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très minces formant seulement des lignes ondulées, peu sinueuses, caractérisent l'Elephas primigenius, espèce qui se rapproche de l'Eléphant qui vit aujourd'hui en Asie.

L'Elephas antiquus est caractérisé par des dents plus rétrécies que celles de l'espèce précédente, ce qui leur donne un aspect plus allongé. Les lames plus grosses et moins nombreuses que celles de la dent du Mammouth (Elephas primigenus) sont pourtant moins épaisses que celles de l'Elephas meridionalis, le cordon d'émail est aussi plus large que celui du premier de ces éléphants et moins large que celui du second. Il forme des sinuosités au lieu de présenter un ruban; il a une tendance à prendre la forme de losange qui est caractéristique de l'Eléphant d'Afrique.

L'Elephas meridionalis est caractérisé par l'épaisseur générale de ses dents, la grosseur des lames, l'épaisseur du cordon d'émail et surtout l'irrégularité de ses sinuosités. (1)

Les dents d'Eléphants dont nous avons à parler dans cette première note proviennent de dragages en mer, du vallon de Ste-Adresse, de St-Aubin-Jouxte-Boulleng et des environs d'Elbeuf.

En 1885, le patron d'un bateau de pêche de Villervillè m'apporta au Muséum une belle molaire d'éléphant qu'il avait recueillie au fond de la mer, d'où elle avait été ramenée par le chalut, au large de Cauville, à la distance d'environ 3 milles au large.

Cette dent, bien qu'elle soit brisée en arrière, mesure encore 29 centimètres de longueur, sa plus grande largeur en arrière est de 8 centimètres, à la base des lames; la partie la plus large de la lame antérieure qui est près de la couronne est de 7 centimètres.

Les lamelles qui composent cette dent sont au nombre de 17, mais nous le répétons, l'échantillon est incomplet.

Les dents d'éléphants fossiles trouvées jusqu'ici dans notre région proviennent des dépôts quaternaires; elles sont quelquefois très fragiles et tombent en poussière au contact de l'air.

La dent que nous décrivons ici est dure, solide, d'une couleur brune qui rappelle celle des ossements qui ont longtemps séjourné dans la tourbe. La surface est couverte en partie par des sécrétions d'animaux marins modernes, tubes de serpules, cellules de bryozoaires (Membranipora pilosa).

(1) Voyez Musée Préhistorique, par Gabriel et Adrien de Mortillet, pl. XV.

Etant donnée la connaissance de l'endroit où cette molaire d'éléphant a été trouvée, a été draguée par le chalut, il est assez difficile d'en indiquer la provenance originaire avec une précision indiscutable; cependant nous croyons pouvoir dire qu'elle provient du terrain quaternaire de la vallée de Cauville qui, autrefois, avant le recul de la falaise rongée par la mer, devait s'étendre beaucoup plus loin, jusqu'à l'endroit où a été recueillie la dent. On admet généralement qu'à Cauville la falaise recule devant les attaques de la mer de om25 centimètres par an ; il y aurait donc près de 20 mille ans que cette dent serait éboulée à la mer avec le dépôt quaternaire qui formait terrasse des deux côtés de la vallée de Cauville prolongée jusqu'au niveau de la mer (1).

Cette découverte n'est pas isolée; nous avons appris récemment que M. Noury, fondateur du Musée d'Histoire naturelle d'Elbeuf, avait acheté, à Etretat, une dent molaire d'éléphant (Elephas primigenius) draguée au large de St-Jouin. Cette dent est de même taille que celle dont nous venons de parler, de même couleur brune, et aussi couverte de tubes de serpules et de bryozoaires (1). II. — Dents d'Elephas primigenius trouvées à Sainte-Adresse.

Pl. II. Pl. III, fig. 1.

Nous avons vu, il y a une vingtaine d'années, une dent d'éléphant fossile, probablement d'Elephas primigenius dans la collection d'un douanier de Ste-Adresse, nommé Flambart, qui avait été le porte carnier de Lesueur ; cette dent avait été trouvée lors de la fondation des bains Fouâche, à l'emplacement aujourd'hui occupé par l'amorce du Boulevard Maritime.

Une autre dent appartenant à un animal de même espèce faisait partie de la collection géologique de M. Joseph Foc, vendue à M. d'Orbigny pour le Muséum de Paris. Cette dent avait été trouvée à l'entrée du vallon de Ste-Adresse, près de la mer.

Une nouvelle découverte de molaire d'éléphant (Elephas primigenius) a été faite dans la vallée de Ste-Adresse, dans les fouilles pratiquées dans la propriété de M. Masquelier. Cette dernière dent a été recueillie par M. Alleaume, ancien maire de Ste-Adresse, elle fait partie de sa collection de fossiles de la Hève.

M. Alleaume, avec une obligeance dont nous tenons à le remercier ici, a bien voulu nous communiquer cette pièce, pour en prendre un moulage destiné au Muséum du Havre.

(1) Voyez la dent draguée au large de Cauville, pl. 111, fig. 2.

La dent molaire de Ste-Adresse est incomplète, il manque en avant un certain nombre de lamelles. La longueur totale d'avant en arrière est de om20 centimètres. La plus longue lamelle qui est la treizième, en comptant d'arrière en avant, mesure 020 centimètres de longueur.

