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DÉCOUVERTES ET NOUVELLES.

Nous avons eu dans un autre temps l'occasion d'entretenir nos lecteurs des travaux du prince Napoléon-Louis Bonaparte sur l'histoire de l'artillerie. (Voy. Revue archéol., t. II, 1845, p. 664.) M. le Président de la République, voulant se rendre compte de la puissance des effets produits par les machines de guerre au moyen âge, a chargé récemment M. le capitaine d'artillerie Favé de faire construire un mangonneau, que cet habile officier est parvenu, après quelques essais, à faire fonctionner, et une curieuse expérience vient d'avoir lieu au polygone de Vincennes. La machine se compose d'une flèche en bois de 10 m. 30 c. de long qui tourne autour d'un axe soutenu à la hauteur de 8 m. sur un bâtis en charpente. Cette flèche forme un levier dont l'axe est le point d'appui. A l'extrémité du petit bras du levier est suspendu un poids de 4,500 kilogr.; à l'extrémité du grand bras tiennent les deux bouts d'une fronde, l'un fixé solidement, l'autre terminé par une boucle et posé seulement sur un crochet en fer. Dans cette fronde, qu'on étend à terre, on place le projectile, puis, au moyen d'un cabestan que quatre hommes font mouvoir, on abaisse le grand bras jusqu'au sol, et lorsqu'on cesse de le retenir incliné, il s'enlève entraîné par le contre-poids emmenant avec lui la fronde qui lance au loin le projectile. Ces machines à fronde ont joué un grand rôle dans les siéges du moyen âge. Suivant les temps, les lieux et leur genre de construction, ces machines ont porté des noms différents, tels que trébuchet, trépantum, pierrier, manganellum, bricolle, engin à verge, couillard, etc. La machine établie dans le polygone de Vincennes a lancé à 170 mètres, par un tir courbe et sous un angle élevé, un boulet de 24, et à 120 mètres une bombe de 80 kilogr.

- Le 26 mai dernier, le public a été admis à visiter la nouvelle salle du Louvre consacrée à l'exposition de la riche collection des antiquités américaines (Mexique et Pérou) acquise récemment. Pour que le public pût jouir de tout l'intérêt que présente cette collection, la Direction des Musées nationaux en avait fait imprimer d'avance la description, qui a pu être mise à la disposition des visiteurs le jour de l'ouverture.

BIBLIOGRAPHIE.

Deutsches Kunstblatt, Zeitung für bildende Kunst und Baukunst. Revue des Arts, publiée par MM. WEIGEL à Leipzig. In-4°, paraissant toutes les semaines.

Depuis quelques années, et surtout depuis la mort de M. Schorn, les amis des arts voyaient avec regret la fausse direction donnée à la publication du Kunstblatt. Les savants qui avaient si longtemps pris part à la rédaction de cette Revue des Arts se retirèrent peu à peu, et il ne resta plus de ce corps jeune et actif qu'un fantôme mis en mouvement par la seule force d'impulsion qu'il avait reçue. Il sembla dès lors que ce journal fondé, en 1820, par M. Cotta, et si longtemps utile, avait parcouru sa carrière et n'était plus destiné qu'à traverser cette phase de décadence qui précède toute mort. En effet, le Kunstblatt cessa de paraître en 1848; il laissait après lui vingtneuf volumes in-4° représentant, en dissertations et en gravures, toute l'histoire des progrès de l'art et de l'archéologie pendant un quart de siècle.

