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des bas-reliefs ou des statues : chacun avait une partie dont il s'occupait exclusivement et dans laquelle il excellait (1). Du reste, ces associations différaient beaucoup, je crois, de la confrérie des francs-maçons, qui se forma plus tard sur les bords du Rhin.

Quand on considère la perfection et l'uniformité des monuments du XIII. siècle, on ne peut douter qu'il n'existât parmi les architectes une doctrine bien arrêtée, et des connaisances beaucoup plus étendues qu'on ne l'a supposé pendant long-temps. Il y a lieu de croire que ces connaissances, ou si l'on veut, les secrcts de l'art, se transmettaient oralement et en pratiquant, car on n'a rien trouvé sur cette matière dans les manuscrits des bibliothèques conventuelles, ni dans les autres dépôts où l'on pouvait s'attendre à les rencontrer.

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Il est encore à remarquer que la plupart des grands monuments qui nous attestent le génie des architectes au XII. siècle et au XIII., sont sans noms d'auteurs. Cela vient, comme le pensent aves raison ceux qui ont étudié le moyen âge de ce que, durant cette période éminemment catholique, il n'y eut point d'individus, pour ainsi dire, mais seulement des confréries, des monastères, où l'on mettait en commun, non seulement sa vie, ses biens, ses espérances, mais encore ses pensées, son ame et son génie.

Toutefois, dès la fin du XII. siècle, l'art commençait à s'individualiser, et les noms de quelques habiles architectes du XIII. siècle sont parvenus jusqu'à nous.

(1) Voyez mon Essai sur l'architecture religieuse du moyen âge, Caen, 1824, page 77.

CHAPITRE IX.

Du style ogival secondaire,

(de 1,300 à 1,400 environ ).

L'architecture du XIV. siècle peut être considérée comine intermédiaire entre le style ogival primitif et celui du XVa, siècle, dont je parlerai dans le chapitre suivant.

Aussi l'architecture de cette époque n'a-t-elle pas toujours de caractères tranchés et ne constitue-t-elle pas comme celle du XIII. ou celle du XV., une espèce bien distincte dans le style ogival. Ceci posé, je vais indiquer, le plus rapidement possible, les caractères qui differencient les monuments du XIV. siècle et qui peuvent les faire distinguer de ceux du XIII.

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Forme des églises. Un changement notable s'introduisit, au XIV. siècle, dans le plan des églises, par l'addition d'un rang de chapelles le long de chacun des bas côtés de la nef (pl. Ire., fig. 13). Ces chapelles qui forment en quelque sorte le complément des temples du moyen âge, furent, à cette époque, construites en sous-œuvre dans un grand nombre d'églises. Ce fut aussi à partir du XIV surtout qu'on donna à la chapelle terminale dédiée à la sainte Vierge de plus grandes dimensions qu'aux autres, comme je l'ai dit précédemment (p. 177).

Contreforts. La disposition des contreforts et des arcsboutants était, au XIV. siècle, à peu près la même qu'auparavant; seulement on substituait quelquefois aux clochetons

qui couronnaient les contreforts, au XIII. siècle, des aiguilles garnies de crochets (pl. XI, fig. 5), portées sur des bases carrées, octogones, et parfois triangulaires.

Ornements. La plupart des ornements du XIIIe siècle se retrouvent dans le XIV., sauf, peut-être, les violettes et les fleurons que nous avons vus sur la planche XIV. (nos. 6, 7, 8), mais ils offrent un faire différent. Si l'on remarque en général beaucoup de facilité et de hardiesse dans les sculptures, on y trouve aussi bien souvent de la maigreur; les tores n'ont plus la rondeur ni la saillie qui les distinguent dans le XIII. Ces différences sont plus faciles à saisir à l'œil qu'à exprimer dans une description, c'est pourquoi je vais seulement parler de celles qui m'on paru les plus frappantes.

Les Trèfles se rencontrent souvent sur les murs, tantôt gravés en creux avec peu de profondeur, tantôt figurés par des tores peu saillants ( pl. XIV, fig. 24). Dans quelques trèfles, les angles formés par la partie rentrante qui sépare les lobes les unes des autres sont ornés de feuillages trilobés.

