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dans le bassin parisien. Je ne crois pas hors de propos de mettre en regard ce synchronisme des couches:

Etage oolitique

superieur.

LE JURA SALINOIS.

Groupe portlandien..
Groupe kimméridien.

Groupe séquanien..
Groupe corallien...

LA HAUTE-MARNE,

Calcaires portlandiens. . ) Divisions (a) et (b) du terrain ( Marnes portlandiennes.. } portlandien de M. Royer. Calcaires kimméridiens, Division (c) du terrain portlandien Marnes kimméridiennes.) et (B) des marnes kimmérid. } Division (C) on calcaire à Astartes.

( Calcaires sequaniens. .
Marues séquaniennes.

(Oolite corallienne. . . . ì Divisions (D) et (E), ou calcaire et

Calcaires coralliens.

oolite corallienne.

Il me reste maintenant à examiner si les groupes kimméridien et portlandien se trouvent bien aussi dans les autres parties du Jura. Je me bornerai à quelques mots de description pour deux ou trois points principaux de cette chaîne, pensant que cela suffira établir définitivement l'existence de ces groupes.

pour

Les environs de Porrentruy, devenus classiques pour le Jura suisse, depuis les excellentes descriptions qu'en ont données MM. Thurmann et Gressly, présentent d'une manière très développée les différents groupes de l'étage oolitique supérieur. Le groupe corallien s'observe avec son faciès littoral coralligène, soit en s'avançant du côté de Courtemaiche, soit en gravissant les flancs du Mont-Terrible derrière Villars; les fossiles s'y montrent en assez grande abondance, surtout les Polypiers et Cidarides ; et dans la partie supérieure on y rencontre dans l'oolite corallienne le faciès à Nérinées, pétri de Nerinea bruntrutana et de Nerinea suprajurensis. Au-dessus se trouve le groupe séquanien, renfermant un grand nombre d'Astarte minima, d' Apiocrinus Meriani, etc., et présentant le même faciès pétrographique que dans les département français du Doubs, de la Haute-Saône et du Jura. On peut surtout observer ce groupe près du sommet de la Perche, montagne qui se trouve vis-à-vis le Banné, à gauche de la route en allant de Porrentruy à Fontenois. Puis viennent les marnes kimméridiennes, si bien développées au Banné et à Haute-Cœuve, où elles présentent le faciès littoral à Acéphales et Gastéropodes. Ces mollusques formaient dans ces régions d'immenses bancs (analogues à ceux que 'on observe aujourd'hui près des rivages de nos mers), où ils vivaient associés par familles de cinquante à cent individus de tout âge; et on les retrouve encore actuellement dans la position normale qu'ils occupaient lors de leur existence. Les calcaires kimméridiens forment en entier la montagne du Banné, et se retrouvent sur beaucoup d'autres coteaux des envi

rons de Porrentruy. Enfin, l'on rencontre au-dessus de ces calcaires les marnes et calcaires portlandiens, qui présentent une association de fossiles analogue à celle du groupe kimméridien, mais dont les espèces sont différentes. On peut surtout observer ce groupe au coin du bois, près de Courtedoux, et à Alle, localités que j'ai observées tout dernièrement en compagnie de notre savant confrère M. Thurmaun. On y rencontre surtout en abondance l'Exogyra virgula, le Trigonia concentrica, des Ceromya, Corimya, Pterocerus, Acrosalenia, etc.

