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M. J. Guillou, dans lequel M. Belsky a inséré une traduction française de cet article.

Sous le titre de Peinture d'images (1), le Moskovski sbornikk (Recueil de Moscou) a donné en 1847, la critique d'une publication de M. Snéguireff intitulée : Monuments antiques de Moscou. M. Tchijoff, dans cet article, relève quelques assertions de M. Snéguireff et entre lui-même, à son tour, dans des considérations sur la différence des styles qui caractérisent l'iconographie russe et ses productions. Ces observations critiques, traduites en français par M. Belsky, figurent également dans l'Artiste russe de 1847.

A deux brochures sur la peinture des images saintes, que M. Snéguireff de Moscou et M. Saccharoff de Saint-Pétersbourg viennent récemment de faire paraître, il faut aussi adjoindre l'importante publication exécutée à Moscou, et qui se rattache par tant de points à l'histoire, à l'archéologie et à l'iconographie russes. Grâce à la munificence de S. M. l'Empereur, la collection précieuse d'antiquités nationales, déposée actuellement dans les vastes salles de l'Orouejeinaïa palata, à Moscou, est publiée avec un luxe et une fidélité qui ne laissent rien à désirer (2).

Après avoir constaté cette impulsion vers l'étude d'une branche de l'archéologie si intéressante, non-seulement pour le pays auquel elle se rapporte, mais aussi pour l'Europe en général, il m'a semblé utile de signaler sommairement en quoi consistaient ces recherches, la direction qu'elles prenaient et le développement qu'elles étaient susceptibles d'acquérir. Dans ce but, je vais d'abord rendre compte du premier cahier d'une publication récente de M. Saccharoff, intitulée Recherches sur l'iconographie russe. Dans son introduction, l'auteur annonce qu'il se propose de traiter séparément divers sujets qui, tous, se rapportent à l'iconographie et il en indique quelquesuns, auxquels il se réserve d'en ajouter d'autres au fur et à mesure que le développement de ses idées l'exigera. Parmi ces sujets, je citerai entre autres :

1° Le Podlinnikk, guide ou manuel de la peinture russe des images saintes, ouvrage dont il est aussi question dans la brochure

(1) Ikonopise.

(2) Cette publication intitulée: Antiquités de l'Empire russe (Drevnosti Rossiiskago Kosoudartsva), et dont le nombre de livraisons n'est pas encore fixé, sera accompagnée d'un texte explicatif, Les dessins sont exécutés par M. Sontsoff, artiste du plus grand mérite, et l'impression des planches en lithochromie fait honneur au talent de M. Dreyguer.

de M. Snéguireff. A ce propos, je ferai observer que ce Podlinnikk, loin d'être une traduction du manuel grec publié en France, renferme une infinité de matériaux qui ne se trouvent point dans celuici, ou qui, du moins, n'y figurent que d'une manière extrêmement succincte et trop peu détaillée. Il a été fait beaucoup de copies de ce Podlinnikk, qui n'ont point entre elles une conformité rigoureuse. Car, en général, les nombreuses copies qu'on a faites du Podlinnikk diffèrent presque toutes entre elles; mais ces différences sont légères et ne portent point sur le fond, le plan ni la distribution de l'ouvrage.

2o La biographie des anciens zoographes russes (1), avec l'appréciation de leurs travaux et de l'influence qu'ils ont exercée.

3o La revue des images russes et byzantines, existant en Russie. 4° L'examen de tout ce qui a été écrit sur l'iconographie russe, ainsi que des actes historiques qui se rapportent à cette branche.

5° L'examen des dessins conservés dans les manuscrits. Ce serait un premier pas dans l'étude comparative des deux iconographies, russe et byzantine. On sait déjà que la plupart de ces manuscrits ont été copiés à différentes époques, sur des originaux byzantins, bulgares, ou serbes, depuis le XI jusqu'au XVIIIe siècle.

6° Une appréciation de la partie technique du Podlinnikk, où, comme dans le manuscrit grec du mont Athos, il est traité de la composition des couleurs, de la dorure, de la préparation des murs, etc.

7° L'étude raisonnée des grandes mosaïques byzantines et des fresques qui ont décoré ou qui décorent encore les églises ou les monastères russes.

