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PLAN DE L'EGLISE ET DU CLOITRE
de Saint-Martin-es Aires, avant la Révolution

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A la fin du xvr® siècle, les bâtiments claustraux tombaient en ruines. L'abbé Thévignon les fit réparer, en éleva de nouveaux; mais la mort ne lui permit pas d'accomplir tous ses projets. Daniel Ryane, vicaire de l'abbé Gilbert de Choiseul, continua plus tard l'œuvre commencée. Comme l'abbaye était presque entièrement construite en bois, il résolut d'employer la pierre. Un bail de la Perrière de SainteMaure, passé par André Cauchon, prieur de cette église et trésorier de l'abbaye, avait prévu ce cas de nécessité. On y avait réservé autant de pierres qu'il en fallait pour la reconstruction des bâtiments. Ce genre de matériaux ne coûta donc rien à l'abbaye (1).

C'est en 1656 surtout que les travaux étaient en pleine activité. Quand le P. E. Viard fit la visite de l'abbaye, le 3 avril 1664, le bâtiment neuf était déjà fort avancé, et le dortoir, en particulier, était presque logeable. Le tout ne fut terminé qu'en 1759 par le prieur Raulin. D'après un devis dressé en 1722, les dépenses de l'abbatiale s'élevèrent à 6,586 liv., celle du couvent à 4,103 liv., sans y comprendre 550 liv. pour la maison du porche et 639 liv. pour la trésorerie.

Parmi les artistes qui, dans le cours de ces travaux, contri

(1) Voir Audra, mss. cit.

Y. XXXIX.

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buèrent à la restauration de l'abbaye, nous devons citer Nicolas Du Barry, maître charpentier, et Gérard Faulchot (1).

Il ne reste plus des constructions de 1656 que les bâtiments claustraux établis sur un plan carré. Voici la description qu'en fait un savant archéologue avec une admirable précision :

« Au rez-de-chaussée, se déploie une galerie en plein cintre, dont chaque jambage est décoré d'un pilastre saillant à fronton cintré. A l'étage est tracé un lambris sur lequel reposent les lambris des fenêtres. Ce lambris, les cadres des fenêtres et les chaînages qui séparent les ouvertures sont garnis de bossages.

» Dans la galerie est une succession de voûtes d'arête à nervure en prisme avec rosaces aux rencontres et appuis de retombée en console. Les portes, qui débouchent sous les voûtes de la galerie, sont à frontons cintrés et à échancrures sur entablements et pilastres.

>> Il reste une jolie salle du xv° siècle dans le bâtiment affecté à l'aumônier.

» Dans les parties anciennes du couvent du Sacré-Cœur, on voit encore quelques fragments d'architecture du commencement du xvII° siècle (2). »

Le portail, qui séparait le parvis de l'église de la cour abbatiale, mérite aussi d'être remarqué. Il fut élevé par l'abbé Gilbert de Choiseul.

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La chapelle primitive de l'abbaye de Saint-Martin fut, croit-on, le premier monument élevé dans la ville de Troyes en l'honneur de la Mère de Dieu. On pense assez généralement que ce fut saint Loup qui le construisit pour y offrir sur l'autel de son cœur l'odorant parfum de ses prières : Lupus,

(1) Mém. de l'Académ. de l'Aube.

(2) Aufauvre, Troyes et ses environs, p. 205.

Trecensis antistes, .... ut preces suas tanquam cordis sui sacrificium Deo immolaret, sacellum quoddam extra civitatis muros in honorem B. Mariæ construxit (1). Cet oratoire, discret témoin de sa ferveur, devint bientôt le dépositaire de ses dépouilles mortelles. Saint Loup y fut inhumé, et les miracles que Dieu opéra par son intercession devinrent si célèbres que l'Oratoire de Notre-Dame prit le nom de l'évêque troyen et fut choisi par les princes pour recevoir leurs serments solennels (2).

A l'approche des hordes normandes, on mit en sûreté les précieuses reliques du saint on craignait à bon droit que ces barbares ne les profanassent sans scrupule et n'en jetassent les cendres au vent. Le monastère disparut dans les flammes; mais la chapelle fut épargnée. Les religieux de Saint-Loup choisirent alors parmi eux quatre prêtres pour la desservir. C'est à cette époque que la chapelle, comme l'abbaye, abandonna son nom primitif pour le laisser au nouvel établissement de la Cité, et qu'elle adopta celui du grand évêque de Tours, dont elle possédait une relique insigne.

Il est difficile de suivre les développements successifs de cette église les premiers documents font défaut. Ce qui est certain, c'est qu'elle s'agrandit considérablement. L'abbé Thévignon y fit faire des restaurations et des embellissements; le P. Villain y consacra à son tour une partie de ses revenus. Les armoiries de ce dernier figuraient sur l'aigle du chœur, dont nous avons donné la description (3), et au bas de toutes les statues de la nef qu'il fit sculpter en 1580 par un élève de Gentil. Grosley, qui les a vues, dit qu'elles n'avaient ni la légèreté, ni la correction des ouvrages du maître (4).

L'entrée du chœur était ornée d'un juhé, détruit en 1760

(1) Cousinet, vol. I, Bibl. de Troyes, mss. no 2283.

(2) Voir pages 12 et 13.

(3) Voir p. 68.

(4) Grosley, Ephémérides, t. II, p. 198.

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