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A

Cheminées.

l'extérieur, les cheminées des XIe et XIIe siècles étaient presque

toujours cylindriques, plus ou moins élevées, souvent rétrécies vers leur sommet, n'y présentant qu'une ouverture très-étroite; quel

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ques-unes même n'avaient pas d'orifice au haut du conduit, et la fumée ne pouvait s'échapper que par des trous pratiqués latéralement ou dans le toit de ces petites pyramides en pierre, qui alors ressemblaient plus ou moins à des clochetons.

Parmi ces dernières, on peut citer la cheminée de Quinéville (déparlement de la Manche) figurée dans mon Cours d'antiquités, pl. LXXXIV, n° 10; celle de la Maîtrise, près du cloître de Notre-Dame

du Puy, et quelques autres. L'intérieur des cheminées est en général disposé comme le montre le dessin qui suit, que je dois à M. de

Intérieur d'une cheminée du XIIe siècle, à l'hospice de Fougères.

La Garenne, de Fougères : c'est une cavité conique pyramidale dans laquelle s'engage la fumée, et terminée par une ouverture cylindrique.

Le manteau de la cheminée, à l'intérieur des appartements, était

quelquefois décoré de moulures, supporté par des colonnes; des pilastres ou des encorbellements, tantôt droit, tantôt en arc surbaissé. Je citerai pour exemple la belle cheminée, du XIIe siècle, dessinée par M. Léo Drouyn dans une maison de La Réole (Gironde).

L'ouverture de cette cheminée a 2 mètres 13 centimètres de largeur sur 1 mètre 80 de hauteur. Le manteau, convexe et d'une seule pierre, a 0 mètre 80 centimètres de hauteur. Il est orné de pleinscintres qui, s'entrecroisant, forment onze arcs ogivaux; dans celui du milieu est sculptée une tête d'homme. Ce manteau est soutenu par deux

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consoles très-saillantes, divisées elles-mêmes en deux consoles en retrait.

Elles sont couvertes de figures.

Consoles de la cheminée de La Réole

C'est à droite, 1re console, une harpie à corps d'oiseau, pieds armés de griffes, long cou surmonté d'une magnifique tête de femme (V. la page 41); 2o console, un enroulement ayant au centre une tige supportant une jolie tête humaine; à gauche, 1re console, un dragon sans ailes, à queue recroquevillée, à pieds armés de griffes et à tête de serpent; 2 console, une superbe tête de jeune homme entourée d'enroulements.

Au-dessus du manteau est un cordon, puis le corps de la cheminée monte en se rétrécissant jusqu'à la corniche qui supporte les poutres; la salle était entourée d'un banc de pierre.

On pourrait citer bien d'autres exemples intéressants de cheminées du XIIe siècle. J'ai figuré, pl. LXIX de mon Cours d'antiquités, no 8, la cheminée du château de Chamboy (Orne), dont le manteau droit, pyramidal, porté sur des colonnettes, est orné de moulures en losanges ou réticulées.

Il y a des cheminées, notamment celle de la Maîtrise de la cathédrale du Puy, que je citais tout à l'heure, dont le manteau est circulaire et forme une saillie conique et cylindrique dans l'appartement. Le foyer affecte la même forme, de manière à compléter le plan circulaire.

Ce fut au XIe et au XIIe siècle surtout que les cheminées se multiplièrent alors on dut abandonner complètement l'usage des hypocaustes que les constructions romaines avaient transmis au moyen-âge.

DAN

DISPOSITIONS GÉNÉRALES.

ANS les constructions civiles d'une certaine importance, le rez-de chaussée était souvent voûté en pierre et servait habituellement de magasin ou de logement pour les personnes attachées au service de la maison ; les plus belles pièces se trouvaient au-dessus de ce soubassement (1); les grands appartements étaient divisés intérieurement par des colonnes et des arcades supportant le plancher.

Des peintures décoraient les murs et rehaussaient quelquefois l'effet des moulures.

(1) On pourrait néanmoins citer des exceptions à cette disposition des grands bâtiments.

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