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siles reconnaissables que cette Lime. Je me suis assuré depuis qu'un échantillon de cette même localité avait été déposé en 1841 dans la galerie de géologie du Muséum par M. Raulin. Je ne tardai point à apercevoir de l'autre côté de la vallée, et au même niveau, un amas de rochers, les uns en place, les autres éboulés, que de près je reconnus immédiatement pour un calcaire identique à celui de Vigny. L'épaisseur de ces couches y est à peu près la même qu'à Vigny, 25 mètres au moins. La roche est plus compacte qu'à Vigny; les fossiles y sont moins encroûtés et les empreintes qu'ils ont laissées ont en général une netteté admirable. Dans les échantillons que j'ai rapportés on remarque :

1° Un fragment de ce fossile Turriculé, désigné fort improprement sous le nom de Cerithium giganteum. D'autres échantillons que j'ai placés ici sous vos yeux, et qui viennent de Laversine et de Vigny, rendront évident pour tout le monde que c'est une espèce tout à fait distincte et nouvelle; c'est d'ailleurs l'opinion de M. Deshayes.

2o Des empreintes de Cérites et de Nérinées, qui ont des ressemblances soit avec le jeune de la grande espèce de Cérites de Maëstricht, soit avec la Nerinca Marrotiana (d'Orb.) de la craie supérieure de Royan. Dans tous le cas on peut affirmer que ces empreintes n'appartiennent à aucune espèce connue du calcaire grossier.

30 Un Oursin du genre Hemiaster, que M. Desor regarde comme étant très voisin de l'H. inflatus. Cette espèce établie sur un échantillon unique du Muséum, et dont l'origine est inconnue, ne nous fournit aucun renseignement nouveau.

4 Une Pleurotomaire, voisine du P. royana (d'Orb.), de la craie supérieure de Royan, et paraissant identique avec un échantillon de la collection de M. Deshayes, et qui vient de la craie supérieure de Valognes. J'ajouterai que les caractères minéralogiques de cette craie de Valognes, à en juger par cet échantillon, l'identifient avec le calcaire de Vigny et de Falaise.

5° Plusieurs empreintes très nettes et très complètes de Mollusques acéphalés, dont pas une n'appartient à une espèce tertiaire. 6o Des Polypiers parmi lesquels il y en a un identique avec celui figuré par Goldfuss sous le nom d'Astrea arachnoides (craie de Maestricht). M. Michelin a bien voulu me donner la conviction de cette identité, et par son avis, et par l'examen comparatif que j'ai pu faire dans son cabinet d'un échantillon venant de Maëstricht avec le mien.

Je présente ces échantillons comme une preuve nouvelle de l'exactitude de l'opinion émise en 1834 par M. Élie de Beaumont sur l'identité du calcaire de Laversine et de Vigny avec la craie de Maestricht. Cette opinion, fortifiée par les observations de M. Graves sur les fossiles de Laversine, et par celles de M. Desor sur un Cidaris de Vigny (Cidarites Forchhammeri, Desor), qu'il a retrouvé dans le calcaire de Faxoë, rapporté par lui et par M. Deshayes au même horizon géologique, me paraît aujourd'hui généralement admise.

