaous n'existait pas sur la monnaie bilingue et ce qui avait causé l'erreur, c'est la ressemblance des mots ) chẻ, splendeur du monde, avec le nom propres, Yäz-Eddin, que Mohammed-bey avait cru lire sur la monnaie.

Cette pièce déjà connue depuis longtemps avait donné lieu à des interprétations très-différentes. Tristan et du Cange qui les premiers l'avaient publiée, l'un dans ses Commentaires historiques, et l'autre dans son édition de Joinville (diss. xvi), avaient cru lire le nom de Chosroës, fils de Cabadès, roi de Perse; je ne sais comment les deux savants auteurs comprenaient cette représentation de Chosroës et d'Héthum sur une médaille, puisqu'ils n'ignoraient cependant pas que huit siècles les séparaient l'un de l'autre. Adler, Sestini et après eux MM. Brosset (Monogr. des monnaies armén.), et Krafft (Rup. Münzen) avaient publié des monnaies presque semblables, mais portant des dates différentes; sur la monnaie du musée Borgia, Adler avait lu la date:

ضرب بسيس سبع وثلاثين وستمايه

Frappé à Sis, l'an six cent trente-sept.

M. Brosset avait reconnu l'année 641 sur la médaille du musée asiatique de Saint-Pétersbourg; la médaille du cabinet de M. le marquis de Lagoy sur laquelle on lit la première partie de la date, me

paraît être la même que la pièce du musée asiatique, dont Mohammedbey avait lu seulement une partie, le nombre quarante, peutêtre six cent quarante et un? qui correspond à l'an 1243 de notre ère.

Cette date en effet rentre bien dans le règne d'Héthum qui gouverna l'Arménie de l'an 1224 à 1249. C'est aussi vers cette époque, au dire de Joinville, que Héthum obtint de Mangou, Khan des Tartares, un secours, avec l'aide duquel il vainquit le sultan de Konieh et s'affranchit du tribut qu'il lui devait.

L'autre côté de la médaille n'offre aucune difficulté; on y

+

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lit:

+ ՀԵԹՈՒՄ ԹԱԳԱՒՈՐ ՀԱՅՈՉ. ― Hethoum Thachavor Hajotz.-Héthum, roi des Arméniens. - Le roi marchant à droite et tenant un sceptre, dans le champ, un croissant, une croix et une étoile.

Telles sont les observations que j'ai cru utile de joindre à la lettre du capitaine Mohammed-bey, dont le contenu était trop insuffisant pour satisfaire complétement les lecteurs de la Revue.

VICTOR LANGLOIS.

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