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décrit en parlant des arènes de Bordeaux, se rencontre moins fréquemment. Il en est de même de l'appareil moyen (voyez dans la troisième partie du cours la description et la classification des appareils.)

Le grand appareil n'a été employé que rarement dans les premières constructions religieuses de la France occidentale, si l'on en juge par ce qu'il nous en reste aujourd'hui.

Nous avons vu, en étudiant les monuments romains des III, et IVe. siècles, que la brique avait été fréquemment employée dans les constructions de petit appareil; qu'elle y avait été disposée par zones horizontales pour maintenir le niveau des assises, et aussi pour l'ornement extérieur des édifices; qu'ainsi on avait souvent remplacé les moulures et les corniches par des cordons de brique dont la couleur rouge se détachait sur le fond gris ou blanchâtre des murs (1). Le même système se perpétua durant plusieurs siècles du moyen àge; on fit même de cette opposition de couleurs un des éléments de la décoration extérieure des édifices, et des briques de différentes formes furent incrustées sur les murs de manière à

(1) V. la 3o. partie du Cours.

produire des dessins symétriques (voyez les pl. XLIV-XLVI).

Colonnes et pilastres. Les colonnes cylindriques qui, dans les beaux temps, servaient de support aux arcades, furent, vers la fin du IVe siècle, fréquemment remplacées par des pilliers carrés (pl. LVI, fig. 1), comme on en voit à l'intérieur de plusieurs églises antérieures au Xe. siècle, notamment dans celles de SaintMartin d'Angers (pl. XLVI), et de la BasseOEuvre à Beauvais ; dans la nef de la cathedrale d'Aix-la-Chapelle, bâtie par Charlemagne vers la fin du VIII. siècle, etc., etc. Les pilliers offraient donc assez ordinairement de simples prismes carrés, pourvus de leurs corniches, mais qui n'étaient point couverts de ces demi-colonnes engagées dont l'usage devint presque général dans la suite.

Entablement. Les altérations qui s'étaient manifestées dans l'entablement des édifices au Ive. siècle ne firent qu'augmenter dans les premiers siècles du moyen âge; partout on vit les arceaux des voûtes reposer sur les chapiteaux des colonnes : souvent on supprima les frises et les architraves, pour ne conserver que des corniches supportées quelquefois par des consoles ou modillons.

Dans bien des monuments ces modillons ne portaient aucun ornement et figuraient simplement l'extrémité d'une poutre taillée en biseau (voyez les modillons de l'église de Poitiers pl. XLVI et le modillon no. 1, pl. LVI ).

Dans quelques autres, ils présentaient des volutes, des têtes humaines ou même des têtes d'animaux, mais qui n'offraient pas en général la même variété ni la même bizarrerie que ceux des siècles suivans.

Fenêtres. Les fenêtres, toujours cintrées, étaient d'une dimension moyenne (environ trois ou quatre pieds de hauteur,sur un pied et demi ou deux pieds de largeur) ayant ordinairement en hauteur le double de leur largeur (voyez les pl. XLVI, XLVII, et la pl. LVI, fig. 1-3·4). Elles n'offraient point de colonnes à l'extérieur, et le cintre qui les couronnait reposait presque constamment sur des pilastres. Ce cintre luimême était d'une grande simplicité et rarement décoré de moulures; on n'y voyait le plus ordinairement qu'un rang de pierres symétriques (pl. LVI, fig. 3-5).

Quelquefois ces pierres étaient séparées les unes des autres par deux ou trois briques accolées (pl. LVI, fig. 1), et disposées suivant le système que nous avons observé précédemment

dans les arènes de Bordeaux, dans les murs du Mans et dans beaucoup d'autres constructions romaines (1) il était assez ordinaire d'encadrer cette archivolte mi-partie de pierre et de brique, dans une bordure tantôt simple (pl. XLVII), tantôt double (pl. XLVI, et pl, LVI, fig. 1), de briques disposées en demi- cercle. Lorsque ce cordon était double, comme dans l'église de Savenières (pl. XLVI), un rang de pierres rectangles de petit appareil, remplissait l'intervalle compris entre les deux cordons semi-circulaires.

Dans les fenêtres où l'on n'a point employé la brique, les cordons dont je parle ont souvent été remplacés par des saillies en pierre, simples ou doubles, qui produisent un effet à peu près semblable ( pl. LVI, fig. 4).

Portes. Le cintre des portes reposait ordinairement sur de simples pieds droits ou pilastres, plus rarement sur des colonnes; il était orné de différentes moulures et incrustations, ou simplement de pierres cunéiformes symétriques (pl. LIV), alternant par fois avec des briques et surmontées d'un cordon en saillie comme les fenêtres du même temps. Presque

(1) V. la 3. partie du Cours.

toujours une porte carrée était ouverte au milieu de l'arcade principale, et l'on mettait en pratique le précepte que donne Vitruve (1) « délever une voute au-dessus du linteau, afin que le poids du mur supérieur porte sur les pieds droits, et qu'ainsi on évite les fractures qu'un poids considérable pourrait occasionner dans les linteaux » (voyez la fig. 2, pl. LIV).

Le tympan était rempli tantôt en petit appareil simple ou réticulé, tantôt par l'image de la croix ou par quelque autre bas-relief.

Les portes principales étaient placées dans la façade de l'Ouest et dans les murs latéraux, soit au Nord, soit au Midi, mais plus souvent au Midi dans nos contrées.

Arcades. Les arcades qui mettaient la nef en communication avec les ailes n'offraient le plus souvent pour ornement que des pierres symétriques, quelquefois séparées les unes des autres par des briques suivant le système du temps (voyez l'église Saint-Martin d'Angers, pl. XLVI); mais la grande arcade qui était au milieu des transepts, entre le choeur et la nef,était quelquefois ornée d'incrustations et de moulures. Cette

(1) Liv. vi, chap. xi.

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