Quatre-Feuilles. Ce que je disais des trèfles peut s'appliquer aux quatre-feuilles dont on a fait très-fréquemment usage au XIV. siècle. Les quatre-feuilles d'un grand diamètre que l'on a figurés sur les murs, dans les frontons, au centre des fenêtres, etc., etc., soit isolés, soit réunis et disposés en triangle, sont assez souvent entourés d'un cercle (pl. XIV, fig. 25), et alors on peut les appeler quatre-feuilles encadrés, pour les distinguer de ceux qui n'offrent pas ce caractère.

Rosaces. Les rosaces se présentent comme les quatre-feuilles et tapissent comme eux les murailles à l'intérieur et à l'extéricur des édifices; on retrouve, en petit, dans leurs compartiments, les mêmes dessins que dans les grandes fenêtres circulaires.

Les arcades simulées, outre les ornements dont nous

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avons parlé précédemment sont couronnées de frontons triangulaires souvent garnis de crochets (pl. XIV, fig. 26).

Les Pinacles, plus nombreux et plus élancés, présentent des aiguilles garnies de crochets, semblables à celles que nous avons déjà remarquées au sommet de quelques contreforts.

Les Dais se compliquent et s'allongent; ils sont surmontés de pinacles plus ou moins chargés de ciselures.

Les Crochets, placés avec profusion sur les parties que j'ai déjà désignées (v. page 150) sont plus serrés que dans le XIII. siècle (pl. XIV, fig. 27). Quelques-uns se terminent par une espèce de feuille recourbée (fig. 28).

Balustrades. Les balustrades présentent des rosaces ou des quatre-feuilles encadrés (pl. VIII, fig. 16-17), au lieu des petites arcades ogives ou à trois lobes qui dominent au XIIIe siècle (1); quelques-unes cependant offrent encore des arcades trilobées, aiguës, semblables à celles que j'ai figurées sur la planche VIII (n°. 14-15).

Colonnes et Pilastres. La disposition des colonnes est la même dans le XIV. que dans le XIII. ; celles qui sont groupées commencent à devenir maigres et ne se détachent pas aussi bien qu'auparavant des piliers qui les soutiennent ; souvent les chapiteaux sont plus riches en feuillages (pl. XIV, fig. 29), quelques-uns sont garnis de feuilles de vigne on en voit aussi dont les feuillages sont disposés de manière à former deux bouquets superposés. Néanmoins

:

(1) Il ne faut pas oublier que je parle toujours en général; je ne prétends pas que les balustrades supportées par des quatrefeuilles n'aient point été usitées avant le XIV. Il y en avait eu probablement des exemples dans le XIII.

cette combinaison qui se rencontre déjà dans le XIV. est surtout caractéristique du XV.

Fenêtres. Ainsi que nous l'avons vu, les fenêtres se composaient assez ordinairement, au XIII. siècle, de deux ouvertures en lancette, encadrées dans une plus grande ogive; entre les sommités aiguës de ces lancettes géminées, l'usage n'avait admis qu'une ouverture en forme de quatrefeuille, de trèfle ou de rosace (pl. VIII, fig. 19).

Au XIV. siècle, on faisait les fenêtres plus larges comparativement à leur hauteur; plusieurs colonnes ou meneaux divisaient ces ouvertures dans le sens de la largeur; le centre de l'arcade présentait plusieurs compartiments en forme de trèfles, de quatre-feuilles ou de rosaces.

Quelques fenêtres du XIV. sont divisées seulement par trois ou quatre meneaux, surmontés d'un pareil nombre de rosaces (pl. VIII, fig. 21); d'autres ont cinq ou six meneaux avec 5 à 6 rosaces au sommet (fig. 22). On en voit quelquefois de plus larges encore dans les façades, aux extrémités des transepts et au chevet des églises qui se terminent par un mur droit; elles y remplacent les lancettes que l'on réunissait trois à trois dans les monuments du XIIIe siècle.

Roses. Les roses (pl. VIII, fig. 23) ont en général un plus grand nombre de compartiments, dans lesquels on trouve à peu près les mêmes dessins que dans les fenêtres de la même époque.

Portes. Les portes (pl. IX, fig. 8) diffèrent peu de de celles du XIII.; les voussures et les timpans sont également chargés de petites figures en bas-relief ; mais les fron'tons triangulaires qui les couronnent sont quelquefois découpés à jour au lieu d'être pleins comme dans le XIII«. ;

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