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mains desditz prieur et religieux en présence desditz notaires susnommcz........... (1).

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Jean Villain, qui fut aussi prieur de Maraye, mourut le 3 août 1586 (2). Il était né à Bucey-cn-Othe. Son père s'appelait Jacques Villain et sa mère N. Genetz.

Le Primatice ne garda pas son abbaye jusqu'à sa mort, car le siége abbatial vaquait en 1566, et l'illustre architecteabbé ne mourut à Paris qu'en 1570. Il était âgé de 80 ans et avait été comblé d'honneurs et de biens par les rois Francois I, Charles IX et François II, auprès desquels il fut le protecteur des artistes.

Notre but était de ne parler du Primatice que comme abbé de Saint-Martin; nous renvoyons aux ouvrages spéciaux pour l'apprécier comme peintre (3). Nous ne pouvons cependant nous empêcher de donner une idée de son talent en disant que, s'il est plus faible pour le coloris, il égale les plus grands maîtres, les trois Carraches, le Dominiquin, Léonard de Vinci, Le Poussin, Le Sueur, Rembrand, Teniers pour la composition; Albano, Tintoret, Zucchero pour le dessin; Barrochio et Otho Venius pour l'expression (4).

Ses principaux chefs-d'œuvre furent pour le château de Meudon et le palais de Fontainebleau. On lui attribue également les dessins de la partie supérieure de la tour SaintPierre, à Troyes.

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René d'Amoncourt, seigneur de Montigny-sur-Aube, cumulait les honneurs et les bénéfices. Prieur de Sainte-Co

(1) Pièce en parchemin, F. de Saint-Martin-ès-Aires.

(2) Audra, Op. cit., p. 32.

(3) Vasari, Vies des Peintres, t. IX, p. 179.

(4) Vigneul de Marville, Mélanges, t. I, p. 307.

lombe, de Chappes et de Polisy, il fut encore abbé de La Ferté-sur-Grosne et de Saint-Martin-ès-Aires de Troyes. Il avait dû rencontrer plusieurs fois le Primatice à Polisy, et leur liaison expliquerait peut-être une cession du Primatice en faveur de René. Mais celui-ci ne jouit pas longtemps des revenus de Saint-Martin. Il résidait habituellement à La Fertésur-Grosne, et il eut la douleur de voir les hérétiques fondre sur son abbaye, la mettre au pillage, profaner les choses saintes et massacrer les moines qui refusaient de sortir. Ce triste spectacle abrégea ses jours. Il expira le 3 des calendes de mars 1567, et fut enterré à Montigny-sur-Aube; mais sa sépulture ne porte aucune marque distinctive.

René d'Amoncourt portait: de gueules au sautoir d'or.

VACANCE DU SIÈGE ABBATIAL.

Guillaume de Taix, administrateur.

1567-1572.

Lambert Regnier, prieur.

Le Gallia Christiana donne ici le nom de Guillaume de l'Aubespine. Mais, soit que sa nomination n'ait point été agréée à Rome, soit qu'il ait renoncé à ce bénéfice, nous ne voyons pas qu'il en ait jamais pris possession. Le roi pourvut à l'administration de Saint-Martin-ès-Aires en nommant, pour en diriger les affaires temporelles, un chanoine de Saint-Pierre, Guillaume de Taix, avec le titre d'économe et administrateur. En cette qualité, Guillaume passa plusieurs actes, baux et transactions; mais la plus importante affaire de son administration fut une aliénation de biens, nécessitée par les impôts de la guerre. Un indult du pape, publié par le roi au mois d'octobre 1565, permettait au clergé de France de vendre ou aliéner son temporel pour subvenir à ces frais.

L'abbaye de Saint-Martin, taxée à 405 livres, avait réuni la moitié de cette somme par bail emphythéotique d'une maison qui lui appartenait. Pour parfaire le surplus, il fallut recourir à l'aliénation. Les sept religieux qui composaient la communauté, sous la présidence de Guillaume de Taix, vendirent à Claude Clérey, sieur de la Grand-Fouchère, moyennant 202 livres 10 sols, une pièce de pré contenant six quartiers, près le petit Saint-Jacques, et une autre pièce de pré et verger, peuplée en partie d'arbres et d'oseraie, contenant trois quartiers, lieu dit La Châtre. Ils se réservèrent cependant 10 sous de rente foncière sur le verger et trois deniers de censive sur les six quartiers. Le procès-verbal est du 10 février 1569 (1).

Un autre acte de Guillaume de Taix, comme administrateur-député de l'abbaye, porte la date du 22 mars 1570, et concerne une maison située rue de la Corderie (aujourd'hui rue Saint-Vincent-de-Paul).

Pour connaître plus amplement Guillaume de Taix, on peut lire son éloge historique dans l'Almanach de Troyes, année 1786.

Guillaume de Taix portait : d'argent, à deux fasces d'azur, la fasce supérieure chargée d'un petit croissant de gueules.

