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et l'un des architectes les plus habiles de notre temps dans l'art de restaurer les anciens édifices.

Il ne faut pas oublier l'essai de M. Rickman qui renferme des renseignemens fort étendus sur la statistique monumentale de l'Angleterre et l'énumération des caractères qui distinguent les principaux genres d'architecture qui se sont succédé dans ce pays; l'ouvrage forme un volume de 400 pages orné de 14 planches la dernière édition a paru en 1825 (1).

Quelques antiquaires n'ont pas borné leurs recherches aux monumens de l'Angleterre ; MM. Ducarel, Cotman, DawsonTurner et A. Pugin, ont parcouru la Normandie à différens intervalles et décrit une partie des monumens les plus remarquables de cette province; M. Whittington a visité plusieurs contrées de la France et de l'Italie; M. Wewell, de Cambridge, a décrit les monumens des bords du Rhin M. Willis a exploré les édifices religieux de l'Italie; M. Gally-Knight a étendu plus loin encore ses recherches et ses explorations.

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Le voyage de Ducarel en Normandie remonte à l'année 1752. Il avait été entrepris sous les auspices de la société des Antiquaires de Londres, qui en fit imprimer à ses frais la relation en 1767 (2). Il n'est pas surprenant que cet ouvrage, écrit à une époque où l'étude des monumens était peu avancée, soit faible et souvent fautif dans la partie descriptive. Cepen

the practical construction of this class of admired architecture, accompanied by historical and descriptive accounts.

(1) An attempt to discriminate the styles of architecture in England from the conquest to the reformation With notices of above three thousand british edifices By Thomas Rickman architecte, London 1825.

(2) Anglo-Norman antiquities, considered in a tour through part of Normandy, by doctor Ducarel.

dant il est utile malgré ses défauts, en ce qu'il parle de quelques édifices qui ont péri depuis ; il a d'ailleurs contribué, un des premiers, à appeler l'attention des observateurs sur des monumens pour ainsi dire tombés dans l'oubli.

On doit à M. Léchaudé d'Anisy une très-bonne traduction de Ducarel (1), et nous sommes ici l'interprète de l'opinion générale en disant que le traducteur a considérablement amélioré l'ouvrage par les notes aussi intéressantes que nombreuses qu'il y a jointes, et par la rectification qu'il a faite des gravures fort inexactes de l'édition anglaise.

Le beau recueil de monumens normands publié par M. Cotman, en 1822 (2), renferme cent planches in-folio; c'est, je crois, le plus important de tous ceux qui ont paru sur le même sujet. Celui dont M. A. Pugin a commencé la publication et qui porte à peu près le même titre que le précédent (3), paraît par livraisons de huit ou dix planches in-4°. gravées au trait avec une grande perfection; les cinq premières livraisons représentent plusieurs vues de la cathédrale de Bayeux et des édifices les plus remarquables de Rouen et de Caen; le texte composé par M. Britton n'est pas encore imprimé.

M. Dawson-Turner n'a pas fait un voyage purement archéologique comme les auteurs précédens, il s'occupe aussi d'observations étrangères aux monumens du moyen âge; mais on trouve dans son livre (4) de bons détails sur plusieurs de nos édifices historiques, et à ce titre je devais le signaler.

(1) Antiquités anglo-normandes de Ducarel, traduites de l'anglais par M. Léchaudé d'Anisy. - Caen, Mancel, 1823. (2) Architectural antiquities of Normandy, un vol. grand in-fo. (3) Engraved specimens of the architectural antiquities of Normandy.

(4) Letters from Normandy. planches.

Deux volumes in-8°. avec

En parcourant la France, Whittington avait pour but de recueillir des renseignemens sur l'origine incertaine de l'ogive et de comparer les monumens de ce pays avec ceux de l'Angleterre, afin de décider si l'un des deux royaumes pouvait se prévaloir sur l'autre d'un perfectionnement plus rapide de l'architecture à ogives, improprement appelée gothique ; ses conclusions furent que décidément la France l'emportait sur l'Angleterre par les dimensions et la beauté de ses basiliques, et que les artistes français avaient porté le style dit gothique à sa plus grande perfection près d'un siècle plutôt que les architectes anglais.

