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de Bourgueville fils du dit fondateur, lequel a eu la dite fondation agréable, M° Pierre Deshayes, procureur au siége présidial, Jehan Garnier et Guillaume Bellissent tesmoingtz.

Au dos est écrit: Le s de Bras 12 s. de rente et 2 pains au trésor St-Pierre.

Chaire à prêcher dans l'église Notre-Dame d'Alençon, par M. Ruprick Robert.

L'église Notre-Dame d'Alençon a été élevée au XV siècle. Dans l'un des piliers de la nef, au nord, on a établi, en 1536, une chaire à prêcher en pierre, sans que ce pilier, percé dans toute son épaisseur pour le passage d'un escalier, ait paru en souffrir aucunement.. La chaire est surmontée d'un abat-voix en menuiserie qui paraît dater de la fin du XVII° siècle; nous ne devons pas en tenir compte d'une part, dans l'origine, il ne devait pas y en avoir; et de l'autre, il offre peu d'intérêt au point de vue de l'art. Cependant l'ensemble de la composition n'est pas complet, cet abat-voix devant cacher vraisemblablement quelque support ou cul-de-lampe, dans le style de la Renaissance, rapporté et destiné à supporter les nervures primitives du pilier, interrompues pour établir la chaire et la porte qui y donne accès (1).

(1) Voici comment, dès 1845, les auteurs de l'Orne pittoresque et archéologique, MM. de La Sicotière et Poulet-Malassis, s'exprimaient à ce sujet : « La chaire, toute en pierre, porte la date 1536, et si l'on en croit une tradition touchante, elle est l'œuvre d'un condamné qui obtint la vie pour prix de ce travail. Des masques et des guirlandes, de petits pilastres, dans le goût de la Renaissance, les figures en relief des

Si ce petit monument est intéressant par ses dispositions et ses formes, il faut remarquer encore les inscriptions dont il est couvert, et dont voici le texte latin que nous avons fait suivre de la traduction.

Dans la frise au-dessus de la porte d'entrée de l'escalier, on lit:

« Qui non intrat per ostium in ovile ovium, sed ascendit aliunde, ille fur est et latro. »

« Celui qui n'entre pas dans le bercail des brebis par la porte, mais y accède autrement, est un voleur et un larron. » (S. JEAN, X, 1.)

Sous l'appui-main de la chaire on a gravé :

u Prædicate Evangelium omni creaturæ. »

« Annoncez l'Évangile à toute créature. »

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(Év. selon S. MARC,

XVI,

15.)

Puis la date de 1536.

A la hauteur des bases des pilastres, est écrit:

« Pœnitemini et credite Evangelio »

« Faites pénitence et croyez en l'Evangile. »

(Év. selon S. MArc, xvi,

15.)

Enfin, dans les bas-reliefs qui remplissent les arcatures, on voit un gros livre sculpté avec ce titre, Biblia, et cette inscription :

quatres évangélistes, entourées de sentences sacrées, décorent ses différentes faces. Toutes ces sculptures ont été peintes et dorées dans ces derniers temps, avec plus de richesse que de goût. L'escalier, pratiqué dans l'épaisseur même du pilier, est digne de remarque. »

E. de B.

« Scrutamini Scripturas; illæ sunt quæ testimonium perhibent de me. »

a Méditez l'Écriture, car elle rend témoignage de moi. »

(Év. selon S. JEAN, v. 39.)

Et dans les autres bas-reliefs:

« Omnis sermo Dei ignitus clypeus est omnibus sperantibus in illo. »

< Toute parole de Dieu est un bouclier de feu pour ceux qui espèrent en lui. »

(Proverbes, XXX, 5.)

« Si quis venerit ad vos et hanc doctrinam non affert, nolite recipere eum in domum nec ave ei dixeritis. »

« Si quelqu'un vient à vous et ne vous apporte pas cette doctrine, ne le recevez point dans votre maison et ne le saluez point. »

(Ép. de S. JEAN, II, 10.)

«Non erubesco Evangelium, virtus enim Dei est in salutem omni credenti. »

« Je ne rougis pas de l'Évangile; car il est la vertu de Dieu pour sauver quiconque croit. »

(Ép. de S. PAUL aux Romains, I,

16.)

