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Je pourrais vous offrir les descriptions de plusieurs églises anciennes de Rome, je vais me borner à vous présenter celle de l'église saint Clément, telle qu'elle a été donnée par Séroux d'Agincourt. A la vérité cette église n'est pas antérieure au IX. siècle; mais elle ressemble d'une manière frappante aux premières basiliques chrétiennes, si bien que d'Agincourt et la plupart de ceux qui en ont fait mention ont placé son érection au Ve. siècle (1).

On remarque d'abord à Saint-Clément un antéportique, ou, suivant l'expression ordinaire, un porche. De ce porche on entre par quelques degrés dans une cour ou atrium, environnée d'un péristyle, laquelle précédait le corps de l'église.

Dans l'intérieur de l'église, deux nefs latérales d'inégale largeur, destinées l'une à placer les femmes, l'autre à recevoir les hommes, accompagnent la nef du milieu. Dans celle-ci, vers la partie supérieure, et près du sanctuaire est une enceinte fermée d'un petit mur en

(1) Il paraît d'après les recherches de M. de St.-Quintin, qu'il y a eu à Rome deux églises de St.-Clément, l'une dont la fondation remontait au IV. siècle et qui a été démolie au VIII•.; l'autre dont la construction n'a eu lieu que dans la première moitié du IX. siècle. C'est cette dernière qui existe encore, et que l'on a regardée à tort comme identique avec la première.

marbre à hauteur d'appui, où se plaçaient les acolytes, les exorcistes et les autres fonctionnaires des ordres mineurs; elle renferme à droite et à gauche, sur un sol un peu plus élevé, les deux ambons (points B et C, fig. 6, pl.XLIII); au fond de l'église est le sanctuaire terminé en hémicycle; au pourtour sont les bancs des prêtres, et au centre s'élève l'autel avec son tabernacle (point A, fig. 6, pl. XLIII ).

La description précédente est bien propre à donner une idée exacte de la disposition des premières églises. Toutefois il faut remarquer qu'un très-grand nombre n'étaient point précédées d'une cour comme celle de Saint-Clément, mais seulement d'un portique ou espèce de vestibule semblable à celui que vous voyez dans le plan de l'église de Saint-Pierre-ès-liens (fig. 8, pl. XLIII).

Les églises báties en Occident, au IVo. et au Ve. siècle, furent, comme nous l'avons dit, construites sur le patron des basiliques; mais quelques-unes offrirent des innovations partielles que je ne dois pas omettre d'indiquer. La plus notable peut-ètre fut l'apparition des transsepts, c'est-à-dire l'élargissement que prit le vaisseau entre l'abside et les nefs, de manière à donner au plan de l'édifice la forme

d'une croix (pl. XLIII, fig. 9. voir fig. 5, même planche,l'intérieur de Saint-Paul hors les murs). Quelquefois aussi, au lieu d'une seule abside, on en fit trois de proportions différentes, et l'on mit leur diamètre en rapport avec la largeur des nefs vis-à-vis desquelles elles étaient placées (pl. XLIII, fig. 8). Enfin dans quelques églises on doubla les on doubla les rangs de colonnes de manière à produire cinq nefs au lieu de trois; c'est ce qui eut lieu dans l'église de SaintPaul hors les murs, et dans celle de SaintPierre élevée au IV. siècle. Le plan de cette église a été conservé (voyez la fig. 9, pl.XLIII). Elle était, comme celle de Saint-Clément, précédée d'une cour ou atrium.

Le sénat avait orné l'arc de triomphe de Constantin aux dépens de celui de Trajan ; les Chrétiens suivirent aveuglément ce déplorable exemple: ils exploitèrent sans pitié les édifices de l'ancienne Rome. Les métaux furent fondus, les colonnes déplacées, les marbres arrachés. Tous ces matériaux furent employés, ainsi que la peinture et les mosaïques, à la décoration intérieure des premières églises; mais elles conservèrent à l'extérieur la simplicité des basiliques; leurs murs unis, percés de fenêtres arrondies, ne présentaient pas de colonnes ni d'entable

ments travaillés, si ce n'est par fois du côté de la façade où se trouvaient les principales portes d'entrée.L'église de Saint-Paul hors les murs(1), reproduite en partie sur la pl. XLIII (fig. 4) et plusieurs autres que je pourrais citer, montrent bien cette simplicité extérieure des premiers temples chrétiens.

Mais sans nous arrêter plus long-temps à l'examen des monuments religieux de l'Italie revenons en France, et cherchons à acquérir des idées précises sur l'état primitif de l'architecture dans nos contrées.

Le Christianisme paraît s'être introduit dans la Gaule vers la fin du II. siècle, époque à laquelle plusieurs congrégations se formèrent dans les provinces méridionales. Au IIIo. siècle, les progrès du nouveau culte devinrent plus rapides, des missionnaires partirent de Rome pour aller prêcher à Narbonne, à Toulouse, à Limoges, à Clermont et en Tourraine. Il paraît que vers l'an 250, saint Nicaise et ses compagnons avaient essayé de pénétrer dans la

(1) Il est facile de reconnaître que quelques-unes des fenêtres de cette église ont été percées après coup; mais on croit que les murs sont antiques aussi bien que les fenêtres de la grande nef.

deuxième Lyonnaise et qu'ils furent martyrisés en chemin ; ce serait en 260 environ, suivant l'opinion commune, qu'il faudrait placer l'arrivée de saint Mélon, premier évêque de Rouen (1).

Quoi qu'il en soit, jusqu'au règne de Constantin, il n'y eut point en Gaule d'églises proprement dites, et l'on célébrait les mystères dans les maisons des nouveaux convertis, dans des cryptes et des lieux retirés; mais après l'avénement de ce prince, le christianisme prit un accroissement prodigieux dans les provinces comme dans l'Italie, et les églises s'y multiplièrent. Constantin en fit construire lui-même une à Clermont; d'autres s'élevèrent ailleurs sur des plans apportés de Rome.

On ne peut guères douter que les évêques qui prêchèrent l'évangile, au IV. siècle, dans les provinces de l'Ouest, n'aient élevé des oratoires dans toutes les villes épiscopales.L'apôtre de la Touraine, saint Martin, fonda une église sous l'invocation de saint Pierre et de saint Paul, dans la ville de Tours où déjà Litorius,

(1) La plus ancienne date certaine que nous ayons relativement aux premiers apôtres qui s'établirent dans notre province, est celle qui nous est fournie par la présence d'Avitien, deuxième évêque de Rouen, au concile d'Arles, en 314.

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