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ne faut l'attribuer qu'au jeu qui se fait à Paris sur les huiles, jeu qui a entraîné la ruine de plusieurs maisons considérables qui s'y étaient imprudemment engagées.

Les départements du centre de la France et celui d'Indre-et-Loire (plus particulièrement) ont, depuis quelques années, en vue du progrès agricole, expérimenté avec succès la culture du colza, qui leur a rendu et qui semble appelé à leur rendre de grands services et un immense avantage dans l'avenir.

Dans les années 1851 et 1852, si désastreuses pour tout le monde, les cultivateurs furent forcés de vendre les céréales bien au-dessous du prix de revient; ceux qui avaient déjà introduit le colza dans leur assolement, ont trouvé dans le prix plus élevé de cette graine une compensation qui les a soutenus dans ces temps difficiles.

Les droits protecteurs de la législation précédente ont donc été très-favorables, particulièrement dans nos départements du centre, à la culture des graines oléagineuses adoptées déjà par un grand nombre de nos cultivateurs intelligents, mais encore à l'état d'essai pour beaucoup d'autres, qui sont disposés cependant à entrer franchement dans la voie des assolements plus variés, et à sortir des errements de la routine.

Il y a lieu de craindre que le décret provisoire du 20 décembre 1854, qui vient d'abaisser les droits dans une si forte proportion, s'il continuait à être appliqué, ne vienne, dans un avenir peu éloigné, produire une dépréciation dans le prix des grains, au grand préjudice de nos cultivateurs. Il y a lieu de craindre que les progrès et les améliorations agricoles, qui ont été la consé

quence de la culture des graines grasses dans tous les pays où elle s'est successivement propagée, ne soient arrêtés tout à coup et perdus pour de longues années.

Depuis la baisse qui s'est manifestée, les huiles et les graines oléagineuses indigènes sont sur tous nos marchés abondantes et offertes; les réserves peuvent couvrir bien au delà les besoins pour atteindre l'époque de la nouvelle récolte. La diminution s'est produite sans le secours de graines et d'huiles étrangères; le décret du 20 décembre dernier, que le gouvernement a annoncé ne devoir être que temporaire, n'a donc déjà plus de raison d'être.

Par ce motif l'honorable membre demande le rapport du décret précité dans le plus court délai possible.

L'assemblée après avoir entendu successivement les diverses observations présentées par MM. Bonnébault, de Sourdeval, Hulin-Pelgé et de Vonnes, d'accord avec la chambre consultative, et conformément à l'opinion développée par l'honorable M. Lesourd-Léturgeon, se résume ainsi :

a

La Société après avoir pris connaissance de la note ministérielle, relative aux tourteaux oléagineux, été d'avis que le droit de sortie porté à 2 fr. 25 c. par 100 kilo., par la loi du 9 juin 1845, doit être maintenu. Elle se fonde sur l'utilité de conserver en abondance et à bas prix, sur les marchés de France, les tourteaux oléagineux, dont l'emploi est si efficace en agriculture, soit pour l'engrais du bétail, soit pour l'amendement des terres. L'agriculture n'emploie encore qu'en trop petite quantité ces moyens si puissants d'amé

lioration, et c'est en vue d'en propager l'usage, de l'étendre et de le vulgariser, que la Société est d'avis de fixer sur nos marchés le plus grand nombre possible de tourteaux oléagineux.

Voici maintenant la réponse de la Société aux questions posées à la fin de la note :

1° Il se produit un million de kilogrammes de tourteaux oléagineux par graines indigènes dans le département d'Indre-et-Loire; ces tourteaux sont de noix, de colza, de chanvre, et quelques-uns de cameline et de lin.

2o Il peut être dépensé deux cent mille kilogrammes comme nourriture, et huit cent mille comme engrais des terres.

5o Les tourteaux de lin, de noix sont préférés comme nourriture, ceux de colza y sont employés aussi quand ils sont de fabrication récente; ceux de colza anciens, ceux de chanvre et de cameline sont consacrés à l'amendement des terres. Dans les années où les fourrages sont chers, comme cette année, les tourteaux de colza sont plus recherchés comme nourriture du bétail.

4o Les tourteaux de sésame, d'arachides, n'arrivent pas dans notre département, éloigné du midi (de la France) où ils se produisent.

5° Prix des graines de colza, l'hectolitre, savoir:

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Le prix du tourteau de colza a été de 10 fr. les 100 kilogrammes. Il est aujourd'hui de 14 fr; le tourteau de lin est également vendu le double de celui de colza, etc.

La sixième question se trouve résolue par le texte même de la réponse de la Société, rapportée plus haut.

A la suite de l'examen de cette question, qui occupe la plus grande partie de la séance, M. du Château donne lecture de la ve satire de Juvénal, intitulée les Parasites. Cette satire est renvoyée au comité de rédaction.

M. Houssard est adjoint à la commission chargée d'examiner la question qui a rapport à l'organisation d'un comice agricole pour l'arrondissement de Tours.

M. le Président invite la section à arrêter dans sa prochaine séance le programme des prix de 1855.

Sur la proposition de M. Desabes, la Société, consultée pour savoir s'il n'y aurait pas lieu d'affranchir les lettres de convocation, répond affirmativement.

M. le Trésorier est prié de prendre à ce sujet, auprès de M. le Directeur de la poste, les mesures nécessaires

Séance du samedi 10 mars 1855.

PRÉSIDENCE DE M. LE GÉNÉRAL COMTE D'OUTREMONT.

Sont présents:

MM. Le général comte d'Outremont, Minangoin, Bruslon, Rolland, de Vonnes, Gaullier de la Celle, Nicolle, Papion du Château, Lambron de Lignim, Bourguet, Alluome, Hulin-Pelgé, Charlot, Tassin, Hay de Slade, Bonnébault, et Miton.

Le Secrétaire perpétuel donne lecture du procèsverbal de la dernière séance, qui est adopté, et de la liste des livrés reçus depuis le 10 février.

Dépouillement de la correspondance:

1° Une lettre de M. le Ministre de l'agriculture et du commerce, fixe à Tours le concours régional pour 1856.

2o Renvoi à M. le Lambron de Lignim, de la lettre de la Société d'agriculture, sciences et arts du département de l'Eure.

3o Lettre de M. Maillard, concernant un don fait à la Société, par M. Dauphin. L'assemblée nomme une commission pour examiner la question de droit soulevée par le legs du donateur.

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