Le seul point qui serait peut-être encore contesté par quelques personnes serait la réunion du calcaire de Vigny et des couches observées à Port-Marly, Bougival et Meudon. Qu'il me soit permis d'ajouter un mot sur ce sujet. J'ai visité ces localités pour la première fois avec M. Elie de Beaumont, j'y suis retourné seul, et enfin j'ai eu le plaisir de conduire récemment MM. Graves et Desor à Vigny, à Port-Marly et à Bougival. A Port-Marly nous avons constaté l'identité des couches inférieures avec le dépôt de Vigny et de Laversine; ces couches inférieures reposent immédiatement sur la craie blanche, mais la surface de contact est nette et tranchée. La couche supérieure est brisée, démantelée, et ses débris sont de toutes parts enveloppés d'argile plastique. Une grande partie de ces débris sont des blocs alignés, formant presque une couche continue. Ces blocs ont un autre aspect que le reste du dépôt. Ils n'ont plus l'apparence crayeuse; ils ressemblent davantage à du calcaire compacte. A Bougival, la partie inférieure manque, comme manquent aussi les couches supérieures de la craie. Celles-ci, aussi bien que le calcaire de Port-Marly, ont été bouleversées; mais l'identité des débris a pu être facilement constatée, sans qu'un seul doute ait pu subsister dans l'esprit d'aucun de nous. J'avais personnellement la conviction que ces blocs de calcaire compacte, à texture cristalline, qui entrent à Bougival dans la composition du ciment hydraulique, n'étaient que la représentation des couches supérieures de Vigny, dont je dépose un échantillon, lesquels sont là bien en place, et qui ont exactement la même texture; mais ces messieurs n'ont pas tardé à y remarquer les mêmes fossiles que dans les couches inférieures, et entre autres les mêmes polypiers caractéristiques, et dès lors il ne fut plus question de distinction entre ces diverses couches. Il en est de même de Meudon, dont le calcaire dit pisolitique n'a jamais été séparé par personne de celui de Bougival.

D'après la disposition de ce calcaire dans la vallée de la Mauldre,

à Vigny, et en divers points de la vallée de la Seine, il me semble prouvé aujourd'hui qu'il s'est déposé en couches horizontales, qui s'étendent à l'O. de Paris, sous les bois de Meudon, de Saint-Cloud, la forêt de Marly, celle des Alluets, et sous les plaines de calcaire grossier qui séparent Vigny de Meulan.

Il se pourrait aussi que Vigny fût une des limites N. de ce dépôt, et Falaise une des limites S.-O. Nous avons, en effet, MM. Graves, Desor et moi, constaté qu'à Vigny le calcaire pisolitique est adossé au N. contre la craie, et, bien que le sol ne soit point entamé de manière à faire voir nettement la superposition, je pense que je ne m'écarterai pas beaucoup de la vérité en donnant pour cette localité la coupe suivante, dans laquelle les hauteurs sont beaucoup exagérées proportionnellement aux longueurs.

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Au S., au contraire, nous pensons que ce dépôt, que nous avons retrouvé de l'autre côté de la vallée, pourrait bien rejoindre de ce côté la portion que la vallée de la Mauldre a mise à découvert.

Dans cette vallée, quelque chose de tout à fait analogue se présente. Du côté de Beyne, la craie paraît être plus élevée que le dépôt de calcaire pisolitique, tandis que ce dernier passe évidemment de l'autre côté de la vallée, sur la rive droite de la Mauldre, sous le calcaire grossier, pour aller, sans aucun doute pour moi, sous la forêt des Alluets, sous la forêt de Marly et les bois de Meudon, rejoindre les dépôts observés dans cette partie de la vallée de la Seine. Toutefois, à cause des ondulations de la craie qui ne paraît pas avoir, même aux portes de Paris, été entièrement sous les caux lors de ce dépôt, et des ravages causés par l'éruption violente qui a accompagné la période tertiaire, la continuité peut ne pas exister dans cette étendue.

On a signalé le calcaire pisolitique en plusieurs autres points du bassin de Paris, à Montereau, aux environs d'Epernay et de Sezanne. N'ayant pu étudier ces localités par moi-même, je m'abstiendrai d'en parler (1).

M. Desor a proposé de substituer le nom de terrain Danien à celui de calcaire pisolitique. Je trouve comme lui que rien n'est moins pisolitique que les 80 pieds d'épaisseur du calcaire de Vigny et de Falaise. Je pense aussi qu'il vaut mieux emprunter les noms des terrains à la géographie qu'aux caractères minéralogiques. Toutefois, comme ce n'est point en Danemark que ce terrain paraît présenter le plus de développement, que ce n'est point là que les relations avec les couches entre lesquelles il est compris paraissent les plus claires, je ne puis m'empêcher d'espérer une dénomination plus satisfaisante et de regarder comme provisoires celles qui ont été proposées jusqu'à ce jour.