31. Elion d'Amoncourt.

1572-1575.

Elion d'Amoncourt fut le successeur immédiat de René d'Amoncourt, puisque Guillaume de Taix n'avait qu'un titre provisoire. C'est ce que porte expressément la bulle du pape Grégoire XII, en date du 25 mai 1572, nommant Elion successeur de René et ne laissant par conséquent aucune place à Guillaume de l'Aubespine: sicut accepimus monasterium Sancti Martini in Aeris, diœcesis Trecensis, ordinis Sancti Augustini, cui quondam Renatus d' Amoncourt, ejusdem

(1) Arch. de l'Aube, F. de Saint-Martin-ès-Aires.

monasterii abbas, dum viveret, præsidebat, per obitum ejusdem Renati abbatis, qui extra romanam curiam diem clausit extremum........... vacare (1).

Elion d'Amoncourt, religieux de Saint-Martin-ès-Aires, puis de Cîteaux, possédait l'abbaye de Boulancourt depuis 1549. Il en fit la résignation en même temps qu'il postula la commende de Saint-Martin-ès-Aires. Le pape se rendit à scs désirs, et de plus lui accorda la jouissance de la moitié des fruits de son ancienne abbaye de Boulancourt, en le relevant des censures qu'il aurait pu encourir sans ce privilége exprès (2).

Elion conserva aussi son prieuré de Fouchères qu'il semblait affectionner particulièrement. Bien qu'il résidât à Troyes, il choisit sa sépulture à Fouchères. Ce tombeau est une œuvre d'art, dont on lit la description dans le Voyage archéologique d'Arnaud (3). Nous croyons devoir reproduire cet article intéressant, qui a encore le mérite de faire très-bien connaître le caractère de l'abbé de Saint-Martin:

Dans l'église Notre-Dame de Fouchères, à gauche du chœur, est «< une large fenêtre ogivale divisée par un léger pilastre dorique qui soutient deux pleins-cintres, surmontés d'un cercle remplissant la partie supérieure de l'ogive. Un joli vitrail, le seul qui existe maintenant à Fouchères, décore cette fenêtre. On y a représenté la mort de la Vierge que l'on voit plus haut dans le cercle s'élancer vers le ciel, soutenue par des anges. La figure du donataire est peinte du côté gauche et tournée vers l'Orient, suivant l'usage. Il est à genoux, les mains jointes devant un prie-Dieu, recouvert d'un tapis orné de son blason. Une chape très-riche lui sert d'ornement, et il a la crosse d'or appuyée à l'épaule. Derrière lui est un religieux, saint Benoît, vêtu d'une robe noire et tenant

(1) Arch. de l'Aube, F. de l'Evêché, G. 76, fol. 272 et 234. (2) Arch. de l'Aube, F. de l'Evêché, G. 76, fol 273.

(3) Pages 23 et 24.

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une crosse de chaque main. Quel peut être le premier personnage? Le vitrail lui-même, que l'on fait parler dans une inscription mise au bas, va nous l'apprendre.

« Révérend Père en Diev, frère Elion d'Amocovrt, abbé » des abbays de Saint-Martin de Troyes et de Bovlecovrt, prievr de ce liev de Fovchères m'a fait ici poser et mettre » 1575, pricz Dieu povr les trespassez. »

« Sous le vitrail on voit une jolie chapelle sépulcrale prise dans l'épaisseur du mur et exécutée dans le même temps par les soins de l'abbé Elion. C'est un ordre corinthien soutenu aux angles par deux pilastres ornés d'arabesques, et surmonté d'un attique couronné par des palmettes. La face est divisée en cinq compartiments remplis par un écusson armorié et entourés d'ornements variés. Celui de l'abbé Elion occupe le milieu : il est accompagné de deux branches d'oliviers renversées, avec la crosse adossée. Le tout est peint et doré. Au-dessous, dans trois petits cartouches on lit le nom d'Amoncourt, répété plusieurs fois comme un cri de guerre ou de ralliement. Les autres écussons sont chargés des blasons de ses alliances de famille, et sur un bandeau saillant, qui passe au-dessous, on lit Amoncourt Anglure, Amoncourt Piepape, deux fois répété.

» Les parois de la chapelle sont ornées de petits pilastres d'ordre dorique élevés sur un soubassement où l'on voit encore les armoiries de l'abbé Elion. Dans l'intervalle, il y a des tables cintrées par le haut, décorées d'un cadre à feuille d'eau et dorées. Elles attendaient probablement des inscriptions funéraires qui n'ont point été gravées. Le fond de la chapelle était couvert d'ornements sculptés à plat, imitant les anciennes étoffes, et au milieu était encore l'écusson, plus en grand, du prieur Elion. » Sa tombe en marbre noir, sur laquelle on le voit gravé de grandeur naturelle et avec ses habits pontificaux, sert de pavé à la chapelle. Elle pose sur un soubassement à la hauteur des piédestaux des pilastres placés aux angles du monument. La pierre tumulaire

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