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des mystères du nouveau culte, et préférables aux temples qu'ils auraient pu facilement s'approprier. Les Chréticus devaient en effet se réunir dans la même enceinte, afin de participer tous aux cérémonies sacrées; et les temples généralement peu spacieux ne pouvaient contenir qu'un nombre de personnes beaucoup trop limité; c'étaient, dans l'ancienne religion, des sanctuaires accessibles seulement aux prêtres et à quelques élus ; le peuple n'y pénétrait pas (1). L'éloignement que les premiers chrétiens avaient pour tout ce qui rappelait l'ancien culte, influa sans doute aussi sur le choix qu'ils firent des basiliques; car ces édifices ayant une destination toute civile, étaient, à leurs yeux, exempts de la souillure dont ils croyaient les temples entachés.

Les basiliques une fois transformées en églises, il ne fut pas difficile d'adapter les cérémonics religieuses à la disposition du local.

L'évêque entouré des prêtres assistans se plaça au fond de l'hémicycle appelé tribune, où siégeaient auparavant les juges. L'espace réservé aux avocats entre l'hémicycle et les nefs devint une enceinte privilégiée pour les chantres et les ecclésiastiques. En raison de cette circonstance il prit le nom de chœur ; l'autel fut placé à peu près au centre.

En avant de l'autel, à droite et à gauche, on plaça dans le chœur, deux petites chaires que l'on appela ambons, et dans lesquelles on venait lire l'épître et l'évangile. Les galeries ou nefs furent occupées par les fidèles : le côté droit était celui des hommes et le gauche celui des femmes. Une portion de la galerie centrale était réservée pour les cathécumènes qui ne

(1) Mémoire de M. Quatremère de Quincy, sur les temples antiques.

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ASTOR, TILDEN P

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ASTOR, LENOX AND
TILDEN FOUNDATIONS.

participaient pas encore à la célébration des mystères, mais qui venaient seulement écouter les instructions.

Comme il y avait deux ordres de colonnes dans la nef centrale de la plupart des basiliques, et qu'il régnait une galerie au-dessus du premier ordre, ces espèces de tribunes furent réservées aux veuves et aux vierges qui se consacraient à la prière.

Pour rappeler les temps de persécution où les fidèles célébraient les mystères dans les catacombes, sur les tombeaux des martyrs, on creusa sous l'autel un caveau dans lequel on déposa les restes des chrétiens morts en odeur de sainteté.

Ce caveau fut appelé la Confession, en mémoire des martyrs qui avaient versé leur sang pour confesser la foi chrétienne, et dont il contenait les reliques.

Enfin l'on ajouta à quelques basiliques et à quelques églises une cour carrée entourée de portiques, dans laquelle les cathécumènes se retiraient pendant la célébration des cérémonies auxquelles il ne leur était pas encore permis d'assister; il y avait au milieu de cette cour un réservoir ordinairement octogone, et entouré parfois de colonnes supportant un toît de même forme. C'était dans cette piscine que les néophytes recevaient le baptême, d'où lui est venu le nom de baptistaire.

Les basiliques adaptées de cette manière au culte chrétien, devinrent le type de presque toutes les églises qui furent construites en Occident, au IV. siècle (1). Leur forme reçut unë sorte de consécration religieuse, et l'on s'en écarta peu dans les édifices qui furent élevés pour le culte jusqu'au XI. siècle.

(1) Quelques églises seulement furent construites sur d'autres formes qui se rapprochaient plus ou moins de celles des anciens temples. Ceux-ci furent aussi parfois transformés en églises après avoir reçu des accroissemens et une distribution nouvelle, à l'intérieur.

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Je pourrais offrir les descriptions de plusieurs églises anciennes de Rome, je vais me borner à présenter celle de l'église Saint-Clément, telle qu'elle a été donnée par Séroux d'Agincourt. A la vérité cette église n'est pas antérieure au IX. siècle; mais elle ressemble d'une manière frappante aux premières basiliques chrétiennes, si bien que d'Agincourt et la plupart de ceux qui en ont fait mention ont placé son érection au V. siècle.

On remarque d'abord à Saint-Clément un antéportique, ou, suivant l'expression ordinaire, un porche. De ce porche on entre par quelques degrés dans une cour ou atrium, environnée d'un péristyle, laquelle précédait le corps de l'église.

A l'intérieur, deux nefs latérales d'inégale largeur, destinées l'une à placer les femmes, l'autre à recevoir les hommes, accompagnent la nef du milieu. Dans celle-ci, vers la partie supérieure, et près du sanctuaire est une enceinte fermée d'un petit mur en marbre à hauteur d'appui, où se plaçaient les acolytes, les exorcistes et les autres fonctionnaires des ordres mineurs; elle renferme à droite et à gauche, sur un sol un peu plus élevé, les deux ambons (points B et C, fig. 6, pl. Ire.); au fond de l'église est le sanctuaire terminé : en hémicycle; au pourtour sont les bancs des prêtres, et au centre s'élève l'autel avec son tabernacle (point A, fig. 6, pl. Ire.).

La description précédente est bien propre à donner une idée exacte de la disposition des premières églises. Toutefois il faut remarquer qu'un très-grand nombre n'étaient point précédées d'une cour comme celle de Saint-Clément, mais seulement d'un portique ou espèce de vestibule semblable à celui que l'on trouve dans l'église de Saint-Pierre-ès-liens (fig. 8, pl. Ire.

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