Elle veut dans ses champs un troupeau canusien, Exige des pasteurs, des vignes à Falerne (18), Un peuple de valets qu'un caprice gouverne. Est-il chez ses voisins un objet curieux ? Vite on l'achète; en vain l'aquilon furieux Retient Jason captif dans la rade prochaine;
En vain dans leur cabane, où l'hiver les enchaîne, Les brumes et la neige enferment les marins; On lui va conquérir les plus amples murrhins, Des vases de cristal, la bague renommée Que portait à son doigt Bérénice charmée (19), Don que fit à sa sœur, que l'inceste flétrit, Agrippa sur ces bords, où célébrant leur rit, Au sabbat vont pieds nus des princes fanatiques; Où le porc peut vieillir, grâce à des lois antiques (20).
Quoi ! dans ce nombre aucune à ton choix ne convient ! Je l'admets, sa beauté, sa pudeur tout prévient; Elle est riche, féconde, et d'ancêtres augustes Sous un large portique elle étale les bustes.
C'est la chaste Sabine, aux longs cheveux flottants; Un cygne, au noir plumage, un oiseau rare... attends; Tant de perfections te lasseront peut-être.
Vaux-tu, mère du Gracque, une épouse champêtre (21), Toi, qui gonflant ta dot du laurier paternel,
Nous fais de tes vertus l'étalage éternel?
Si deux sourcils altiers forment ton seul partage, Emporte ton Syphax, Annibal et Carthage.
« Pardonne, dieu vengeur! Ah! quels traits inhumains, S'écriait Amphion, Diane, arment tes mains (22)! Mes fils sont innocents, ne frappez que leur mère. » L'arc se tend... Niobé déçue en sa chimère
Dum sibi nobilior Latona gente videtur, Atque cadem scrofa Niobe fecundior alba. Quæ tanti gravitas, quæ forma, ut se tibi semper Imputet? Hujus enim rari summique voluptas Nulla boni, quoties animo corrupta superbo Plus aloes quam mellis habet. Quis deditus autem Usque adeo est, ut non illam quam laudibus effert, Horreat, inque diem septenis oderit horis?
Quædam parva quidem, sed non toleranda marius. Nam quid rancidius, quam quod se non putat ulla Formosam, nisi quæ de Tusca Græcula facta est, De Sulmonensi mera Cecropis? Omnia Græce, Quum sit turpe magis nostris nescire Latine. Hoc sermone pavent; hoc iram, gaudia, curas, Hoc cunɔta effundunt animi secreta. Quid ultra? Concumbunt Græce. Dones tamen ista puellis: Tune etiam, quam sextus et octogesimus annus Pulsat, adhuc Græce? non est hic sermo pudicus In vetula, quoties lascivum intervenit illud Zzzy: modo sub lodice relictis
Uteris in turba. Quod enim non excitat inguen.
Vox blanda et nequam ? digitos habet, ut tamen omnes
Subsidant pennæ. Dicas hæc mollius Æmo
Quanquam et Carpophoro, facies tua computat annos.
Si tibi legitimis pactam junctamque tabellis Non es amaturus, ducendi nulla videtur
Caussa; nec est quare cœnam et mustacea perdas,
D'éclipser et Latone et sa postérité,
Pleure son dernier fils qui tombe à son côté. Qu'importent les attraits, les vertus d'une épouse, Si de les afficher sa vanité jalouse
T'en accable et ternit ces heureux dons du ciel? L'amertume en découle encor plus que le miel. Ah! pour épris qu'il soit de la beauté qu'il loue, Quel homme à l'adorer sept heures se dévoue, la haine éveille un amer sentiment!
