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de l'année, déposer comme offrandes des sachets de sel ou d'avoine au pied de ces quilles et leur demander la fécondité. Cette pratique, dont on signale encore quelques vestiges, rappelle les hommages rendus au Mendès égyptien, le Lingam de l'Inde et le Priape des Grecs et des Romains. La forme de nos menhirs ajoute un terme de plus à la comparaison.

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Le Secrétaire donne lecture, au nom de M. le docteur Guéroult, d'un travail intitulé: Le Caudebec gaulois. Ce mémoire sera inséré dans un de nos prochains Bulletins.

M. Launay reçoit la parole et rend compte d'une publication récente d'un de nos plus laborieux confrères, M. Gravier, de Rouen, sur la découverte de l'Amérique, au Xe siècle, par les Normands. M. Launay ajoute, à l'analyse des recherches de l'auteur, une appréciation judicieuse de la valeur des Sagas islandaises considérées comme monuments historiques.

M. Deslongchamps expose le plan d'un travail qu'il a entrepris sur les stations d'Olendon et du Mont-Joly, découvertes par M. Costard. Le mémoire de M. Deslongchamps sera enrichi de quatre planches qui permettront de comparer entre eux les types variés d'instruments en silex rencontrés dans ces deux localités. Ces planches ont été dessinées par notre zélé confrère M. Costard.

Séance du 7 mai 1875;

Présidence de M. E. CHATEL:

Au début de la séance, M. le Président exprime les regrets qu'a causés à la Compagnie la mort suc

cessive de MM. Bertrand et Roulland. M. Bertrand avait été président de la Société pendant l'année académique 1858-1859, et il a attaché son nom à la restauration de la magnifique église de l'Abbaye-auxDames; M. Roulland ne faisait pas partie de la Compagnie, mais on ne saurait oublier que, comme maire, il accueillit toujours favorablement ses réclamations et qu'il fit exécuter, pendant sa trop courte administration, d'utiles réparations à nos édifices religieux.

M. Revon, secrétaire de la Société florimontane dont le siége est à Annecy, sollicite l'échange des publications de notre Compagnie avec celles de la Société qu'il représente. M. Caillemer, professeur de droit à Grenoble, nous adresse la même requête pour la Société de statistique de l'Isère. Ces demandes sont accueillies favorablement et l'envoi du Bulletin sera fait immédiatement aux deux Compagnies.

Parmi les publications déposées sur le bureau, le Secrétaire signale les envois de l'Académie impériale de St-Pétersbourg et de l'Académie royale de Suède et de Norwége, l'opuscule de M. Émile Travers sur les formes de l'élection des Papes, et le mémoire de M. Jules Lair sur deux chroniques latines composées, au XIIe siècle, à l'abbaye de St-Denis.

M. le Président offre, au nom de M. Renard, deux curieux volumes: l'Office de saint Nicaise et les Statuts des marchands merciers-drapiers de Rouen.

Le Secrétaire fait connaître qu'il a reçu, par l'intermédiaire de M. Leblanc, ingénieur en chef, si zélé pour les intérêts de notre Société, de la part de M. Vérel, une hachette celtique découverte dans le sol, à 2 mètres de profondeur, dans la tranchée du chemin de fer de

Caen à la mer, aux abords de la route de Creully. Cette hachette n'est polie que sur une faible étendue dans la partie qui touche à la tranche. Des remercîments seront adressés à M. Leblanc et à M. Vérel, directeur de la Compagnie du chemin de fer.

M. Le Bouteiller, notaire à Caen, est nommé membre titulaire de la Société.

Il est donné lecture, au nom de M. Tirard, d'un travail sur le camp du Câtillon. Cette enceinte présente dans sa configuration des particularités qui méritaient d'être relevées et qui peuvent donner lieu à d'utiles comparaisons.

M. Cauvet reçoit la parole et présente l'analyse détaillée d'un vieux registre de St-Étienne-le-Vieux, qui s'étend de 1656 à 1741, et nous initie à la vie intime de cette paroisse. Les indications relevées par notre confrère le portent à penser que les ressources matérielles des fabriques sont, en définitive, plus considérables qu'elles ne l'étaient autrefois. Pour plusieurs de ces établissements, du moins, la situation semblerait s'être améliorée.