Le goût de la bonne érudition et d'une saine critique a conservé partout des partisans; les révolutions, pas plus en Allemagne qu'en France, n'ont pu disperser, elles n'ont pas même entamé ce public d'élite qui a senti le besoin de se serrer pour faire tête à l'orage. Dans ce petit cercle on pleura le Kunstblatt et on fit mille projets pour reconstituer un organe digne de la cause. Deux hommes distingués, MM. Weigel frères, de Leipzig, répondirent à cet appel; ils ne craignirent pas d'accepter la charge que M. Cotta trouvait trop lourde, espérant par du dévouement et du zèle, faire aussi bien, faire mieux peut-être que leurs devanciers n'avaient fait avec de grands moyens de fortune. Leur premier soin, leur premier succès, fut de conquérir l'adhésion et de s'assurer le concours des écrivains les plus éminents de l'Allemagne. Aussi lit-on en tête du journal des noms bien connus: P. Kugler d'abord, l'auteur d'une histoire de la peinture et d'une histoire générale des arts, deux

ouvrages très-estimés; Passavant, qui connaît l'école allemande mieux qu'aucun autre, et qui a écrit une excellente histoire de Raphaël; Waagen, l'habile directeur ou plutôt le créateur du musée de Berlin, et dont les voyages dans les musées de l'Europe sont la critique et deviennent la base de tous leurs livrets; Schnaase, qui a si bien écrit sur les Pays-Bas, Wiegmann de Dusseldorf, Förster de Munich, Eitelberger de Vienne, Schulz de Dresde, et enfin C. Eggers de Berlin, le rédacteur en chef. Ces noms parlent d'eux-mêmes et ils ne sont pas placés là comme une affiche menteuse; déjà chacun de ces savants a envoyé sa part de collaboration au nouveau Kunstblatt.

Nous comptons dans notre numéro de chaque mois consacrer un article à ses numéros de chaque semaine; nous croyons utile de résumer les travaux de cette revue qui a déjà pris à notre égard et sans aucune sollicitation de notre part, l'initiative de ce bon procédé. Nous avons laissé accumuler un trop grand nombre de numéros pour pouvoir discuter aujourd'hui, comme nous le ferons plus tard, les opinions et les systèmes : ce sera pour cette fois une simple énumération.

La nouvelle série du Kunstblatt en était le 22 avril à son seizième numéro; voici quels sont ses principaux articles. Nous laissons de côté les nouvelles prises dans les journaux, les détails donnés par quelques correspondants et les comptes rendus très-étendus des travaux, expositions et publications d'une foule de Kunstverein, sortes d'associations faites à l'image de notre société des Amis des Arts, avec cette seule différence que, multipliées à l'infini, elles ont conservé une vogue et une influence qui semblent s'être retirées de leur mère commune. Je citerai, parmi les travaux sérieux, les analyses critiques de nouveaux ouvrages. Quand M. Passavant rend compte des matériaux pour une histoire de la peinture, par Ch. Lock, quand M. Waagen expose les résultats obtenus par M. de Laborde, dans le premier volume de ses Études sur les Arts au XVe siècle, ce n'est pas une sèche analyse, ce sont de nouveaux matériaux à propos de ces matériaux, c'est une nouvelle étude à propos de cette étude, c'est enfin de la critique instructive. On pourra regretter que l'archéologie de l'antiquité ait trouvé jusqu'à présent si peu de place dans cette Revue. L'ancien Kunstblatt n'avait pas négligé ces recherches sans lesquelles il n'y a ni art, ni critique moderne. Il est · évident que la nouvelle série ne sera pas inférieure sous ce rapport à la précédente, elle peut, sans faire concurrence, ou double em

ploi, avec le Journal archéologique de M. Gerhard, entrer dans ce beau et vaste domaine de l'antiquité.

