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suit l'ouvrage proprement dit, qui se partage en six chapitres : Descriptions des formes extérieures; Structure intérieure; Propriétés physiques et chimiques; Relations géognostiques; Résultats tirés immédiatement des faits; Hypothèses sur la formation des pierres d'Imatra.

M. Virlet condamne, comme inutile dans la description des formes extérieures, l'idée de partager ces diverses formes en monotypes, bitypes, etc., parce que le même type se trouve répété dans la même pierre, et prétend que « les pierres d'Imatra ne sont que des nodules argilo-calcaires dont les formes et réunions peuvent et doivent même nécessairement varier à l'infini. » Mais cette division est précisément ce qui m'a guidé dans l'observation de la réunion de plusieurs monotypes en une seule pierre, observation de grande importance dans la théorie.

M. Virlet se trompe en ce qu'il nomme ellipsoïdales les formes des pierres monotypes qui ne sont pas des sphéroïdes. Ces pierres ne sont nullement ellipsoïdales, mais ovales, comme je l'ai dit et dessiné, c'est-à-dire plus pointues à un bout qu'à l'autre (1). Cette différence est essentielle et se trouve dans tous les bitypes, tritypes, etc., formés de monotypes agglutinés l'un à l'autre dans le mème plan et dans la même direction du grand axe. Je n'en ai trouvé aucun où l'agglutination ait eu lieu dans le sens d'un petit axe, mais quelques uns dans un sens oblique.

L'assertion de M. Virlet, que les formes et les réunions des pierres d'Imatra peuvent et doivent varier à l'infini n'est pas juste. Les formes n'ont que deux caractères généraux, les pierres à moulures et les pierres à rainures, et les jonctions qu'une seule forme, celle de deux ou de plusieurs ovales par le bout étroit (voy. les fig.). Je puis assurer en outre que le grand nombre d'exemplaires que je possède, et ceux que j'ai vus sur les lieux, offrent la même loi. Je demande à présent si des corps à types si constants, si régulièrement construits, composés d'individus réunis sous une loi si constante, peuvent être jetés dans la classe des nodules amorphes. M. Virlet m'accuse de n'avoir pas prêté attention à la correspondance des différentes nuances des zones parallèles intérieures avec les disques ( moulures ou rainures ) à l'extérieur. Ce reproche est au moins un peu fort; car j'ai dessiné moi-même les contours intérieurs et extérieurs de ces figures qui se trouvent sur les

(4) On peut, si l'on veut, considérer l'ovale comme une ellipse, mais à équation d'un degré supérieur, comme je l'ai enseigné il y a cinquante à soixante ans dans la description de mon ellipsographe, au moyen duquel on peut dessiner ces ellipses dans toutes les proportions voulues.

planches XI et XII, et je n'ai abandonné que les teintes au lithographe: ce n'est pas non plus un autre auteur qui a écrit le second chapitre intitulé: Structure intérieure des pierres d'Imatra, où la symétrie en question est décrite très au long, de même que les corps étrangers trouvés à l'intérieur et les dérangements occasionnés par eux dans les stries.

M. Virlet assure que les pierres d'Imatra ne sont autre chose que des nodules argilo-calcaires formés au milieu d'argiles sablonneuses. Je vais considérer cette assertion sous deux points de vue, celui de la composition de ces masses et celui de leur gîte. A Les pierres d'Imatra sont composées de :

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Je prends la liberté de demander d'où vient le presque 1/5 du tout en silice, et presque 1/50 en soufre? La pierre trouvée dans l'Amérique du Nord, assez semblable à la figure 21, planche IV, a fourni en silice 0,331 et en soufre 0,052, ainsi plus que les pierres d'Imatra. Ne trouve-t-on pas remarquable cet accord entre des pierres isolées et trouvées à de si énormes distances? Cela ne prouve-t-il pas que la silice et le soufre sont des parties constituantes, non fortuites, de ce genre de pierres?

B. Où ai-je trouvé les pierres d'Imatra? Sur le bord d'un fleuve, dans le sein d'une montagne dont la composition est:

Sable insoluble par l'acide hydrochlorique.
Silice. .

Alumine ferrugineuse.

0,3350

0.3633

0,2770

J'ai été étonné de n'y pas trouver la moindre portion de chaux carbonatée, ni de soufre, ni une seule coquille visible à la loupe. Et ces pierres sont ensevelies dans une masse de cette terre de 36 pieds de hauteur et dont on ne connaît pas la profondeur audessous du fleuve. Il n'y a là ni lias, ni marne qui puissent échanger leurs portions inégales de chaux.