M. Ch. Hettier entretient la Compagnie du développement pris à notre époque par la fabrication des étoffes destinées au vêtement, et se livre à d'intéressants rapprochements sur la situation des classes ouvrières, à ce point de vue, dans les temps anciens et à l'époque moderne. Les constatations de M. Hettier lui permettent de conclure que le bien-être des populations laborieuses, à cet égard, a singulièrement augmenté. Ce travail, dont quelques éléments ont été empruntés à des documents normands, donne lieu à un échange d'observations entre MM. Gaston Le Hardy, Cauvet et Joly.

NOTES ET COMMUNICATIONS.

Claude du Bellay, abbé de Savigny (1573–1609) par M. Joseph Denais, membre titulaire.

Il y a peu de familles en France qui aient pu compter, en deux ou trois générations, un aussi grand nombre de personnages illustres, à divers titres, que celle des du Bellay (1), qui vivait au XVIIe siècle dans la Touraine, le Maine et l'Anjou.

Nous pourrions citer par exemple en première ligne Joachim du Bellay, dont les œuvres poétiques sont connues de tout le monde, puis Martin, seigneur de Langey (2), rendu célèbre par ses Mémoires, et Jean du Bellay, le cardinal-évêque de Paris, Hugues, tué à Azincourt, Jean, chambellan de Charles VII, et bien d'autres encore.

Mais un membre de cette famille, qui n'est mentionné ni dans Moréri, ni dans toutes les grandes collections historiques et biographiques, est Claude du

(1) Langeais, aujourd'hui dans le départemer.t d'Indre-et-Loire. (2) Le nom de cette famille vient du petit fief de Bellay, aujourd'hui ferme, commune d'Allonnes (Maine-et-Loire), dont nous parlerons ci-dessous. On constate en Anjou la notoriété de la maison du Bellay dès le XIIe siècle.

Bellay, qui fut abbé de Savigny, au diocèse d'Avranches.

Nous connaissons du reste peu de choses sur la vie de ce personnage; mais ce que nous avons trouvé, tout en nous faisant regretter davantage encore les lacunes de cette biographie, nous a paru de bonne prise; le seul document qui nous ait fourni cette note est l'ouvrage même que Claude traduisit, ouvrage dont nous parlerons plus loin.

Claude du Bellay naquit au Plessis-Macé ( Maine-etLoire) le 9 mai 1573, de Réné, prince d'Yvetot, et de Marie du Bellay; il ne vécut que peu d'années, puisqu'il mourut dès le 20 décembre 1609, âgé de trente-six ans à peine.

Nommé d'abord prieur de Cunault dès l'âge de huit ans et ensuite d'Allonnes (1), puis conseiller du roi et abbé de Savigny, Claude entreprit la traduction des œuvres de saint Bernard, à la sollicitation de sa sœur Madeleine (2) et d'Anne de la Lande du Bellay, sa

(1) Ces deux prieurés faisaient partie de l'Anjou; les paroisses de ce nom sont aujourd'hui situées dans l'arrondissement de Saumur (Maine-et-Loire).

(2) Madeleine, d'abord cistercienne puis bénédictine en l'abbaye d'Estival où l'une de ses sœurs était abbesse, eut l'abbaye de Nyoiseau le 23 juillet 1546; elle fut toujours dans un état valétudinaire qui l'empêcha de résider à son abbaye. Elle mourut d'un cancer le 28 décembre 1586, après avoir résigné depuis six ans en faveur de sa nièce Anne. — Son frère, Claude du Bellay, s'était fait bâtir un logis à Nyoiseau pour habiter près de l'abbesse.— Anne, qui prit possession de Nyoiseau comme abbesse à l'âge de seize ans, mourut le 17 septembre 1607 au château du Bellay : son oncle, l'abhé de Savigny, fit ériger sur sa tombe, dans l'église de l'abbaye, un beau monument de marbrev Celestin Port. Diction. de Maine-et-Loire, t. II, p. 69).

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