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CHAPITRE XI.

Du style ogival tertiaire

(de 1,400 à 1480, environ).

SYNONIMES.Gothique flamboyant de M.LePrévost; style perpendiculaire des antiquaires anglais.

Observations sur la difficulté d'établir une limite chronologique parfaitement exacte entre le second et le troisième style ogival.-Exposé des caractères les plus saillants de ce dernier style.-Le XV. siècle a produit beaucoup de raccommodages et peu de grandes constructions.—Infériorité des monuments de cette époque comparés à ceux du XIII. et du XIV. siècle. - Moyens d'exécution. - Quelques mots sur l'esprit qui animait les artistes du XVe siècle.

Les caractères du style ogival de la troisième époque, que je vais indiquer rapidement, s'étaient déjà présentés en partie dans quelques monuments du XIV., et vous me permettrez de vous rappeller à cette occasion, que rien n'est absolu dans nos divisions. Elles sont basées sur la progression des changements que l'on remarque en comparant un très-grand nombre d'édifices; mais on ne doit point oublier que ces modifications se sont faites graduellement; que l'art n'a point eu dans sa marche de repos marqués, et

que les innovations n'ont pas été partout introduites dans le même temps.

Il ne faudra donc pas être surpris de trouver dans quelques monuments du XIV. siècle une partie des caractères que je vais assigner au XVe.

Forme des Eglises. Il ne parait pas qu'aucunes modifications ayent été introduites au XVe. siècle, dans le plan des églises; la forme générale demeura la même jusqu'au temps où l'on abandonna le style ogival pour revenir à l'architecture classique.

Ornements. Les formes prismatiques ou anguleuses dominent dans les moulures du XVe siècle; elles se manifestent dans les tores, les nervures, les traverses et jusques dans les moindres détails, ce qui donne aux ornements un air de maigreur que n'offrent point ceux des XIIIe. et XIVe. siècles.

TREFFLES ET QUATRE-FEUILLES. Les pétales des treffles et des quatre-feuilles ne se terminent pas par une pointe mousse comme dans les siècles précédents (pl. I.V, fig. 3-5), mais par une pointe très-aiguë ( même pl., fig. 30 ).

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Les feuilles entABLÉES affectent, à partir du XVe siècle, des formes tout-à-fait différentes de celles que nous avons remarquées au XIIIe. et au XIVe.Au lieu de feuilles grasses ou de feuilles

d'achante, etc., etc., ce sont des feuilles de choux frisés, de chardon et de quelques autres plantes (pl. LV, fig. 31—32), que le sculpteur a pris soin de figurer sous les corniches.

FEUILLAGES ET GUIRLANDES. Les feuilles frisées que nous venons d'indiquer comme étant un des ornements habituels de l'entablement, se rencontrent dans les autres parties des édifices, tantôt isolées ou par bouquets, tantôt formant des guirlandes; elles offrent un des caractères les plus frappants du style ogival de la troisième époque. Les feuilles de vigne ont aussi été employées très-fréquemment.

LES CROCHETS, quelquefois peu différents de ceux du XIVe siècle montrent pour la plupart un changement de forme analogue à celui des ornements dont je viens de parler.

Ordinairement ils représentent des feuilles de choux ou de chardon, frisées, arrondies contournées et ressemblant parfois à des têtes de Dauphins (pl. LV, fig. 33 ).

LES ARCADES SIMULÉES Sont presque toutes surmontées d'un fronton pyramidal partant des impostes, qui est souvent garni de crochets et couronné d'un bouquet de feuillages frisés (pl. LV, fig. 34). La plupart de ces arcades en renferment d'autres qui sont trilobées.

PINACLES SIMULÉS. De tous les ornements du XVe siècle, les pin acles simulés ( pl. LV, fig. 35) sont peut-être ceux dont on a tiré le le plus de parti et que vous rencontrerez le plus souvent; on les voit en application sur les murs, à l'intérieur et à l'extérieur des édifices; ils sont ornés de crochets, et se distinguent en général par beaucoup de grâce et de délicatesse.

LES DAIS offrent des couronnements pyramidaux très-compliqués; beaucoup d'églises du XVe siècle renferment des ornements de ce genre d'une grande finesse d'exécu

tion.

e.

PANNEAUX. Tel est le nom que M. Rickman (1) et plusieurs autres Antiquaires Anglais donnent à des petites arcades trilobées ordinairement superposées les unes aux autres et séparées par lignes verticales, qui ont été figurées sur les murs durant le XV. et le XVIe. siècle (pl. LV, fig. 36). Ces sculptures symétriques, qui divisent les murailles en compartiments égaux, et qui en cachent la nudité, présentent

(1) Essay on Gothic Architecture by T. Rickman, Architect, London 1825.

de l'analogie avec les panneaux des boiseries, et c'est en raison de cette ressemblance qu'elles ont reçu le nom par lequel on est convenu de les désigner.

LES FESTONS (pl. LV, fig.37)forment une élégante garniture suspendue aux voussures des portes et des fenêtres. Cet ornement est surtout caractéristique des derniers temps de la période ogivale, et il appartient plutôt au commencement du XVIo. ou à la fin du XV ̧., qu'à la première moitié de ce dernier siècle.

BAS-RELIEFS ET STATUES. Un assez grand nombre de statues ont été sculptées au XVe sièc'e; quelques-unes ne sont pas sans mérite, mais on remarque dans beaucoup d'autres de l'incorrection dans le dessin, un travail mou, des draperies contournées, etc.

Les bas-reliefs offrent les mêmes défauts que les statues; sur les consoles on voit souvent des figures dont les attitudes sont bizarres.

Les Contreforts, soit qu'ils supportent des arcs-boutants, soit qu'ils soutiennent immédiatement les murs, ont de distance en distance leurs faces ornées de pinacles simulés, et l'on y voit aussi, comme dans le siècle précédent, des niches richement sculptées. Lorsqu'ils sup

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