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CHAPITRE XII.

Dn Style ogival quartaire,

(De 1,480 environ à 1,550).

Motifs qui ont déterminé à ranger dans une classe particulière les monuments de la fin du XV. siècle et du commencement du XVI.-Leurs caractères.- Catalogue d'églises appartenant au quatrième style ogival, -Renaissance.-Les productions de la renaissance ont été plutôt privées que publiques.-Elles seront décrites dans la partie du cours consacrée à l'architecture civile.- Terme de la période ogivale. Conclusion. -Tableau synoptique des variations de l'architecture religieuse, aux différents siècles du moyen âge.

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L'architecture de la fin du XVe siècle et de la première moitié du XVIe. présente de telles analogies avec celle dont je viens de vous entretenir, qu'au premier abord vous regarderez peut-être comme inutile la distinction que j'établis entre elles ; mais en examinant et com

parant avec soin les monuments de ces deux époques, vous ne tarderez pas à apercevoir des différences quelquefois très-légères, il est vrai, mais aussi très- frappantes dans beaucoup d'églises, et toujours sensibles pour l'œil d'un observateur attentif.

Effectivement, il s'établissait en France, en Angleterre et en Allemagne, vers la fin du X V. siècle, un système de décoration monumentale qui consistait surtout à surcharger de ciselures toutes les parties des édifices, et à substituer aux colonnes et aux entablements un nombre considérable de filets et de nervures. Le dernier âge du style ogival était celui des travaux partiels, des restaurations des retouches et des substructions; les artistes s'attachaient particulièrement à rendre les détails d'ornement avec une extrême finesse : et ne pouvant élever de grandes constructions, ils produisaient des morceaux d'une élégance admirable, d'une exécution éblouissante

Ornements. Tous les ornements du style ogival tertiaire se montrent dans celui de la dernière époque; LES FESTONS TRILOBÉS (pl. LIV, fig. 9, et pl. LV, fig. 37), suspendus aux voussures des portes des arcades, des fenêtres,

aux arcs-boutants, et parfois aux arceaux des voûtes; LES PANNEAUX tapissant les murs (pl. LV, fig. 36); LES BRODERIES (pl. LV fig. 39); LES PINACLES EN APPLICATION, garnis de gros bouquets de feuilles déchiquetées ; LES DAIS ET LES NICHES en encorbellement, couverts de ciselures d'une extrême finesse; les CEPS DE VIGNE,découpés à jour; les ENTRELACs,les arabesQUES et les RINCEAUX, caractérisent surtout la fin du XVe siècle et le commencement du XVIe. Les QUATRE-FEUILLES également fort communs ont assez souvent plus de hauteur que de largeur (pl. LV, fig. 40), les deux feuilles verticales étant un peu plus longues que les feuilles horisontales.

Parmi les figures d'animaux qui ornent parfois les consoles, la salamandre peut faire reconnaître les édifices élevés du temps de François Ier. (1).

Colonnes. Des nervures prismatiques ou de simples filets remplacent les colonnes bien plus souvent que dans la première moitié du XV. siècle. Ces nervures se prolongent tout autour des arcades, sans qu'il y ait d'entablement

(1) On sait que François Ier, avait pris cet animal pour emblême.

ni rien qui indique la place des chapiteaux Entre les nervures, on remarque quelquefois de riches garnitures de feuillages qui partent de la base des pilastres, et suivent sans interruption les contours des arcs ogives.

Balustrades. Les rampes de quelques balustrades imitent jusqu'à un certain point les feuilles de fougère; celles que j'ai tracées sur la planche LVI, no. 20,21 et 22, sont trèscommunes dans les églises du commencement du XVIe siècle.

Fenêtres. Les fenêtres souvent garnies de dentelures trilobées, comme je l'ai dit toutà-l'heure, offrent des compartiments à peu près semblables à ceux des fenêtres de la première moitié du XVe siècle; dans quelques-unes j'ai remarqué des dessins plus réguliers, et notamment des grandes feuilles composées de deux rangs de pétales épanouies.

C'est principalement dans les derniers temps de la période ogivale que nous trouvons chez nous ces fenêtres en forme d'accolade ( pl. LV, fig. 38) qui se rencontrent si fréquemment dans l'architecture mauresque; enfin, quelques fenêtres du XVI. siècle sont fort larges et trèsobtuses.

Portes. Ce que je disais des fenêtres peut s'appliquer aux portes, avec cette différence qu'elles offrent un plus grand nombre d'ornements; quelques unes disparaissent, pour ainsi dire, sous les dentelles, les festons et les élégants pinacles qui en tapissent les parois et les vous

sures..

Voûtes. Dans beaucoup de voûtes les arceaux n'offrent rien de plus qu'au XVe siècle; dans d'autres ils se ramifient à l'excès (pl. LX, fig. 5), et présentent une saillie considérable ( églises d'Argentan, de Gisors, d'Alençon, de Saint-Pierre de Caen, de Caudebec, de Dieppe, etc. etc.). Tous les points où s'opère la réunion des traverses, sont alors fréquemment couverts de culs-de-lampe ou pendentifs, d'écussons, d'armoiries, d'emblêmes et de diverses figures d'un grand relief.

Quelquefois les culs-de-lampe très-volumineux retracent l'image des stalactites dont la nature tapisse certaines grottes (pl. LX, fig. 6. ), et l'on ne se promène pas sans étonnement sous ces voûtes, frangées où sont suspendues des pierres pesant plusieurs mille livres; ainsi les arcades des voûtes, au lieu de s'élever suivant le génie primitif du style ogival, s'inclinent et s'abaissent vers la terre.

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