M. Constant Prévost, à la suite de cette lecture, rappelle que des dépôts analogues à ceux de Bordeaux, de Vigny et de Meudon, paraissent exister sur une plus grande échelle à la ceinture E. des terrains tertiaires parisiens, de Reims à Montereau (Mont-Aimé, plateau de la Madelaine, etc.). Il demande si M. Hébert a constaté l'identité de ces dépôts avec ceux qu'il a décrits; il fait observer, en thèse générale, qu'il y aurait des inconvénients à se hâter de donner un nom spécial à un terrain encore peu connu, et qui pourrait n'être qu'un membre des terrains supérieurs ou inférieurs.

Au sujet du travail de M. Hébert et par suite de la discussion, qui n'a fait que soulever de nouvelles incertitudes relativement au terrain pisolitique des environs de Paris, M. Rozet s'élève fortement contre l'abus que l'on a fait dans ces derniers temps des caractères empruntés aux fossiles pour la détermination de l'âge des terrains. Les fossiles n'ont qu'une valeur tout-à-fait secondaire; en général, il faut se méfier beaucoup des détermi

(4) Depuis que cette communication a été faite, j'ai vu chez M. Duval, pharmacien, barrière d'Italie, des échantillons recueillis par lui au Mont-Aimé près Sézanne. Ces échantillons appartiennent évidemment au calcaire pisolitique; ils renferment les mêmes fossiles qu'à Vigny et à Falaise; ils ont aussi la même structure concrétionnée.

nations paléontologiques; il prend pour exemple le Cerithium giganteum, fossile regardé comme caractéristique de certaines couches du calcaire grossier, et que cependant on cite dans le terrain pisolitique.

M. Paillette fait la communication suivante :

Messieurs,

M. Pernollet, directeur des usines de Poullaouen, a inséré dans le tome IX de la 4a série des Annales des mines, pre livraison de 1846, un Mémoire ayant pour titre : Notes sur les mines du midi de l'Espagne.

Ce Mémoire, que l'auteur a continué plus tard (5o livraison de 1846, et qui est le résultat d'une course très rapide faite en Espagne durant l'été de 1845, réunit une grande quantité de faits assez intéressants. Il a été néanmoins jugé sévèrement par tous les ingénieurs espagnols ou étrangers qui depuis plusieurs années parcourent avec soin cette contrée si remarquable de la Péninsule ibérique. Les faits géologiques, minéralogiques et statistiques n'y étant pas exprimés nettement, on aurait pu, et on voulait même publier un travail complet de rectification. Il aurait eu l'inconvénient d'insérer dans les Annales des mines, à peu de mois de distance, des idées en partie contradictoires. —J'ai donc cru de mon devoir de résumer les principaux griefs reprochés à M. Pernollet pour les présenter à la Société géologique de France, qui compte parmi ses membres plusieurs savants ingénieurs espagnols. — La partie de l'Espagne que M. Pernollet a parcourue n'est point inconnue, comme il le dit. M. Hausmann d'abord, puis M. Le Play, ingénieur en chef des mines, en ont déjà parlé. Moi-même j'en ai dit quelques mots à la suite d'une excursion opérée dans un but tout spécial. Mais ceux qui s'en sont occupés le plus minutieusement sont MM. Ramon Pellico, Amalio Maestre, Ezquerra, Casiano de Prado, et autres ingénieurs, dont on trouve les Mémoires dans les Annales des mines espagnoles, dans des ouvrages particuliers et dans le Bulletin officiel de ce pays. Un autre jeune ingénieur de talent, don Jose Monasterio, a pris à tâche d'étudier la partie historique des fonderies de l'antiquité.

Ce que je dirai aujourd'hui sera, par conséquent, le résumé de ce que tant de personnes zélées m'ont communiqué, et de ce que j'ai vu moi-même dans trois voyages successifs, à Carthagène, en

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