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La rétribution à payer au prieur pour la desserte de Vannes fut fixée à quatre boisseaux (combles) de seigle et quatre boisseaux d'avoine par chaque gros laboureur ayant deux ou plusieurs chevaux ; à deux boisseaux par demi-laboureur et un boisseau des mêmes grains par manouvrier. (Le troisième boisseau de grain fut changé à Troyes et lieux ressortissants par sentence du bailliage, le 26 février 1728.) Enfin, elle devait être payée au chef d'octobre et à tout le moins une fois l'an.

Pendant un siècle, prieurs et paysans se traduisirent réciproquement en justice, soit séculière, soit ecclésiastique, à Troyes et à Sens; on se facha de part et d'autre ; on se remit et l'on se quitta. Enfin, on parut se rapprocher entièrement en 1659, d'après l'offre unanime et juridique de la communauté au prieur Daniel Ryane, de la portion congrue curiale de 200 liv. en argent, pour reprendre les fonctions de la desserte. Le prieur accepta ; mais la desserte fut définitivement abolie en 1666 (1).

Nous avons voulu entrer immédiatement dans tous ces détails pour n'y plus revenir dans le cours de cette histoire. Nous reproduirons ailleurs l'acte de donation de l'église Sainte-Maure à l'abbaye.

En 1192, au monastère même de Saint-Martin, l'évêque de Troyes, Barthélemy ou Haïce de Plancy, confirme les possessions du prieuré de Saint-Quentin, et l'abbé Odon signe avec l'abbé Guitère, de Saint-Loup (2). La même année 1192, sur les instances de l'abbé Odon, l'évêque Barthélemy donne à Saint-Martin la cure de Rouilly, et l'abbé Thibaut de Montiéramey, à qui appartenait la présentation à cette église, donne son consentement (3). Entre

(1) Audra, Mém. sur le prieuré-cure de Sainte-Maure, Bibl. de Troyes, mss. no 2297, p. 153 et 154.

(2) E. Socard, Chartes inédites de Molesme, p. 127.

(3) Arch. de l'Aube, F. de Saint-Martin.

l'an 1193 et l'an 1200, l'évêque Garnier donne à l'abbé Odon et à ses religieux le prieuré-cure de Dosches avec la chapelle de Rosson et les dépendances (1). En 1194, le même prélat confirme les donations faites à Saint-Martinès-Aires par le comte de Brienne, Gauthier II (2). Enfin, pour clore à cette époque la série des donations, le même évêque Garnier de Traînel confirme, la même année, la donation faite à l'abbaye de Saint-Martin, par son prédécesseur, du prieuré-cure de Sainte-Maure (3).

Pour terminer ce qui regarde l'abbé Odon, nous dirons qu'en 1197 il fut témoin dans la charte par laquelle Giraud de Saint-Martin, qui paraît avoir été religieux de SaintMartin, abandonne à titre d'aumône, à la maladrerie des Deux-Eaux, une rente qu'il tirait du moulin de Faissenelle pour un chemin qu'il fournissait à ce moulin. En reconnaissance de ce bienfait, la maladrerie l'admet à la participation de ses prières et lui donne six livres de Provins (4).

Odon était mort avant 1200. La date de son décès n'est marquée que par ces mots : E vivis excessit IV Nonas Octobris (4 Octobre). Il fut inhumé dans la chapelle de Notre-Dame, devant l'autel (5).

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Lambert promit obéissance à l'évêque Garnier de Trainel. En 1178 ou 1179, le comte Henri avait fondé à Troyes un hospice sous le nom de Saint-Abraham, pour les pèle

(1) Voir pièce justificative R.

(2) Pièce justificative S.

(3) Audra, Mém. sur le prieuré-cure de Sainte-Maure, ad calcem, et pièce justificative T.

(4) Notice sur la léproserie des Deux-Eaux, p. 110.

(5) Gall. Christ., XII, 581.

rins de Jérusalem et les orphelins qui se destinaient à ce voyage. Selon l'usage du temps, l'administration en fut donnée à des religieux Augustins. L'abbé Lambert nous apprend que c'est à sa communauté que Thibaut confia l'hospice de Saint-Abraham, se réservant toutefois le droit de le lui retirer, quand il le voudrait. L'acte en est de février 1200 (1201) (1).

En 1201, Lambert souscrivit un arrangement fait l'année précédente avec le couvent de Montiéramey (2). Sa mort est marquée au 7 des Calendes d'Octobre, dans le nécrologe de Saint-Loup, mais nous en ignorons l'année (3).

