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siècle, peu différent de celui que nous avons indiqué; seulement le chœur s'allongea progressivement

se multiplièrent autour de l'autel principal.

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et les autels

Appareils. Le petit appareil formé de pierres présentant une surface de trois à quatre pouces sur tous sens, séparées les unes des autres par une couche de ciment assez épaisse, et parfois saillante, est celui que l'on voit le plus souvent.

L'appareil composé de pierres plus larges que hautes, se rencontre moins fréquemment. Il en est de même de l'appareil moyen (1).

Le grand appareil n'a été employé que rarement dans les premières constructions religieuses de la France occidentale, si l'on en juge par ce qu'il nous en reste aujourd'hui.

La brique avait été fréquemment employée dans les constructions de petit appareil; elle y avait été disposée par zônes horizontales pour maintenir le niveau des assises, et aussi pour l'ornement extérieur des édifices; ainsi on avait souvent remplacé les moulures et les corniches par des cordons de brique dont la couleur rouge se détachait sur le fond gris pu blanchâtre des murs (2). Le même système se perpétua durant plusieurs siècles du moyen âge; on fit même de cette opposition de couleurs un des élémens de la décoration extérieure des édifices, et des briques de différentes formes furent incrustées sur les murs de manière à produire des dessins symétriques.

Colonnes et pilastres. Les colonnes cylindriques qui, dans les beaux temps, servaient de support aux arcades furent, vers la fin du IV. siècle, fréquemment remplacées par des piliers carrés comme on en voit à l'intérieur de plusieurs églises

(1) Voyez dans la seconde partie de mon Cours la description et la classification des appareils.

(2) V. la 3. partie de mon Cours.

antérieures au X. siècle, notamment dans celles de SaintMartin d'Angers, et de la Basse-OEuvre à Beauvais dans la nef de la cathedrale d'Aix-la-Chapelle, bâtie par Charlemagne vers la fin du VIII. siècle, etc., etc. Les piliers offraient donc assez ordinairement de simples prismes carrés, pourvus de leurs corniches, mais qui n'étaint point couverts de ces demi-colonnes engagées dont l'usage devint presque général dans la suite.

Entablement. Les altérations qui s'étaient manifestées dans l'entablement des édifices au IV. siècle ne firent qu'augmenter dans les premiers siècles du moyen âge; partout on vit, les arceaux des voûtes reposer sur les chapiteaux des colonnes : souvent on supprima les frises et les architraves, pour ne conserver que des corniches supportées quelquefois par des consoles ou modillons.

Dans bien des monumens ces modillons ne portaient aucun ornement ei figuraient simplement l'extrémité d'une poutre taillée en biseau.

Dans quelques autres, ils présentaient des volutes, des têtes humaines ou même des têtes d'animaux, mais n'offraient pas en général la même variété ni la même bizarrerie que celles des siècles suivans.

Fenêtres. Les fenêtres, toujours cintrées, étaient d'une dimension moyenne (environ trois ou quatre pieds de hauteur, sur un pied et demi ou deux pieds de largeur) ayant ordinairement en hauteur le double de leur largeur. Elles n'offraient point de colonnes à l'extérieur, et le cintre qui les couronnait reposait presque constamment sur des pilastres. Ce cintre luimême était d'une grande simplicité et rarement décoré de moulures; on n'y voyait le plus ordinairement qu'un rang de pierres symétriques.

Quelquefois ces pierres étaient séparées les unes des autres par deux ou trois briques accolées; il était assez ordinaire d'encadrer cette archivolte mi-partie de pierre et de brique, dans une bordure, tantôt simple, tantôt double,de briques disposées en demi-cercle. Lorsque cet encadrement était double, comme dans l'église de Savenières, un rang de pierres rectangles de petit appareil remplissait l'intervalle compris entre les deux cordons semi-circulaires.

Dans les fenêtres où l'on n'a point employé la brique, les cordons dont je parle ont souvent été remplacés par des saillies en pierre, simples ou doubles, qui produisent un effet à peu près semblable.