Le nombre total des lamelles est de 19, mais nous l'avons dit, il en manque un certain nombre en avant.

En même temps, et dans le même endroit on a trouvé une autre partie de dent, figurée pl. III. fig. 1.

M. A. Noury, notre collègue à la Société Géologique de Normandie, a bien voulu nous prêter son précieux concours pour figurer la dent molaire d'éléphant trouvée à Sainte-Adresse. Voyez pl. II.

III.

Dents d'Eléphant (Elephas primigenius) et défenses trouvées à Rouen, à Elbeuf et au Trait.

A l'exposition organisée par la Société géologique de Normandie en 1877, lors du Congrès de l'Association française pour l'avancement des sciences, figuraient dans les collections de MM. Bucaille et Noury, des dents molaires d'éléphant trouvées aux environs de Rouen et d'Elbeuf.

Ces dents ont été étudiées par M. le docteur Hamy, et signalées par lui dans les Notes d'Anthropologie qu'il a publiées dans le compte rendu de l'Exposition géologique et paléontologique du Havre (1). Elles appartenaient à l'Elephas primigenius, et avaient été recueillies dans les bas niveaux d'Oissel et de Saint-Aubin-JouxteBoulleng. Dans la même note, M. le docteur Hamy signale une apophyse épineuse d'Elephas primigenius.

La même espèce a encore été signalée dans la Vallée de l'Epte par M. Lerefait, associée à des silex taillés par l'homme, dans la ballastière d'Amécourt (Eure), sur la rive droite de l'Epte.

Près d'Elbeuf, à la côte de Neubourg, chemin d'Orléans, M. Noury a recueilli deux fragments de défenses d'Elephas, dont nous donnons le dessin, pl. IV, fig. 1-2.

Le même naturaliste a trouvé dans la carrière Lecalier, à Martot, deux molaires et deux défenses d'éléphant placées les unes près des autres, comme l'indique la pl. V, fig. 1, 2, 3, 4; la planche VI reproduit les molaires grandeur naturelle).

(1) Voyez Bulletin de la Société Géologique de Normandie, t. VI, p. 791.

M. Bucaille, président de la Société des Amis des Sciences de Rouen, a bien voulu nous communiquer plusieurs dents d'éléphant provenant de sa collection, en nous autorisant à les faire figurer. Voici d'après les déterminations de M. Gaudry, professeur au Muséum de Paris, les désignations des dents d'éléphant de la collection Bucaille :

1° Une molaire d'un jeune Elephas primigenius trouvée dans le limon quaternaire qui recouvre les graviers et galets à Oissel, dans la ballastière du chemin de fer de l'Ouest, pl. VII, fig. 3;

2o Dent d'Elephas primigenius qui se rapproche de l'Elephas antiquus. Cette dent a été recueillie au Trait dans le quaternaire (tranchée du chemin de fer près l'Eglise, à une altitude de 33 mètres au-dessus du niveau de la Seine, pl. VII, fig. 2 (1).

La figure 1, même planche, représente une molaire d'Elephas Sp.? recueillie à Saint-Aubin-Jouxte-Boulleng, dans le quaternaire, par M. Bucaille).

(1) Deux dents semblables avaient été trouvées, la seconde a disparu, elle sert probablement à décorer les dessus de quelque cheminée.

NOTE

SUR LE

FULLER'S EARTH ROCK (VÉSULIEN AUCTORUM) DE PORT-EN-BESSIN (CALVADOS).

PAR J. SKRODZKI.

Le calcaire marneux de Port-en-Bessin, le sous étage le moins étudié de ceux que renferme le département du Calvados, repréréuni au calcaire de Caen - le Fuller's earth rock des anglais qui, du reste, n'est que la continuation de ces couches.

sente

L'excessive dureté des bancs calcaires inférieurs, la rareté des fossiles que renferme la marne, principalement aux environs d'Arromanches-les-Bains, où elle atteint son maximum de puissance, le mauvais état de conservation des spécimens par rapport à ceux des couches liasiques et bajociennes, ont peut-être été cause que les géologues, attirés par l'abondance des échantillons de choix des gisements voisins, aient négligé l'étude du Fuller's earth de Port-en-Bessin, malgré tout l'intérêt qu'il présente.

Il est d'autant plus urgent de s'occuper sérieusement de l'étude de ce niveau que les déblais provenant des travaux de creusement de l'arrière bassin tendent à recouvrir les bancs calcaires inférieurs qui se trouvent tout proche du village de Port-en-Bessin (1), lorsque l'on se dirige, à marée basse, vers Arromanches-les-Bains, et rendront impossible, dans un temps fort rapproché, l'examen de ces couches si curieuses, tangibles, pour ainsi dire, en ce seul endroit.

Grâce au glissement d'un énorme bloc de bajocien supérieur qui, entre Ste-Honorine-des-Pertes et la chapelle St-Siméon, proche Colleville-sur-Mer, avait entraîné avec lui, dans sa chute, les premières strates du calcaire marneux, nous avons eu l'heureuse chance de pouvoir prendre une seconde coupe du terrain dans un endroit où les différents bancs, d'une horizontalité relativement parfaite, n'étaient pas fracturés par ces fissures si nombreuses dans le voisinage des failles, et assez éloigné de l'endroit où nous avons

(1) Septembre 1886.

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