Puisse M. Saccharoff apporter dans l'examen et l'étude de ces questions le talent d'investigation, l'intelligence et l'instruction qui le distinguent; il travaillera pour la science, et son entreprise sera accueillie avec autant d'intérêt par ses compatriotes que par les étrangers. Je ne puis le suivre aujourd'hui dans l'exposition du plan qu'il propose pour l'établissement d'une école de peinture d'images saintes, car ce sujet m'entraînerait trop loin de mon but. J'ai voulu seulement signaler la voie dans laquelle cet écrivain s'engage, l'encourager de tous mes efforts à publier le texte du Podlinnikk russe, et surtout à noter attentivement toutes les différences qu'il remar

(1) Le mot zoographe est pris par l'auteur russe dans le sens du grec wypάpos, peintre. (ALF. MAURY.)

quera entre les diverses copies de cet ouvrage qui pourraient tomber sous ses yeux.

russe,

Il est encore un point essentiel sur lequel je me permettrai d'appeler l'attention de M. Saccharoff, s'il veut arriver à réunir les matériaux d'une histoire complète de l'iconographie sacrée de la Russie. Ce serait de former une chronographie du costume clérical grécotravail qui lui deviendra facile du reste lorsqu'il s'occupera des recherches auxquelles il annonce qu'il va se livrer. Je l'engage en même temps à joindre à ces matériaux quelques dessins de ces vêtements, dont il doit exister des représentations dans de vieux manuscrits, dans des peintures anciennes et aussi peut-être dans les archives. A la vérité, de pareilles études ne se rattachent que d'une manière indirecte au plan de M. Saccharoff, mais elles n'en sont pas moins importantes pour l'histoire et pour l'art. Ce travail d'ailleurs aurait un attrait piquant de nouveauté, car cette partie de la liturgie. n'a pas encore, que je sache, été explorée en Russie, au point de vue historique et artistique.

vii.

(La suite à un prochain numéro.)

SABATIER.

12

NOTICE

SUR

UNE INSCRIPTION ANTIQUE DÉCOUVERTE A EAUZE

(GERS),

L'ANCIENNE ÉLUSA.

CNITAEGNISFIARROS IVLACNPA FILACAEN CIVLIVSPAVLLVS F TIVLNSSABINVSE

L'inscription des bas temps de l'empire romain que nous publions ici, et qui figurera plus tard parmi celles que se propose de recueillir le Comité des Arts et Monuments (1), est surtout remarquable par le mélange de noms propres gaulois et romains qu'elle présente, circonstance qui, pour ne pas être nouvelle sur les monuments de l'épigraphie gallo-romaine, n'en offre pas moins d'intérêt aux archéologues qui recueillent ces noms indigènes, dont les marbres antiques pyrénéens publiés par mon confrère et ami, M. Alexandre du Mège,

(1) Une commission particulière, dont nous avions l'honneur de faire parlie avait été créée par M. Villemain pour cet objet spécial.

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et plusieurs inscriptions de l'Aquitaine (1), particulièrement de la Novempopulanie éditées par nous, ont déjà fait connaître un nombre assez considérable.

Cette inscription, qui est reproduite en fac-simile dans la gravure ci-jointe, mais avec réduction des trois quarts dans la dimension des lettres, a été découverte, il y a déjà plusieurs années, dans les ruines d'un ancien édifice, à deux mille mètres de la ville moderne d'Eauze (Gers), sur l'emplacement même de la cité gallo-romaine d'Elusa, aujourd'hui le bourg de Ciotat (2). En ces derniers temps, elle faisait partie de la collection d'antiques de feu M. Layral, médecin à Eauze (3). Elle est gravée sur une tablette ou panneau de marbre blanc, d'environ soixante centimètres de longueur sur vingt-cinq centimètres de hauteur; on n'y remarque aucun ornement de sculpture; les lettres en sont parfaitement conservées.

Nous pensons que cette inscription doit être lue et interprétée de la manière suivante :

caius IVLius TARROS Filius TALSCONIS (4)

IVLIA FILia CONDAI (5) Vxor ACCateni (6)
caius IVLIVS PAVLLVS Filius

Tilus IVLIVS SABINVS Filius.

Au premier aspect, il semble évident que ce marbre offrant une série de noms, est tronqué et incomplet, et qu'il y manque le commencement ou la fin de l'inscription, en admettant, du moins, que ces noms sont au nominatif (7).

Néanmoins, le sens serait complet, à la rigueur, si au lieu de Caius Julius...... filius...... à la première ligne, on lisait, Caio

(1) Monuments religieux des Volces-Tectosages, des Garumni et des Convene, ou fragments de l'Archéologie-pyrénéenne, par M. Alexandre du Mège, etc., 1 vol. in 8°. Paris, 1814.

(2) Du mot Civitas. On sait que l'antique Elusa, patrie du célèbre Rufin, consul, patrice, premier ministre sous le grand Théodose et son fils Arcadius, était la métropole civile, militaire et ecclésiastique de la Novempopulanie ou troisième Aquitaine.

(3) M. Layral, dont la perte a été le sujet de vifs regrets de la part de ses concitoyens et des amis de l'antiquité dans la province qu'il habitait, s'était dévoué à la conservation et à l'interprétation intelligente des monuments de sa ville natale; il en avait recueilli un assez grand nombre, et particulièrement des médailles. (4) Talsco ou Talscon, au nominatif.

(5) Condaius au nominatif; Condai est ici pour Condaii.

(6) Accalinus, au même cas.

(7) A l'exception toutefois de Talsconis et d'Accateni, au génitif.

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