Portes. Le cintre des portes reposait ordinairement sur de simples pieds droits ou pilastres, rarement sur des colonnes ; il était orné de différentes moulures et incrustations, ou.. simplement de pierres cunéiformes symétriques, alternant parfois avec des briques et surmontées d'un cordon en saillie comme les fenêtres du même temps. Presque toujours une porte carrée était ouverte au milieu de l'arcade principale, et l'on mettait en pratique le précepte que donne Vitruve (1) « ďélever une voûte au-dessus du linteau, afin que le poids du mur supérieur porte sur les pieds droits, et qu'ainsi on évite les fractures qu'un poids considérable pourrait occasionner dans les linteaux. »

Le tympan était rempli tantôt en petit appareil simple ou réticulé, tantôt par l'image de la croix ou par quelque autre bas-relief.

Les portes principales étaient placées dans la façade de l'Ouest et dans les murs latéraux, soit au Nord, soit au Midi.

(1) Liv. vi, chap. XI.

Arcades. Les arcades qui mettaient la nef en communication avec les ailes n'offraient le plus souvent pour décoration que des pierres symétriques, quelquefois séparées les unes des autres par des briques suivant le système du temps; mais la grande arcade qui était au milieu des transepts, entre le chœur et la nef, était quelquefois ornée d'incrustations et de moulures. Cette arcade portait en effet, dans les premières églises, le nom d'arc triomphal, parce qu'elle ressemblait à un arc de triomphe et qu'on y représentait quelquefois, en mosaïques, la mort et la résurrection de Jésus-Christ. C'est de là que vient encore aujourd'hui l'usage de suspendre des crucifix dans cette partie de nos églises.

Voûtes. La plupart des églises romanes primordiales n'étaient point voûtées en pierre; la charpente qui supportait le toît demeurait souvent à nu comme dans les basiliques romaines, et les plafonds, lorsqu'on en faisait, étaient presque tous en bois. Les anciens architectes éprouvaient une grande difficulté à construire des voûtes un peu larges en pierres; ce ne fut qu'assez tard, vers le XI. siècle, et sourtout après l'introduction de l'ogive au XIII., qu'ils devinrent habiles dans ce genre de travail.

Le petit nombre des voûtes en pierre qui furent élevées dans nos églises romanes primitives présentaient, comme celles que nous trouvons encore dans quelques monumens romains, et comme celles que l'on fit dans les XI., XII. et XIII. siècles, un massif formé par des moëllons de toute forme, mais généralement d'un petit volume, noyés dans du mortier. On voûtait de préférence la partie semi-circulaire du chœur, ainsi que les ailes et les chapelles.

Tours. Les Romains se servaient de cloches, et ce furent eux qui les indroduisirent en Gaule, mais l'époque où ces

instrumens devinrent d'un usage général dans les églises, n'est pas encore certaine on la fixe communément au Ve. siècle. D'abord peu volumineuses, les cloches ne nécessitèrent pas l'érection d'un bâtiment particulier; ce ne fut guère qu'au VIII. ou au IX. siècle que leur volume plus considérable rendit les tours indispensables. Anastase le bibliothécaire rapporte qu'en 770 le pape Etienne III en fit bâtir une sur l'église Saint-Pierre de Rome, dans laquelle il plaça trois cloches pour appeler les fidèles aux offices. L'auteur ne dit pas que cette église manquât de tour auparavant, mais il y a lieu de le supposer.

Or, si la première basilique du monde chrétien ne fut pourvue d'une tour que dans la deuxième moitié du VIIIa. siècle, nous pouvons admettre hardiment qu'on n'en éleva guère avant cette époque dans la France occidentale. Et encore y furent-elles rares jusqu'à la fin du Xe. siècle.

Tout en admettant que les tours d'églises furent extrêmement rares chez nous avant le IX. siècle, je ne prétends pas déterminer l'époque de leur apparition ni la limiter au VIII. siècle ; quelques rudimens de tours pouvaient déjà s'être montrés dans le VII. siècle, je ne connais aucun auteur Francais qui puisse être invoqué en faveur de cette supposition, mais parmi les chroniqueurs anglais, Richard, prieur d'Hexham, donne à entendre, dans la description qu'il a faite de l'église de cette abbaye qui avait été bâtie au VII. siècle, par St. Wilfrid, que le centre du transept était surmonté d'une tour en forme de coupole. Quoi qu'il en soit, les plus anciennes tours furent peu élevées et carrées pour la plupart. Celle que l'on voit encore sur le transept de l'église de Saint-Martin d'Angers, bâtie dans le IX. siècle, est de cette forme; elle est percée de plusieurs arcades sans colonnes

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