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peuvent être du XIIIe sont le rez-de-chaussée, précédé d'arcades ogivales ou porches reposant sur des colonnes monocylindriques, et les fenêtres en lancettes du premier étage.

Des bâtiments privés sur la date desquels on ne peut conserver aucun doute sont les caves qui nous ont été montrées, dans un autre quartier de la même ville; elles sont belles, les voûtes en sont garnies d'arceaux, qui reposent sur des colonnes avec chapiteaux ; elles m'ont paru de la deuxième moitié du XIIIe siècle et sont une preuve de l'importance qu'offrait, à cette époque, le rez-de-chaussée de certaines maisons.

A Arras, comme à Limoges, comme à Provins, comme à Lisieux, comme dans presque toutes les villes qui étaient fondées sur un terrain sec, on a pratiqué des caves considérables sous les maisons, et j'ai déjà dit combien il était naturel de chercher du logement en contre-bas, quand les villes, entourées de murs et de fossés, ne pouvaient accroître leur périmètre qu'avec de grandes difficultés et des frais considérables, il fallait alors, pour se loger, creuser sous terre et entasser les étages, afin de gagner sur la profondeur et la hauteur ce qu'on ne pouvait trouver en largeur.

Porches.

L

Es galeries couvertes appelées porches sont une des dispositions, assez habituelles, des maisons qui bordaient les rues les plus fréquentées des villes et des bourgades. La circulation s'y faisait à couvert; on pouvait même quelquefois y étaler des marchandises, et, pour tous, en temps de pluie, rien n'était plus commode que les porches du moyen-âge. Aujourd'hui, c'est à peine si on en rencontre quelques-uns dans nos vieilles villes, et depuis un demi-siècle que l'usage des parapluies est devenu tout-à-fait populaire, on les a détruits partout pour donner plus de jour au rez-de-chaussée des maisons qui en étaient pourvues.

Tantôt les porches étaient portés sur les poteaux de chêne, tantôt sur des colonnes en pierre; les porches des maisons en bois ont duré moins longtemps que ceux des maisons de pierre, et ceux que je rapporte au XIIIe siècle ne sont aucuns en bois.

Le spécimen suivant offre un exemple d'une maison du XIIIe siècle portée sur des colonnes monocylindriques en granit ; elle donnera très

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bien l'idée de ce qu'étaient les galeries couvertes de l'époque et de leur effet le long des rues.

Il existe encore quelques-unes de ces galeries couvertes dans la grande rue de Dol (Ille-et-Vilaine), et j'ai

dessiné une des

colonnes de sup

port;elle m'a paru

d'autant plus in

téressante qu'elle

porte un chapi

teau très-caracté ristique du XIIIe siècle, et vers le milieu un cercle en relief comme on en sculptait, à la même époque, sur les fûts des colonnettes dans les églises.

On voit des porches du XIIIe siècle dans plusieurs villes du

midi de la France.

J'en ai vu également dans dif

férentes villes de

DUPLIS. Sc.

l'Italie à Bologne, il existe des porches dont beaucoup de colonnes m'ont paru anciennes et remontent peut-être au XIIIe siècle, quoique les maisons qu'elles supportent aient été reconstruites presque en entier. Il y a dans la petite ville d'Arauna, sur le bord du lac Majeur, des porches à colonnes évidemment du XIIIe siècle.

Indépendamment des moulures, l'ornementation intérieure des maisons du XIIIe siècle consistait en peintures murales, boiseries, quelquefois en tentures dans les maisons les plus riches. Les carre

Colonne du XIIIe siècle, à Dol.

lages en terre cuite émaillée formaient souvent les pavés des appar

tements.

D

Épis en terre cuite.

ès le XIIIe siècle il y a eu des épis en terre cuite au sommet des toits de quelques maisons aristocratiques. M. Ramé, avocatgénéral à Rennes, a depuis longtemps signalé, dans le Bulletin monumental, t. XIX, ceux qui existent à Troyes et qui doivent être déposés aujourd'hui au musée

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de cette ville.

Le plus ancien de ces épis se compose d'un chapiteau à double rang de feuilles à crosses, au-dessus duquel s'élève un petit édifice circulaire formé de douze arcades cintrées : il est surmonté de six pignons percés chacun de trois ouvertures, et couronné d'une pyramide écrasée. Il rappelle ainsi, dit avec raison M. Ramé, le couronnement de certains tuyaux de cheminées de l'époque de transition. Le travail est, du reste, assez barbare. Le petit monument a été pétri et modelé à la main; les ornements sont appliqués en relief et façonnés avec les doigts, comme sur les poteries de l'époque et des siècles précédents. La corniche qui sépare l'arcature du chapiteau et celle qui la surmonte, présentent une série de petites saillies qui affectent grossièrement la forme de têtes de clous. Un vernis plombifère recouvre le tout,

à l'exception du tuyau circulaire qui porte le chapiteau. Ce vernis est de deux couleurs : le vert foncé et le jaune. Cette diversité de nuances concourt avec les reliefs à la décoration de l'épi. La pyramide terminale est ornée de larges bandes en zigzag, alternativement jaunes et vertes. L'extrémité de cette pyramide n'est pas pleine elle est percée d'une cavité dans laquelle venait s'adapter une barre de fer destinée à supporter la girouette.

Dans le Nord, la façade des maisons de ville imitait jusqu'à un certain point celle des églises et se terminait par un fronton triangulaire; dans le Midi, on n'avait pas les mêmes motifs pour donner aux toits une si grande déclivité, et le couronnement était souvent horizontal avec un toit beaucoup moins incliné.

La disposition des rues est chose à examiner dans les anciennes villes : le plus souvent les rues sont étroites et disposées de manière à former des lignes courbes ou mal alignées qui se dirigent vers l'église, le marché, le palais, le château, et les autres édifices publics. Le marché remplace le forum des villes romaines et c'était là aussi, et dans le voisinage, que se trouvaient le plus habituellement les porches dont je parlais et dont on pourrait faire remonter l'origine première au temps de l'Empire, puisque les places publiques étaient souvent garnies de portiques à cette époque.

A

Bastides.

u XIIIe siècle, on fit partout des tentatives pour embellir les villes; celles qui furent établies à cette époque offrirent une régularité qui a frappé M. de Verneilh-Puyrazeau. On les désigne sous le nom de bastides en Guyenne et en Languedoc. Ce sont des villes neuves, bâties généralement dans la seconde moitié du XIIIe siècle et dont le plan s'est conservé sans modifications depuis cette époque. Quelques bastides, comme Libourne et Villeneuve-sur-Lot, ont acquis une certaine importance et contiennent aujourd'hui dix à quinze mille habitants. Mais, à cause de leur prospérité, elles gardent peu de maisons anciennes ; c'est dans les localités plus ignorées, à Montpazier, par exemple, qu'il convient d'étudier de préférence le type des bastides. Montpazier est une petite ville de deux mille habitants, fondée en 1286, par Jean de Grailly pour le roi d'Angleterre, Édouard Ier; elle est située à l'extrémité méridionale du

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