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font leurs graines ont obtenu des succès réels, tandis que les insuccès se rencontrent spécialement chez ceux qui l'ont achetée, et ce qui vient à l'appui de ce que nous avançons, le voici : plusieurs éducateurs en avaient fait pour eux quelques grammes, elle a parfaitement réussi; la graine étrangère a failli; ils ont donc un intérêt direct à produire eux-mêmes. La seule objection sérieuse qu'ils nous aient présentée est celle-ci : une livre de cocons doit produire une once de graine. Oui, si le nombre des femelles égale celui des mâles. Or, il nous arrive fréquemment d'avoir beaucoup plus de måles que de femelles. Pour vérifier ce fait j'ai recueilli soixante-huit cocons bien choisis, leur éclosion m'a donné quarante-huit mâles et vingt femelles, à l'aide d'expériences postérieures je ferai connaître s'il est possible de distinguer le cocon måle du cocon femelle. 2. DE L'ÉCLOSION. A quelques exceptions près, l'éclosion se fait bien.

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3° DU LOGEMENT OU DE LA MAGNANERIE. Les magnaneries sont vastes et bien aérées. Dans quelquesunes, la lumière est trop vive: on peut parer à cet inconvénient en mettant aux fenêtres des rideaux d'étoffe légère. Dans d'autres, le courant d'air est trop sensible; ce qui, lorsque le besoin de ventiler se fait sentir, abaisse très-promptement la température et impressionne vivement la constitution délicate du ver à soie. Dans ces maguaneries, il faudra modérer la force du courant d'air.

4o DE LA NOURRITURE. Si dans le Midi le murier multicaule donne une bonne nourriture, il n'en est pas

de même dans notre pays, où il gèle constamment et ne produit pas. Les mùriers que nos éducateurs cultivent avec succès sont: le sauvageon ou mûrier d'Italie, le moretti, le mûrier rose dans terrains élevés et sablonneux, et le multicaule hybride ou mûrier loup. Ce dernier est très-robuste, ne craint pas la gelée, même dans les terrains frais, où il fournit une feuille ferme et fibreuse. On élève ces différents arbres en buisson ou à haute tige indistinctement. On devra réserver pour le quatrième et le cinquième âge la feuille la plus ferme et la mieux nourrie. Celle qui croît dans les terrains sablonneux et élevés convient donc seule pour le dernier âge. La feuille molle doit ètre proscrite, sous peine d'insuccès: le sol humide qui la produit vous indiquera surabondamment qu'elle doit être réservée pour le premier âge.

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5o DE LA TEMPÉRATURE EXTÉRIEURE ET INTÉRIEURE. Dans les magnaneries à un et deux étages, la température n'est pas la même en haut qu'en bas. Ainsi, par un temps chaud, le maximum de la différence qui existe entre le rez-de-chaussée et le second est d'un degré centigrade; par un temps froid, en chauffant, le maximum est de deux degrés; et par un temps frais, sans chauffer, d'un demi degré. Dans ce cas, la température interne et externe se rapprochant davantage l'une de l'autre, la perte de calorique est moindre, le courant d'air moins vif et la chaleur plus égale. Les éducateurs ont observé que les vers qui occupent le centre ou premier étage, sont plus robustes que les autres. La plus grande uniformité de température dans

cette partie du bâtiment suffit pour expliquer ce fait, qui prouve que plus elle sera régulière, plus l'éducation aura de chances de succès.

6° COCONS. Nos sériciculteurs ont donné la préférence à la soie jaune. Les vers qui la produisent sont plus robustes et donnent davantage. Les blancs, au contraire, sont plus délicats et leurs cocons sont toujours moins lourds. Il faut ajouter à cela, que les acquéreurs ne les apprécient pas suffisamment, quoiqu'en réalité ils aient plus de valeur.