C'est vers l'an 1205 qu'un religieux de Saint-Martin, nommé Pierre, aumônier de l'évêque Garnier de Traînel, écrivit une lettre sur une relique de saint Victor. Il y rapporte que jadis l'empereur Jean Comnène avait obtenu de l'évêque de Marseille une partie du chef de saint Victor, et que, pour conserver un trésor si précieux, il avait construit une église et un monastère à Constantinople. Mais quand les Français s'emparèrent de cette ville, en 1204, l'évêque de Troyes, Garnier de Traînel, prit la relique et la donna à son aumônier Pierre, l'auteur même de la relation. Celui-ci la remit à l'archevêque de Sens, qui en garda une portion et fit présent de l'autre aux Victorins de Paris. On trouve la lettre de Pierre dans les Mémoires pour l'histoire ecclésiastique (4).

Peut-être ce même Pierre est-il aussi le traducteur de l'histoire scholastique de Comestor, sous le titre de La Bible historiaux ou Les Histoires écolastres (5). Peut-être en

(1) Bibl. nat., ancien fonds latin 5992, fol. 84, et 5993, fol. 161, 191. -Bibl. de Troyes, cop. du cart. n° 22, p. 89, 112, et pièce justif. U. (2) Voir pièce justificative V.

(3) Gall. Christ. XII, col. 581.

(4) Tome IV, p. 553.

(5) Hist. litter. de la France, t. XVI, p. 592,

core ce chanoine régulier est-il le même que l'abbé qui succéda à Lambert et dont nous allons parler.

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Une charte de Saint-Etienne, en 1207, nous apprend que Pierre Ir administrait alors l'abbaye de Saint-Martin. Il venait sans doute d'être élu, car l'année suivante, il fut accusé de simonie par quelques chanoines; mais le pape Innocent III le déclara non coupable, le 1er septembre 1208.

L'année suivante, il fit un accord avec Larrivour (1); puis son nom n'est plus trouvé qu'en 1213 dans une charte de l'évêque Hervée, et en 1215 dans deux autres pièces du mois d'avril et de mai, où l'abbé Pierre et le chapitre de SaintMartin déclarent que l'approbation donnée par la comtesse Blanche à une cession de serfs, faite à eux par l'abbaye de Chantemerle, ne portera pas préjudice pour l'avenir aux droits des comtes de Champagne sur les serfs de l'abbaye de Chantemerle, qui viennent demeurer en deça de la Seine (2).

C'est sous le gouvernement de Pierre Ier que l'abbaye de Saint-Martin fut reconnue par le pape Innocent III, soumise à l'autorité de l'évêque Hervée et de ses successeurs (3).

'Pierre vivait encore en 1222, comme en font foi les chartes de Saint-Pierre de cette année et de 1220. Il mourut le 20 octobre, et fut inhumé dans le chapitre sous une petite tombe (4).

(1) Voir pièce justificative X.

(2) Bibl. nat., no 5992, fol. 85, et 5993, fol. 192.- Bibl. de Troyes, no 22, p. 112-113.- Cousinet, Op cit., vol. III, fol. 78.- Pièce justificative V.

(3) Gall. Christ., XII, Inst. col. 286-287.- Archives de l'Aube G, 22. F. de l'évêché.

(4) Gall. Christ., XII, col. 581, 582.

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Les faits à signaler sous l'administration de Jean de Boulages ne sont pas nombreux. En 1230, cet abbé reconnaissait par une charte que le prieur de Neuvy devait payer chaque année, le lendemain de la Toussaint, à celui de Nogent-en-Othe, trois setiers de froment, à la mesure de Saint Florentin (2). L'année suivante, Gauthier, archevêque de Sens, confirmait par une autre charte la décision du couvent de Saint-Martin-ès-Aires au sujet de cette dette. C'està-dire que, si le prieuré de Neuvy, qui lui appartenait, refusait le paiement, il subirait, chaque jour de retard, une amende de 5 sous de Provins, jusqu'à concurrence de 40 sous, somme qui ne pourra être dépassée (3).

La même année 1231, Jean de Boulages faisait un accord avec Larrivour (4). Il mourut le 31 mars, mais nous ignorons l'année.

C'est sans doute après la mort de Jean de Boulages que l'abbaye de Saint-Martin-ès-Aires fut gouvernée par des religieux du Val-des-Ecoliers, envoyés à Troyes par le roi Saint-Louis (5). Ces chanoines réguliers avaient été fondés

(1) Une note, rédigée au XVIIIe siècle, sur quelques abbés de SaintMartin, donne à celui-ci le nom de Johannes de Villafontana. L'autorité de ce document n'étant pas justifiée, nous avons mieux aimé suivre les listes ordinaires. D'ailleurs, cet abbé est cité après Raoul, et serait plutôt le même que Jean VI.

(2) Archives de la Côte-d'Or, 2e cart. de Molême, apud. E. Socard, Chartes inéd. du Cart. de Mol., p. 161-162.- Copie, Arch. de l'Aube, F. de Saint-Martin-ès-Aires.

(3) Ibidem, p. 163-164, et copie, Arch. de l'Aube, F. de SaintMartin-ès-Aires.

(4) Voir pièce justificative Z.

(5) Courtalon, Topogr. hist. du diocèse de Troyes, t. II, p. 269.

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