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il visita plusieurs départements de la France orientale et méridionale; une partie des observations qu'il recueillit dans ce voyage a été communiquée à la société des Antiquaires de Normandie dans la séance publique du 29 mai 1827.

M. Le Prévost avait trouvé de bonne heure un collaborateur zélé dans la personne de M. Hyacinthe Langlois, qui réunit le goût et les talents d'un artiste du premier ordre à l'érudition d'un savant académicien, et dont l'étallissement à Rouen fait époque dans l'histoire de notre école d'archéologie.

Sur un autre point de la Normandie M. de Gerville se livrait en même temps que M. Le Prévost (dès l'année 1814) a l'étude des monuments du moyen âge; il examinait attentivement cinq à six cents églises et réunissait les éléments d'une statistique monumentale du département de la Manche.

Plus tard (en 1819, 1820, 1821, 1822 et 1823) le département du Calvados fut aussi soigneusement exploré par MM. Lambert, Ch. Thomine, Léchaudé d'Anisy, de Jolimont, et par moi-même.

Cependant, quoiqu'on eût fait beaucoup d'observations, on publia peu ; les travaux des

antiquaires normands furent à peine connus avant 1824, époque à laquelle la création d'une société spécialement consacrée à l'archéologie fournit aux personnes qui s'étaient livrées à cette étude l'occasion de faire imprimer leurs ouvrages en même temps qu'elle établit entr'elles des relations plus fréquentes (1).

Parmi les mémoires publiés en Normandie sur l'architecture du moyen âge, quelques-uns de ceux que je vais citer ont particulièrement contribué à développer et à propager le goût

des études monumentales.

En 1819, M. de Gerville composa deux notices intéresssantes, dont l'une renferme un catalogue raisonné des églises les plus an

mées

(1) Il est juste de dire que les commissions d'antiquités forRouen et à Caen dès l'année 1818 en vertu d'une instruction ministérielle, avaient contribué puissamment à bâter les progrès des études monumentales, avant la création de la société des Antiquaires de Normandie.

La commission d'antiquités de Rouen établie par M. Kergariou alors préfet, el réorganisée en 1821 par M. de Vaussay, rassembla dès lors un très-grand nombre de mémoires et fit exécuter par M. Langlois une collection de dessins représentant les monuments religieux les plus remarquables du département de la SeineInférieure.

La commission d'antiquités de Caen formée la même année que celle de Rouen, par M. de Montlivault, préfet du Calvados, a rendu aussi d'importants services; cependant ses travaux n'ont jamais eu autant d'activité que ceux de la commission de Rouen.

ciennes et les plus curieuses du département de la Manche; et l'autre des recherches sur l'ori gine de l'église de Mortain et de la cathédrale de Coutances: ces deux notices n'ont été imprimées qu'en 1824 dans le premier volume des mémoires de la société des Antiquaires.

Ce fut dans le même volume que parut mon essai sur l'architecture religieuse du moyen âge, qui avait été communiqué, en 1823, à la société d'émulation de Caen, et dans lequel j'ai établi une classification chronologique des monuments religieux, basée sur les changements qui se sont manifestés successivement dans les styles architectoniques (1). Ce travail est fort incomplet, il renferme même quelques erreurs; mais c'est le seul qui offre un corps de doctrine concernant l'histoire de l'architecture religieuse du moyen àge: il a, je crois rendu quelques services.

Peu de temps après, on vit paraître un grand nombre de bons ouvrages, tels que l'histoire de l'abbaye de Saint-Wandrille par M.

(1) Essai sur l'architecture religieuse du moyen âge, principalement en Normandie, accompagné de 11 planches lithographiées.

Le même mémoire tiré à part forme un petit volume in-8°. qui a été épuisé dès l'année 1826.

Hyacinthe Langlois (1); celle de l'abbaye de Saint-Georges-de Bocherville par M. Achille Deville (2); l'histoire de l'abbaye de Jumièges par M. Deshayes (3); le mémoire de M. de Gerville sur les abbayes du département de la Manche (4) et l'essai monographique de M. Auguste Le Prévost sur quelques monuments remarquables du département de l'Eure (5).

Plusieurs autres membres de la société des Antiquaires (MM. J. Desnoyers, Ch. de Vauquelin, Deshayes, Frédéric Galeron, Dubourg d'Isigny, de Clinchamps, de Magneville, Richome et Boscher) ont fait de bonnes observations et recueilli des renseignements utiles pour l'avancement de la statistique monumentale de la Normandie.

(1) Essai historique et descriptif sur l'abbaye de St.-Wandrille et sur plusieurs autres monuments des environs. Rouen. 1827. Nous devons encore à M. Langlois plusieurs autres ouvrages intéressants, savoir: Mémoire sur la peinture sur verre. Rouen. 1823. Notice sur l'incendie de la cathédrale de Rouen. Rouen. 1823. Notice sur le tombeau des énervés de Jumièges et sur quelques décorations singulières de l'église de cette abbaye. 1825.

(2) Essai historique et descriptif sur l'église et l'abbaye de St.Georges de Bocherville. Rouen. 1827, un vol. grand in-4°. (3) Histoire de l'abbaye royale de Jumièges, par C. A. Deskayes. Rouen. F. Baudry. 1829, un vol. in-8°.

(4) Mémoires de la société des Antiquaires de Normandie tom. 11, pag. 25.

(5) Même collection, tom. iv, p. 357.

La plupart des ouvrages publiés sur l'architecture religieuse, dans les autres parties de la France, consistent dans des recueils de planches gravées ou lithographiées, représentant des églises et quelques vieux châteaux; dans toutes ces productions le texte peu développé n'a malheureusement été considéré que comme partie accessoire. Toutefois les dessins, fussent-ils complètement dépourvus d'explica. tion, fournissent, lorsqu'ils sont exacts, de grandes lumières à celui qui a l'habitude de voir et de comparer. Sous ce rapport, les ouvrages dont je parle sont fort utiles à consulter; ils se sont rapidement multipliés depuis dix ans, et le nombre en est aujourd'hui si considérable, que je n'essaierai pas de vous les faire tous connaître; il suffit d'ailleurs que vous sachiez quels sont les plus remarquables et les plus dignes d'attention.

Le recueil publié par M. Wilmin sous le titre de Monuments français inédits pour servir à l'histoire des arts, doit être cité l'un des premiers; il renferme déjà plus de deux cents planches infolio (1), dont plus de la moitié sont coloriées; elles représentent non seulement des monu

(1) Depuis plusieurs années cet ouvrage paraît par livraisons; jusqu'ici 47 cahiers ont été terminés.

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