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leurs analogies ou leurs dissemblances dans les différents siècles; et, conséquemment, ils n'avaient pu tirer aucune induction sur la marche de l'art, ni établir aucune classification chronologique.

Esquisser l'histoire de l'architecture civile et de l'architecture militaire du moyen-âge, c'était, comme on le voit, un sujet vaste et complétement neuf. Cette étude présentait d'autant plus de difficultés que les constructions civiles anciennes sont clairsemées, le plus souvent incomplètes et plus ou moins défigurées.

D'autre part, les châteaux ont été les uns rasés ou déman. telés, d'autres dénaturés par des constructions nouvelles. Il faut aller chercher ceux qui ont conservé quelque caractère dans des lieux stériles, au milieu des bois et sur des éminences que l'homme s'est hâté d'abandonner dès que la civilisation lui permis de vivre avec sécurité dans des demeures moins sévères et plus commodes.

Ces difficultés, quoique considérables, n'avaient pas rebuté M. de Caumont, et ses leçons de 1830 offrirent pour l'architecture civile et pour l'architecture militaire, un système de classification aussi juste que celui qu'il avait proposé pour l'architecture religieuse. Après avoir subi l'épreuve de trente-huit années en France et à l'étranger, ce système a été reconnu bon partout. Il ne pouvait en être autrement, parce qu'il repose sur des faits observés par l'auteur lui-même sur un grand nombre de points différents.

L'Abécédaire d'archéologie (architectures civile et militaire) qui donna, en 1853, un résumé de la 5o. partie du Cours d'antiquités, devait avoir le même succès que l'Abécédaire d'ar

chéologie (architecture religieuse), puisqu'il présentait aussi un abrégé substantiel, illustré d'une multitude de figures. Deux éditions tirées à grand nombre ont été épuisées en quelques années. Il nous faut en publier une troisième dans laquelle l'auteur a introduit de nouvelles planches et d'utiles améliorations. C'est cette édition, impatiemment attendue, que nous présentons, persuadé qu'elle ne sera pas moins bien accueillie que les précédentes.

L'Éditeur,

LE BLANC-HARDEL,

Membre de la Société française d'archéologie.

CE QU'ON ENTEND PAR ARCHITECTURÈ CIVILE

DU MOYEN-AGE.

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"Our édifice non consacré au culte, comme les églises ou les chapelles, et qui n'est point destiné à la défense, comme les chateaux, appartient, d'après ma division, à l'architecture civile.

Ainsi, les maisons claustrales des abbayes, les hôpitaux, les palais, les halles, les ponts, les hôtels-de-ville, et enfin les maisons particulières, viennent se ranger dans la classe des constructions civiles.

Ces constructions, dans lesquelles on peut suivre les progrès de la civilisation, du commerce et de l'industrie durant le moyen-âge, offriraient un sujet d'études infiniment attrayant, si nous en possédions un grand nombre passablement conservées de divers siècles.

« Dans l'histoire des mœurs des nations, dit Hallam, le chapitre « consacré à l'architecture domestique serait, sans contredit, s'il était « bien exécuté, celui qui ferait le mieux connaître les progrès de la vie sociale. Dans les habillements, dans les plaisirs, les modes tiennent « en général au caprice, et ne sont point susceptibles d'être ramenées « à des règles certaines; mais chaque changement dans les habitations ⚫ des hommes, depuis la hutte des bois la plus grossière, jusqu'au palais le plus magnifique, a été dicté par quelque principe de « convenance, d'agrément, de commodité ou de magnificence (1). » Malheureusement, ce champ de recherches si intéressant a été bien moins exploré que d'autres comparativement stériles, et aujourd'hui que nos villes se sont presque entièrement renouvelées, il ne reste plus que des débris de constructions civiles des XIe et XIIe siècles.

Ce n'est guère qu'à partir du XIIIe et de la fin du XIIe que nous trouvons un certain nombre de maisons anciennes, et jusqu'à cette

(1) V. L'Europe au moyen-âge, par Hallam, t. IV.

époque, je n'ai pu réunir que des renseignements bien incomplets sur les monuments civils.

Une telle pénurie force d'être extrêmement bref dans l'aperçu que l'on peut présenter sur ces édifices antérieurs au XIIe siècle (4).

Classification des monuments civils du

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moyen-âge.

N peut admettre pour l'architecture civile, durant le moyenâge, à peu près les mêmes coupes que pour l'architecture religieuse; ainsi la première période, qui correspondrait à l'architecture romane primitive, s'étendrait :

Depuis le Ve siècle jusqu'au Xe.

La seconde (période romane secondaire et transition) commencerait à la fin du Xe siècle et se prolongerait jusqu'au XIIe inclusivement. On établirait pour la période ogivale des divisions correspondant:

Au XIIIe siècle et au XIVe ;

Au XVe siècle et aux premières années du XVIe ;

Au XVIe siècle et au XVIIe ;

lesquelles coïncident avec la durée des styles ogival primitif, secondaire et tertiaire, avec la Renaissance et la période moderne.

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(1) La forme générale et la distribution des divers bâtiments civils ont comme on le comprend, différé considérablement de celles des églises ; mais, comme ces édifices ont été soumis aux mêmes variations que l'architecture religieuse quant au système de décoration, de maçonnerie et d'ouvertures (portes et fenêtres, etc.), on pourra toujours les classer au moyen de ces caractères, quand ils offriront quelques parties passablement conservées,

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