Peut-être on me répondra, que les pierres d'Imatra n'ont pas été formées là où on les trouve aujourd'hui ; mais ce serait en vain. Le granite, auquel plusieurs de ces pierres sont agglutinées, se distingue par le grain et la couleur des grandes masses au travers desquelles l'Imatra roule ses flots écumeux. Si l'agglutina tion avait eu lieu ailleurs, toutes ces pierres seraient écorchées,

auraient perdu leur belle forme ou eussent été entièrement fracassées. Mais on n'observe rien de tout cela; nulle part on n'y voit le moindre signe d'un transport à travers des quartiers de roches ou de masses sablonneuses. Il en est de même des pierres d'Imatra libres.

Ainsi, il est bien prouvé que ces pierres ont été formées dans le gîte où on les trouve aujourd'hui, dans un terrain sans calcaire et sans soufre, qui ensemble font la moitié de tout leur poids, matières dont nous ne pouvons trouver la source que dans des êtres organisés et pétrifiés. Ainsi, la pierre d'Imatra est un ens sui generis indépendant de son gîte.

M. Virlet dit (p 220), que je parais disposé à admettre l'hypothèse stalactique. J'ai dit (p. 97): «Le principe de la filtration qui est celui de la formation des stalactites, fournit une hypo» thèse de formation qui, au premier coup d'œil, paraît pouvoir » expliquer celle des pierres d'imatra » et j'indique à peu près comment on pourrait s'y prendre; puis suit la théorie de la formation des stalactites, d'où je tire la manière dont on pourrait s'imaginer en gros la construction des pierres d'Imatra dans ces principes; puis j'ajoute: « Mais cette apparente simplicité de >> construction est tout ce que nous pouvons dire en faveur de cette » hypothèse qui succombe sous les objections suivantes. » J'en ai fait de même dans l'examen des autres hypothèses. Ainsi, si, en alléguant impartialement ce que l'on peut dire en faveur d'une hypothèse avant de la réfuter, je me suis déclaré plus ou moins disposé à l'admettre, je dois avouer que je l'ai fait en faveur de toutes celles que j'ai totalement refusées.

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M. Virlet dit : « On peut aussi reconnaître, à l'inspection des figures de l'auteur, que plusieurs de ces nodules, gênés dans leur » développement par le voisinage des fragments de granite, sem» blent comme brisés ou pénétrés par ces corps étrangers qui dérangent ainsi l'harmonie habituelle de leurs formes, et que » d'autres ont été réellement brisés postérieurement à leur forma» tion et offrent de véritables failles remplies de terre jaune ou » noire. »

Quelque attention de plus aurait évité, de la part de M. Virlet, l'obscurité (pour ne pas dire les erreurs) qui règne dans ce passage. Voici le résultat qu'on doit tirer de mes dessins :

Les pierres d'Imatra que j'ai décrites commé adhérant fortement à des morceaux de granite se trouvent sur les planches IX et X, à quoi il faut ajouter la figure 25 de la planche XIII. Ces morceaux de granite varient de la grosseur d'une noisette jusqu'au poids de 31 livres 1/2 russes. Cette adhésion n'a nullement détruit

ou même altéré le type de la pierre; seulement la pierre est contournée sur la surface adjacente du granite, sans déranger la régularité du dessin. Dans quelques exemplaires le petit morceau de granite est enveloppé de la masse de la pierre jusqu'à moitié, plus ou moins; dans un exemplaire (fig. 53) il se trouve un morceau tacheté de quartz, totalement enterré dans la pierre d'Imatra. Sur aucune de ces pierres on n'aperçoit ni fente, ni rupture quelconque, aucun écrasement avec rupture. D'autres pierres d'Imatra (mais aucune de celles qui se trouvent accolées à des granites) telles que les fig. 38, 39, 40, pl. VII, et fig. 41, 42, pl. VIII, sont plus ou moins écrasées, mais sans aucune rupture, quoique deux d'entre elles (fig. 40 et 41 ) soient très minces.

Il suit de ces faits que les pierres d'Imatra ont été primitivement très molles, ainsi dans un autre état que l'état actuel. Car si leur composition était assez argileuse pour subir une telle compression sans se briser, elles se trouveraient, continuellement en contact avec le fleuve, encore dans l'état mou.

