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tés tournent autour de l'hémicycle du choeur(1); mais hors de la Normandie, j'ai remarqué des exemples de ce prolongement des ailes; dans l'église de Cunault (Maine et Loire) dont voici le plan (voyez la fig. 11, pl. XLIII), dans celles de Saint-Hilaire, de Montier-neuf et de NotreDame à Poitiers, de la Couture au Mans, de Saint-Eutrope à Saintes, de Sainte-Croix à Bordeaux, de Saint-Pair à Chartres, dont les parties basses sont anciennes, et dans beaucoup d'autres que je pourrais citer.

On garnit en même temps les bas côtés du choeur de chapelles qui produisirent un grand effet en rayonnant autour du sanctuaire.Il y en a trois d'ainsi disposées à Cunault (pl. XLIII, fig. 11); j'en ai remarqué cinq à Saint-Hilaire de Poitiers et dans plusieurs autres églises de la même époque. Ainsi le sanctuaire se trouva reporté plus au centre, et cet allongement du choeur éloigna la forme des églises de celle des basiliques. Je ne pourrais affirmer précisément à quelle époque cette disposition s'est introduite; il est possible qu'elle soit très-ancienne, mais ce fut au XIe siècle surtout, que les

(1) Je n'affirme cependant pas qu'il n'en existe aucune; mais au moins sont-elles bien rares dans ce pays.

exemples en devinrent nombreux dans quelques parties de la France.

Cryptes. Les grandes églises romanes ont souvent été élevées sur des cryptes, comme je l'ai déjà dit (p. 71 ). C'est un fait assez remarquable et digne d'être noté que ces chapelles souterraines aient été pratiquées, tant que l'architecture à plein cintre a régné, et que l'usage en ait cessé presque entièrement après l'adoption de l'architecture à ogives (1).

La plupart de nos cryptes du XIe. siècle sont placées sous le choeur; leur voûte est ordinairement soutenue par des colonnes cylindriques disposées sur deux ou quatre rangs. La crypte de la cathédrale de Bayeux, que l'on peut citer pour exemple, n'a que neuf pieds et demi de hauteur sur quarante-huit pieds et demi de longueur et vingt-trois pieds de largeur. Celle qui existe sous le choeur de l'abbaye de Sainte-Trinité de Caen est un peu moins grande, n'ayant que vingt-six pieds et demi de longueur sur vingt-trois pieds de largeur;la voûte est soutenue

(1) A peine pourrait-on citer quelques exemples de cryptes postérieures au x11o. siècle. Les voûtes en tierspoint étaient peu favorables aux constructions souterraines; d'un autre côté l'on n'eut pas les mêmes motifs pour en établir lorsque les reliques, et les tombeaux furent placés dans les églises.

par des colonnes cylindriques distantes de 4 pieds les unes des autres. La crypte de l'abbaye de Saint Florent-le-Vieil, à Saumur, présente à peu près cette disposition, et je pourrais en citer beaucoup d'autres du même genre; à la Couture du Mans, à Notre-Dame de Poitiers, à SaintSéverin de Bordeaux, à Médoc, à Nantes, à Cunault (Maine et Loire), etc., etc

Mais les cryptes de cette espèce ne sont pour ainsi dire que des chapelles et ne peuvent se comparer avec celles de la cathédrale de Chartres et de Saint-Eutrope à Saintes.

La partie souterraine de la cathédrale de Chartres règne sous toute l'étendue des bas côtés de la nef et du pourtour du rond point du choeur; on y descend par cinq escaliers différents, et l'on et l'on y trouve treize chapelles richement décorées (1); elle ne pénètre pas sous la nef principale ni sous le sanctuaire, et c'est une répétition des bas côtés qui font le tour de l'église supérieure.

L'église souterraine de Saint-Eutrope, quoique moins étendue que celle de Chartres, présente cependant quelque chose de plus complet, car elle est aussi large que l'église supé

(1) V. l'Essai historique et descriptif sur la cathédrale de Chartres, par M. de Jolimont et l'ouvrage de M. Gilbert sur le même sujet.

rieure, ayant comme elle un sanctuaire et une nef avec des bas côtés. Toutefois il faut

dire que l'église actuelle a perdu une partie de sa nef primitive, et j'ignore si les cryptes ont jamais eu beaucoup plus d'étendue qu'elles n'en offrent aujourd'hui qu'elles s'étendent depuis les transepts inclusivement jusqu'à l'abside, mais cet espace est considérable.

Appareils.Les principaux appareils en usage dans l'architecture romaine et dans l'architecture romane primitive se retrouvent dans celle des XI. et XIIe siècles.

Le petit appareil régulier de quatre pouces carrés et le moyen appareil de huit pouces sur cinq se rencontrent très-fréquemment.

Les édifices construits en moëllon, tels que certaines églises de campagne,offrent assez souvent des murs en blocage. Lorsqu'on s'est servi de pierres plates, elles ont presque toujours été rangées sur le côté et inclinées alternativement à droite et à gauche; c'est ce qu'on appelle maçonnerie en feuilles de fougères ou en aréte de poisson (pl. XLVIII, fig. 9. ).

L'appareil réticulé (opus reticulatum), d'un effet si agréable par la régularité de ses pièces (pl. XLVIII, fig. 8), se voit aussi dans quelques parties des murs, surtout dans les fron

tons; mais il sera, je crois, plus naturel de. vous faire connaître les principales variétés de cet appareil et le parti qu'on en a tiré pour la décoration, en traitant des ornements placés sur les murs.

Contreforts. A peine avait-on aperçu les contreforts dans l'architecture romane primitive, où ils se présentaient comme de simples pilastres destinés à orner plutôt qu'à consolider l'édifice. Ils occupent une plus grande place à partir du XIe siècle. Cependant ils n'ont encore que très-peu de saillie comparativement à ce qu'ils en acquirent dans la suite; cette saillie n'excède guère un demi-pied,et souvent elle est beaucoup moindre. La fig. 1, pl. XLI, vous montre ce que furent,à lafin du Xe.siècle et dans le XIe., les contreforts les plus considérables; vous voyez que l'épaisseur de ce pilastre est dissimulée et divisée, en quelque sorte, en deux parties par une espèce de retrait. Ce caractère n'est pas constant, et il est bien peu important en lui-même (1).

Ornements. Les ornements et les moulures

(1)EnAlsace on trouve communément au x1o. siècle des contre. forts très-étroits et peu saillants, disposés en grand nombre sur les murs ( V. quelques planches de l'ouvrage de MM. Schweighauser et de Golbery sur les monuments de l'Alsace).

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