Page images
PDF
EPUB

et le n°. 11), dont les pièces sont en forme de losange, ont été employés dans les murs extérieurs du chœur de l'ancienne abbaye du Ronceray à Angers. Ces pierres sont toutes séparées les unes des autres par une couche de ciment coloré en rouge au moyen de brique pilée (1), et l'effet qui en résulte est fort agréable.

Mais une coupe de pierres plus gracieuse que toutes les autres est celle que j'ai remarquée dans le fronton de l'église Notre-Dame à Poitiers ; ce sont des pièces circulaires rangées côte à côte (fig. 12). Les vides qui existent entr'elles sont remplies par un ciment rougeâtre qui fait ressortir la rondeur de ces pièces.

On rencontre assez souvent en Poitou, en Touraine et dans beaucoup d'autres contrées un autre apparil composé de pierres arrondies d'un côté, carrées de l'autre, et séparées par du ciment coloré (fig. 15). Une fois rangées, ces pièces ressemblent à des écailles imbriquées.

Enfin j'ai trouvé quelquefois un autre appareil composé de pierres carrées, au centre et aux angles desquelles on a pratiqué des entailles ordinairement peu profondes, qui ont été remplies avec du ciment tantôt rouge, tantôt noir, quelquefois bleu(fig. 14).Les incrustations rouges et noires ont été dans quelques endroits disposées alternativement comme les cases. d'un damier. On peut citer pour exemple de ce genre d'appareil celui qui existe au centre des arcades bouchées qui ornent à l'extérieur le transept méridional de l'église SaintTaurin à Evreux.

Modillons et corniches. Les corbeaux ou modillons méritent une attention particulière ; ils forment un des caractères les

(1) La couleur rouge a été appliquée seulement à la surface du ciment, et n'a pas plus de six lignes d'épaisseur dans les jointures des pierres.

plus constants et les plus visibles, comme un des ornements les plus remarquables de l'architecture romane secondaire.

Placés ordinairement sous la corniche des murs extérieurs, ils remplissent le même office à l'intérieur de quelques édifices (1).

Le plus souvent ces espèces de consoles figurent des têtes d'hommes grotesques et grimaçantes, des têtes d'animaux, des monstres, des griffons, des volutes, des sautoirs, des angles de corniche; on y voit aussi assez souvent des obscénités.

Les corbeaux ont subi, suivant les progrès de l'art, des changements qui peuvent jusqu'à un certain point indiquer l'âge auquel ils appartiennent. Les plus anciens (au commencement du XI. siècle) sont très-saillans, tantôt simples et en forme de consoles, comme ceux des églises romanes primitives, tantôt ornés de figures grotesques surmontées immédiatement d'une corniche ( pl. VIII, fig. 3).

Les modillons qui supportent des arcades demi-circulaires sont généralement moins anciens que les précédents et leur succèdent parfois dans la deuxième moitié du XI. siècle et au XII (fig. 4).

Ceux-là sont à leur tour plus vieux que les modillons séparés les uns des autres par de petits arcs trilobés, ou des arcs en ogive (fig. 6), comme on en voit dans le XII.

La corniche qui surmonte les modillons est quelquefois toute simple; d'autres fois elle est ornée de zigzags, de billettes de moulures hachées, de dessins en échiquier, de torsades, etc. D'abord très-saillantes comme les plus anciens modillons, les corniches diminuèrent graduellement comme eux vers la fin du XI. siècle.

(1) Les modillons supportant les corniches à l'intérieur sont rares en Normandie, et au contraire extrêmement communs dans le Maine, l'Anjou, le Poitou et plusieurs autres provinces.

Colonnes. Les colonnes offrent un grand nombre de proportions diverses suivant la place qu'elles occupent; elles sont toujours droites entre la base et le chapiteau, et n'ont jamais de renflement ; quelques-unes sont pesantes et courtes, formées d'un gros fût cylindrique (pl. VIII, colonne no. 3); mais l'usage s'introduisit assez généralement dans le XI. siècle de former les piliers d'un assemblage de demi-colonnes réunies en faisceau (pl. VIII, colonne n°. 4). Cette innovation, l'une des plus notables du XI. siècle, et sur laquelle je réclame l'attention (1), me paraît un acheminement très-marqué vers le système nouveau d'architecture que nous verrons prédominer dans la suite; là est renfermé l'un des principaux éléments du style ogival. Du moment la colonne n'était plus le support réel, mais seulement l'accessoire, l'ornement du support, on put sans inconvénient en varier à l'infini les proportions.

que

Bientôt des fûts d'une longueur disproportionnée s'élancèrent d'un seul jet depuis le pavé jusqu'aux combles, soit pour aller recevoir les arceaux de la voûte, soit pour diviser les murs par ces lignes perpendiculaires et également espacées d'un si grand effet dans la perspective d'un édifice.

Chapiteaux. Les chapiteaux les plus simples présentent des faces plates sans ornemens ; d'autres sont garnics de feuilles ou de cannelures en forme de cône renversé; un très-grand nombre munis de volutes affectent la forme cointhienne ou composite: enfin plusieurs portent des têtes grotesques, des serpents en lacés, des chimères et mille autres

(1) Probablement on avait commencé plus anciennement à grouper les colonnes, mais c'est au XI. siècle surtout que cette combinaison est devenue ordinaire.

[graphic][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed]

THE NEW YORK PUBLIC LIBRARY

THE PUBI

ASTOR, LENOX AND TILDEN FOUNDATIONS,

AST

TILD

« PreviousContinue »