Si ces pierres avaient été formées, comme ou l'assure, par des migrations de terre calcaire à travers diverses couches de marne, comme on le suppose pour les pierres de Lyme-Regis, quelle révolution n'eût-il pas failu pour enlever les couches dans lesquelles celles d'Imatra étaient enterrées, et eussent-elles résisté avec toutes ces fines et régulières moulures? Celles qui sont écrasées ne se trouvent que parmi les roches chaotiques du granite qui font la lisière du rapide; plus bas, où les quartiers de granite cessent, je n'en ai plus trouvé d'écrasées, quoique là elles se trouvent par milliers avec toute la pureté de leurs formes.

Quant à ce que j'ai dit des électromanes, on peut le pardonner à un vétéran qui a vu naître plusieurs générations de physiciens, et qui ne voulait blesser personne, et moins qui que ce soit M. Becquerel, que j'honore infiniment. Mais puisque l'hypothèse électrique a été nommée par M. Virlet d'Aoust, et que je n'en ai pas fait une mention particulière dans mon mémoire, je vais me permettre de l'analyser ici.

Le premier principe sur lequel se base l'hypothèse électrique est que l'électricité est capable de transporter des substances pondérables. J'avoue qu'en envisageant les phénomènes connus, je ne puis adhérer à ce principe. Je ne vois partout que des chocs ou des courants qui éloignent de la pointe électrique des corps concrets très déliés ou des fluides vers des corps neutres ou chargés de l'électricité opposée. Mais de là jusqu'au transport de matière concrète, quelque déliée qu'elle soit, à des distances très considérables au travers d'épaisses couches géologiques, c'est ce que je

ne puis admettre, tant qu'aucune expérience n'en aura pas prouvé la possibilité. Que l'on prenne une poudre calcaire ou autre, de la plus grande finesse, comme les poudres d'apothicaires nommées impalpables, et deux tables, l'une de marne ou de lias sur le devant et une de schiste derrière et en contact avec l'autre, sèches ou humides, et que l'on emploie une électricité très intense pour chasser la poudre au travers de la plaque antérieure sur la postérieure, la poudre arrivera-t-elle à sa destination? j'en doute fort, même si la plaque antérieure n'avait qu'une ligne d'épaisseur.

L'on objectera peut-être que les pulvicules que nous pouvons produire sont trop grossières. Mais si l'électricité naturelle (galvanique) en peut produire de plus fines ( et elle le doit dans l'hypothèse, puisqu'elle doit enlever ces pulvicules à la roche) que l'on emploie l'électricité à cette pulvérisation.

Si l'on répond que cette pulvérisation et ce transport n'ont pas été exécutés subitement, mais peut-être dans des siècles, je demanderai, puisqu'il s'agit ici d'une force mécanique, si une force très intense ne peut pas faire en très peu de temps l'effet d'une force très faible dans un temps très long. On pourrait, il est vrai, objecter, par exemple, que des poutres résistent pendant quelques jours à un certain poids et finissent par se casser au bout de quelques mois. Cela est vrai; mais nous avons des poutres qui résistent pendant des siècles, et il suffit pour cela que le poids dont on les charge ne soit que 1/4 ou 1/5 du poids sous lequel elles rompent au moment où on les charge, et quelle énorme proportion n'a-t-on pas entre la décharge d'une forte batterie ou le courant continu d'une grande machine électrique à ces minimes degrés d'électricité, que l'électrométrie peut seule nous rendre sensibles!

Je passe à une seconde question concernant l'existence de l'électricité qui doit avoir eu lieu pour produire les concrétions dont nous parlons. Assurément ce n'est pas l'auteur de la Théorie chimique de l'électricité qui niera la possibilité de la production de faibles degrés entre les couches hétérogènes plus ou moins humides des roches; mais il se permet d'affirmer que, à l'exception des cas où la roche contient des métaux non oxydés, cette électricité sera très minime. Il pense de même que le cas peut avoir lieu où certaine suite de couches produise l'électricité en sens opposé à celle d'une autre et la neutralise. Il rappelle en outre le théorème qui lui appartient également, que la chaleur, la lumière et l'électricité s'affaiblissent considérablement en passant au travers de matières hétérogènes pondérables, et que par conséquent l'électricité produite entre les couches dont se compose

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