On sait combien sont rares les anciennes chaires à prêcher en pierre. Celle de Notre-Dame d'Alençon a un mérite qui ne saurait être contesté; nous espérons que les bruits qui ont circulé à propos de sa suppression ne sont pas fondés, et que les autorités locales comprendront la valeur de cette œuvre d'art, et en défendront au besoin avec énergie la conservation (1).

(1) Une lettre de notre ami et confrère, M. de La Sicotière, député de l'Orne et ancien directeur de la Société, nous permet de rassurer

Que faut-il entendre par le côté droit et e côté gauche d'une église? par M. Julien Travers, prési¬ dent de la Société.

Cette question ayant été soulevée incidemment dans la dernière séance de la Société des Antiquaires de Normandie (mars 1874), la divergence des opinions éclata, à ma grande surprise, sur ce point où je n'avais jamais soupçonné matière à controverse. « Le côté droit, disaient les uns, est celui de l'Évangile, le côté gauche, celui de l'Épître. » — « C'est une question tranchée par la liturgie, s'écriait un de mes voisins. » On lui répliquait, à deux pas, a que les liturgistes n'étaient pas d'accord.» « A Rome, disait un autre, le prêtre célèbre la messe sur des autels fort bas et la face tournée vers les fidèles. " « Je vous arrête, interrompit un autre ; j'ai habité Rome, j'ai assisté aux offices de beaucoup de ses églises; on y dit la messe de la même façon qu'en Normandie. Et il ajouta : Ne croyez pas que cette question soit facile ou neuve; elle s'est présentée, il y a bien longtemps; on l'a discutée à bien des reprises; elle a subi des solutions diverses et n'en est que plus loin d'être résolue. Un procès mémorable a duré près de trois siècles par suite des prétentions de deux seigneurs qui avaient des droits fondés sur le sens positif, le sens précis qu'il

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les amis de l'archéologie. La chaire à prêcher d'Alençon n'a jamais été sérieusement menacée, et personne aujourd'hui ni dans le Conseil de fabrique, ni ailleurs, ne songe à en demander la suppression. Les appréciations d'un juge aussi compétent que M. Ruprick-Robert ne sont cependant pas inutiles et ne peuvent que confirmer ces bonnes dispositions. E. de B.

fallait donner au côté droit et au côté gauche de l'église (1). On invoqua la justice, et la justice prit son temps, et les péripéties du procès furent telles, qu'il s'écoula plus de deux siècles avant que le jugement définitif fût rendu. Ceux qui avaient entamé l'affaire étaient en parfait repos bien avant l'issue de cette interminable procédure; elle avait tant impatienté les parties, que ces gentilshommes, trop faciles à tirer l'épée, avaient eu recours maintes et maintes fois à l'argument du duel, et cinq ou six d'entre eux y avaient trouvé la mort (2). »

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(1) Les La Rivière avaient leur banc du côté de l'Évangile; les du Rosel, du côté de l'Épître; quelle était la place la plus honorable, c'est-à-dire la droite?

Celui qui avait la droite avait la première portion; mais, pour déterminer quelle était la première portion et quelle la seconde, il restait à déterminer qui avait la droite. (Note de M. Le Hardy.)

(2) J'ai dû écrire au membre de la Société des Antiquaires qui avait fait connaître ces faits dans la discussion. Voici quelques phrases de la. réponse de notre honorable confrère : « La pièce judiciaire dont vous me parlez est relative à une question de préséance dans l'église de StGermain-du-Crioult, près de Condé-sur-Noireau, et elle divisa jadis les familles du Rosel et de La Rivière... La famille du Rosel subsiste encore" à St-Germain-du-Crioult; celle de La Rivière s'est éteinte, il y a une trentaine d'années, dans la personne de mon grand-oncle paternel... Le mémoire est sans date, ni signature, ni nom d'imprimeur; mais, d'après son contenu, il doit être de 1735; il a été fait pour la juridiction des maréchaux de France sur le point d'honneur. Il doit avoir pour auteur le conseil de Messire Clément de La Rivière, chevalier, seigneur et patron de Meuvaine, Anelles, Maromme, Mesnil-Salle, Les Isles, Romilly et St-Germain-du-Crioult, à cause du fief de Gouvy. Le passage qui m'avait frappé est celui-ci : « On ne devinerait jamais « à quel dessein la dame Prepetit du Rosel a fait observer que la stalle « de son curé et la chaire étaient du côté de l'Épitre, cessant qu'elle • s'en est expliquée ailleurs, en soutenant que l'Épitre était la place

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