1 numéro. Analyse de l'ouvrage de M. Charles Lock par Passavant. 2° Tableau du progrès des Arts et de l'état d'avancement des édifices à Munich en 1850, par M. Förster. C'est une revue des grandes créations du roi de Bavière, avec des indications intéressantes sur la continuation des travaux par son fils, le roi actuel. 3o L'iconographie au moyen âge, extrait du quatrième volume, encore inédit, de l'histoire des Arts de M. V. Schnaase. Analyse de l'ouvrage de M. de Laborde, les ducs de Bourgogne par M. Waagen. 4 Analyse de la monographie de M. Becker, intitulée: Vie et travaux du sculpteur Tilman Riemenschneider, par M. Kugler. 5o Les Arts à Francfort, examen des productions récentes par Passavant, le savant directeur du musée de cette ville. Les chefs-d'œuvre de la gravure en bois exécutés en Allemagne. Analyse de l'ouvrage par F. Kugler. 6° Il n'y a pas plus un art universel qu'il n'existe une langue universelle, chaque expression de l'art a sa nationalité. Aperçus d'esthétiques par le D. Braun. Description de quelques grandes compositions exécutées au moyen âge par K. Schnaase. Il traite particulièrement des portails de Freyburg et d'Amiens. 7° Les monuments du moyen âge en Saxe, publiés par le D. Puttrich, livraisons 17-20. Analyse de M. F, Kugler, 8° Examen des nouvelles danses des morts par L. Bechstein. C'est une revue générale de ce qui nous reste en peinture et en sculpture de cette populaire conception jusques et y compris la vigoureuse allusion politique de Rethel en 1849, 9 Les fresques de Parme gravées par Toschi, Analyse de M. Frenzel, l'obligeant et habile directeur du cabinet des estampes de Dresde. 10° Recherches sur les origines de la gravure en creux par M. Sotzmann. On sait qu'on doit aux recherches consciencieuses de cet amateur passionné, de ce critique ingénieux, les plus importants travaux sur la découverte de l'impression des estampes; tout ce qu'il publie est lu avec plaisir et accepté comme une autorité. 11 J. G. Schadow et ses œuvres; biographie critique par P. Eggers. Documents nouveaux pour une histoire de la peinture en Allemagne, en Irlande, en France, mais plus particulièrement en Bohême par C. Waagen. Précieuses additions aux rares matériaux que nous possédons déjà sur les origines de nos écoles modernes. 14 Une production de l'art ne doit pas afficher plus qu'elle ne contient et le spectateur doit se garder de lui supposer plus qu'elle n'a en elle. Aperçus esthétiques par M. Braun. 15° Quelques doutes sur

l'originalité du portement de croix ou du moins sur la part que Raphaël a eue dans l'exécution de ce tableau par F. Kugler. 16 George Reperdius par Sotzmann, Ingénieuses conjectures qui tendent à retrouver le peintre G. Roverdino dans ce nom transformé par N. Barbonius, auteur des Nugæ poetica. 17o Unica et non descripta, recherches sur d'anciennes gravures, par Louis Bechstein.

Annuaire de la Société des Antiquaires de France pour 1850.

La Société des Antiquaires de France vient de faire paraître son Annuaire pour l'année 1850. L'abondance et l'importance des matières contenues dans ce volume ont été cause du retard que sa publication a éprouvé. Cet Annuaire est le troisième que publie cette Société, et nous devons dire qu'il rend cette publication plus que jamais digne du bon accueil des archéologues. Outre des notices biographiques sur MM. de Freminville et Rey, par MM. Depping et Cartier, et l'extrait des procès-verbaux des séances de la Société, qu'il contient comme les précédents, nous y remarquons la table analytique des Mémoires de l'Académie celtique, dont la Société des Antiquaires n'est, en quelque sorte, que l'héritièreet la continuatrice, et une nouvelle édition des Itinéraires de la Gaule, donnée avec les variantes des manuscrits, par l'un de nos collaborateurs, M. Léon Renier. Nous devions déjà à ce savant une édition du texte et une traduction de la partie de la géographie de Ptolémée qui traite de la Gaule, lesquelles ont été publiées dans l'Annuaire pour 1848. Ce travail, fait avec non moins de soin et d'intelligence que le précédent, l'emporte de beaucoup en importance et en étendue. Il est accompagné d'un fac-simile des deux premiers segments de la table Théodosienne ou Carte de Peutinger, et de deux tables qui seront d'un singulier secours et d'une grande utilité pratique pour les archéologues : l'une donne, par ordre alphabétique, les noms des lieux mentionnés dans les Itinéraires et dans la table Théodosienne, avec leur synonymie ancienne et l'indication des noms modernes correspondants; l'autre, la liste alphabétique des noms modernes cités dans la table précédente, avec l'indication des noms anciens correspondants.

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