Manche, est de la seconde moitié du XVe. siècle ; il présente la forme d'un carré irrégulier, dont un des côtés seulement est occupé par l'habitation seigneuriale.

Des murs assez forts, dans lesquels se trouve une porte flanquée de deux tours, défendent les autres côtés de l'enceinte.

Les restes du manoir seigneurial offrent les caractères de la fin du XVe siècle; c'est un bâtiment allongé, en avant duquel existe une tourelle octogone renfermant l'escalier, et dont les gables sont ornés de crochets. Une porte surmontée de feuillages frisés et qui donne accès aux appartements dy rez-de-chaussée, annonce aussi la date de la forteresse qui d'après les recherches de M. de Gerville, a été construite sous le règne de Louis XI. Les fenêtres avaient été retouchées.

Le château de la Houblonnière, arrondissement de Lisieux, offre un aspect moins sévère que le précédent; les bâtiments sont disposés autour d'une cour carrée et entourés de fossés pleins d'eau. La porte d'entrée est couronnée d'une arcade garnie de belles feuilles frisées, et se terminant par des bouquets de feuillage portés sur un pédicule; elle n'était pas défendue par des tours. La date de ce château ne m'est pas connue, quelques parties pourraient n'avoir été construites que dans les premières années du XVI. siècle, mais d'autres sont probablement plus anciennes.

Le château de Colombières, arrondissement de Bayeux, a été retouché à plusieurs reprises: les fenêtres surtout ont été défigurées; mais le corps des bâtiments appartient je crois, à la fin du XVe siècle. Ce château se trouve à un niveau très-bas, au milieu des herbages de la riche vallée d'Aure; son enceinte carrée régulière, est entourée de fossés pleins d'eau. Le principal corps-de-logis occupe le côté du

nord; le rez-de-chaussée est voûté et n'a point été défiguré ; les appartements des étages supérieurs ont au contraire été retouchés vers le règne de Louis XIV, et depuis cette époque.

Je ne serais pas surpris que quelques parties de l'édifice ne datassent que du XVI. siècle, car les possesseurs de ce château étaient alors très-puissants. En 1562, le sire de Colombières était un des chefs les plus redoutables des protestans. Il fit piller les trésors de la cathédrale de Bayeux, brûler une quantité énorme de pièces et de livres précieux, et se livra à beaucoup d'autres actes de barbarie, qui ne sont pas encore oubliés dans le pays.

Château d'O (Orne). On trouve sur la pl. XXV une esquisse de la porte d'entrée et de la partie la plus ancienne du château d'O, près de Mortrée, département de l'Orne, que l'on croit de la fin du XV. siècle (1).

Les découpures très-fines qui ornent les deux tours annoncent à peu près cette époque ces tours sont des espèces de pavillons ou parties assez considérables du château lui même. Les tours carrées a a, les tours à pans coupés bb, avec leurs toîts pyramidaux et la petite tour en encorbellement c se rencontrent souvent dans les édifices de la fin du XVe. siècle et dans ceux du XVIe.

Je ne serais pas surpris que quel ques parties de cette façade datassent du XVIe siècle.

On peut citer encore comme bâti dans la seconde moitié du XV. siècle le château de Courboyer (2), situé dans la

(1) Le reste du château d'O doit être du XVIe. siècle, au moins en grande partie; mais on a refait les fenêtres et défiguré la façade ouest, à l'extérieur.

(2) Ce château a été figuré dans l'ouvrage de M. Pattu de Saint-Vincent, sur les monuments du Perche et du comté d'Alençon.

commune de Nocé, à deux lieues de la petite ville de

Bellême.

Le pavillon flanqué de deux tours par lequel on entre au château de Nogent, et qui fut construit en 1492.

L'entrée du château de Frazé (Eure-et-Loir), presque semblable à celle du château de Nogent.

Celle du château d'Alençon, qui n' n'était

née en 1515 (1).

pas encore termi

Autant qu'il m'en souvient, diverses parties assez importantes, des châteaux de Nantes et de Châteaudun.

Enfin la tour de Tevray, près de Bernay (Eure), et une quantité considérable d'autres châteaux qu'il est inutile de signaler.

Les châteaux que je viens de citer ont tous une certaine importance; il y en a d'autres en beaucoup plus grand nombre qui offrent simplement une cour carrée garnie de constructions rurales, au fond de laquelle se trouve le manoir seigneurial; les fenêtres de ces maisons ont presque toujours été changées et défigurées, mais on y voit souvent, presque intacte, la tour à pans coupés qui renfermait l'escalier, et qui était appliquée sur le milieu de l'édifice: ces Gentilhommières, comme on les appelle parfois, sont tellement communes dans les campagnes qu'il est inutile de les décrire ; j'ai seulement figuré pl. XXV, no. 9, la partie supérieure de la tour à pans coupés, qu'on trouve habituellement dans leur façade. Des tours cylindriques sont placées aux extrémités de quelques-uns de ces manoirs qui ont aussi été construits en très-grand nombre durant le XVI. siècle.

(1) V les mémoires historiques sur Alençon, par Odolant Desnos, tome 1er,, p. 28.