Il est plus d'un défaut, moins grave assurément, Plus d'un tort dont l'époux assez mal s'accommode; Rien de plus excédant qu'une femme à la mode Qui croit rendre à nos yeux ses charmes plus piquants, En affectant l'air grec sur le sol des Toscans (23): A Sulmone on connaît la langue athénienne, Tandis que sans rougir on ignore la sienne. Du grec, toujours du grec pour peindre en ses récits La colère, la peur, la joie ou les soucis ; C'est en grec qu'une amante et se pâme et soupire; Jeune, c'est un travers qu'on vous passe... il est pire Quand sous le poids des ans on murmure du grec; Honte lorsqu'en public une vieille au ton sec, Ose dire « Cher cœur! » mots lascifs que sa bouche Exhalait récemment sous les draps de sa couche! Douce voix ! qui résiste à son charme puissant! Ce désir a des doigts; parle; on est languissant; En vain tu prends d'Hémus l'accent plein de mollesse ; Ton front ridé par l'âge accuse ta vieillesse.
Si l'amour à ses lois n'enchaîne point ta main, Ne serre pas les noeuds d'un légitime hymen ; Aux convives repus d'un banquet inutile
Labente officio, crudis donanda; nec illud Quod prima pro nocte datur, quum lance beata Dacicus et scripto radiat Germanicus auro. Si tibi simplicitas uxoria, deditus uni
Est animus, suminitte caput, cervice parata Ferre jugum nullam invenies quæ parcat amanti. Ardeat ipsa licet, tormentis gaudet amantis, Et spoliis. Igitur longe minus utilis illi
Uxor, quisquis erit bonus optandusque maritus. Nil unquam invita donabis conjuge, vendes Hac obstante nihil: nihil, hæc si nolet, emetur. Hæc dabit affectus; ille excludetur amicus. Jam senior, cujus barbam tua janua vidit. Testandi quum sit lenonibus atque lanistis Libertas, et juris idem contingat arenæ, Non unus tibi rivalis dictabitur heres.
Pone crucem servo. Meruit quod crimine servus Supplicium? quis testis adest? quis detulit? audi; Nulla unquam de morte hominis cunctatio longa est. O demens! ita servus homo est? nil fecerit, esto: Hoc volo, sic jubeo; sit pro ratione voluntas.
Imperat ergo viro: sed mox hæc regna relinquit, Permutatque domos, et flammea conterit; inde Avolat, et spreti repetit vestigia lecti.
Ornatas paulo ante fores, pendentia linquit Vela domus, et adhuc virides in limine ramos. Sic crescit numerus, sic fiunt octo mariti Quinque per autumnos; titulo res digna sepulcri.
A quoi bon prodiguer le massepain futile, Ces daciques en or, ces bassins renommés De la première nuit présents accoutumés (24)? Toi, qui confonds en elle et ton âme et ta vie, Courbe, esclave docile, une tête asservie;
Cède au joug; quelle femme épargne un homme aimant! Bien qu'éprise, elle veut jouir de son tourment; Ta ruine lui plaît; que ta chaîne est pesante! Plus on est indulgent, moins elle est complaisante. Ta compagne à sa guise achète ou vend les biens, Au gré de ses désirs forme ou rompt tes liens, Et même du logis, tant sa fureur l'emporte, A ton ami d'enfance elle interdit la porte. Le proxénète est libre, un lutteur peut tester; C'est un droit que ta femme ose te contester; Ta liberté périt dès qu'à tes vœux s'oppose Certain rival heureux, héritier qu'on t'impose.
- Mets cet esclave en croix. Quel est donc son forfait ? Où sont les délateurs, les témoins? Qu'a-t-il fait?
Pesons avec lenteur l'arrêt de mort d'un homme. -Est-ce ainsi, pauvre fou, qu'un esclave se nomme? Coupable ou non, qu'il meure! obéis à mes vœux'; Je l'ordonne, il suffit; c'est ma raison, je veux.
Tel est donc son empire avant qu'elle n'abdique ; Foulant le flamméum d'un pied trop impudique, Elle change d'époux; un caprice soudain La ramène en sa couche, objet de son dédain; L'inconstante! elle fuit l'enceinte encore ornée De longs voiles pendants, des fleurs de l'hyménée: En cinq ans huit époux! quel triomphe! il est beau D'inscrire un pareil titre au marbre d'un tombeau!
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