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que celui auquel on doit le choeur de SaintEtienne de Caen, se nommait Guillaume (1).

Nous savons, par la chronique de l'abbaye du Bec, qu'Ingelramme qui avait travaillé à l'église Notre-Dame de Rouen, fut engagé, en 1212, par l'abbé Richard, à rebâtir l'Eglise de cette abbaye; un peu plus tard, Robert de Lusarches éleva la cathédrale d'Amiens; Hugues Libergier travaillait,en 1229,à la nef de l'Eglise Saint-Nicaise de Reims (2); Robert de Coucy, bâtit dans le même temps, la belle cathédrale de Reims, dont la première pierre avait été posée en 1211 (3).

Eudes de Montreuil, qui accompagna SaintLouis en Orient, où il fortifia la ville de Jaffa,

(1) Cette inscription gravée à l'extérieur de l'abside est conçue

en ces termes :

GUILLELMUS JACET HIC, PETRA RUM SUMMUS IN ARTE.

ISTE NOVUM PERFECIT OPUS DET PREMIA CHRISTUS AMEN.

(2) Hugo Libergier pronaon ecclesiæ perfecit, utrasque alas, frontem, propyleum et turres; chron. S. Nicas., p. 636. L'inscription tumulaire suivante prouve que cet architecte mourut en 1265.

CY GIST MAISTRE HUGUES LIBERGIER, QUI A COMMENCÉ CETTE ÉGLISE L'AN DE L'INCARNATION 1229, MERCREDI D'APRÈS PAQUES, ET MOURUT L'AN 1263, LE VENDREDY D'APRÈS PAQUES; POur difu priez POUR LUI

(3) Trente ans après (en 1241), o célébra l'office divin dans la cathédrale de Reims,

bâtit le choeur de Beauvais, l'église Notre-Dame de Mantes et plusieurs autres édifices (1). Il est inutile de citer un plus grand nombre de noms d'artistes; remarquons seulement, en terminant, que beaucoup d'habiles architec tes du XIII. siècle n'appartenaient point au clergé ; l'époque hiératique était passée comme le pense M. Vitet; la plupart des secrets de l'art avaient été confiés à des séculiers, ou devinés par eux. Tout dans la société de cette époque tendait à la sécularisation et à l'établissement des franchises.

(1) Cet artiste mourut en 1289, et fut enterré dans le couvent des Cordeliers de Paris, dont il avait bâti l'Eglise.

CHAPITRE X.

Du style ogival secondaire,

(de 1,300 à 1,400 environ).

Enumération des caractères qui distinguent les monuments du XIV. siècle de ceux du XIII.

Après avoir présenté le tableau de l'architecture ogivale primitive,je vais indiquer, le plus rapidement possible, les caractères qui différentient les monuments du XIV. siècle et qui peuvent les faire distinguer de ceux du XIIIe.

Forme des églises. Un changement notable s'introduisit, au XIVe. siècle, dans le plan des églises, par , par l'addition d'un rang de chapelles le long de chacun des bas côtés de la nef (pl. XLIII, fig. 13). Ces chapelles qui forment en quelque sorte le complément des temples du moyen âge, furent, à cette époque, construites en sous-œuvre dans un grand nombre d'églises. Ce fut aussi à partir du XIVe. surtout qu'on

donna à la chapelle terminale dédiée à la sainte Vierge de plus grandes dimensions qu'aux autres,comme je l'ai dit dans la dernière conférence

Contreforts. La disposition des contreforts et des arcs-boutants était, au XIVe. siècle, à peu près la même qu'auparavant; seulement on substituait quelquefois aux clochetons qui couronnaient les contreforts, au XIIIe siècle, des aiguilles garnies de crochets ( pl. LXI, fig. 5), portées sur des bases carrées, octogones, et parfois triangulaires.

Ornements. La plupart des ornements du XIIIe siècle se retrouvent dans le XIVe., sauf, peut-être, les violettes et les fleurons que vous avez vus sur la planche LV. (nos. 6, 7, 8), mais ils offrent un faire différent. Si l'on remarque en général beaucoup de facilité et de hardiesse dans les sculptures, on y trouve aussi bien souvent de la maigreur; les tores n'ont plus la rondeur ni la saillie qui les distinguent dans le XIII.; les ciselures sont aussi moins profondément fouillées en un mot, ce n'est plus la touche du XIIIe. siècle. Ces différences sont plus faciles à saisir à l'oeil qu'à exprimer dans une description, c'est pourquoi je vais seulement parler de celles qui m'ont paru les plus frappantes.

LES TREFFLES se rencontrent souvent sur les murs, tantôt gravés en creux avec peu de profondeur, tantôt figurés par des tores peu saillants (pl. LV, fig. 24). Dans quelques treffles, les angles formés par la partie rentrante qui sépare les lobes les uns des autres sont ornés de feuillages trilobés.

QUATRE-FEUILLES. Ce que je disais des treffles peut s'appliquer aux quatre-feuilles dont on a fait très-fréquemment usage au XIVe siècle. Les quatre-feuilles d'un grand diamètre que l'on a figurés sur les murs, dans les frontons, au centre des fenêtres, etc. etc., soit isolés, soit réunis et disposés en triangle, sont assez souvent entourés d'un cercle (pl. LV, fig. 25), et alors on peut les appeler quatre-feuilles encadrés, pour les distinguer de ceux qui n'offrent pas

ce caractère.

ROSACES. Les rosaces se présentent comme les quatre-feuilles et tapissent comme eux les murailles à l'intérieur et à l'extérieur des édifices; on retrouve, en petit, dans leurs compartiments, les mêmes dessins que dans les grandes fenêtres circulaires.

LES ARCADES SIMULÉES, outre les ornements dont nous avons parlé précédemment (p. 243), sont couronnées de frontons triangulaires souvent garnis de crochets (pl. LV, fig. 26).

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