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Les dépendances des anciens évêchés étaient souvent considérables et comprenaient des magasins, des salles voûtées comme celles des abbayes (V. la figure, p. 82), des bâtiments pour l'Officialité, des prisons, des prétoires, etc., etc.

Les maisons canoniales offraient le même caractère que les maisons privées de l'époque, seulement elles étaient souvent construites avec plus de soin et sur de belles

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caves voûtées. Habituellement

elles étaient séparées de la ca

thédrale par un cloître (Arles, mu Fréjus, Laon, Noyon, Angers,

etc., etc.).

Les évêchés ont toujours offert, au XIIe siècle, une architecture remarquable; malheureusement ils ont été presque tous reconstruits dans le style moderne: il y en a bien peu qui offrent des parties du XIIe siècle; quelques-uns pourtant méritent l'attention, notamment celui de Beauvais qui est de plusieurs époques ; la partie qui appartient au XIIe siècle est au fond de la cour, et l'on y voit une tour cylindrique décorée de moulures.

Cette partie romane de l'évêché de Beauvais repose sur des murailles romaines qui faisaient partie de l'enceinte fortifiée de la cité. La tour, dont je présente l'image, était séparée d'une autre tour semblable, par un corps-delogis dans lequel on voit encore des arcades romanes bouchées, mais dont la partie supérieure a été remaniée.

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L'évêché d'Angers conserve encore unebelle salle du XIIe siècle, décorée de fenêtres et d'arcatures romanes, qui vient d'être restaurée avec intelligence et qui repose sur d'autres salles voûtées. Cette belle pièce s'appuie sur le transept nord de la cathédrale.

A Bayeux, des vestiges d'architecture romane se trouvent encore

dans la partie de l'évêché qui, comme à Angers, correspondait au transept nord de l'église cathédrale.

Il existe dans l'évêché d'Auxerre quelques parties du XIIe siècle assez remarquables, notamment une belle galerie romane dont voici le dessin. Cette galerie aurait été bâtie par saint Hugues de Montaigu, trente-troisième évêque d'Auxerre, qui occupa ce siége épiscopal depuis l'an 1115 jusqu'en l'an 1136. L'appareil est d'une grande beauté et d'une régularité presque parfaite.

Nous donnons réunis

le plan, la coupe et l'élévation de cette galerie qui vient d'être

sur

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V. Petit del.

montée d'un bâtiment imitant le style de la fin du XIIe siècle. On remarquera que les colonnettes sont alternativement deux et une, comme dans quelques cloîtres du même temps.

Les chapitres des cathédrales avaient des magasins pour recueillir leurs redevances en nature. Le grand magasin, de la fin du XIIe siècle, que l'on voit à Chartres au nord de la cathédrale, a été décrit il y a longtemps dans le Bulletin monumental. Il paraît que le chapitre avait une juridiction attachée à cet édifice. D'autres cathédrales en ont eu de semblables.

Evêché de Mende. La partie de l'ancien évêché, aujourd'hui la préfecture, qui longe une des rues voisines de la cathédrale, à Mende, est une construction très-imposante qui peut remonter à la fin du XIIe siècle; à moins que le retard dans l'abandon du style roman, au centre de la France, ne doive la faire rapporter au commencement du XIII. Elle est divisée en dix travées par des contreforts plats, reliés les uns aux autres par des arcatures au-dessus du deuxième étage et surmontées d'un attique dont l'entablement est garni de crosses tronquées faisant l'office de modillons, genre de corniche trèsfréquent en Bourgogne et ailleurs, aux XIIe et XIIIe siècles.

Des boutiques ont été établies tout le long de la rue, au rez-dechaussée ; mais tout porte à croire qu'elles n'existaient pas dans l'origine: aussi les a-t-on supprimées dans le dessin que je présente, p. 86. Le rez-de-chaussée du bâtiment est voûté en ogive, d'une extrémité à l'autre. Les ouvertures carrées que l'on voit dans le dessin correspondent à la partie supérieure de chaque travée, et donnent du jour aux espèces d'entre-sols établis au-dessus de la plupart des boutiques. C'est en montant dans ces entre-sols que l'on peut observer partout les belles voûtes ogivales qui existent.

L'étage qui surmonte ces voûtes était vraisemblablement percé de fenêtres, de dimension et de formes pareilles à celles qui sont indiquées dans mon dessin. On ne les voit plus maintenant, parce que l'appareil a été recrépi de chaux à plusieurs reprises, et qu'on ne distingue plus rien ; mais j'ai la conviction qu'elles ont existé et qu'on les retrouverait sous le mortier: on en voit, en effet, de semblables dans les constructions de même époque qui existent au sud de la cathédrale et qui bordaient l'ancien cloître des chanoines.

Les deux travées de l'extrémité orientale du grand mur de l'évêché sont plus larges que les huit autres; les contreforts sont reliés par trois arcatures, au lieu de deux : la grande porte par laquelle on pénétrait,

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de ce côté, dans l'enceinte épiscopale, s'ouvre dans la dernière

travée.

Je pourrais citer beaucoup d'autres constructions qui, dans quelques évêchés, remontent au XIIe siècle, mais ce ne sont là que des débris. Il est très-difficile de rétablir le plan des palais épiscopaux du XIIe siècle on peut affirmer seulement que les bâtiments qui les composaient étaient disposés autour d'une cour, de manière à former un carré plus ou moins régulier; et que des arcades ou galeries couvertes servaient quelquefois, comme celles des cloîtres, à circuler à couvert et à communiquer d'une pièce à l'autre.

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Edifices publics.

HALLES. Deux sortes de halles me paraissent avoir existé dès le XIIe siècle : les premières ressemblaient aux granges des abbayes; c'étaient de vastes bâtiments en forme de parallelogramme dont la charpente, fort large et très-élevée, couvrait tout l'édifice. Des poteaux en bois, quelquefois des colonnes en pierre, divisaient, comme dans les granges, l'intérieur en trois nefs.

Les marchandises exposées en vente (grains, viandes, étoffes, objets d'industries diverses) se groupaient dans les diverses parties qui leur étaient assignées. Ces bâtiments étaient habituellement sur des places, isolés de tous côtés et percés de plusieurs issues pour la circulation.

Les secondes se composaient d'une galerie ou appentis le long d'une enceinte de murailles avec une place au centre; quelques-unes de ces places étaient fermées comme des cloîtres et l'on y entrait par des portes. Les plus grands marchés de ce genre réunissaient les deux systèmes, c'est-à-dire qu'ils offraient des hangars adossés à des murs tout autour de la place, et, au centre, des bâtiments couverts comme les halles dont j'ai parlé plus haut.

Henri II, roi d'Angleterre, avait fait construire des halles dans plusieurs villes de son royaume, mais aucune, que je sache, n'a subsisté jusqu'à nous. D'après la relation que fait Joinville d'une fête qui eut lieu à Saumur, le 24 juin 1241, pendant le séjour de saint Louis dans cette ville, et du banquet royal qui se tint sous des halles construites par Henri II, nous pouvons nous faire une idée de ce monument et de ses dimensions considérables.

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