Il existe un fait que l'expérience a sanctionné depuis longtemps, c'est la supériorité des avantages obtenus par les petites éducations relativement à ceux obtenus par les grandes. Encourageons donc, Messieurs, cette foule toujours croissante de petits éducateurs, qui ont su par leur zèle agrandir et améliorer la sériciculture dans notre département. Soutenons-les dans une carrière qui ne laisse pas que d'être laborieuse, récompensons leurs succès par des prix, prouvons-leur tout l'intérêt qu'ils nous inspirent en distribuant chaque année, aux plus intelligents, de bonne graine, qui prospèrera assurément entre leurs mains, et cela à la condition d'en employer les produits à propager les bonnes espèces dans le pays. Jusqu'à ce jour, votre Société en avait distribué sans imposer aucune condition, c'était un tort, aussi nos sacrifices ont-ils été perdus c'est à peine si nous retrouvons quelques sujets déjà abâtardis des races si pures que nous avons introduites dans notre département. Ceci vous prouve que les sériciculteurs ne peuvent ni ne doivent être

abandonnés à eux-mêmes; ce sont des instruments actifs, il est vrai, mais qui ont besoin d'une puissance tutélaire qui dirige et régularise leurs mouvements; vous serez pour eux cette puissance, vous signalerez à leur attention les avantages et les améliorations que comportent les différents systèmes d'éducation, et les prémunirez contre les vices et les inconvénients de ces systèmes. Pour arriver à ce but, il vous faudra de la persévérance, le bien chemine lentement.

L'industrie séricicole est d'autant plus facile à répandre, qu'elle a sur toutes les autres l'avantage inappréciable de s'approprier à toutes les positions, à toutes les fortunes; en effet, les autres. industries réclament des capitaux, de nombreux ouvrages, des machines, des rendements considérables, elles comptent autant de ruines que de succès: en sériculture, au contraire, point de luxe, point de capitaux; on limite son exploitation à ses ressources, on restreint son entreprise dans le cadre que l'on juge convenable. Alors, si on peut gagner sans s'enrichir, on peut aussi perdre sans se ruiner. Si le gain modeste ne donne pas le superflu, il amène l'aisance, et c'est à peine si la perte, qui ne ruine pas, vous fait éprouver de la gêne.

Sous notre climat, la muscardine, qui fait le désespoir du Midi, est complétement inconnue dans nos petites éducations. Là, l'éclosion se fait vers la miavril, chez nous un mois plus tard, vers le 15 mai. Là, la température est plus élevée, chez nous elle est plus basse, et ses variations sont plus brusques et plus fréquentes; de sorte qu'en voulant, comme dans le

Midi, tenir la magnanerie à dix-huit et vingt degrés centigrades, on s'écarte trop de la température extérieure, et, comme il est bien prouvé qu'une chaleur élevée hâte le développement du ver, lui donne plus d'énergie et plus d'appétit, il arrivera infailliblement que les arbres qui doivent leur fournir une nourriture qui, par la marche de la végétation, doit acquérir graduellement les qualites nutritives qu'exigent les larves dans leurs différents àges, sans tenir compte des fraicheurs de la nuit, qui quelquefois font descendre le thermomètre à zèro, ces mêmes arbres soumis pendant le jour à une température moitié plus basse que la magnanerie, végètent lentement. Les vers, qui se trouvent dans des conditions tout opposées, se gorgent de feuilles qui, sous un grand volume ne présentent pas la quantité de matières alibiles nécessaires à leur nutrition; de là, fatigue du canal digestif, puis amoindrissemeut graduel des forces vitales; pour les plus faibles, cachexie aqueuse; pour la masse, inertie. lenteur à la monte; les plus robustes seuls réussissent; insuccès plus ou moins complet.

Tels sont, Messieurs, les résultats de nos observations; d'un premier fait on ne peut tirer des conséquences absolues. S'il plaît à Dieu qui veille sur tout, et à la Société qui nous a accordé sa confiance, nous continuerons nos observations et pourrons plus tard, en groupant un certain nombre de faits et établissant entre eux des points de comparaison, arriver, je l'espère, à connaître et faire connaître les modifications que doit subir l'hygiène des vers à soie appropriée à notre

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