Les différents groupes qui constituent l'étage oolitique supérieur se présentent avec un aussi beau développement dans les environs de Besançon que dans les environs de Salins et de Porrentruy; seulement les faciès pétrographiques et paléontologiques ne sont pas les mêmes que dans ces deux localités. Le corallien se montre à la Vèze et près du Trou-au-Loup, derrière le village de Maure, avec son faciès à Crinoïdes et à accidents chailleux. On le rencontre encore sur plusieurs autres points, mais avec un faciès différent : ainsi, sur la route de Beurre, dans une carrière d'exploitation pour la chaux hydraulique, il se présente sous la forme de calcaire marneux, avec quelques Polypiers siliceux et un assez grand nombre de Térébratules, Trochus et Turbo. L'oolite corallienne se montre très développée, soit en allant du Pont-deSecours aux Trois-Chatets, soit en montant de Beurre aux carrières de gypse keupérien que l'on exploite derrière ce village; mais rarement on y rencontre le faciès à Nérinées; cependant j'ai recueilli dans cette division plusieurs Nerinca suprajurensis dans la coupe de la route de Maure et près de Lapérouse; il est vrai de dire que ce fossile y est assez rare. Le groupe séquanien, très développé sur plusieurs points, peut s'observer dans la coupe de la route de Maure ainsi qu'à Lapérouse, au point de rencontre de la route de Maiche avec celle de Morteau. Dans cette dernière localité surtout les fossiles sont en très grand nombre et présentent des espèces identiques avec ceux que l'on rencontre dans les marnes kimméridiennes des Trois-Chatets, derrière la citadelle; mais il est facile de constater que les fossiles séquaniens sont sur la place même où ils ont vécu, tandis que ceux du kimméridien sont roulés et pêle-mêle, et appartiennent évidemment à un faciès de charriage, qui a ramené ces espèces identiques des rivages jurassiques actuellement occupés par le Jura bernois, où elles avaient émigré sur la fin de la péride séquanienne. Les marnes kimméridiennes se présentent donc aux Trois-Chatets, où elles offrent un faciès de charriage; au-dessus se trouvent les calcaires kimméri

diens, puis viennent les marnes portlandiennes, renfermant un très grand nombre d'Exogyra virgula et quelques Myes; ce dernier genre de fossiles est beaucoup moins nombreux que dans le Porrentruy, ce qui indique pour Besançon un faciès subpélagique. Quant aux calcaires portlandiens, ils se montrent très développés dans la coupe de la route de Maure, où ils présentent plusieurs couches perforées et cariées, ainsi que quelques assises dolomitiques.

Je donnerai encore quelques mots de description pour les environs de Gray, parce que ce point se trouve près de la HauteMarne, et que M. Royer le cite à l'appui de ses conclusions. Les carrières qui se trouvent aux alentours du village de Chargey-lesGray sont toutes sur le groupe kimméridien, dont les assises, très développées dans cette localité, s'avancent jusque du côté d'Oyrières, où elles sont remplacées par celles du groupe séquanien. Plusieurs carrières de Chargey présentent un très beau développement des marnes kimméridiennes ; ainsi, au nord du village, immédiatement en sortant, à gauche de la route, on les rencontre renfermant les fossiles suivants: Ammonites (trois espèces), Nautilus giganteus, Pterocerus oceani, Pholadomya protei, Ceromya exccntrica et inflata, Nerinea (plusieurs espèces), Terebratula, etc. Si l'on s'avance du côté de Gray, à moitié chemin entre Chargey et Arc, on retrouve les marnes kimméridiennes avec un plus grand nombre de fossiles que dans la précédente localité, et elles présentent alors tout-à-fait le même faciès que derrière la citadelle de Besançon. En s'élevant ensuite sur le coteau qui domine les Maisonnettes et Arc, surtout du côté qui regarde la ville de Gray, on parcourt successivement les différentes couches du calcaire kimméridien, des marnes portlandiennes, et enfin des calcaires portlandiens qui couronnent le monticule. Les marnes portlandiennes ne m'ont offert que l'Exogyra virgula en assez grande abondance, une Térébratule et la Trigonia concentricu : quant aux calcaires, ils présentent une immense série d'assises, dont quelques unes renferment plusieurs espèces de Nérinées, et dont la plupart sont perforées et cariées. Ces couches perforées sont plus nombreuses dans les environs de Gray que sur aucun autre point des MontsJura; et la ville de Gray elle-même est bâtie sur ces assises. Les marnes portlandiennes se montrent encore dans plusieurs carrières qui se trouvent dans l'intérieur même de Gray, ainsi que du côté du village de Gray-la-ville.

D'après les considérations précédentes, l'on voit que les groupes kimméridien et portlandien existent dans quatre localités princi

pales des Monts-Jura, situées dans les départements de la HauteSaône, du Doubs et du Jura, ainsi que dans le canton de Berne. D'où l'on peut conclure que ces groupes existent dans le polygone formé par ces quatre points, comme je le prouverais facilement en donnant les coupes des terrains qui se trouvent dans les régions intermédiaires; mais je crois inutile de m'arrêter davantage sur cette dissertation,pensant que les observations que je viens de donner suffiront pour qu'à l'avenir on ne vienne plus contester l'existence des groupes kimméridien et portlandien dans les Monts-Jura, et pour convaincre M. Royer de leur présence dans les environs de Gray et de Porrentruy.