Le livre de M. Whittington est écrit avec beaucoup de précision; le raisonnement en est serré, malheureusement l'auteur se trompe quelquefois sur les dates, faute de renseignemens historiques suffisans, ce qui atténue beaucoup la force des principaux argumens qu'il emploie pour soutenir son opinion. L'ouvrage est néanmoins fort instructif et fort intéressant à consulter. Il a été publié par les soins de lord Aberdeen, après la mort de Whittington enlevé trop tôt à la science; la première édition a été épuisée assez promptement, la seconde a paru en 1811 (1).

Après Whittington, le révérend Haggitt défendit la même opinion; il essaya de réfuter M. Milner, et soutint que l'ogive a pris naissance en Orient (2).

(1) An historical Survey of the ecclesiastical antiquities of France with a view to illustrate the rise, and progress of gothic architecture in Europe. By the Late rev. G. D. Whittington. London 1811.

(2) Two letters to a fellow of the society of antiquaries on the subject of gothic architecture: containing a refutation of d". Milner objections to M. Whittington's historical Survey of the

Dans son ouvrage M. Willis publie le résultat des observations qu'il a faites dans un voyage entrepris en 1832 et 33. Il se livre d'abord à des considérations extrêmement élevées sur les élémens du style ogival en Italie; il analyse les caractères des principaux édifices qu'il y a explorés et termine cette importante et instructive dissertation par un cata- ' logue extrêmement intéressant des principaux monumens : 1o. de Venise, de Parme, de Modène et de Lombardie ; 2o. de la Toscane, de Gènes et de Massa; 3°. desétats de l'église; 4°. du Royaume de Naples; 5o. de la Sicile. L'ouvrage de M. Willis est accompagné de 15 planches excellentes (1). Il a paru tout récemment (1855) plusieurs années après la 4me. partie de mon Cours d'Antiquités qui traite de l'architecture religieuse au moyen âge.

M. Wewell de Cambridge a exploré une partie de l'Allemagne, quelques villes françaises de la rive gauche du Rhin, et quelques départemens de l'ouest de la France; ce savant archéologue fait connaître d'abord le style architectonique d'un grand nombre d'églises des bords du Rhin. Dans un autre chapitre, il décrit aussi beaucoup d'édifices religieux de Normandie et de Picardie et les compare avec les monumens religieux d'Angleterre élevés à la même époque (2).

ecclesiastical edifices of France, et an inquiry into the eastern origin of the gothic or Pointed style. By the Rev. John Haggitt. Cambridge. 1813.

(1) Remarks on the architecture of the middle ages, especially of italy By R. Willis.-Cambridge, 1835, in-8°. de 200 pages orné de 15 planches.

(2) Architectural notes on German churches to which is added notes written during an architectural tour in Picardy and Normandy By the Rev. W. Whewell. — Cambridge, 1835, in-8°. de 235 pages avec trois planches.

Enfin il paraît que les recherches de M. Gally-Knight, impatiemment attendues depuis plusieurs années, jetteront un grand jour sur ce qui touche à l'origine de l'ogive, et aux circonstances qui ont développé plus ou moins rapidement les progrès de l'architecture au moyen âge dans les différentes contrées de l'Europe.

Ouvrages français.

Les premières recherches que l'on ait publiées en France sur l'architecture religieuse du moyen âge sont d'une date assez récente.

A la verité, le père Montfaucon avait composé sur cette matière un ouvrage qui devait faire suite à ses monumens de la monarchie française; mais son manuscrit périt dans l'incendie de Saint-Germain-des-Prés. Le même accident fit disparaître la description des monastères français de l'ordre de St.-Benoît, que le père Michel-Germain avait composée sous le nom de Monasticum gallicanum.

Plus tard l'abbé Le Bœuf,auquel l'archéologie est redevable de tant de travaux estimés fit sur les différens styles d'architecture des observations qu'il se proposait de livrer au public, lorsque la mort l'empêcha de mettre son projet à exécution.

Bientôt la révolution éclata: on s'occupa de renverser le édifices religieux plutôt que de les étudier; cependant au milieu des ruines qui couvrirent de tous côtés le sol français, des hommes éclairés luttèrent contre le vandalisme et s'efforcèrent de sauver quelques-uns des fragmens de sculpture les plus remarquables provenus des édifices renversés dans les diverses localités. Secondé par le gouvernement, M. Alexandre Le Noir forma de ces précieux débris un musée national dans le couvent des Petits-Augustins de Paris. Cette collection qui

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