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l'Eglise Notre-Dame, à Paris, ces figures sont sculptées dans des cadres séparés.

En somme, les bas-reliefs ont, au XIIIe. siècle, moins de raideur que dans le XII.; quelquefois les personnages sont taillés entièrement à même la pierre; mais lorsque le relief est un peu fort, les parties les plus saillantes, telles que les bras, la tête, etc, ont été rapportées et fixées au moyen de crampons en fer.

Statues. La statuaire fit de grands progrès à partir de la fin du XII. siècle; on remarque dès la première moitié du XIII. de la souplesse et du mouvement dans les poses, de l'expression dans les figures. A mesure que les progrès de l'art furent plus sensibles, on multiplia les statues à l'extérieur des monuments religieux. On ne se contenta plus, comme on l'avait fait dans le XII., de les placer sur les parois latérales des portes, elles occupèrent les niches pratiquées au haut des contreforts et les nombreuses arcades qui forment des galeries à la partie supérieure des façades.

Les statues du XIII. siècle peuvent donner lieu à une multitude d'observations importantes sur les costumes religieux, civils et militaires de l'époque. Si quelques-unes ont encore trop peu de vie et de mouvement, cependant il faut convenir qu'on en trouve aussi de drapées avec beaucoup d'élégance et de hardiesse, qui décèlent un talent déjà perfectionné chez les artistes.

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D'ailleurs, comme le pensent MM. Vitet, Ramée et Ch. Magnan « La beauté chrétienne n'est pas la beauté payenne. Le développement des épaules et de la poitrine, ces signes caractéristiques de la force dans sens le plus physique, ne sont pas les attributs de la sainteté et qui n'a étudié que la statuaire antique, n'est pas suf

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fisamment préparé pour comprendre la statuaire du moyen âge. Dans la statuaire de l'antiquité les sens parlent aux sens; dans la sculpture moderne, c'est un dialogue, pour ainsi dire, entre les sens et l'esprit : la statuaire grecque produit en nous un sentiment très-pur, le sentiment du beau, mais du beau physique; la statuaire chrétienne développe le sentiment du beau physique et du beau moral, et plutôt le dernier que le premier. »

Entablement. Nous avons vu (page 105 ) que, dans le XII. siècle, les modillons à figures grimaçantes avaient été peu à peu remplacés par des consoles semblables à celles que j'ai dessinées pl. VIII, fig. 9, ou bien en forme de dents de scie (fig. 10); ces consoles ont été employées pendant tout le temps que j'ai assigné au style ogival primitif, les feuillages entablés dont j'ai présenté l'image sur la planche VIII (1).

ainsi que

Mais un changement plus considérable s'opéra dans l'entablement des grands édifices par l'addition des balustrades. On commença, au XIIe. siècle, à couronner les corniches avec des rampes en pierre (pl. VIII, fig. 11), et dès le commencement du XIIIe, ces balustrades deviennent l'accessoire ordinaire des corniches qui terminent les murs principaux à l'extérieur. Dans les églises où l'on remarque trois rangs de balustrades, le premier est au-dessus des chapelles, le second surmonte les bas côtés, et le troisième règne autour du grand comble mais le plus souvent on n'en voit deux que rangs,

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(1) J'ai quelquefois remarqué des têtes saillantes délicatement sculptées au milieu des feuilles entablées (pl. VIII, fig. 13). Cette alliance des anciens modillons avec le nouveau système d'ornements adopté pour les corniches au XIII. siècle produit un effet assez agréable.

l'un au-dessus des chapelles, et l'autre au-dessus du grand comble.

A l'intérieur on a principalement placé les balustrades audessus de la corniche qui surmonte les grandes arcades du premier ordre.

Les balustrades peuvent aider à reconnaître l'âge des monuments à cause des modifications successives de leurs formes, mais quelquefois on n'en trouve point même dans des églises assez vastes. Celles qui prédominent au XIII. siècle sont portées sur des arcs ogives (pl. VIII, fig. 11) ou sur les arcs trilobés, tantôt à colonnes (fig. 12), tantôt sans colonnes (fig. 14), quelques-unes sont ornées de trèfles et de quatre-feuilles.

Colonnes et pilastres. Les colonnes minces et allongées forment un des caractères les plus frappants de l'architecture ogivale. Quelquefois on les isolait et on les plaçait à des distances égales pour l'ornement des murs; le plus souvent elles étaient disposées par faisceaux et tapissaient les pilastres toujours nombreux dans les grands édifices (pl. VIII, fig. 6-7). En général, les colonnes, soit groupées, soit isolées, se détachent, de manière que les trois quarts du cylindre restent visibles (pl. XIV, fig. 15-16); quelquesunes même sont tout-à-fait séparées du mur ou du pilier qu'elles décorent (1).

Les fûts des colonnes présentent fréquemment des anneaux qui les divisent par parties égales ( pl. VIII, fig. 6). J'avais désigné sous le nom de colonnes annelées celles qui sont

(1) Plusieurs des colonnes qui ornent les magnifiques portails latéraux de la cathédrale de Chartres sout entièrement dégagées, et leur fût est d'un seul morceau (v. la fig. 17, pl. XIV ).

ainsi munies de renflements, et j'avais annoncé, en 1823, dans mon Essai sur l'architecture religieuse, que ce caractère était particulier aux colonnes antérieures au XIV. siècle; des observations plus récentes m'ont confirmé dans cette opinion que M. Schweighauser partage depuis qu'il a visité les monuments religieux des bords du Rhin, de l'Alsace et de la Lorraine (1).

La longueur des colonnes varie suivant la hauteur des édifices où elles sont placées, leur diamètre est aussi trèsvariable.

Dans les grandes nefs, des colonnes en faisceaux s'élancent d'un seul jet jusqu'au haut des murs où elles reçoivent les arceaux des voûtes; mais plus souvent encore on en voit plusieurs ordres superposés les uns aux autres sans entablement intermédiaire, de sorte que la base des colonues d'un étage repose immédiatement sur les chapiteaux des colonnes inférieures. C'est ce que l'on trouve dans le chœur de St.Etienne de Caen ( pl. XV, fig. 2), dans celui de Bayeux, à Chartres, etc., etc. Dans beaucoup d'églises, le premier ordre est composé de grosses colonnes cylindriques ( pl. VIII, fig. 5) et des colonnes groupées forment le second et le troisième ordre (pl. XVI, fig. 1 ).

Les chapiteaux se distinguent par leurs formes élégantes; quelques-uns se rapprochent du chapiteau corinthien ; quelques-autres sont ornés de feuilles de vigne épanouies (Amiens)

mais la plupart sont garnis de feuilles galbées dont les extrémités offrent des espèces de crochets ou de volutes (pl.XIV, fig. 18 ̧.

Les bases ressemblent presque toutes à celles que l'on voit

(1) Voyez, dans le troisième volume de la société des Antiquaires de Normandie, la lettre qui me fut adressée, en 1825, par M. Schweighauser, sur les monuments des bords du Rhin.

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