Recherches géologiques sur le Jura salinois ( résumé de la seconde partie), par J. Marcou.

Dans la première partie de ce travail, que j'ai eu l'honneur de présenter à la Société dans le semestre d'été de 1846, je me suis appliqué à décrire les terrains keupérien et jurassique, dont les assises constituent les principaux massifs des Monts-Jura. Dans cette seconde partie, je donne la description du terrain néocomien, dont le dépôt s'est formé après une première dislocation des couches jurassiques.

A la fin de la période portlandienne, des écaillements eurent lieu dans les dépôts qui venaient de s'effectuer; ce qui apporta les plus grands changements dans la distribution géographique de la mer, et dans les êtres organisés qui l'habitaient. Les rivages qui, pendant toute l'époque jurassique, se trouvaient le long des Vosges et de la Forêt-Noire, furent transportés le long de la lisière orientale de la Suisse, sur la ligne actuellement occupée par Soleure, Bienne, Neuchâtel, Orbe, Gex et Bellegarde. Mais plusieurs bras de mer s'étendirent dans les vallées longitudinales formées par les chaînes de montagnes, et formèrent des golfes et fiords sur plusieurs points du Jura oriental, et surtout dans les régions méridionales. L'un de ces fiords néocomiens se trouve compris dans les limites que j'ai adoptées pour le Jura salinois, et c'est à sa description que j'ai consacré cette seconde partie de mon trayail.

La vallée de Nozeroy, connue aussi sous le nom de val de Miéges, communique au N. avec les vallées de Pontarlier, Morteau, les Verrières, qui l'unissaient avec le grand bassin néocomien de l'Helvéție. Les divers groupes constituant le terrain néocomien se trouvant sur plusieurs points de ces vallées, je serai souvent. forcé de sortir des limites du Jura salinois pour aller chercher

sur les autres points des explications de plusieurs phénomènes isolés, qui se rattachent à des faits plus généraux.

Les premières assises néocomiennes sont formées de marnes bleues, sableuses, non fossilifères, renfermant sur plusieurs points des dépôts gypseux. On ne les a encore observées que dans les vallées de Nozeroy, de Mouthe et de Morteau. Immédiatement au-dessus se trouve une couche de calcaire compacte, renfermant une très grande quantité d'oolites ferrugineuses, dont la grosseur varie suivant les régions que l'on considère, et dont l'origine est due aux dislocations jurassiques. Lorsque les couches se brisèrent pour former les chaînes du Jura, il y eut dans plusieurs vallées des régions bernoises et soleuroises des déjections de matières ferrugineuses qui vinrent former le dépôt du Bohnerz. Ces dépôts, d'origine semi - plutonique, envahirent toutes les vallées et finirent par déborder au-delà des régions où ils avaient leur foyer d'action. De sorte que les parages actuellement occupés par les cantons de Neuchatel et de Vaud, les départements du Doubs et du Jura, dans lesquels il se déposait des couches calcaires, et sur plusieurs points des dépôts gypseux, reçurent de ces matières ferrugineuses qui vinrent augmenter et modifier les couches en voie de formation. Mais cet envahissement du Bohnerz dans les autres localités suivit la loi imposée à son origine. A mesure que l'on s'éloigne des régions bohnerziques, on commence, comme entre Bienne et Neuchâtel, à rencontrer, dans les premières assises du calcaire néocomien, de nombreuses oolites ferrugineuses, dont la grosseur et le nombre va en diminuant à mesure que l'on s'avance dans les parties méridionales, et qui, d'abord occupant une grande place dans la hauteur des strates, finissent par devenir presque rudimentaires, comme par exemple au Salève, près de Genève. Dans la vallée de Nozeroy, les oolites sont miliaires et forment une espèce de limonite qui atteint 2 et 3 mètres de hauteur.

Les premiers êtres organisés de la période néocomienne se montrent dans ce groupe; mais on ne les rencontre que sur quelques points, pour ainsi dire privilégiés, où ils ont pu se développer. Car dans les régions bolnerziques les sources chaudes minérales formant ce dépôt s'opposaient aux phénomènes biolcgiques; et ce n'est que dans les localités où ces agents destructeurs de l'organisme n'avaient plus qu'une très faible influence, que les êtres ont pu exister et constituer une faune. Cette faune de la limonite est des plus curieuses à cause du petit nombre de points sur lesquels on a pu la constater jusqu'à présent. Ce n'est

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